Crédit agricole (casa) : recentrage sur les activités d’investissement
Crédit agricole a lancé jeudi une lourde opération de simplification de sa structure capitalistique afin de rassurer les investisseurs sur la solidité et la rentabilité de sa structure cotée, particulièrement malmenée en Bourse. Annoncée à l’occasion de la publication des résultats 2015, cette transaction intra-groupe à 18 milliards d’euros prévoit le rachat par les 39 caisses régionales de la participation de 25% détenue par Crédit agricole S.A. (Casa) dans ces dernières. « Au fond notre objectif est assez simple, nous voulons mettre fin à ce paradoxe assez insupportable qui consiste à être un grand groupe bancaire très capitalisé avec régulièrement sur sa structure cotée une espèce de doute sur la fragilité de son capital », a déclaré à la presse Philippe Brassac, le directeur général de Casa. Outre le fait qu’elle clarifie la structure du mutualiste en mettant un terme à l’actionnariat croisé, l’opération « Eurêka » permettra à CASA d’augmenter et de sanctuariser son ratio de solvabilité Core Equity Tier 1 à 11%, sur la période 2016-2019, soit 150 points de base au-dessus des exigences règlementaires. Au-delà, la « qualité » du capital de Casa s’améliore également en cela qu’il ne repose plus sur les mécanismes de transferts (switch) intragroupe, annulés de facto par l’opération. Très fortement capitalisées, les caisses régionales ont donc accepté d’utiliser leur « puissance financière », selon le mot du directeur général, pour diminuer, au bénéfice de Casa, leur propre ratio de solvabilité à 17,3%. Pour le groupe, dont le ratio se situe à 13,7%, l’opération est neutre, tant au niveau fiscal qu’à celui des résultats. Pour Casa en revanche, la cession de sa participation dans les caisses régionales la privera de sa part des bénéfices de ces dernières et renforcera son exposition à la banque de financement et d’investissement, au détriment de la banque de détail. Son profil se rapprochera de celui de Natixis, la banque d’affaires cotée de son cousin mutualiste BPCE, une perspective qui ne doit pas, selon la direction de Casa, inquiéter les actionnaires échaudés par la tempête boursière qui secoue actuellement les valeurs bancaires. (Reuters)