Archive pour le Tag '2024 ?'

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Croissance économique: Autour de 1 % espéré en 2024

Croissance économique:  Autour de 1 % espéré en 2024

 

Dans sa note de conjoncture dévoilée ce mardi, l’institut de statistiques table sur une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 1,1%, comme en 2023. 

L’indice des prix à la consommation a reflué sur un an passant de 4,5% à 2,1%, soit un niveau très proche de la cible de la Banque centrale européenne (2%). Après avoir grimpé vers des sommets, l’inflation alimentaire et celle des produits agricoles se sont stabilisées. Dorénavant, ce sont plutôt les services qui poussent l’inflation. Les hausses de salaires restant « modérées », il n’y a pas de « boucle prix salaire », souligne l’Insee. « Les ménages réengrangent un peu de pouvoir d’achat après deux années de vaches maigres », note Dorian Roucher.

Malgré cette légère embellie, « la hausse ne compense pas les pertes cumulées sur les deux années », nuance Clément Bortoli, Chef de la division Synthèse conjoncturelle. À l’exception du salaire minimum indexé sur l’inflation, la plupart des revenus réels des travailleurs ont décroché depuis l’éclatement de la guerre en Ukraine. Dans le secteur privé par exemple, les salaires réels ont reculé de près de 1% (0,8%) en 2023. Résultat, la consommation des ménages, traditionnel moteur de la croissance, a flanché en 2022 et 2023. Les économistes s’attendent néanmoins à une consommation des ménages plus favorable cette année (+1,3% contre 0,9% en 2023), supérieure même au niveau de croissance (1,1%).
L’investissement des entreprises, lui, reste à la peine. Après avoir fortement rebondi dans le sillage du Covid, la courbe d’opinion des chefs d’entreprise n’a cessé de chuter. Concernant les marges, les entreprises ont pu limiter la casse malgré les différentes crises. « Cette bonne tenue des marges s’explique par une baisse des salaires réels. Lors des précédents chocs pétroliers, les salaires réels avaient augmenté », rappelle l’économiste. Reste à savoir comment la conjoncture va évoluer au courant de l’été particulièrement brûlant politiquement.

 

 

 

Euro foot 2024 : Deschamps responsable ?

Euro foot 2024 : Deschamps responsable ?

Ce mercredi sur RMC, Jérôme Rothen, Emmanuel Petit et Christophe Dugarry ont pointé les responsabilités de Didier Deschamps. »C’est son échec, c’est le principal responsable du fait de ne pas avoir gagné l’Euro. Didier est forcément responsable de ce qu’il s’est passé, responsable du fiasco sur le terrain, parce que ça fait mal de voir une équipe qui manque de maîtrise comme ça, qui a autant de déchet technique, qui marque un but dans le jeu », a estimé Jérôme Rothen 

« J’ai été surpris du niveau physique, avec certaines carences techniques de certains joueurs. Surpris également dans le mauvais sens du terme par la gestion de Didier, notamment ses changements en cours de match. Il a rarement été inspiré. Dans les compétitions précédentes, il avait le flair, il sentait les choses, il arrivait à agir ou réagir. Je pense qu’il a failli », a pour sa part observé Emmanuel Petit.

« Il n’est pas le seul responsable, mais c’est le principal. C’est lui qui choisit les joueurs, qui compose l’effectif, qui fait la tactique, et je trouve aussi que dans son management… On est en droit d’attendre beaucoup mieux. Même moi aujourd’hui je ne prends quasiment pas de plaisir à regarder l’équipe de France, et Dieu sait que je suis un passionné, que je suis à fond derrière l’équipe de France. Mais aujourd’hui, ça m’ennuie de plus en plus. »

 

 

Euro 2024 : l’Angleterre encore en finale

Euro 2024 : l’Angleterre encore en finale

 

L’Angleterre encore en finale a fait face aux Pays-Bas trois ans après celle perdue contre l’Italie à Wembley.

A Dortmund, où le rapport de force en tribune leur était défavorable, les « Three Lions » ont dompté la vague orange des supporters adverses et éteint les espoirs néerlandais, encore déçus pour la quatrième fois d’affilée à ce stade de la compétition (après 1992, 2000, 2004). Les Anglais ont gagné cette bataille de chaque instant avec le cœur et leur talent, celui du banc d’où est sorti Ollie Watkins pour crucifier la bande de Ronald Koeman à la 90e.Les Anglais comme la la plupart des autres nations était sans doute fatigués mais c’est avec leurs tripes qu’ils ont gagné ce match quand les Français, eux, se sont montrés globalement insignifiants durant cette épreuve

Résultats Législatives 2024 : une victoire en trompe l’oeil

Résultats Législatives 2024 : une victoire en trompe l’oeil

C’est en exprimant un grand « ouf » qu’une majorité de Français s’est couché ce 7 juillet au soir. Mais qu’on ne se méprenne pas : le soulagement est trompeur et de courte durée. Cette victoire en trompe-l’œil annoncera plus tard celle du Rassemblement national si le nouveau Parlement et le futur exécutif n’adoptent pas la culture du compromis transpartisan et n’engagent pas une refonte démocratique en profondeur. un excellant papier de  Denis Lafay dans la Tribune.
 

