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Projet de Budget 2025: une rigueur budgétaire qui va tuer la croissance

Projet de Budget 2025: une  rigueur budgétaire qui va tuer la croissance

Non seulement les prévisions de croissance sont sans doute comme d’habitude nettement surestimées mais la rigueur budgétaire va contribuer à tuer cette croissance insignifiante. Ainsi en 2025 il ne faut guère s’attendre à une croissance supérieure à 1 %. Alors que le gouvernement s’est engagé à réduire le déficit public de 6,1 % du PIB en 2024 à 5 % en 2025, l’OFCE estime que l’effort budgétaire prévu amputera la croissance de 0,8 point de PIB.

L’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) dévoile un sombre tableau pour l’économie française en 2025. L’institut prévoit notamment une croissance modeste de 0,8 % en 2025, contre 1,1 % prévu cette année. Cette atonie serait en grande partie due aux efforts de redressement budgétaire inscrits dans le projet de loi de finances (PLF), qui débute cette semaine son parcours au Parlement. Alors que le gouvernement s’est engagé à réduire le déficit public de 6,1 % du PIB – environ 180 milliards d’euros – en 2024 à 5 % en 2025 – entre 140 et 150 milliards -, l’OFCE souligne que ces efforts amputeront la croissance de 0,8 point de PIB. Soit quelque 25 milliards d’euros de richesse produite en moins.

Budget 2025 : pour des « Écologistes » responsables

Budget 2025 : pour des « Écologistes » responsables 

Faire déraper la dette aujourd’hui, c’est tout simplement ne plus pouvoir financer les politiques que nous voulons mener demain, y compris les plus vitales, telles que la transition écologique. Par Yann Wehrling(*), Président du parti « Ecologie Positive » dans la « Tribune »

Oui, il faut agir et le gouvernement le fait avec les instruments dont il dispose : augmenter les impôts et baisser les dépenses.

Pour autant, l’urgence avec laquelle le projet de budget a été élaboré, de l’aveu même du Premier ministre, n’a pas permis de rendre une copie parfaite.

Le débat parlementaire et les semaines et mois qui viennent doivent nous permettre d’ajuster au mieux la remise à flot de nos finances. Et parmi les ajustements, sans doute faudra-t-il en apporter davantage sur la transition écologique.

Précision importante au moment où nous constatons à regret que l’architecture gouvernementale s’est dotée de deux ministres en charge des questions énergétiques, et que le porte feuille de la biodiversité a disparu. L’écologie est un tout : climat, nature, eau, océans, air, ressources. Elle n’est pas tout à fait une politique comme les autres. Sans planète vivable, tout le reste devient anecdotique. Il faut donc, comme l’a d’ailleurs souligné le Premier ministre dans son discours de politique générale, penser aussi bien à notre dette budgétaire qu’à notre dette écologique. Une autre manière de dire que la fin du mois importe autant que la fin du monde.

Mais à la différence de bien des écologistes, nous refusons de céder aux facilités habituelles de l’extrême gauche qui est adepte de l’argent facile : facile à trouver dans la poche des riches et facile à dépenser, car le danger des déficits publics ne serait qu’une crainte farfelue de libéraux. Gardons la tête sur les épaules et vivons dans le monde réel. La situation actuelle impose aux écologistes de faire preuve de sérieux budgétaire… précisément pour sauver l’écologie.

Dès lors, quelles pistes explorer pour à la fois rester ambitieux pour l’écologie et raisonnable dans la dépense publique ?

  • Que cette contrainte budgétaire soit l’occasion d’enfin conduire une vraie revue des missions communes à toutes les administrations d’État, de toutes les collectivités, et de tous leurs opérateurs et organismes associés. Identifions tous les doublons pour les supprimer. Que l’État se décharge vers les collectivités locales d’un certain nombre de ces actions. Une loi de décentralisation réelle et tranchée est nécessaire avec pour ligne directrice : une action = un acteur public seul et unique.
  • Autre source d’économie : évaluons l’incitativité des aides publiques. Autrement dit, vérifions que les actions aidées ne seraient pas en mesure d’exister sans appui, et déterminons quelles actions restantes les pouvoirs publics doivent prioritairement conduire. L’exemple du soutien à la décarbonation est parlant : un prix bas des énergies fossiles rend le recours aux énergies renouvelables trop onéreux sans aide publique. Le gaz et donc les émissions de gaz à effet de serre gagneraient la partie sans aide aux énergies renouvelables.  Il faut donc maintenir, par exemple, le fonds chaleur dont c’est précisément l’objet.
  • Actons deux lignes directrices, en matière fiscale et budgétaire : le principe « pollueur/payeur » et la suppression (ou du moins la réduction) des subventions et dépenses publiques néfastes au climat et à la biodiversité. Bien entendu, à la lumière des impacts économiques et sociaux de ces deux actions, il est probable qu’il faille agir avec sélectivité… mais il est néanmoins fort probable que l’issue ne pourrait être que bénéfique pour le budget de l’État et pour la planète. Cette logique a d’ailleurs été amorcée dans le projet de budget 2025 avec le renforcement du malus automobile ou la TVA sur les chaudières au gaz. Ce serait aussi l’application concrète des engagements de la France pris dans les conventions internationales « climat » et « biodiversité » qui invitent les États à mettre fin aux subventions nocives pour le climat et la biodiversité.
  • Dernière suggestion : lançons une opération « écologie low cost », autrement dit, réfléchissons tous azimuts au coût des dépenses pour la transition écologique. À y regarder de plus près, de nombreux investissements aidés dans la transition écologique sont à des coûts souvent exorbitants. Un exercice pourrait être d’évaluer méthodiquement quelles sont les actions les moins coûteuses avec le meilleur bénéfice environnemental.

Le niveau d’investissement que nous devons faire dans la transition écologique doit rester important, mais il nous faut prendre le temps de les remettre à plat, les rendre plus efficients, faire la chasse au gaspi, aller à l’essentiel, prioriser sur ce qui marche et ne pas hésiter à abandonner ce qui ne marche pas.

Pensons la période comme une opportunité de faire des choix pour ne pas sacrifier la fin du monde sur l’autel de la fin du mois.

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(*) Yann Wehrling Président du parti « Écologie Positive » ; Vice-président de la Région Île-de-France à la transition écologique et Ancien ambassadeur de France à l’environnement.

