Achat logement à louer : fiasco de la loi Duflot
Un enfer pavé de bonnes intentions cette loi Duflot qui voulait sécuriser les rapports locataires-propriétaires et qui provoque le contraire. La complexité et le mode de détermination des loyers ont découragé les acheteurs. Du coup on obtiendra l’effet inverse à celui recherché. D’autant qu’on est très loin des 500 000 logements neufs prévus. Une confirmation plus qu’une surprise. Découragés par le projet de loi Alur (accès au logement et urbanisme rénové) porté par la ministre du Logement, Cécile Duflot, les Français qui souhaitent investir se détournent de l’immobilier. Une étude réalisée par le réseau d’agences Century 21, queLe Figaros’est procuré, montre qu’au troisième trimestre 2013, l’achat de logements anciens par des particuliers qui veulent les louer a reculé de 5,8 % sur un an. Une baisse sensible qui vient amplifier la tendance constatée depuis la seconde partie de l’année 2012. Au deuxième trimestre, toujours sur un an, la baisse était de 5,2 % et de plus de 6 % au premier trimestre. Sur l’ensemble de l’Hexagone, Century 21 estime ainsi à 81.000, le nombre de logements anciens qui n’ont finalement pas été achetés. Les chiffres sont encore plus alarmants sur Paris et sa région. Depuis janvier 2013, la part des investisseurs dans les acquisitions a chuté de près de 11 % en moyenne. En petite couronne, les propriétaires en fin de bail préfèrent revendre leur bien plutôt que de chercher un nouveau locataire, affirme le réseau. Dans l’Essonne, l’investissement locatif a plongé de 29,8 % et de 14,5 % dans les Yvelines. Century 21 n’est pas le seul à donner l’alerte. Au mois de juin, L’Union nationale de la propriété immobilière, qui représente 250 .000 propriétaires bailleurs, avait dénoncé le projet de loi et la complexité «extrême des nouveaux rapports locatifs, notamment concernant le mode de fixation des loyers». L’association prévoyait aussi que «la suppression de toute liberté contractuelle», provoquerait la disparition des investisseurs dans le secteur locatif privé. Selon l’étude de Century 21, la part des cadres supérieurs et des professions libérales parmi les investisseurs s’est déjà effondrée de moitié (- 46 %). Le réseau souligne également que près de 20 % des investisseurs sont des ouvriers et des employés qui préparent leur retraite. Une population fragile qui pourrait décider de placer ses économies ailleurs. Century 21 relève d’ailleurs un mouvement de report vers l’immobilier commercial. Dans la capitale, l’investissement dans l’immobilier d’entreprise a augmenté de 19,5 % au troisième trimestre par rapport à 2012. D’où le danger bien réel de voir s’assécher le parc locatif, sur un marché déjà en pénurie. «Nous nous dirigeons à grands pas vers une véritable crise du logement», alerte Laurent Vimont, président de Century 21, qui déplorait début septembre que certaines mesures de la loi Duflot ne soient qu’un écran de fumée pour camoufler la promesse non tenue de construire 500.000 logements