Merkel et Macron pour un plan encore flou de 500 milliards d’euros en dépenses budgétaires
La proposition de Merkel et de Macron concernant un fond de 500 milliards d’euros pour des dépenses budgétaires européennes constitue indéniablement un fait politique et médiatique indiscutable. Remarquons évidemment qu’il ne s’agit que d’une proposition et qu’il faudra se mettre d’accord avec les 27 constituants de l’union européenne. La partie n’est pas gagnée d’avance
. Ensuite il faudra aussi préciser les conditions d’attribution et de financement de cette enveloppe. De ce point de vue, les commentaires d’Emmanuel Macon sont relativement encore flous sur ces deux questions. L’enjeu va notamment tourner autour de ce qui est remboursable et ce qui ne l’est pas (pour simplifier prêts ou subventions).
Cette initiative commune, qui doit encore être endossée par la Commission européenne et l’ensemble des Vingt-sept, constitue une “étape majeure” et un “changement de philosophie”, s’est félicité Emmanuel Macron lors d’une conférence de presse à l’issue d’une visioconférence avec la chancelière allemande Angela Merkel.
“Pour la première fois, ce que nous proposons ensemble, Allemagne et France, c’est de décider tous ensemble d’aller lever une dette commune sur les marchés et d’utiliser ces 500 milliards d’euros, dette qui aura vocation à être remboursée, pour apporter des financements qui seront fléchés en priorité sur les secteurs les plus touchés et pour les régions les plus impactées et donc d’accepter de vrais transferts, une vraie stratégie commune”, a-t-il souligné.
“Ces 500 milliards ne seront pas remboursés par les bénéficiaires de ceux qui utiliseront cet argent, ils pourront soit être remboursés par les Etats membres par une clef de répartition qui dépend de votre poids dans le budget, par des contributions que nous aurons vocation à décider ensuite ou par d’autres mécanismes”, a-t-il précisé.
Invité en début de soirée sur LCI, le ministre français de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a indiqué que la France pourrait recourir à ce plan pour “rénover” l’hôpital.
“La Commission va emprunter à un taux d’intérêt faible et ensuite payer des dépenses dans les Etats qui en auront le plus besoin. Quand nous aurons besoin par exemple de rénover notre hôpital, nous pourrons nous appuyer sur ce soutien de la Commission européenne et sur un financement de la Commission européenne”, a-t-il souligné, ajoutant que ce financement direct de la Commission européenne financé par de la dette commune pourrait aussi être mobilisé pour soutenir le tourisme, l’automobile ou le secteur de l’aéronautique.
De Berlin, lors de la conférence de presse commune, la chancelière allemande a parlé d’un “pas en avant” important à dix jours de la présentation par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen des détails du programme de relance économique.
“Au départ, nous avions des conceptions extrêmement différentes autant en terme de volume des aides à apporter que sur les moyens techniques”, a déclaré Angela Merkel. “Nous avons réussi à trouver une ébauche de solution entre la France et l’Allemagne et nous avons rapproché nos positions. Nous pensons que nous avons fait un pas en avant très important pour pouvoir arriver à une proposition de la Commission qui satisfera les 27.”
A Bruxelles, Ursula von der Leyen a salué cette proposition qu’elle a jugée “constructive”, estimant qu’elle reconnaissait “l’ampleur du défi économique auquel l’Europe est confrontée, et met à juste titre l’accent sur la nécessité de trouver une solution qui maintienne le budget au coeur de ses priorités”.
“Cette proposition va dans le sens de celle préparée par la Commission, laquelle tiendra également compte des points de vue de tous les États membres et du Parlement européen”, a déclaré la présidente de la Commission européenne dans un communiqué.
Un accord franco-allemand ne veut pas dire pour autant accord des Vingt-Sept, et si le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, s’est félicité de l’initiative franco-allemande – “C’est un premier pas dans la bonne direction”, a-t-il commenté -, opter pour des subventions ou transfert budgétaires (non remboursables) au lieu de prêts (remboursables) ne sera pas facile à faire accepter par certains Etats membres comme les Pays-Bas, la Finlande ou l’Autriche.
“Notre position demeure inchangée”, a ainsi prévenu le chancelier autrichien Sebastian Kurz. “Nous sommes prêts à aider les pays les plus touchés par des prêts. Nous attendons que le prochain (cadre budgétaire pluriannuel de l’UE) reflète les nouvelles priorités et non qu’il relève le plafond.”
Sur le plan de l’environnement, les deux pays appellent à accélérer le “pacte vert” (“Green Deal”) -encore très flou- pour l’Europe en vue de la neutralité carbone d’ici à 2050.