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Politique et acceptation sociale: quelle compatibilité ?

Politique et acceptation : quelle compatibilité ?

Par
Fabrice Hamelin
Enseignant-Chercheur en science politique, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC) dans The Conversation


La réforme des retraites a beau être adoptée, elle ne passe pas dans l’opinion publique. Grèves, manifestations, sondages et controverses en témoignent. Pour les éditorialistes, l’explication tient souvent en une formule : l’ « acceptation sociale » ! On retrouve ce même vocable dans la bouche de députés, à l’exemple des Républicains qui, à la veille du vote de la motion de censure contre le projet de loi sur les retraites, s’inquiétaient de « l’acceptabilité sociale de la réforme dans leur circonscription ». Le président, enfin, reconnaît que la réforme des retraites n’a pas été acceptée par les Français.

Après les mobilisations contre de grands projets inutiles et imposés, le mouvement des Gilets jaunes, la colère contre le 80 km/h et la controverse sur les mega-bassines, ce recours croissant, relâché et étendu à de nouvelles arènes publiques, rend la formule incontournable.

L’acceptation sociale exprime un jugement collectif qui se manifeste en dehors du cadre institutionnel formel ou de l’espace législatif. Il remplace d’autres notions : adhésion, assentiment, consentement ou réception. Dans le langage courant, son usage reste le plus souvent rhétorique, au mieux descriptif, et sans apport significatif à la compréhension de l’intervention publique, de sa réussite comme de son échec. Peut-on dépasser l’ambivalence de ce lexique et recourir aux termes d’acceptation et d’acceptabilité sociales pour mieux comprendre la réception de l’intervention publique ?

Cette question a du sens, parce que ce lexique fait partie du vocabulaire des sciences sociales. Un ouvrage tout juste publié et que j’ai coordonné en montre les usages et en discute l’utilité. Il le fait à partir de terrains d’études divers (les espaces naturels protégés, la transition énergétique, la taxe carbone, l’expression religieuse au travail ou les véhicules à hydrogène) et mobilise différentes disciplines (sociologie, géographie, psychologie, science politique, management et économie). Plusieurs leçons peuvent en être tirées.

Le débat sur l’usage préférentiel des notions d’acceptabilité ou d’acceptation sociale est loin d’être clos. Dans l’acception la plus courante, l’acceptabilité sociale rend compte d’une perception antérieure à la mise en œuvre de l’action publique. L’acceptation sociale renvoie alors à une perception a posteriori et à un état de fait. Or l’acceptation n’est pas figée. Elle est construite par des stratégies ou des techniques variées (la libre participation, l’enrôlement, l’expérimentation) qui la font évoluer.

La recherche du mot juste est donc vaine et d’autant plus qu’il est difficile de penser l’acceptation et l’acceptabilité sociales déconnectées d’un ancrage disciplinaire.

L’opposition est claire entre géographes, qui parlent d’acceptation, et sociologues qui privilégient l’acceptabilité. Les sciences politique et économique se passent largement de concepts dont elles se méfient. Seules la gestion et la psychologie sociale ont dépassé le débat. À la recherche du meilleur vocable, elles préfèrent celle des bons outils de mesure et des indicateurs pertinents.

Dans le cas de la réforme des retraites, le défaut d’acceptation sociale est déduit des formes et de l’intensité de la mobilisation. Il est aussi appréhendé par les sondages d’opinion publique réalisés tout au long du mouvement social. Ces outils de mesure restent étonnamment frustres, alors que des protocoles d’enquête plus sophistiqués existent et peuvent être mobilisés : focus groups, suivi de cohortes, expérimentations, etc.

L’acceptation sociale est alors saisie par des indicateurs (confiance, bénéfices escomptés, légitimité des promoteurs, crédit accordé aux informations, respect du cadre légal, etc.). Cette variété permet d’échapper à la dualité un peu naïve opposant les « pour » aux « contre », l’« adhésion » à la « contestation » et de saisir des degrés d’acceptation, et surtout des profils et des comportements d’acteurs.

Au-delà de la mesure, l’acceptation peut devenir un objectif à atteindre pour les promoteurs d’un projet, à l’exemple des décideurs politiques et de l’administration chargée de sa mise en œuvre. L’acceptation devient alors un horizon plus qu’un élément d’évaluation de la réussite ou de l’échec d’une politique publique. De ce point de vue, qu’elle soit conçue comme un processus ou comme un résultat, la volonté de saisir l’acceptation sociale acquiert une visée instrumentale.