Budget 2025: une rigueur budgétaire qui va tuer la croissance

Budget 2025: une  rigueur budgétaire qui va tuer la croissance

Non seulement les prévisions de croissance sont sans doute comme d’habitude nettement surestimées mais la rigueur budgétaire va contribuer à tuer cette croissance insignifiante. Ainsi en 2025 il ne faut guère s’attendre à une croissance supérieure à 1 %. Alors que le gouvernement s’est engagé à réduire le déficit public de 6,1 % du PIB en 2024 à 5 % en 2025, l’OFCE estime que l’effort budgétaire prévu amputera la croissance de 0,8 point de PIB.

L’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) dévoile un sombre tableau pour l’économie française en 2025. L’institut prévoit notamment une croissance modeste de 0,8 % en 2025, contre 1,1 % prévu cette année. Cette atonie serait en grande partie due aux efforts de redressement budgétaire inscrits dans le projet de loi de finances (PLF), qui débute cette semaine son parcours au Parlement. Alors que le gouvernement s’est engagé à réduire le déficit public de 6,1 % du PIB – environ 180 milliards d’euros – en 2024 à 5 % en 2025 – entre 140 et 150 milliards -, l’OFCE souligne que ces efforts amputeront la croissance de 0,8 point de PIB. Soit quelque 25 milliards d’euros de richesse produite en moins.

Budget 2025 : taxes sur les hauts revenus votée

Budget 2025 :  taxes sur les hauts revenus votée

 

L’Assemblée nationale a voté un impôt supplémentaire les hauts revenus prévue dans le projet de budget du gouvernement, et ont voté pour augmenter la «flat tax» sur les revenus du capital, et la taxation des «superdividendes».

Une étude préalable publiée sur le site du ministère du Budget estimait que 24.300 foyers en seraient effectivement redevables.

Sécurité Sociale: Un déficit jusqu’à 30 milliards en 2025 !

Sécurité Sociale: Un déficit jusqu’à 30 milliards en 2025 !

Une prévision de déficit à  10,5 milliards d’euros, puis à 16 milliards en juin, il atteindra finalement 18,5 milliards d’euros, selon le dernier rapport de la Commission des comptes de la Sécurité Sociale . En 2025, «avant intervention de nouvelles mesures en recettes et en dépenses, le déficit des régimes de base et du Fond de solidarité vieillesse (FSV) pourrait atteindre 28,4 milliards d’euros. Il représenterait alors 0,9 point de PIB, après 0,6 point en 2024 et 0,4 point en 2023»

En 2025, le déficit de l’ensemble des régimes vieillesse de base et du Fonds de solidarité vieillesse (FSV) se dégraderait fortement, à hauteur de 4,7 milliards d’euros, pour atteindre 10,3 milliards. Quant au déficit de la branche maladie, il continuerait à se creuser à 18,7 milliards d’euros, avant mesures du PLFSS. La progression des dépenses continuerait ainsi à dépasser la croissance économique, autrement dit la capacité de l’économie  française à financer la sécurité sociale à taux constant de prélèvements publics.

Sondage budget 2025 : trop d’impôts pour 58 %

Sondage budget : trop d’impôts pour 58 %. Pour les Français, il y a un manque d’équilibrage entre d’une part les mesures fiscales et l’insuffisance des économies. Selon un sondage Odoxa et Backbone Consulting pour le Figaro, ils sont 58% à estimer que les hausses d’impôts contenues dans le texte sont «trop élevées», pour à peine 16% à penser que ce n’est «pas assez». Seuls 24% de nos concitoyens jugent que le dosage concocté par Bercy est le bon, soit qu’il ne contient «ni trop, ni pas assez d’impôts»

Ce qui ne veut pas dire que les sondés rejettent massivement toutes les mesures fiscales proposées par le gouvernement. Dans leur grande majorité, les Français interrogés applaudissent le renforcement de la fiscalité à l’endroit de grandes et très grandes entreprises (83% d’approbation) ainsi que la hausse des impôts pour les foyers gagnant plus de 500.000 euros…

Projet Budget 2025 : condamné au 49 3 !

Projet Budget 2025 : condamné au 49 3 !
Il faut sans doute s’attendre à beaucoup de bruit et de fureur concernant les comptes publics (budget, sécurité sociale collectivités locale) au sein de l’assemblée nationale.
Pour résumer les propositions actuelles ne rencontreront que très peu de soutien de l’extrême droit à l’extrême gauche et pour des raisons souvent évidemment opposées mais parfois convergentes. Beaucoup seront opposés à la poursuite de la hausse de la fiscalité qui en dépit des des efforts continue de progresser.

L’opposition sur ce point viendra surtout de la droite et du centre-droit. La gauche et l’extrême gauche elle va se spécialiser comme d’habitude sur les efforts demandés aux ménages. On voit mal quelle synthèse pourrait sortir du débat très confus qui va caractériser la discussion de l’Assemblée nationale sur les comptes publics. Cela d’autant plus que l’assemblée normale nationale n’aura ni le temps sans doute même la compétence pour examiner les facteurs explicatifs structurels de cette dérive insensée des déficits et de la dette

.On va donc se référer au slogan des campagnes électorales récentes et surtout avec en ligne de mire la future dissolution de l’assemblée d’ici un an voire une élection présidentielle plus précipitée que prévue. Or dans un contexte déjà électoral , l’argument massue des organisations politiques de toutes tendances est de promettre la lune ce qui ajoute de la confusion à une problématique déjà confuse et complexe concernant la politique financière de la France à laquelle nombre de Français voir même d’experts ne comprennent pas grand-chose.

(Pour preuve tous ces crânes d’œuf concentrés à Bercy et dans les ministères incapables de prévoir le dérapage des finances du pays). Il y a une question fondamentale complètement taboue celle des rapports comparés  actifs–inactifs,  productivité horaire et  temps de travail. Du coup depuis les années, la France vit à crédit en empruntant pour masquer ces insuffisance majeures mais qui ne sont  pas les seules.

Projet de budget 2025: très long virage ?

Projet de budget 2025: très long virage ?

 

Le premier ministre Michel Barnier a présenté jeudi 10 octobre le projet de loi de finances pour 2025. 60 milliards d’économies sont attendues, via des hausses de taxes et d’impôts et des réductions de dépenses. Mathieu Plane, directeur adjoint du département analyse et prévision de l’observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), décrypte les enjeux de ce budget exceptionnel, par son contexte et son ampleur. Le budget 2025 présenté le 10 octobre par le premier ministre affiche l’ambition de passer d’un déficit public de 6,1 % à 5 % du PIB. Qu’est-ce qui dans la situation économique actuelle le justifie ? Le point principal est la forte dégradation des comptes publics observée depuis quelques mois et qui est complètement inédite. L’erreur de prévision est historique, puisque l’écart est de 1,7 point de PIB entre la loi de finances prise à la fin de 2023 et l’actuelle ! Cet écart représente plus de 50 milliards d’euros, soit à peu de choses près l’effort budgétaire demandé pour l’année prochaine. Cette erreur gigantesque de prévision budgétaire est d’autant plus troublante que la croissance n’a pas été révisée à la baisse entre temps.

