Lutte contre l’Etat islamique : où est l’Europe ? (Juppé)
Juppé a raison on peut se demander où est l’Europe dans le cadre de la lutte contre l’État islamique. Jusque-là l’Europe s’est concentrée sur l’accueil des migrants mais de manière désordonnée et même un peu surréaliste. L’union européenne a en effet accouché d’un accord laborieux qui prévoit d’accueillir 160 000 migrants sur deux ans alors qu’il faudra en compter 1 million d’ici la fin de l’année et 2 millions d’ici la fin 2016. Sans parler des politiques d’immigration propres à chaque pays qui passent par la fermeture totale des frontières de certains pays, au contraire par l’ouverture de fait à toute immigration dans certains autres pays. C’est le résultat de l’incapacité totale de l’Europe à contrôler ses frontières extérieures. D’une certaine manière on peut considérer que Schengen a éclaté. Mais l’Europe existe encore moins en matière de politique étrangère et de défense. L’union économique se réduit à une zone de libre-échange autrement dit de business. Et la France et complètement isolée dans la lutte qu’elle mène contre l’État islamique en Syrie, en Irak ou encore en Afrique. L’Europe est aux abonnées absents« , déplore donc lundi 16 novembre le maire de Bordeaux, Alain Juppé, au sujet des attentats de Paris qui ont coûté la mort à 129 personnes et fait plus de 300 blessés vendredi soir. Selon le maire Les Républicains, qui a pris la parole à l’issue d’une cérémonie de recueillement dans la cour de l’Hôtel de ville de Bordeaux, la France se trouve « un peu seule » sur le terrain dans la lutte contre l’État islamique, tandis que les attentats dont elle a été la cible sont les plus meurtriers de son histoire. « Il faut que l’Europe se réveille. C’est la sécurité de l’Europe qui est en cause aujourd’hui. On parle beaucoup de cette crise migratoire exceptionnelle, de ces réfugiés qui affluent par centaines de milliers. C’est très directement lié à la situation au Proche-Orient« , a insisté l’ancien Premier ministre. « La France ne peut pas être seule à prendre ses responsabilités dans ce domaine ». »Nous sommes un peu seuls au Proche-Orient, et, en Afrique, nous sommes tout à fait seuls« , a rappelé Alain Juppé, candidat à la primaire à droite pour la présidentielle. Pour Alain Juppé, les solutions à apporter se trouveront à l’échelle européenne. Celui-ci préconise une surveillance accrue des frontières par des « gardes-frontières européens » et « une solution coordonnée avec les États membres » de l’Union européenne. « Schengen s’est effondré. Nous avons été incapables de lui donner les moyens de fonctionner, nous n’avons pas su donner à Frontex les moyens de surveiller les frontières extérieures de Schengen », déplore Alain Juppé. Ce dernier souhaite que la « question de la défense européenne revienne rapidement sur le tapis », soulignant dans le même temps la bonne coopération franco-belge dans le cadre de l’enquête sur les attentats de vendredi à Paris.