BCE paralysée face à l’inflation ?
La zone euro connaît 5 % d’inflation mais la BCE devrait choisir l’attentisme ce jeudi, contrairement à la Réserve fédérale américaine.
Un article intéressant qui montre que la paralysie de la BCE est largement encouragée par la diversité économique et budgétaire des Etats. Une hausse brutale des taux d’intérêt serait de nature à casser des croissances déjà disparates et à accroître encore des déficits budgétaires déjà plus que limite dans plusieurs pays .
Bild l’a affublée d’un surnom, en français dans le texte : « Madame Inflation. » Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), est dans la ligne de mire du tabloïd allemand. L’inflation en Allemagne a atteint 5,7 % en décembre (5 % dans la zone euro, 3,4 % en France), et l’institution est en proie aux critiques outre-Rhin, accusée de laisser les taux d’intérêt trop bas et de ne rien faire pour contrer la hausse des prix.
La BCE est la plus conciliante des grandes banques centrales. Partout ailleurs, les taux d’intérêt ont commencé à augmenter. En décembre, la Banque d’Angleterre a fait passer son taux directeur de 0,1 % à 0,25 %. Aux Etats-Unis, la Réserve fédérale (Fed) n’a laissé aucun doute lors de sa réunion du mercredi 26 janvier : sa première hausse de taux va avoir lieu en mars.
Apportant la seule note discordante, Mme Lagarde a prévenu en décembre qu’une hausse de son taux directeur serait « très improbable » en 2022. L’institution de Francfort se contente de graduellement réduire son intervention sur les marchés (de 80 milliards d’euros par mois à 20 milliards d’euros d’ici à la fin de l’année). Son taux directeur demeure, en revanche, à un niveau historiquement bas, à – 0,5 %. En tenant compte de l’inflation, cela signifie que le taux réel est proche de – 6 %, à son plus bas depuis les années 1950. La prochaine réunion du conseil des gouverneurs, jeudi 3 février, ne devrait rien y changer : la BCE attend de voir.
Elle a cependant de s arguments pour agir différemment du reste de ses congénères : l’inflation en zone euro demeure plus limitée que dans le reste du monde occidental ; il reste de bonnes raisons de penser que le phénomène va en partie se résorber ; la BCE, surtout, n’est pas une banque centrale comme les autres, devant maintenir l’unité d’une monnaie unique encore très disparate.