 

par Mathieu Plane Economiste – Directeur adjoint au Département Analyse et Prévision OFCE, Sciences Po dans The Conversation
Parallèlement et en lien avec ces mauvaises nouvelles budgétaires, mais aussi la crise politique consécutive à la dissolution, la prime de risque sur la dette de la France a augmenté ces derniers mois. Par prime de risque, on désigne l’écart du taux d’intérêt à payer sur la dette publique française par rapport à celui de l’Allemagne. La France se trouve donc dans une situation beaucoup moins confortable qu’il y a quelques mois vis-à-vis des investisseurs étrangers et des prêteurs. Car, même en réalisant les efforts budgétaires prévus en 2025, la France devrait se retrouver lanterne rouge des pays de l’Union européenne en matière de déficit. C’est aussi quelque chose de nouveau, la France était plutôt dans la moyenne jusqu’ici. Pour le dire autrement, la crise budgétaire actuelle est davantage française qu’européenne. La dernière crise qu’on ait connue de ce type était au tournant des années 2010, où les mauvais élèves étaient clairement les pays d’Europe du Sud. Aujourd’hui, Italie à part, ce n’est plus le cas et les regards inquiets se tournent désormais beaucoup plus vers la France. Le budget est un acte financier, mais aussi politique. Que dit le budget des orientations prises par le gouvernement Barnier ? C’est un acte politique certes, mais dans un contexte politique très particulier et d’urgence inédite. L’élaboration du budget a été un exercice d’équilibriste pour ce nouveau gouvernement, dans un délai très court, où il fallait à la fois rassurer les partenaires européens de la France, rassurer les investisseurs et trouver une voie de passage pour qu’il soit adopté par l’assemblée nationale actuelle. Ce n’est pas la situation standard dans laquelle on élabore un budget.

Ceci rappelé, les choix faits par le gouvernement révèle un virage sur la politique fiscale.

Il est annoncé comme temporaire, mais il pourrait bien durer tant que la France ne sera pas revenue sous la barre des 3 %. Il y a un choix de cibler les plus grosses entreprises et les ménages les plus aisés. Les hausses annoncées concernent les 0,2 % de foyers fiscaux aux revenus les plus hauts, et les entreprises qui font un chiffre d’affaires supérieur à 1 milliard. Ajoutez à cela les mesures sur EDF ou sur les armateurs. En revanche, les autres entreprises pourraient être plus concernées par la réduction des exonérations de cotisations patronales.

C’est une remise en cause, au moins temporaire, sur son volet fiscal, de la politique de l’offre qui était menée depuis plusieurs années. En outre, la flat tax sur les revenus financiers est maintenue dans ce budget, mais avec l’instauration d’un taux d’imposition minimum sur les plus hauts revenus, cela revient implicitement à augmenter l’imposition des revenus sur le patrimoine sans dire directement que l’on a touché à la flat tax.

Un gouvernement de gauche aurait pu avoir une politique fiscale assez proche. Mais ce n’est qu’une partie des actions envisagées. La partie réduction des dépenses va toucher toutes les entreprises, même les plus petites ou tous les ménages, y compris les classes moyennes et les plus modestes. Ce type de mesures est beaucoup moins ciblé. Par exemple, le report de six mois de l’augmentation des pensions de retraites devrait toucher tous les retraités quel que soit le montant versé. Idem pour la réduction des dépenses de santé ou le recalibrage des aides écologiques.

Côté entreprises, le recentrage des dépenses liées à l’apprentissage concerne aussi les PME, de la même façon, à priori, que tout ce qui est annoncé en matière de révision des aides.

Le débat a largement porté et continue de porter sur l’arbitrage entre baisse des dépenses ou hausses des impôts ? Cette distinction est-elle fondée scientifiquement ? Si je reprends l’exemple du moindre remboursement des dépenses médicales, cela va augmenter les mutuelles et réduire le revenu des ménages. Ce n’est pas une hausse d’impôt, mais le résultat est assez proche ?

En économie, des effets de vases communicants sont souvent observés. Si je reprends votre exemple, la baisse de la prise en charge publique des dépenses de santé permet de limiter la hausse des dépenses publiques de santé, et c’est ce qui est recherché. Mais un désengagement de la Sécu, même limité, peut avoir pour effet une augmentation des prélèvements privés si la charge de remboursement est reportée sur les complémentaires. Plus globalement le débat entre augmenter les impôts ou baisser la dépense n’est pas très fondé d’un point de vue économique. C’est davantage un débat politique. La frontière entre les deux est assez floue quand on creuse le sujet au-delà des slogans. Par exemple, les exonérations de cotisations payées par les entreprises sont compensées, si bien que cela est considéré comme une baisse des dépenses. Pour l’entreprise qui n’en bénéficiera plus, ce sera surtout une augmentation des prélèvements !

Il est plus intéressant d’étudier qui va être touché par les mesures : quels ménages ? quelles entreprises qu’il s’agisse de hausse des impôts ou de réduction des dépenses. Là il peut y avoir de vraies différences.

En est-il de même pour la distinction entre les dépenses de l’État et celles des collectivités locales ?

Cette distinction a une vraie pertinence car on ne parle pas des mêmes compétences. L’État central s’occupe de régalien, de l’éducation nationale, de l’Économie et des finances. En termes d’effectifs, les trois quarts de la fonction publique d’État sont dans des ministères régaliens ou à l’éducation nationale.

Le problème des collectivités locales est qu’elles ont perdu de l’autonomie budgétaire, avec la suppression de la taxe d’habitation, alors qu’elles doivent remplir un certain nombre de missions et respecter des règles budgétaires strictes, comme l’impossibilité d’avoir un budget en déficit hors investissement. L’État n’a pas vraiment la main sur ce que font les collectivités, mis à part le vote des dotations qu’il leur verse, le plus souvent pour compenser des suppressions de ressources, comme la fin de la taxe d’habitation. Les collectivités voient du coup d’un très mauvais œil les choix imposés par l’État.

Dans ce budget on a l’impression que le choix a été fait de réduire un peu partout. N’aurait-il pas mieux valu définir des priorités (par exemple l’avenir, en misant sur la formation, la transition écologique ou l’investissement en faveur de la compétitivité) plutôt que de donner un coup de rabot général ?

