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Sciences-Recherche académique : Trop soumise à la vulgarisation médiatique

Sciences-Recherche académique : Trop soumise à la vulgarisation médiatique

 

Dans une tribune au « Monde », l’ingénieur Hugo Hellard, docteur en astrophysique,  s’inquiète de l’incitation à la publication massive d’articles scientifiques, qui va à l’encontre même de la démarche académique, et appelle à réorienter la politique de la recherche.

 

On peut évidemment comprendre et même souhaiter que les résultats de la recherche puissent être vulgarisés d’abord dans la communauté scientifique puis, selon la nature, diffusés dans l’opinion. Reste que la médiatisation n’est pas l’objet prioritaire car le risque est de favoriser la course au lectorat au détriment de la production de connaissances. NDLR 

 

La recherche académique mondiale perd en efficacité, légitimité et responsabilité. Les incitations sous-jacentes à la publication de masse ont un impact négatif sur nos sociétés et sur les producteurs du contenu : les chercheuses et chercheurs eux-mêmes. Dans un monde où la compréhension désintéressée de nos écosystèmes est vitale pour relever les défis de l’urgence climatique, il est grand temps de donner aux chercheurs les moyens de travailler de manière indépendante, efficace et pertinente dans un environnement professionnel sain, tout en assurant une transmission des connaissances au public sous une forme compréhensible et accessible.

La crise sanitaire a ramené au premier plan la recherche académique, de la compréhension du virus responsable du Covid-19 au développement de plusieurs vaccins. Cette course au vaccin a aussi été le théâtre du système pervers sur lequel la recherche académique est actuellement construite : l’incitation à la production rapide et à la publication massive d’articles scientifiques. Il n’aura échappé à personne certaines rétractations d’articles, initialement publiés dans plusieurs journaux scientifiques prestigieux, comme The Lancet. Le site Retraction Watch résume dans cette page l’ensemble des articles scientifiques retirés dont le sujet portait sur le Covid-19.

Retirer un article n’a rien de mauvais en soi, car aucun article ne prétend présenter « la vérité », mais seulement des éléments permettant de s’en approcher. Aucun résultat scientifique n’est définitif. La pluralité des réponses apportées permet de mettre à disposition des éléments pour affiner l’analyse, trouver de potentielles erreurs, ou encore proposer de nouvelles approches, afin d’obtenir des conclusions qui s’approchent le plus de « la réalité ». C’est là le cœur du processus scientifique qui, par définition, se veut itératif et précis, donc long comparativement à la soif d’immédiateté ambiante.

Le respect de ce processus scientifique est essentiel pour comprendre « correctement » notre monde et respecter ses écosystèmes riches et divers. Malheureusement, la recherche académique est construite sur un système incitant à bafouer ce processus, pourtant garant de la construction saine du socle de connaissances communes. Les chercheuses et chercheurs du monde se trouvent aujourd’hui exclus et à la merci des trois parties prenantes du marché de la connaissance : les organismes de financement de la recherche (publics ou privés), les bibliothèques universitaires et les institutions de recherche (comme le CNRS en France).

Menace sur la liberté académique

Menace sur la liberté académique

Dans un « essai savant », »le savoir en danger », le professeur de droit public  Olivier Beaud   présente et identifie les différentes menaces qui pèsent sur l’un des principes de bases du métier de chercheur, et estime qu’il est urgent de relancer ce « concept de combat ».(le Monde)

 

Concept de combat à ne pas confondre avec l’expression militante de chercheurs qui instrumentalisent les connaissances au service de leurs convictions idéologique NDLR

 

Livre.

 

Au cours des dernières années, la liberté académique a été tour à tour brandie en étendard et piétinée, avec pour conséquence une terrible confusion. L’autonomie dont jouissent les chercheurs est débattue dans le flou, sans que l’on sache bien de quoi il s’agit. Olivier Beaud, professeur de droit public, auteur déjà, en 2010, de Les Libertés universitaires à l’abandon ? (Dalloz) revient sur cette question avec l’ambition de présenter ce qu’est la liberté académique et d’identifier les différentes menaces qui pèsent sur elle, tant au sein de régimes autoritaires que libéraux. Il ne cache cependant pas son « agacement devant la situation qui est faite au métier d’universitaire en France » et propose donc un « essai savant ».

 

Son exaspération a plusieurs causes, notamment la controverse sur « l’islamo-gauchisme » que la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, se félicitait, le 15 octobre 2020, d’avoir lancée. En février, elle a demandé au CNRS d’enquêter afin de départager « ce qui relève de la recherche académique de ce qui relève justement du militantisme ».