Si la notion a le mérite d’intégrer le conflit comme une évidence dans l’intervention publique, cette entrée par les controverses masque une approche managériale, par laquelle les promoteurs d’une innovation cherchent à réduire les oppositions et accroître leurs soutiens.

L’idéal démocratique peut se trouver heurté par des stratégies de communication ou de lobbying destinées à accroître l’acceptation. Cette ingénierie du consentement peut cacher une volonté toute technocratique de faire accepter un programme rejeté.

L’acceptation sociale ne peut être réduite à l’acceptation des publics ou du (grand) public. L’acceptation des élus ou celle des agents est tout aussi essentielle pour comprendre la réussite ou l’échec d’un programme. La mobilisation contre l’abaissement des vitesses à 80 km/h met véritablement à mal la décision du gouvernement quand les élus territoriaux et les sénateurs s’en saisissent.

Cette attention particulière à ceux qui fabriquent les politiques publiques et mobilisent leurs ressources dans l’épreuve d’acceptation est d’autant plus essentielle, qu’elle doit d’abord être envisagée comme leur problème et non pas celui des destinataires. Cette épreuve à surmonter conduit à prendre au sérieux le travail de conviction voire d’enrôlement dans lequel se lancent les policy makers ou à l’inverse les stratégies d’évitement du débat que les élites gouvernantes préfèrent souvent à un périlleux et incertain travail de conviction.

Les outils législatifs et de communication mobilisés comme les argumentaires fluctuants du gouvernement pour justifier le report de l’âge de la retraite témoignent des stratégies d’acceptabilité successivement tentées : s’agit-il de sauver le système des retraites, d’en réduire les inégalités, de maîtriser le déficit public, d’éviter la « bordélisation », etc. ?

Au Québec, la notion est mobilisée comme critère de décision par les autorités publiques depuis plus d’une décennie. Des guides de bonnes pratiques sont édités et des dispositifs de participation mis en place.

Nous n’en sommes pas là en France, même si l’usage de cette terminologie progresse dans la formulation de l’action publique, comme en témoigne son intégration dans l’évaluation de politiques publiques ou la saisie, par le Premier ministre Jean Castex, du CESE pour avis sur « l’acceptabilité des projets d’infrastructures environnementales » fin 2021.

À défaut d’en être une nouvelle norme, elle peut servir de balise à l’action publique. L’étude de la fabrique politique de l’acceptation sociale peut permettre d’éviter des erreurs.

La première serait de croire que via les sondages ou les mobilisations, on identifie une volonté générale claire et stable qui autorise les élites gouvernantes à poursuivre ou les amène au contraire à renoncer. Une autre serait de croire que l’on peut convaincre la population sur des enjeux macro (parfois jugés abstraits). Celle-ci est vulnérable et changeante, façonnée par ses propres préoccupations quotidiennes et qui sont parfois aussi portées par l’air du temps.

Il n’en demeure pas moins que l’acceptation sociale pose la question de la faisabilité des programmes et permet de passer de l’idéal au faisable en politique.

Pour une acceptation sociale de l’instabilité de l’innovation

Pour une acceptation sociale de l’instabilité de l’innovation

 L’innovation redéfinit tout. Elle fait même de défauts des qualités. Avec elle, le déséquilibre, l’aléa, l’inattendu deviennent des moteurs puissants pour de nouvelles façons d’inventer, de travailler, de penser, de collaborer. Pourtant, l’instabilité a aussi ses limites : celles de l’acceptabilité sociale, sociétale, et tout simplement humaine. Il faut alors trouver un équilibre entre le « toujours plus » et le « toujours mieux ». Par Alain Conrard, Président de la Commission Digitale et Innovation du Mouvement des ETI (METI)​ (*).( La Tribune)

 