Il y a incontestablement un côté “fonds de tiroir dans ce budget”. Il est difficile de voir une stratégie de long terme sur l’innovation, la transition écologie ou une vision sur l’école quand on demande de faire plus avec moins. A cela s’ajoute le fait que de nombreuses mesures sont présentées comme étant exceptionnelles, de court terme. Il manque clairement une vision globale et de long terme. Mais il ne faut pas oublier que ce budget a été finalisé en quelques jours. Une politique de long terme ne se décide pas aussi rapidement, car elle nécessite une réflexion longue, un diagnostic fin et une stratégie. Michel Barnier est davantage dans la posture d’un pompier qui essaie d’éteindre un incendie. S’il est difficile de voir la logique économique d’ensemble, c’est que la priorité est d’abord et essentiellement budgétaire.

Budget 2025 : un virage….long ?

Budget 2025 :  un virage….long  ?

Le premier ministre Michel Barnier a présenté jeudi 10 octobre le projet de loi de finances pour 2025. 60 milliards d’économies sont attendues, via des hausses de taxes et d’impôts et des réductions de dépenses. Mathieu Plane, directeur adjoint du département analyse et prévision de l’observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), décrypte les enjeux de ce budget exceptionnel, par son contexte et son ampleur. Le budget 2025 présenté le 10 octobre par le premier ministre affiche l’ambition de passer d’un déficit public de 6,1 % à 5 % du PIB. Qu’est-ce qui dans la situation économique actuelle le justifie ? Le point principal est la forte dégradation des comptes publics observée depuis quelques mois et qui est complètement inédite. L’erreur de prévision est historique, puisque l’écart est de 1,7 point de PIB entre la loi de finances prise à la fin de 2023 et l’actuelle ! Cet écart représente plus de 50 milliards d’euros, soit à peu de choses près l’effort budgétaire demandé pour l’année prochaine. Cette erreur gigantesque de prévision budgétaire est d’autant plus troublante que la croissance n’a pas été révisée à la baisse entre temps.

 

par  Economiste – Directeur adjoint au Département Analyse et Prévision OFCE, Sciences Po dans The Conversation 

Parallèlement et en lien avec ces mauvaises nouvelles budgétaires, mais aussi la crise politique consécutive à la dissolution, la prime de risque sur la dette de la France a augmenté ces derniers mois. Par prime de risque, on désigne l’écart du taux d’intérêt à payer sur la dette publique française par rapport à celui de l’Allemagne. La France se trouve donc dans une situation beaucoup moins confortable qu’il y a quelques mois vis-à-vis des investisseurs étrangers et des prêteurs. Car, même en réalisant les efforts budgétaires prévus en 2025, la France devrait se retrouver lanterne rouge des pays de l’Union européenne en matière de déficit. C’est aussi quelque chose de nouveau, la France était plutôt dans la moyenne jusqu’ici. Pour le dire autrement, la crise budgétaire actuelle est davantage française qu’européenne. La dernière crise qu’on ait connue de ce type était au tournant des années 2010, où les mauvais élèves étaient clairement les pays d’Europe du Sud. Aujourd’hui, Italie à part, ce n’est plus le cas et les regards inquiets se tournent désormais beaucoup plus vers la France. Le budget est un acte financier, mais aussi politique. Que dit le budget des orientations prises par le gouvernement Barnier ? C’est un acte politique certes, mais dans un contexte politique très particulier et d’urgence inédite. L’élaboration du budget a été un exercice d’équilibriste pour ce nouveau gouvernement, dans un délai très court, où il fallait à la fois rassurer les partenaires européens de la France, rassurer les investisseurs et trouver une voie de passage pour qu’il soit adopté par l’assemblée nationale actuelle. Ce n’est pas la situation standard dans laquelle on élabore un budget.

Ceci rappelé, les choix faits par le gouvernement révèle un virage sur la politique fiscale.

Il est annoncé comme temporaire, mais il pourrait bien durer tant que la France ne sera pas revenue sous la barre des 3 %. Il y a un choix de cibler les plus grosses entreprises et les ménages les plus aisés. Les hausses annoncées concernent les 0,2 % de foyers fiscaux aux revenus les plus hauts, et les entreprises qui font un chiffre d’affaires supérieur à 1 milliard. Ajoutez à cela les mesures sur EDF ou sur les armateurs. En revanche, les autres entreprises pourraient être plus concernées par la réduction des exonérations de cotisations patronales.

C’est une remise en cause, au moins temporaire, sur son volet fiscal, de la politique de l’offre qui était menée depuis plusieurs années. En outre, la flat tax sur les revenus financiers est maintenue dans ce budget, mais avec l’instauration d’un taux d’imposition minimum sur les plus hauts revenus, cela revient implicitement à augmenter l’imposition des revenus sur le patrimoine sans dire directement que l’on a touché à la flat tax.

Un gouvernement de gauche aurait pu avoir une politique fiscale assez proche. Mais ce n’est qu’une partie des actions envisagées. La partie réduction des dépenses va toucher toutes les entreprises, même les plus petites ou tous les ménages, y compris les classes moyennes et les plus modestes. Ce type de mesures est beaucoup moins ciblé. Par exemple, le report de six mois de l’augmentation des pensions de retraites devrait toucher tous les retraités quel que soit le montant versé. Idem pour la réduction des dépenses de santé ou le recalibrage des aides écologiques.

Côté entreprises, le recentrage des dépenses liées à l’apprentissage concerne aussi les PME, de la même façon, à priori, que tout ce qui est annoncé en matière de révision des aides.

Le débat a largement porté et continue de porter sur l’arbitrage entre baisse des dépenses ou hausses des impôts ? Cette distinction est-elle fondée scientifiquement ? Si je reprends l’exemple du moindre remboursement des dépenses médicales, cela va augmenter les mutuelles et réduire le revenu des ménages. Ce n’est pas une hausse d’impôt, mais le résultat est assez proche ?

En économie, des effets de vases communicants sont souvent observés. Si je reprends votre exemple, la baisse de la prise en charge publique des dépenses de santé permet de limiter la hausse des dépenses publiques de santé, et c’est ce qui est recherché. Mais un désengagement de la Sécu, même limité, peut avoir pour effet une augmentation des prélèvements privés si la charge de remboursement est reportée sur les complémentaires. Plus globalement le débat entre augmenter les impôts ou baisser la dépense n’est pas très fondé d’un point de vue économique. C’est davantage un débat politique. La frontière entre les deux est assez floue quand on creuse le sujet au-delà des slogans. Par exemple, les exonérations de cotisations payées par les entreprises sont compensées, si bien que cela est considéré comme une baisse des dépenses. Pour l’entreprise qui n’en bénéficiera plus, ce sera surtout une augmentation des prélèvements !

