Lunettes : remboursements limités à 470 €
Pour une fois le gouvernement a raison car le prix des lunettes en France est scandaleux comparé à celui qu’on pratique dans le reste de l’Europe ; En gros une paire de lunettes a un cout d’environ 100 euros et est revendu 3 fois plus cher. En cause, l’épidémie de magasins qui fleurissent même dans les plus petits villages et qui vendent en moyenne moins de 3 paires de lunettes par jour ! Le gouvernement a donc présenté lundi son projet de décret. Pour « faire baisser le prix de l’optique », il impose un plafonnement des remboursements par les mutuelles. Sous la pression des opticiens, le plafond a été relevé, de 450 à 470 euros. Le décret fixe aussi un plafond de remboursement pour les dépassements d’honoraires des médecins. Le gouvernement a légèrement revu sa copie, sous la pression des syndicats d’opticiens. Initialement, il était question de plafonner le remboursement des lunettes par les mutuelles à 450 euros. Finalement ce sera donc 470 euros pour des verres simples, et 750 euros pour des verres complexes – 850 euros pour les verres très complexes. Avec une obligation : ne pas dépasser 150 euros pour la monture – le reste étant consacré aux verres. Le gouvernement fait le pari qu’en limitant les remboursements il poussera les opticiens à offrir des tarifs plus raisonnables. Actuellement, écrit le ministère de la Santé dans un communiqué, plus les mutuelles remboursent plus le prix des lunettes augmente. Il s’agit, à en croire le ministère, de casser une spirale inflationniste. Ces montants s’appliqueront aux contrats dits « responsables et solidaires » des complémentaires, qui devront remplir un certain nombre de critères pour bénéficier d’une fiscalité allégée. Proposer une couverture complémentaire allant au-delà de ces plafonds reviendra pour les complémentaires à perdre ces avantages. Le gouvernement va donner un délai aux mutuelles pour s’adapter. Si votre contrat est déjà en cours, votre mutuelle aura jusqu’à la fin de l’année 2017 pour appliquer les plafonds de remboursement. En revanche, dans le cas d’un nouveau contrat, ce sera obligatoirement dès avril 2015. D’après l’UFC-Que choisir une paire coûtant 393 euros en moyenne hors taxe coûterait… 3,3 fois moins cher à l’opticien, c’est-à-dire 118 euros pour une monture et des verres. Cela représente un taux de marge brute moyenne de… 233%. Elle atteint 342% pour les verres unifocaux et 304% pour les verres progressifs. D’après cette étude reposant sur une enquête réalisée auprès des opticiens, les marges servent essentiellement à financer les frais de fonctionnement, la prestation (deux heures par monture en moyenne) et de marketing. Ce qui réduit la marge nette à 28 euros par paire. A l’égard des frais de marketing, l’UFC pointe les 580 millions d’euros dépensé chaque année (sur un chiffre d’affaires total de 4,7 milliards d’euros pour le marché de des lunettes de vue). Il vise également la pratique devenue courante de vendre une deuxième, voire une troisième, paire à un prix symbolique. Pour Mathieu Escot, chargé de la santé à l’UFC, c’est là le « signe d’un marché défaillant. » Parce que chaque opticien vend trop peu de lunettes. Par jour, l’UFC estime qu’une boutique en vend 2,8 paires. Un niveau très faible qui proviendrait de la profusion de l’offre. L’Hexagone en compte aujourd’hui plus de 11.000. Depuis l’an 2000, 3.650 nouvelles boutiques ont ouvert en France, soit une hausse de 47%. Une explosion qui, selon cette étude, ne s’explique pas seulement par la démographie. Bien au contraire. Sur cette période, la part attribuée à l’accroissement de la population atteint 8% et celle liée à son vieillissement de 5%, sachant que les personnes les plus âgées sont plus enclines à porter des lunettes, le reste, soit 34% de la hausse du nombre de boutiques, serait superflue. Il y aurait même « 2.465 boutiques supplémentaires [qui] ne répondent pas à des besoins réels et dont le consommateur doit supporter les coûts », est-il écrit dans l’étude.