L’innovation est étonnante : elle redéfinit tout. Parmi les redéfinitions opérées par la logique qu’elle instaure, il y a la transformation de problèmes en vertus ou de défauts en qualités. L’inattendu et l’instabilité font par exemple partie de ces catégories profondément réinterprétées. Elles faisaient partie de ce qu’il fallait éliminer pour progresser, elles sont au contraire devenues les conditions de l’avancée. L’inattendu était quelque chose qui intervenait en quelque sorte pour se mettre en travers dans des process super régulés, comme ceux de l’industrie, par exemple. Là, il n’y avait ni inattendu, ni instabilité – en tout cas, ils étaient assimilés à la promesse de mauvaises surprises, et tout visait donc à les contenir dans des limites supportables par le système, quel qu’il soit. Ils représentaient l’aléa, donc l’ennemi à combattre. La rationalité était ce qui tendait à triompher de l’inattendu et de la surprise : dans une organisation complètement rationnelle, l’inattendu et son corollaire l’instabilité, devaient autant que possible être bannis. Ces notions sont aujourd’hui ce que l’innovation oblige à rechercher.

Mais, dans le modèle de fonctionnement et de pensée qui est le nôtre, elles ont changé de signification. Il ne s’agit plus de la même instabilité ni du même inattendu. L’inattendu, compris comme l’aléa qu’il faut réduire, s’est transformé au profit d’un inattendu, entendu au sens du surprenant qui génère plaisir et profit, et qu’il faut donc rechercher. L’instabilité, quant à elle, de problème est devenue un avantage. Et même un avantage compétitif décisif ! Aujourd’hui, elle est la marque de systèmes capables d’évoluer, d’organisations ou de modes de pensée qui savent ne pas être enfermées dans leurs certitudes, de process qui parviennent à éviter la momification dans leurs façons de faire.

 

La recherche fondamentale, sur laquelle reposent de nombreuses innovations, est le règne de l’inattendu. Par principe, pour trouver quelque chose de neuf, il ne faut pas savoir dès le départ de quoi il s’agit précisément. On ne sait littéralement pas où l’on va. Une grande découverte scientifique part souvent d’une vague intuition, ou même d’une sensation. Et n’est d’ailleurs pas forcément le résultat de ce qui était recherché. C’est ainsi que peut se frayer un chemin mental nouveau susceptible de déboucher sur une découverte.

L’innovation est en phase avec cette ouverture qui permet à la nouveauté d’advenir. Elle laisse aussi place à la possibilité que rien de neuf ou d’exploitable n’advienne sans que ce soit un problème. Car, comme en recherche fondamentale, il est fréquent que l’on ne trouve rien au bout d’un chemin que l’on pensait prometteur, et la découverte émerge bien souvent d’une bifurcation après une série d’échecs. Ainsi, l’innovation offre une part positive à l’échec. Quand il est bien géré, celui-ci prépare à l’inattendu de la découverte et de la nouveauté. Steve Jobs disait qu’il ne faisait vraiment confiance qu’à des gens qui avaient connu l’échec. Le fondateur d’Apple déclarait d’ailleurs engager prioritairement des collaborateurs qui avaient su se remettre d’une absence de réussite et apprendre de leurs échecs.

 

Cette primauté de l’instabilité et de l’inattendu est liée à la prise de conscience relativement récente par l’industrie des vertus créatrices du déséquilibre. C’est fondamentalement ce que désigne ce marqueur d’adaptation à l’innovation, ce signe de souplesse et d’acceptation du mouvement, qu’est l’agilité.

Le mot « agile », tel qu’il est employé aujourd’hui vient du monde de l’informatique, précisément du Manifeste agile, rédigé en 2001 par des experts en développement de logiciels. « Agile » désigne une nouvelle façon de se comporter et de travailler, qui utilise à plein les qualités de l’instabilité et du déséquilibre. Cette nouvelle approche se caractérise par l’accueil du changement, et non pas la résistance contre lui, le travail collectif, la dimension humaine, le choix du lien direct, la préférence pour la simplicité, et la confiance dans l’auto-organisation et la rétroaction des résultats sur les process. Ce nouveau pragmatisme repose essentiellement sur le fait d’accepter d’être en déséquilibre avec ses propres certitudes. Être agile, c’est prendre pour essentiel ce qui semblait accessoire (ou problématique) au système précédent : le désordre, le hasard, la remise en question à n’importe quel stade, l’interaction, etc. L’acceptation des variations (de contexte, de talents, de circonstances, etc.), et leur utilisation comme force dynamique est la base de ce nouveau réalisme. Ce mode de fonctionnement est un mode d’équilibre qui vient du déséquilibre. Celui-ci vient du fait que les points de forces ne passent plus seulement par les individus, mais aussi par ce qui se passe entre eux. Plus souple, ce mode d’organisation favorise les conditions de la découverte de la nouveauté.