Il est plus intéressant d’étudier qui va être touché par les mesures : quels ménages ? quelles entreprises qu’il s’agisse de hausse des impôts ou de réduction des dépenses. Là il peut y avoir de vraies différences.

En est-il de même pour la distinction entre les dépenses de l’État et celles des collectivités locales ?

Cette distinction a une vraie pertinence car on ne parle pas des mêmes compétences. L’État central s’occupe de régalien, de l’éducation nationale, de l’Économie et des finances. En termes d’effectifs, les trois quarts de la fonction publique d’État sont dans des ministères régaliens ou à l’éducation nationale.

Le problème des collectivités locales est qu’elles ont perdu de l’autonomie budgétaire, avec la suppression de la taxe d’habitation, alors qu’elles doivent remplir un certain nombre de missions et respecter des règles budgétaires strictes, comme l’impossibilité d’avoir un budget en déficit hors investissement. L’État n’a pas vraiment la main sur ce que font les collectivités, mis à part le vote des dotations qu’il leur verse, le plus souvent pour compenser des suppressions de ressources, comme la fin de la taxe d’habitation. Les collectivités voient du coup d’un très mauvais œil les choix imposés par l’État.

Dans ce budget on a l’impression que le choix a été fait de réduire un peu partout. N’aurait-il pas mieux valu définir des priorités (par exemple l’avenir, en misant sur la formation, la transition écologique ou l’investissement en faveur de la compétitivité) plutôt que de donner un coup de rabot général ?

Il y a incontestablement un côté “fonds de tiroir dans ce budget”. Il est difficile de voir une stratégie de long terme sur l’innovation, la transition écologie ou une vision sur l’école quand on demande de faire plus avec moins. A cela s’ajoute le fait que de nombreuses mesures sont présentées comme étant exceptionnelles, de court terme. Il manque clairement une vision globale et de long terme. Mais il ne faut pas oublier que ce budget a été finalisé en quelques jours. Une politique de long terme ne se décide pas aussi rapidement, car elle nécessite une réflexion longue, un diagnostic fin et une stratégie. Michel Barnier est davantage dans la posture d’un pompier qui essaie d’éteindre un incendie. S’il est difficile de voir la logique économique d’ensemble, c’est que la priorité est d’abord et essentiellement budgétaire.

Projet Budget 2025 : mort-né dès le départ et condamné au 49 3

Projet  Budget 2025 : mort-né dès le départ et condamné au 49 3

Il faut sans doute s’attendre à beaucoup de bruit et de fureur concernant les comptes publics (budget, sécurité sociale, collectivités locales) au sein de l’assemblée nationale.
Pour résumer les propositions actuelles ne rencontreront que très peu de soutien de l’extrême droit à l’extrême gauche et pour des raisons souvent évidemment opposées mais parfois convergentes. Beaucoup seront opposés à la poursuite de la hausse de la fiscalité qui en dépit des efforts continue de progresser.

L’opposition sur ce point viendra surtout de la droite et du centre-droit. La gauche (et l’extrême gauche) elle va se spécialiser comme d’habitude sur les efforts demandés aux ménages. On voit mal quelle synthèse pourrait sortir du débat très confus qui va caractériser la discussion de l’Assemblée nationale sur les comptes publics. Cela d’autant plus que l’assemblée normale nationale n’aura ni le temps sans doute même la compétence pour examiner les facteurs explicatifs structurels de cette dérive insensée des déficits et de la dette. On va donc se référer au slogan des campagnes électorales récentes et surtout avec en ligne de mire la future dissolution de l’assemblée d’ici un an voire une élection présidentielle plus précipitée que prévue. Or dans un contexte déjà électoral , l’argument massue des organisations politiques de toutes tendances est de promettre la lune ce qui ajoute du trouble  à une problématique déjà confuse et complexe concernant la politique financière de la France à laquelle nombre de Français voir même d’experts ne comprennent pas grand-chose.

(Pour preuve tous ces crânes d’œuf concentrés à Bercy et dans les ministères incapables de prévoir le dérapage des finances du pays). Il y a une question fondamentale complètement taboue celle des rapports comparés  actifs–inactifs,  productivité horaire et  temps de travail. Du coup depuis les années, la France vit à crédit en empruntant pour masquer ces insuffisance majeures mais qui ne sont  pas les seules.

Budget 2025 : les détails

Budget 2025 : les détails des dépenses et recettes

 

Dépenses : vers une réduction massive de 40 milliards d’euros pour l’État

 


Du côté des dépenses, la majeure partie de l’effort sera portée par l’État et ses opérateurs, pour 21,5 milliards d’euros, «dont notamment 15 milliards d’euros via la stabilisation en valeur des crédits par rapport au budget voté pour 2024 contenue dans les lettres-plafond signées» par Gabriel Attal, alors premier ministre. On trouve notamment, dans ce groupe, un «recalibrage des aides écologiques», comme sur les primes à l’achat de véhicules électriques ou pour MaPrimeRénov’, bien connue des ménages. Le gouvernement compte par ailleurs économiser cent millions d’euros en supprimant des postes de fonctionnaires, réduire des aides aux entreprises pour 2,4 milliards d’euros et limiter des dispositifs créés «en réponse aux crises» récentes. «On est loin de la cure d’austérité», a relevé le ministre des Comptes publics, parlant plutôt «d’effort de redressement de la dépense publique». Objectif : «faire mieux, avec moins de moyens».

 

Sécurité sociale : 14,8 milliards d’euros en moins
Les administrations de sécurité sociale seront également mises à contribution, pour 14,8 milliards d’euros. La part du lion de ces économies sera obtenue en décalant l’indexation des pensions de retraite au 1er juillet «suite aux revalorisations exceptionnelles intervenues ces dernières années», en augmentant le ticket modérateur ainsi qu’en limitant les dépenses liées aux produits de santé.
Parallèlement, plusieurs mesures vont concerner les dispositifs dont bénéficient les entreprises, comme les allègements de charges pour les salariés proches du smic. De quoi «rendre plus attractives les augmentations de salaires et sortir les travailleurs les plus modestes des trappes à bas salaires»… Tout en rapportant un peu moins de cinq milliards d’euros.
Vent debout contre les réductions de dépenses les visant, les collectivités territoriales devront malgré tout participer à l’effort collectif, par, notamment, une réduction du fonds de compensation pour la TVA, une dotation versée aux collectivités locales. «Un mécanisme de précaution pour les collectivités, ciblé sur les plus grandes collectivités, permettra une mise en réserve de fonds en 2025, et le renforcement à partir de 2026 des mécanismes locaux de précaution et de péréquation au bénéfice des collectivités les plus en difficulté», précise notamment le budget.
Recettes : vers une hausse de près de 20 milliards d’euros
8 milliards d’euros proviendront de la «contribution exceptionnelle et temporaire sur les bénéfices des grandes entreprises», instaurée pour deux ans, et qui touchera les groupes réalisant un chiffre d’affaires supérieur ou égal à un milliard d’euros. Les grandes entreprises du transport maritime seront aussi touchées, de même qu’EDF, via le versement d’un dividende. Les rachats d’actions, une pratique sous le feu des projecteurs ces derniers mois, seront aussi visés par une taxe spécifique.