Pour Olivier Beaud, « ce n’est certainement pas au ministère, et donc à l’Etat, de faire une telle recherche ». A côté de cela, sévit « l’intolérance politique » venue des Etats-Unis en défense « des identités blessées » : femmes, Noirs, homosexuels. Dans ce contexte, il est urgent de relancer ce « concept de combat » qu’est la liberté académique.

Penseur « rebelle »

Dans le débat public et sur le plan juridique, la confusion persiste entre liberté académique et liberté d’expression. Leur proximité ne doit cependant pas nous tromper, elles sont profondément distinctes. Olivier Beaud opère sur ce sujet un important retour théorique, où l’apport de la France est limité. Le philosophe Pascal Engel, inspiré par la philosophie analytique américaine, est quasiment l’unique source française citée par le professeur de droit, qui signale ainsi que la liberté académique reste dans une grande mesure un impensé.

C’est en Allemagne qu’elle vit le jour, portée par Guillaume de Humboldt. Au début du XIXe siècle, le prince de Prusse lui confie la création d’une université à Berlin et le philosophe, dans une célèbre note, indique que « les choses iraient infiniment mieux » sans intervention de l’Etat au sein de la future institution. Le prince doit être protecteur, et non un obstacle pour la science. Par la suite, aux Etats-Unis, la liberté académique s’éloigne de l’Etat promoteur du savoir pour se concentrer sur les conditions d’exercice de cette liberté. Dans ce nouveau cadre, la garantie d’emploi est définie comme la condition permettant la libre investigation scientifique au service du bien commun. Mais la professionnalisation impose des normes : la méthode scientifique propre à chaque discipline. Ces standards sont partagés par une communauté de pairs au sein de laquelle prévalent la collégialité et la cooptation, afin de préserver l’ouverture des débats.

Santé recherche : Le CHU en crise académique

Santé recherche :  Le CHU en crise académique

 

Les 145 présidents d’université, doyens de faculté, directeurs lancent, dans une tribune au « Monde », un cri d’alarme concernant l’avenir des centres hospitaliers et universitaires qui, sans inflexion majeure, se dirigent selon eux vers une mort annoncée.

 

 

Créés par les ordonnances Debré en 1958, les centres hospitaliers et universitaires (CHU) avaient pour objectif d’intégrer dans un même dispositif le soin, l’enseignement et la recherche, évitant ainsi aux professeurs de médecine d’être accaparés par leur exercice médical au détriment de la recherche et de l’enseignement.

La formation des étudiants devient ainsi plus professionnelle grâce à l’enseignement par des hospitalo-universitaires : ces enseignants-chercheurs, dont l’employeur principal est l’université, peuvent dispenser leur enseignement et mener une partie de leurs recherches à l’hôpital où ils exercent leur activité de praticien.

C’est en nouant une convention avec l’université que les centres hospitaliers régionaux sont devenus des « CHU », avec une organisation partagée entre les missions hospitalières et universitaires, conduites dans les facultés de médecine.

Au-delà des personnels hospitalo-universitaires, c’est tout l’environnement médico-technique et de soin développé par les CHU qui en a fait un modèle internationalement reconnu. On saluera le rôle des praticiens hospitaliers, admirablement investis dans les missions d’enseignement et de recherche dans la formation des professionnels de santé ainsi que dans la contribution au progrès scientifique et médical.


Mais depuis quelques années, le « navire amiral » de notre système de santé prend l’eau, surtout du côté académique. Tous les dix ans, on fête son anniversaire en lançant à chaque fois de nouveaux signaux de détresse sans que les ministères de tutelle – enseignement supérieur, recherche et innovation, santé et solidarités – ne s’en préoccupent.

En 2018, la Cour des comptes a examiné le rôle des CHU dans l’enseignement supérieur et la recherche médicale. Le diagnostic était alarmant : déclin de la France en matière de recherche biomédicale, triple mission soins-enseignement-recherche trop concentrée sur le soin, modèle de financement inadapté et déséquilibre financier…

Les directeurs de CHU, pressurés par une logique économique, n’y peuvent pas grand-chose, mais doivent pourtant faire face. L’installation de la tarification à l’activité et l’organisation par la loi HPST (hôpital, patients, santé, territoires) de 2009 avec une gouvernance plus managériale, peu médicale et dissociée de l’université, ont peu à peu éloigné nos CHU de leur trajectoire académique initiale… non sans conséquences.