Cette approche fait écho à d’autres champs, comme l’architecture par exemple. En donnant une importance centrale à la tenségrité, l’architecte, designer et inventeur Richard Buckminster Fuller a pu créer d’immenses dômes géodésiques dans les années 50. La tenségrité (= tensile integrity, qui peut se traduire par « intégrité par tension ») fait que les éléments d’un tout ne tiennent que parce qu’ils sont en tension les uns avec les autres. Là aussi, règne un équilibre à base de déséquilibre. La surprise, le côté inattendu de ces structures vient du fait qu’on ne comprend pas facilement comment elles tiennent, car la force vient non pas des choses, mais de l’échange de forces entre les choses, une fois celle-ci mise en tension. Dans les collectifs de travail adoptant ces méthodes, l’unité et la force se font grâce aux échanges collaboratifs, créateurs de tensions positives entre les personnes.

 

Pourtant, tous les déséquilibres ne sont pas désirables. Fondée sur l’instabilité, l’innovation génère aussi de l’instabilité : l’un des aspects problématiques est donc l’absorption des cycles de changement.

L’innovation doit prendre en compte le différentiel entre la rapidité du progrès et les capacités d’adaptation des êtres humains. Bien qu’immenses et progressant sans cesse (notre capacité à intégrer la nouveauté a littéralement explosé ces 30 dernières années avec Internet et le numérique), celles-ci ne sont pas pour autant extensibles à l’infini. Ces capacités sont par ailleurs inégalement réparties : il y a une injustice de répartition des facultés adaptatives selon les individus. Selon les structures mentales, la position sociale, l’âge, la culture, etc., les uns et les autres ne réagiront pas de la même façon à la nécessité de s’adapter. Cette question recoupe, comme beaucoup, une logique générationnelle. Les référentiels de la plupart des personnes de 40 ans et plus, qui travaillent dans les entreprises souvent à des postes de responsabilité, sont encore modelés sur l’idéal de stabilité et de chasse à l’inattendu (dans le cadre du travail en tout cas). Contrairement à la génération Y ou Z, qui a grandi dans cette instabilité, et dont elle fait pleinement partie de la culture, la plupart de leurs réflexes sont conditionnés sur ces éléments désormais obsolètes, et évidemment inadaptés à la nouvelle situation. Ce qui oblige ces personnes à recaler leurs réactions, comme s’il fallait opérer en permanence une réinitialisation mentale. Ce n’est pas spontané. Cela occasionne souvent une dépense d’énergie psychique importante. Cette dépense excédentaire permet peut-être d’expliquer en partie l’augmentation des cas de burn-out dans les organisations.

Suivant une logique qui semble déconnectée de la prise en compte de ses conséquences, notamment sociales et sociétales, la rupture, et l’instabilité qui l’accompagne, peuvent sembler trop rapides ou trop fortes. Car l’écart entre vitesse de progression de l’innovation et capacités d’adaptation s’accroît chaque jour un peu plus.

Se pose alors la question des limites humainement et socialement acceptables à ces états permanents de déséquilibre. Sous couvert d’instabilité et d’inattendu peut-on tout se permettre ? Évidemment, non. Un tel état où rien n’est fondamentalement stable, s’il semble naturel et désirable à un entrepreneur de la tech dans la Silicon Valley, peut sans doute apparaître comme négatif et potentiellement porteur de souffrance à quelqu’un vivant d’un travail dans une industrie classique où, comme une épée de Damoclès, plane la menace d’ubérisation.