Ces prélèvements exceptionnels «ne doivent ni pénaliser» le développement économique, «ni s’inscrire dans le temps», a prévenu le ministre de l’Economie, Antoine Armand, jeudi. Ces efforts supplémentaires sont «nécessaires et temporaires», a-t-il ajouté.
Les ménages les plus fortunés seront, eux aussi, mis à contribution, mais dans une moindre mesure : leur participation devrait représenter moins de 9,5% de l’ensemble de l’effort, et moins de 30% des recettes supplémentaires attendues. Déjà annoncée, une «contribution différentielle sur les plus hauts revenus» permettra de récupérer environ deux milliards d’euros en 2025. Elle s’appliquera pendant trois ans. De même, les taxes sur l’électricité vont revenir au-delà de leur niveau pré-crise énergétique, rapportant quelque trois milliards d’euros. Objectif : garantir, malgré cela, «une baisse d’au moins 9% du tarif réglementé de vente d’électricité à compter du 1er février 2025».
Enfin, le gouvernement veut récupérer quelques centaines de millions d’euros sur d’autres dispositifs, comme la suppression de la niche fiscale pour les loueurs en meublé non-professionnel ou le relèvement du taux réduit de TVA dont bénéficient les chaudières à gaz.

Budget Sécurité sociale 2025 : Salariés, retraités et patrons vont payer

  Budget Sécurité sociale 2025 : Salariés, retraités et patrons vont payer

La mesure sans doute la plus spectaculaire concerne sans doute le report d’indexation des retraités sur l’inflation. Un report de six mois…. pour l’instant. Il faudra en effet attendre l’évaluation de cette politique financière par les institutions notamment par les agences de notation pour y voir plus clair concernant l’avenir. Par ailleurs l’indemnisation des arrêts maladie sera réduite et il y aura moins d’allégement des cotisations patronales sur les salaires bas.

Pour économiser 3,6 milliards d’euros, le gouvernement va reporter de six mois, au 1er juillet, la revalorisation des retraites, indexée sur l’inflation, qui intervient habituellement en janvier.

Parmi les économies à réaliser, le gouvernement souhaite que l’assurance-maladie rembourse moins les consultations médicales, et les complémentaires santé le fassent davantage. Globalement, la part de l’Assurance maladie descendrait à 60% contre 70% actuellement, mais les modalités restent à définir selon les types de consultations. Le gouvernement attend en tout cas un milliard d’euros de cette mesure.

Pour diminuer de 600 millions d’euros les dépenses liées aux arrêts maladie, l’exécutif entend baisser le plafond de remboursement. L’assurance-maladie versera toujours, à partir du quatrième jour d’arrêt, une indemnité équivalente à 50% du salaire journalier, mais dans la limite d’un plafond de 1,4 Smic, contre 1,8 auparavant. Le reste à charge est souvent compensé par les entreprises, mais une partie des Français devront mettre la main à la poche. La date d’entrée en vigueur n’est pas connue.

Le PLFSS 2025 prévoit de remonter les cotisations patronales entre 1 et 1,3 smic de deux points de pourcentage en 2025, puis de deux points supplémentaires en 2026. Ces cotisations baisseront en revanche pour les salaires compris entre 1,3 et 1,8 smic et remonteront au-delà. Cette réforme doit rapporter 4 milliards d’euros à la Sécurité sociale.

Le texte prévoit d’engager de nouvelles négociations avec les représentants des radiologues et des laboratoires d’analyses médicales pour faire baisser les tarifs de l’imagerie médicale et des analyses biologiques. .

Par ailleurs, pour prescrire certaines analyses de biologie médicale, d’imagerie médicale ou bons de transport sanitaire de patients, dont la liste sera définie par décret, le prescripteur devra remplir un formulaire permettant à l’Assurance maladie d’en évaluer la « pertinence ». Le projet de loi modifie aussi les modalités de négociations conventionnelles entre les taxis conventionnés et l’Assurance maladie, de manière à pouvoir mieux réguler les hausses de tarifs.

Budget 2025: Un nouveau report ?

 

 

 Budget 2025: Un nouveau report ?

Un nouveau report de dates pour l’examen du budget au Parlement est envisagé compte tenu des retards pris pour la constitution du gouvernement. Mais le calendrier risque d’être très tendu. En outre il faut s’attendre évidemment à des oppositions et des contradictions qui allongeont encore les délais. En cas de rejet du projet de loi de finances par le Parlement dans les 70 jours, le gouvernement pourrait aussi  agir par ordonnances. Le calendrier dépendra aussi de l’environnement politique et du niveau des oppositions au gouvernement de Michel Barnier.
En cas de rejet des deux chambres, le gouvernement pourrait également avoir recours à une loi spéciale permettant à l’Etat de prélever des impôts et « d’ouvrir par décret les crédits se rapportant aux services votés, afin d’assurer la continuité de la vie nationale  », . L’exécutif peut également demander un vote séparé sur la partie recettes du budget en décembre. « Cela implique bien évidemment d’examiner à partir de janvier soit la seconde partie du PLF, soit le PLF dans son entier ». Ce cas de figure n’est arrivé qu’une seule fois sous la Ve République.

Vis-à-vis des instances européennes, la France a obtenu un report de délai pour la présentation du budget à l’Europe du 20 septembre au 20 octobre.

