Sondage agriculture :87% pour les petites exploitations et contre la malbouffe
Pesticides, engrais , additifs chimiques viennent assaisonnerez la nourriture quotidienne grâce ‘uen part à l’agriculture intensive et à ‘industrie alimentaire. Au point de mettre en danger la santé. Une écrasante majorité de Français (87%) souhaitent donc que la politique agricole favorise les « petites exploitations qui privilégient la qualité des produits » tandis que 52% jugent les agriculteurs « pollueurs », selon un sondage Odoxa publié aujourd’hui dans Le Parisien. Selon cette enquête d’opinion publiée au lendemain de l’ouverture du Salon de l’Agriculture, 70% des sondés estiment que l’agriculture est un secteur dont le développement doit être prioritaire pour la France, et 76% pensent qu’il faut « continuer à la subventionner pour maintenir une France rurale ». Mais 87% veulent donc que l’agriculture française donne la priorité aux « petites exploitations qui privilégient la qualité des produits », contre 12% qui sont plutôt favorable aux « grandes exploitations qui privilégient la quantité pour rester compétitives ». Les Français expriment par ailleurs de sérieuses réserves sur le respect de l’environnement par les agriculteurs : 52% les jugeant « pollueurs », 64% estimant que la profession n’est pas suffisamment attentive à l’environnement et 51% pensant qu’elle n’accorde pas assez d’attention à la sécurité sanitaire. Enfin 82% des Français ont une bonne opinion globale de la profession, jugée « utile » à 96%. Une prise de conscience aussi contre la malbouffe dénoncée dans un article du Point Chaque année en France, la malbouffe provoque trois fois plus de morts que le tabac et cinquante fois plus que les accidents de la route. Elle est en partie responsable de 30 % de nos cancers, de nos 500 000 insuffisants cardiaques, de 2 millions de diabétiques et de 8 millions d’obèses. Effarant. En un demi-siècle, le contenu de notre assiette s’est radicalement transformé. Aujourd’hui, 80 % des aliments que nous avalons sont industriels. Souvent trop gras, trop sucrés, trop salés et bourrés de chimie. Un constat dénoncé dans un livre du docteur Laurent Chevallier qui met les pieds dans le plat. « Plus personne ne peut nier le lien entre les dérives d’une certaine forme d’alimentation industrielle et l’augmentation significative de certains cancers et maladies cardiovasculaires, explique ce consultant en nutrition attaché au CHU de Montpellier. Je tire la sonnette d’alarme parce que, lors de mes consultations, je suis confronté tous les jours aux victimes de la malbouffe. » Comment en est-on arrivé là ? Pour produire en quantité, le plus vite possible, au plus bas coût, les ingénieurs agronomes ont créé des variétés de légumes, de fruits et de céréales qui poussent plus vite, « boostées » à coups d’engrais et de pesticides dont on retrouve les résidus sous notre fourchette. De la même façon, on a sélectionné des races d’animaux à gros rendements. Des « usines sur pattes » qui fonctionnent avec des granulés hautement énergétiques. Un supercarburant qui a altéré la composition de la viande, du lait ou des œufs. Une matière première bas de gamme, qui est ensuite transformée au point de perdre une partie de ses nutriments, vitamines et arômes. Au milieu des années 80 la chimie s’est invitée en cuisine. Pour ressusciter le goût perdu dans le processus industriel, on a réinjecté en bout de chaîne des arômes artificiels, mais aussi des conservateurs pour allonger la durée de vie des produits, des colorants pour les rendre plus tape-à-l’oeil, des correcteurs d’acidité, sans oublier les émulsifiants, antiagglomérants, gélifiants et autres agents d’enrobage… Aujourd’hui, l’industrie agroalimentaire dispose de 357 additifs autorisés qui remplissent 24 fonctions différentes. « Un cocktail chimique dont on évalue mal tous les effets sur notre organisme », avertit Laurent