L’attractivité des carrières hospitalo-universitaires est en chute libre, de nombreux professeurs de médecine quittent leur emploi pour exercer dans le secteur libéral. Plus grave, le vivier se tarit car la carrière hospitalo-universitaire ne fait plus rêver. Les grands perdants sont les étudiants, qui dénoncent à juste titre les carences de leur encadrement dans leurs stages hospitaliers.

Islamo-gauchisme: pas une réalité académique mais une réalité politique

Islamo-gauchisme: pas une réalité académique mais une réalité politique

 

Une chronique  de Gilles Savary, Ancien député PS* dans l’Opinion

L’islamo-gauchisme n’est sans doute pas un concept de sciences politiques subtilement académique, mais il a le mérite de nommer les choses par leur nom. N’en déplaise à ceux qui affectent de l’ignorer, ce n’est pas non plus un fantasme. En tout cas, si de prudes âmes ne l’ont jamais rencontré, l’Unef s’est chargée de l’incarner le 17 septembre 2020 en dépêchant à une audition de l’Assemblée nationale une convertie en hijab. La députée de Paris Anne-Christine Lang a marqué son indignation de cette provocation manifeste en y apportant la réponse symbolique de quitter la séance.

Il est indubitable que ces dernières années, la gauche radicale a montré plus de zèle à manifester aux côtés d’activistes de l’islam politique qu’à participer aux hommages rendus aux victimes du terrorisme islamiste ou des odieux assassinats de Français de confession israélite qui ont eu lieu sur le sol de France.

La complaisance de l’extrême gauche avec tout ce qui peut déstabiliser nos démocraties libérales n’est pas nouvelle. Jadis canalisée par des corpus politiques ou idéologiques structurés, dans la filiation des expériences révolutionnaires du XXe siècle, cette mouvance politique épouse aujourd’hui l’air du temps, qui se traduit par une multiplication de revendications sociétales. Certaines de ses composantes participent de la fermentation des culpabilités et des haines qui caractérisent l’époque et associent vaille que vaille des radicalités nouvelles, féministes, indigénistes, post-coloniales, religieuses, à de vieux fonds de sauce de lutte des classes, voire d’antisémitisme larvé.

L’islamo-gauchisme est le plus souvent la manifestation d’une « alliance objective » plus qu’affinitaire au service d’une cause commune, anti-libérale, anti-capitaliste, anti-occidentale et anti-sioniste

Dans ce contexte, l’islamo-gauchisme est le plus souvent la manifestation d’une « alliance objective ​» plus qu’affinitaire au service d’une cause commune, anti-libérale, anti-capitaliste, anti-occidentale et anti-sioniste, entre un activisme révolutionnaire et un activisme religieux fondamentaliste. Il constitue aussi pour « la gauche de la gauche » le creuset politique d’un clientélisme électoral.

Diversion. Pour autant, une démocratie fondée sur la liberté d’opinion et le droit ne peut se lancer dans l’aventure hasardeuse d’une chasse aux sorcières au sein d’administrations civiles sans suggérer, dans le contexte actuel, un amalgame abusif entre complaisance tactique et complicité terroriste.

 

Il est légitime que la République ne soit pas indifférente à ce qui se passe dans nos universités, dont le statut d’autonomie ne dispense pas du respect de ses valeurs fondamentales. Elle dispose pour cela de tous les attributs de puissance publique lui permettant d’exercer sa vigilance. S’il est normal que le gouvernement s’inquiète des pressions et des menaces intolérables qui s’exercent sur des chercheurs ou éditorialistes qui s’intéressent de trop près à l’islam politique, ce doit être précisément au nom de la défense de la liberté académique plutôt que de son contrôle.

Au-delà de l’influence islamo-gauchiste, il est particulièrement choquant que des personnalités comme Sylviane Agacinsky et François Hollande aient dû renoncer à s’exprimer dans des enceintes universitaires sous pression d’activistes d’autres horizons et que des intellectuels comme Alain Finkielkraut ou Elisabeth Badinter en soient systématiquement menacés. Ces réalités traduisent une dégradation détestable de la liberté intellectuelle au sein de certaines de nos universités.

Il est préoccupant que les vénérables pétitionnaires qui réclament la démission de la ministre affectent de l’ignorer et esquivent le débat par une diversion misérabiliste hors sujet.

Gilles Savary est ancien député PS de la Gironde, délégué général de Territoires de progrès.




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