Finances publiques-Projet Budget 2025 : lettres plafonds

Projet Budget 2025 :  lettres plafonds

 

La Tribune fait le point sur les gagnants et les perdants de cette ébauche de budget élaboré par l’ancien gouvernement; il apparaît que la défense fait partie des gagnants de ce projet et le social des perdants

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Prospective–défis de l’économie mondiale en 2025

Prospective–défis de l’économie mondiale en 2025

Comme tous les ans, le Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII) livre son analyse annuelle de l’économie mondiale dans l’ouvrage éponyme publié aux Éditions La Découverte (collection Repères), les deux coordinatrices de l’ouvrage, Isabelle Bensidoun et Jézabel Couppey-Soubeyran, décryptent pour The Conversation les principaux défis que devra relever l’économie mondiale en 2025.( dans The conversation)


The Conversation France : Malgré la guerre en Ukraine, des conditions financières durcies, la montée des tensions géopolitiques et le ralentissement de la croissance chinoise, l’économie mondiale semble avoir plutôt bien résisté au cours de l’année qui vient de s’écouler ?

Effectivement, en dépit de ce contexte peu favorable, la croissance mondiale en 2024 devrait, comme en 2023, atteindre 3,1 % selon l’OCDE, grâce à la bonne performance des économies émergentes asiatiques, mais aussi des États-Unis où la politique budgétaire a été particulièrement expansionniste et où les ménages ont puisé dans les économies qu’ils avaient accumulées pendant la pandémie jusqu’à faire disparaître en 2023 l’excès d’épargne de 10 % du PIB observé en 2021.

Selon Isabelle Bensidoun et Thomas Grjebine, c’est la page du Covid-19 qui se referme, économiquement au moins, comme celle de l’inflation, grâce, pour beaucoup, à l’inversion des chocs d’offre, ceux des prix de l’énergie et des prix alimentaires, qui avaient poussé les prix à la hausse.

Mais c’est à de nouveaux défis que l’économie mondiale est confrontée car ces chocs d’offre sont appelés à se multiplier, avec la crise écologique et les tensions géopolitiques. En conséquence, les politiques économiques vont devoir trouver comment se régler au diapason de ces chocs. Car le rôle de stabilisateur dévolu à la politique monétaire pour stabiliser l’activité économique était bien adapté aux chocs de demande mais dans un monde de chocs d’offre la politique budgétaire est plus à même de les amortir, avec un délai de transmission plus court.

Un exercice qui risque d’être particulièrement délicat alors que les marges de manœuvre budgétaires sont des plus serrées et que des besoins considérables de financement doivent être mobilisés pour la transition écologique. À cet égard, la perspective est diamétralement opposée de part et d’autre de l’Atlantique, avec des politiques budgétaires particulièrement expansionnistes aux États-Unis, et qui devraient se poursuivre, alors qu’en Europe l’expansion a été bien moins forte et que la parenthèse ouverte par la crise sanitaire (la suspension des règles budgétaires en 2020) s’est refermée avec l’adoption en avril 2024 d’un Pacte de stabilité révisé, guère moins bridant qu’auparavant.

TCF : Les Américains semblent plus déterminés que les Européens en matière budgétaire, ce qui leur donne peut-être également un avantage dans la course aux industries de demain ?

Absolument. D’ailleurs, ils sont à l’initiative de ce que la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, a qualifié de politique moderne de l’offre qui redonne un rôle majeur à la puissance publique pour stimuler l’offre par des investissements publics dans les infrastructures, les technologies et les industries d’avenir ou des soutiens aux investissements privés.

Et si les Européens se sont également engagés dans cette voie, ils le font en y mettant beaucoup moins de moyens et avec une détermination moins marquée, liée aux dissensions qui existent entre eux, qui se reflète notamment dans leur réaction face aux déversements sur les marchés extérieurs des surcapacités chinoises dans les industries vertes ou dans les mesures de sécurité économique prises pour limiter les dépendances étrangères et promouvoir les capacités nationales.

Quoi qu’il en soit, pour la Chine, cette volonté des économies avancées de développer sur leur sol les industries stratégiques change la donne. En conséquence, la stratégie de croissance chinoise d’exporter ses produits en mal de débouchés du fait de l’atonie de sa demande interne ne reçoit plus le même accueil sur les marchés étrangers que par le passé. Car lorsque les États-Unis et l’Europe convoitent les industries stratégiques où la Chine dispose d’avantages comparatifs développés à coût de subventions massives, continuer d’accueillir ses produits sans réagir risque fort de nuire à cette ambition. Résultat, le protectionnisme s’affirme et les tensions avec la Chine se multiplient.

TCF : Quelles sont les conséquences de ce changement de perspective pour la Chine ?

Pour faire aboutir ses ambitions de prospérité intérieure et d’affirmation internationale, Pékin va devoir composer avec ce nouveau paradigme. Comme Michel Aglietta et Camille Macaire le rappellent, la stratégie chinoise, dans son volet intérieur, consiste à assurer l’autosuffisance technologique et à dominer les industries de demain, par un renforcement des efforts de R&D. Mais le vieillissement démographique, les impacts du changement climatique, les fragilités du système financier et la dépendance aux intrants étrangers dans les secteurs technologiques sont des vulnérabilités importantes. Les fragilités financières ont d’ores et déjà commencé à se traduire par des dizaines de faillites de petites banques, qui conduisent les autorités monétaires et financières chinoises à organiser leur absorption par les grands groupes du secteur bien que ces derniers aient déjà énormément grossi au cours des dernières décennies, au risque aujourd’hui, en cas de difficulté, d’entraîner tous les autres dans leur chute. Les chiffres de l’autorité chinoise de régulation financière concernant la capacité du secteur à absorber des pertes et à faire face à des problèmes de liquidité se veulent rassurants pour le moment.

Dans le volet extérieur de sa stratégie, qui consiste à se repositionner sur la scène internationale, la Chine pourrait également être mise en difficulté. Alors qu’elle se voit en chef de file des pays du Sud, qu’elle invite à adhérer à son projet des nouvelles routes de la soie, les fractures sont grandes même à l’intérieur des BRICS. Sans compter les fractures de plus en plus irrémédiables avec les États-Unis.

TCF : En Europe, l’Allemagne semble à la peine. Qu’en est-il exactement ? Sa « vertu » budgétaire compromet-elle son avenir ?

Le modèle allemand est en effet en souffrance et ce n’est peut-être pas qu’une fatigue passagère, selon Céline Antonin. Les deux crises du Covid-19 et de l’énergie ont mis en lumière des difficultés structurelles. Le modèle allemand reste fondé sur sa puissance industrielle exportatrice, qui a puisé sa compétitivité dans une politique de modération salariale et de positionnement haut de gamme. Mais, depuis quelques années, la perte de parts de marché, la faiblesse de la demande extérieure et le recul marqué de l’investissement en construction confrontent l’Allemagne à de piètres performances. Le modèle allemand souffre de sa dépendance extérieure sur le plan énergétique, que la guerre en Ukraine et la crise énergétique ont largement révélée, mais aussi sur le plan commercial vis-à-vis notamment de la Chine.

