Lagarde : une négligence à 400 millions !
Curieux chef d’inculpation pour Christine Lagarde accusée simplement de négligence pour le cadeau de 400 millions fait à Tapie. L’ancienne ministre des finances se serait simplement montrée étourdie. En fait elle avoue maintenant qu’elle a peut-être été abusée. Évidemment on ne sera pas par qui car c’est à l’Élysée que s’est réglé cette affaire et en son absence en plus. Une affaire politico-financière qui démontre les liens sulfureux entre la finance et la politique. Une affaire qui également montre l’incompétence de Christine Lagarde nommée la tout à fait par hasard comme ministre des finances et dont la caractéristique était surtout de bien lire les communiqués du trésor (dixit Alain Minc). Comme elle fait actuellement en lisant ce du FMI. Cet ancien avocat d’affaires ne connaît rien à la problématique économique, elle n’a d’ailleurs aucun diplôme, ni aucune expérience mais elle parle un anglais parfait, sans accent. Un atout considérable pour une classe politique française un peu attardée au plan international. Il est clair que Christine Lagarde a sans doute été manipulé pire qu’on lui a peut-être promis un poste élevé pour qu’elle consente à signer ce chèque de 400 millions parfaitement indu. Revenons à la genèse de cette affaire qui traîne depuis maintenant environ 25 ans. Au départ Tapie n’avait pas le premier sou pour acheter Adidas mais Mitterrand et le gouvernement ont imposé au Crédit Lyonnais de lui prêter la somme nécessaire. Mais à la veille de devenir ministre le groupe tapie était en faillite incapable de rembourser ses dettes. Du coup le Crédit Lyonnais a logiquement récupéré ses billes et notamment Adidas qu’il a effectivement revendu plus chers. Mais Tapie n’a subi aucun préjudice car cette plus-value ne le regardait pas dans la mesure où en réalité il n’avait pris aucun risque financier. C’est en raison de cette plus-value réalisée par le Crédit lyonnais que Tapie a crié haut et très fort qu’il il avait été floué. Son lobbying incessant auprès des politiques a payé puisqu’il a réussi à obtenir 400 millions dont 45 millions au titre du préjudice moral, un record du monde ! Si Lagarde s’est montré aussi indulgente et coupable c’est sur injonction de l’Élysée où Tapie s’est rendu des dizaines de fois pour plaider sa cause. 400 millions c’est le prix de son soutien à Sarkozy curieusement absent des procédures en cours alors que la décision a été prise encore une fois à l’Élysée et en l’absence de Christine Lagarde ! Une Christine Lagarde qui par ailleurs se défend bien mal car si la manœuvre frauduleuse avait été engagée bien avant son arrivée au ministère des finances (en fait depuis Borloo par ailleurs ancien avocat de Tapie !). Elle n’a guère influencé le cours des choses. Elle pouvait s’opposer à l’arbitrage des trois complices de Tapie, elle pouvait aussi s’opposer ensuite alors aux conclusions de ces « experts », elle n’a rien fait ; pire, pendant un long moment elle a même été incapable de chiffrer l’indemnisation accordée à Tapie. La grande bourgeoise à l’accent anglais impeccable s’étonne maintenant de jouer le rôle de bouc émissaire, ce qu’elle est effectivement car bien d’autres sont impliqués dans cette affaire. À commencer par Mitterrand séduit par l’homme d’affaires Tapie qui a imposé au Crédit Lyonnais de prêter les fonds nécessaires à l’achat d’Adidas et qui a même fait de Tapie son ministre. Seconde responsabilité, celle de Sarkozy qui a renvoyé l’ascenseur à Tapie pour son soutien. Dernière responsabilité, celle de François Hollande qui avait promis de supprimer cette scandaleuse juridiction d’exception, la cour de justice de la république. Une cour surtout composée de politiques qui jugent des politiques donc avec beaucoup de clémence. Sur ce point comme sur d’autres Hollande a renoncé à supprimer la cour de justice de la république. Dans ce contexte politico- financier, la défense de Christine Lagarde apparaît bien désuète. « Je souhaite enfin vous démontrer que je ne suis en rien coupable de négligence, mais que j’ai agi en conscience, en confiance, avec pour seul objectif l’intérêt général », a déclaré Christine Lagarde lundi à la barre. Ai-je été abusée ? Si oui par qui? Nous le saurons peut-être un jour », a-t-elle ajouté en référence à l’enquête dans laquelle six personnes ont été mises en examen pour escroquerie en bande organisée. « Ai-je été négligente ? Non, et je m’attacherai, allégation par allégation, à vous en convaincre », a-t-elle poursuivi, rappelant avoir elle-même demandé au conseil d’administration du FMI de lever son immunité. La commission d’instruction de la CJR lui reproche « une décision d’entrer en arbitrage mal préparée, mal encadrée, malvenue » et « allant à l’encontre de l’avis répété » de l’Agence des participations de l’Etat (APE). « Le comportement de Madame Lagarde ne procède pas seulement d’une incurie et d’une précipitation critiquables, mais aussi d’une conjonction de fautes qui, par leur nature, leur nombre et leur gravité, dépassent le niveau d’une simple négligence », estime ainsi la commission d’instruction de la CJR. A sa décharge, l’accusation a toutefois noté que certains événements ayant mené à l’arbitrage avaient précédé sa nomination à Bercy, en juin 2007, Durant les sept jours d’audience, les quinze juges de la CJR (six sénateurs, six députés et trois magistrats de la Cour de cassation) devront disséquer notes et instructions reçues et rédigées par la ministre et son cabinet. Notamment toute une série de notes de l’APE hostiles à l’arbitrage. Devant les juges, Christine Lagarde, qui dit avoir suivi les préconisations de l’APE sur les modalités de mise en oeuvre de l’arbitrage, a reconnu avoir découvert certaines notes a posteriori. « Je ne lis pas toutes les notes, et le cabinet a précisément pour fonction de filtrer », a-t-elle souligné lundi.