Chevallier. Ajoutez-y des emballages en plastique dont certains composants ont une fâcheuse tendance à migrer vers les aliments… « Notre nourriture n’est plus adaptée à nos gènes. Non seulement on y a ajouté des substances chimiques mais on l’a bourrée de mauvais gras pas cher à produire, hypercalorique comme l’huile de palme. Et surtout de sucre et de sel. » Trois ingrédients que l’on trouvait rarement au menu de l’omnivore tendance frugivore qu’était l’homme préhistorique et vers lesquels nous sommes naturellement attirés. Des appâts gustatifs désormais utilisés à tout-va par l’industrie agroalimentaire. Nous consommons ainsi chaque jour 8,5 grammes de sel, quatre fois plus que nos besoins physiologiques. Quant au sucre-une « calorie vide » dans le jargon des nutritionnistes, c’est-à-dire qui ne contient rien d’autre que de l’énergie-, nous en avalons 35 kilos par an. 75 % de ce sucre étant directement incorporé dans les aliments par les industriels. Avec certains produits, l’addition grimpe vite : un pain au chocolat représente l’équivalent de sept morceaux de sucre, un soda six. « C’est d’autant plus grave, dans le cas du soda, que notre cerveau ne comptabilise pas les calories sous une forme liquide. » Ce qui explique pourquoi, après avoir vidé une canette, on ne ressent pas la sensation de satiété. Notre cerveau se fait aussi berner par certains aliments industriels quasi prémâchés. « Le meilleur exemple, c’est la portion de céréales du petit déjeuner qui se transforme, avec le lait, en une bouillie vite gobée, plus ou moins grasse, salée et sucrée, indique le nutritionniste. C’est la mastication qui permet d’envoyer le signal de satiété au cerveau. Et le fait de mâcher imprègne de salive les aliments, ce qui facilite la digestion et dope l’immunité. » Un désastre nutritionnel longtemps masqué par les progrès réalisés sur le plan de l’hygiène. En aseptisant notre alimentation, les industriels ont fait chuter le nombre de morts par intoxications alimentaires, et l’invention du réfrigérateur ajouté à l’usage des antibiotiques a fortement diminué l’incidence des cancers de l’estomac provoqués par des bactéries. Mais, dans le même temps, les maladies cardiovasculaires, le diabète, l’obésité ont explosé. Pour la première fois, malgré les progrès continuels de la médecine, l’espérance de vie d’un Américain naissant aujourd’hui ne dépassera pas celle de ses parents. Elle sera même plus faible dans les classes défavorisées. Si l’on commence à se préoccuper de qualité nutritionnelle, le risque que fait peser la présence de molécules chimiques dans nos aliments n’est pas suffisamment pris en compte. Ce que dénonce Laurent Chevallier. « N’ayons plus la naïveté de croire que si des ingrédients étaient nocifs on ne les trouverait pas dans les magasins. Régulièrement, des produits que nous avons consommés pendant des années sont retirés du marché. » La preuve, selon lui, que l’on nous met sur la table des aliments mal évalués. « On a mis trente ans à s’apercevoir que le E128, un colorant pour saucisses industrielles, attaquait les cellules du côlon chez le rat et la souris. » On a pourtant multiplié les instances de contrôle. « Pour évaluer la dangerosité d’une substance chimique, les agences se contentent la plupart du temps des études fournies par les industriels à partir de cahiers des charges inadaptés. Sans compter qu’un certain nombre de leurs experts travaillent avec ces mêmes industriels. » Bref, les mailles du filet seraient trop lâches. « Je suis sidéré que l’on n’avertisse pas les femmes enceintes des risques liés aux substances chimiques de notre alimentation. » Le cas du BHA fait bondir le nutritionniste. Cet additif, présent dans certains chewing-gums, est considéré comme cancérogène. Mais, au lieu de l’interdire, on a demandé aux industriels d’en diminuer la teneur, sans même les obliger à en indiquer la concentration sur l’étiquette.