L’Allemagne entend axer sa politique industrielle sur la transition écologique. Mais la contrainte budgétaire qu’elle s’impose et qu’elle dicte à ses partenaires de la zone euro compromet la réalisation des futurs investissements. Les difficultés allemandes pèsent évidemment sur la zone euro et sur les politiques économiques européennes.

Le modèle allemand conserve toutefois des atouts indéniables qui devraient lui permettre de surmonter ses problèmes. Cela étant, la réponse ne pourra pas être uniquement nationale. L’Allemagne va avoir besoin de l’Europe.

TCF : S’il est un domaine dans lequel la Chine dispose d’un avantage crucial, c’est bien celui des matières premières critiques, le carburant des industries de demain. Soucieuse de limiter ses dépendances, comment l’Europe peut-elle s’extraire de celle-là ?

La domination de la Chine dans ce secteur, qui s’est établie grâce à la richesse de son sous-sol, son activité de raffinage et sa stratégie internationale, qui a consisté à investir massivement dans plusieurs pays pour sécuriser ses approvisionnements et accroître la dépendance des autres à son égard, met en effet l’Europe au défi.

Pour s’extraire de cette dépendance, plusieurs pistes sont envisagées : de la réouverture des mines au recyclage en passant par la diversification des sources d’approvisionnement. Mais toutes n’ont pas la même chance d’aboutir.

L’Europe devra, par exemple, se saisir du concept de « mine responsable » – ce label international défini par des industriels et des organisations non gouvernementales – et lui donner corps si elle compte réduire sa dépendance en exploitant son sous-sol.

Dans ce contexte, la « sobriété métaux » pourrait bien être une pièce du puzzle à davantage promouvoir. C’est en tout cas ce que préconisent Romain Capliez, Carl Grekou, Emmanuel Hache et Valérie Mignon. Cette sobriété pourrait consister à proposer des véhicules électriques plus légers, à légiférer sur le délit d’obsolescence programmée ou à réduire fortement l’usage du jetable.

 

TCF : Dans un environnement international où le protectionnisme s’affirme, quel avenir pour le système commercial multilatéral ?

Selon Antoine Bouët, Leysa Maty Sall et Jeanne Métivier, le système commercial multilatéral est aujourd’hui sur le fil du rasoir : le programme de Doha pour le développement est en « coma artificiel » ; l’Organe de règlement des différends, qui faisait la fierté de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), ne fonctionne plus que très partiellement, et, surtout, beaucoup de mesures prises récemment contreviennent aux règles fondamentales du multilatéralisme.

L’augmentation des droits de douane appliqués par les États-Unis aux produits chinois contrevient à la règle de non-discrimination. Les nombreuses aides et subventions chinoises dans le secteur industriel, mises en place sans être systématiquement notifiées à l’OMC, ne respectent pas la règle de transparence. Quant à l’Inflation Reduction Act américain, il fait peu de cas de la clause de traitement national.

Le coup fatal pourrait venir des prochaines élections américaines. Si Donald Trump se réinstalle à la Maison Blanche et lance la guerre commerciale qu’il a prévue, c’est 10 % du commerce mondial qui passerait d’un seul coup hors du régime multilatéral, entraînant très vraisemblablement un cycle de décisions protectionnistes. Ces dernières semaines de campagne de la Présidentielle américaine, marquées par la montée en puissance de Kamala Harris, désignée candidate du parti démocrate à la suite du retrait de Joe Biden, éloignent peut-être un peu cette perspective. Mais rien n’est écrit et l’OMC devra de toute façon se réformer pour assurer la survie du multilatéralisme.

 

TCF : Autres défis auxquels beaucoup de pays sont confrontés, l’essor de l’intelligence artificielle et la transition écologique. Quelles en seront les conséquences sur le marché du travail ?

Pour Thomas Grjebine et Axelle Arquié, avec l’essor de l’intelligence artificielle (IA) et la transition écologique, ce sont les mécanismes de création de valeur, la nature des emplois disponibles et le partage des fruits de cette création de valeur qui se transforment, comme cela a été le cas par le passé avec la mondialisation commerciale, la robotisation ou, en remontant encore plus loin, la révolution industrielle.

Car il faut créer de la richesse pour pouvoir la répartir, mais aussi des institutions appropriées, pour assurer une répartition équitable, à l’instar du compromis fordiste et des États-providence. Ces institutions protectrices n’ont plus cours depuis plusieurs décennies et les mutations actuelles bousculent un marché du travail déjà fortement polarisé.

L’IA pourrait avoir des conséquences différentes de celles de l’automatisation, peut-être même encore plus renversantes, car ce ne sont plus les tâches routinières que cette technologie fait disparaître mais les emplois dont la composante cognitive est la plus élevée.

Quant à la transition écologique, c’est la création même de valeur qu’elle remet en question. Le résultat au niveau de l’emploi dépendra beaucoup de la capacité à concilier décarbonation et augmentation des investissements, de façon à renforcer les tissus productifs décarbonés tout en permettant la création de valeur nécessaire pour bien rémunérer le travail.

TCF : On a vu que la page de l’inflation se refermait mais elle a laissé des traces dans les bilans des banques centrales qui enregistrent des pertes. Est-ce un problème ?

Les banques centrales sont confrontées à des pertes issues des politiques passées d’assouplissement quantitatif, pour faire face au risque de déflation, qui ont laissé des bilans énormes, déséquilibrés par la remontée des taux d’intérêt quand l’inflation a ressurgi après la crise sanitaire.

Car ce sont bien, d’un côté, le faible rendement des actifs, achetés lors de ces politiques d’assouplissement, et, de l’autre, l’augmentation du taux de rémunération des dépôts des banques à la banque centrale qui conduisent à ces pertes.

Si, comme le démontrent Éric Monnet et Théodore Humann, les banques centrales peuvent les supporter sans mal, ou bien utiliser leurs fonds propres et leurs profits futurs pour les éponger, sans menacer leur stabilité ou celle du système monétaire, la gestion de ces pertes pose néanmoins des questions majeures.

Celle du manque à gagner pour les États auxquels sont habituellement reversés les bénéfices des banques centrales, alors que les banques commerciales voient, quant à elles, augmenter la rémunération de leurs dépôts à la banque centrale.

Celle aussi de convaincre que leurs pertes ne sont pas illégitimes. Car le choix des instruments de politique monétaire, qui peut sembler hautement technique, a des conséquences bien réelles : sur la répartition des profits dans l’économie et sur le budget des États.

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