Une façon de maîtriser cette question est de développer un sens aigu des responsabilités de chacun sur les actions et les initiatives : il y a donc les droits, mais aussi les devoirs. Les politiques RSE des entreprises, autant que les nouvelles logiques collaboratives qui valorisent l’initiative au sein des groupes de travail, prennent davantage en compte les apports de chacun. Elles posent de façon nouvelle la question d’un emploi porteur de sens, et sont sans doute pour cette raison de bonnes façons de développer la perception de faire partie intégrante de ce modèle en évolution constante. Dans tous les cas, il est nécessaire d’accompagner la rupture, de faire comprendre sa logique. Il faut expliquer et inclure le plus possible. Sans quoi l’instabilité peut gagner le social, et favoriser l’adhésion à des discours réactifs ou réactionnaires qui promettent à tort un fantasmatique retour à la stabilité. Il est donc très important de travailler à la baisse d’anxiété, de fébrilité et d’angoisse générées par l’état général d’instabilité. Car, malgré tout, les êtres humains ont aussi besoin de stabilité. Il est donc utile de faire comprendre que malgré le déséquilibre recherché, des garde-fous sont toujours présents.

 

Si sa mise en œuvre est la plupart du temps d’une forte complexité, le principe de l’innovation est au fond très simple : c’est dans le même geste créer et détruire. À la fois positive et négative, l’innovation est bifide : elle crée un nouveau produit, un nouveau service, un nouvel usage ou une nouvelle façon de faire ou de produire. Parallèlement, sa nouveauté peut détruire les formes d’organisation qui lui préexistaient, car elles se révèlent à l’évidence moins performantes. Ainsi, pendant qu’elle crée des activités, des besoins, de la valeur, une innovation va supprimer des métiers et des emplois, donc anéantir de la valeur. Ce double impact, positif et négatif, a parfois lieu sur des pans entiers de la société. En fait, l’innovation concerne désormais l’ensemble de la société : soit par la nature d’une innovation particulière, soit par la logique de l’innovation qui s’étend aujourd’hui à tout l’espace social et à tous les aspects de l’existence.

Ainsi, loin de se réduire à l’interprétation technologique du terme, l’innovation est politique. Et c’est en tant qu’objet politique qu’elle pourrait être envisagée, à la fois pour mieux profiter de ses bénéfices, et pour se prémunir de ses possibles dérives.

L’instabilité positive offerte par l’innovation manque souvent d’alignement avec l’instabilité sociale qu’elle est susceptible de générer. Une innovation, surtout si elle est majeure, advient dans un environnement la plupart du temps peu apte à la recevoir – comme si l’on voulait pratiquer un nouveau sport sur un terrain ancien pas adapté. Lorsque l’on considère l’arrivée d’une innovation, il est donc important de prendre en compte aussi bien ses créations que ses destructions, et, avant de la plébisciter, d’en estimer, dans la mesure du possible, le coût économique, mais aussi social.

En tant que telle, même si cette proposition est susceptible de faire sauter au plafond (de verre) les tenants d’une innovation totalement décorrélée de la prise en compte de ses conséquences, l’innovation pourrait sans doute faire l’objet d’un plus grand contrôle sur son acceptabilité politique et sociale. Une innovation qui, à travers un saut technologique, apporte un bien économique – fût-il gigantesque – au prix d’un malheur social mérite-t-elle d’être qualifiée d’innovation ? Telle est la question qui pourrait être posée et largement débattue par toutes les parties prenantes, y compris les consommateurs de l’innovation.

Jusqu’à présent, peut-être n’a-t-on fait qu’effleurer la qualité d’inattendu dont l’innovation est porteuse. Celle-ci n’a sans doute pas accouché de tout le bénéfice dont elle est capable. En réalité, sa principale véritable valeur ajoutée se joue sur le terrain du social, du sociétal et de la RSE. Tout l’enjeu de l’innovation serait alors de concourir à une certaine idée du bien commun. Si l’innovation fait rêver de manière illimitée, il ne tient qu’à nous que le « toujours plus » bascule vers un « toujours mieux ».
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(*) Par Alain Conrard, auteur de l’ouvrage « Osons ! Un autre regard sur l’innovation », un essai publié aux éditions Cent Mille Milliards, en septembre 2020, CEO de Prodware Group et le Président de la Commission Digitale et Innovation du Mouvement des ETI (METI) (LinkedIn

Brexit : ni traité, ni transition sans acceptation de la cour de justice européenne

Brexit : ni traité, ni transition sans acceptation de la cour de justice européenne

 

Barnier met une  nouvelle fois les pieds dans le plat à propos du Brexit dont la négociation s’embourbe dans les contradictions internes de la Grande Bretagne. C’est encore uen mise en garde de l’union européenne qui commence à se lasser du jeu trouble des britanniques vis-à-vis du Brexit.  Londres doit accepter que la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) soit chargée d’examiner les litiges qui pourraient survenir dans le cadre de l’accord de retrait du Royaume-Uni du bloc communautaire, a déclaré samedi le négociateur en chef de l’UE sur le Brexit, Michel Barnier. En cas de désaccord sur ce point, il ne saurait y avoir de traité ou de période de transition, a-t-il prévenu. Les tergiversations britanniques s’apparentent à un jeu de “cache-cache”, a déploré Michel Barnier, adressant une nouvelle mise en garde au gouvernement britannique. Alors que le Royaume-Uni doit quitter l’Union européenne fin mars 2019, les négociations entre Bruxelles et Londres n’avancent guère. Devant cette inertie, imputable notamment aux dissensions qui déchirent le gouvernement britannique et à l’intransigeance européenne, Michel Barnier a prévenu à de multiples reprises que l’Union et le Royaume-Uni devaient se préparer au risque de voir les négociations s’achever sans accord. Evoquant la supervision du traité de sortie, que les deux parties espèrent boucler à l’automne, Michel Barnier a rappelé que les Européens exigeaient qu’elle soit confiée à la CJUE.

“Nous ne pouvons pas accepter qu’une juridiction autre que la CJUE fasse la loi et interprète les institutions de l’Union.” Faute d’accord sur cette question, c’est tout l’accord qui sera en péril, a-t-il souligné. “Sans accord, il n’y aura ni accord de retrait ni période de transition.”

Le généticien Axel Kahn s’inquiète des conditions d’acceptation de l’IA

Le généticien Axel Kahn s’inquiète des conditions d’acceptation de l’IA

 

 » L’intelligence artificielle c’est le big data, la capacité à stocker d’énormes quantités de données, l’algorithme pour exploiter cette ressource, la robotique, et l’intelligence artificielle proprement dite. Ensuite nous n’avons plus qu’à imaginer les performances qu’atteindra l’intelligence artificielle d’ici dix ans. Sachant par exemple qu’un système expert peut sans doute déjà délivrer des diagnostics médicaux plus fiables qu’un médecin. Dans ce contexte, quelle place laissera l’évolution de l’intelligence artificielle à un agir proprement humain ?  Pour résumer, rappelons tout d’abord que ce problème majeur de l’intelligence artificielle traite des relations de l’Homme avec ses outils : une vieille thématique. Dès l’origine l’Homme fabrique des outils, c’est l’homo faber. Nous sommes très intimidés par les performances de la machine, par la capacité d’une chaîne d’embouteillage, la vitesse d’une voiture, l’aptitude d’un avion à décoller… A partir de l’invention du premier boulier, l’Homme a commencé à fabriquer des machines à penser. Etre intimidé par une voiture, une embouteilleuse ou un avion ce n’est pas grave… Mais être intimidé par des machines à penser c’est très différent, ça peut devenir grave pour l’humanité »  il explique pourquoi : « Nous assistons à l’implosion de la vie individuelle. La vie privée a complètement changé de définition, son étanchéité appartient au passé, et c’est ce monde qui va s’établir. Cela se passe de deux manières. Tout d’abord avec la numérisation des données de santé. La Commission nationale de l’informatique et des libertés, la CNIL, a déployé beaucoup d’efforts pour crypter, protéger les données de santé mais aucun code n’est inviolable. Tout le monde le sait. Protéger les citoyens va devenir difficile. Mais il y a plus pervers encore. Une grande partie de ce qui peut être transformé en données n’est protégé par aucun code. Il suffit de suivre le comportement des internautes. On est désormais capable de détecter le début d’une nouvelle épidémie avant même que les centres de contrôle soient au courant. Il suffit juste pour cela d’analyser le comportement des gens connectés ! Si la machine sait mieux que vous ce que vous allez vouloir, que reste-t-il ? La dictature de « Big Brother » avait besoin d’espions. Nous sommes devenus nos propres « Big Brother », parce que nous dévoilons notre intimité volontairement » a déroulé Axel Kahn, évoquant les comportements sur Internet et les réseaux sociaux. ». Finalement une vue assez pertinente mais aussi fataliste face au développement des machines à penser.

 




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