143 sièges sur 577 pour le Rassemblement national et ses alliés. Le choc est grand, mais la détente et même la délivrance dominent. « Ouf », ont ressenti la majorité de Français hostiles au RN et pétrifiés à la perspective d’une passation de pouvoir entre Gabriel Attal et Jordan Bardella sur le perron de Matignon. Ouf, après l’état de sidération dans lequel la dissolution de l’Assemblée nationale décrétée par le chef de l’Etat au soir du 9 juin les avait instantanément précipités. Ouf, après quatre semaines d’une campagne électorale éclair, électrique, éruptive, qui a enflammé le débat politique, écharpé la délibération publique, et parfois déchiré familles, amitiés, groupes de travail. Ouf, certes. Toutefois, le soulagement ne peut être que bref répit : maintenant, l’effroi s’est mué en vide, mais il stationne et prépare déjà son retour.

Le triomphalisme de posture qu’expriment les caciques des forces républicaines – déjà en campagne pour composer le gouvernement – ne doit tromper personne : sans la nature du scrutin et la digue de sable érigée entre les deux tours par l’arc républicain, le RN (et ses alliés) aurait peut-être raflé la majorité absolue. Son score relatif est contenu, mais le décompte absolu est sans appel : 37% des voix (contre 25% pour le Nouveau Front populaire et ses… 182 élus) et 10.151.896 suffrages.

Peut-être cet inventaire asymétrique forme-t-il d’ailleurs le piège le plus sournois : rasséréner dans l’excès, éloigner du débat public les colères contenues dans le vote RN, et laisser le parti d’extrême droite poursuivre son enracinement. Jusqu’au coup suivant qui, lui, pourrait connaître un funèbre achèvement.

Le soulagement ne peut être que fugace, parce que la nouvelle configuration de l’Assemblée nationale, compartimentée en trois blocs imperméables les uns des autres – et eux-mêmes lacérés de désunions programmatiques ou idéologiques -, conjecture une quasi ingouvernabilité législative. L’exécutif gouvernemental qui en résultera présage une hétérogénéité difficilement compatible avec d’autres ambitions que celle de « gérer les affaires courantes ». L’isolement dans lequel son geste « fou » de dissoudre, seul et impétueusement, l’Assemblée française au soir d’une défaite européenne l’a encagé, promet au chef de l’Etat la traversée d’un désert inhospitalier et une cohabitation potentiellement volcanique… ou atone. Le score honorable obtenu par sa formation lui doit bien moins qu’aux alliances républicaines de circonstance.

Comment Emmanuel Macron réagira-t-il et même survivra-t-il au fait, bien réel, d’être seul, dépossédé de son pouvoir, honni d’une majorité de la population, « auteur » d’une tragédie démocratique qu’absolument rien ne justifiait dans l’extrême précipitation et à quelques semaines de l’ouverture des Jeux olympiques ? Tragédie démocratique découvrant un « inconnu » économique, social, sociétal, environnemental, géopolitique dont le pays, la société et chaque citoyen se seraient bien passés.

Le soulagement ne peut être que furtif, car l’hydre d’extrême droite a déployé ses tentacules sur toute la France ; dans chaque territoire, au sein de chaque catégorie socio-professionnelle, à l’intérieur de chaque génération, la stratégie de normalisation initiée par Marine Le Pen, relayée par Jordan Bardella, cimentée depuis 2022 par quatre-vingt huit députés aux ordres, a fait mouche. Et elle a profité de l’hystérie, des outrances, des dérapages antisémites proférés à l’autre extrémité du registre parlementaire, dans le camp de La France insoumise. Personne n’est dupe : le couronnement pourrait n’être qu’une question de temps. La marche en avant du bulldozer d’extrême droite semble irrépressible, profitant d’un double ralliement : celui, politique, des factieux de LR ou de Reconquête ! ; celui, bien plus cardinal, des 10 millions d’électeurs. Lesquels, en nombre, pensent le RN affranchi de ses oripeaux racistes, antisémites, nationalistes, europhobes, liberticides, autocrates ; estiment trouver au RN la considération pour leurs difficultés que l’offre républicaine « traditionnelle » a négligées voire méprisées ; croient le RN lorsqu’il désigne à leurs maux des responsables qu’il promet de pourchasser.

Mais il est un leurre de circonscrire le suffrage RN au seul réflexe de protestation : il est devenu aussi une démarche d’adhésion. Adhésion qui traduit les « malaises » de l’époque, suggérés par l’inconfort et les frustrations du consumérisme, par les inégalités (sociales, patrimoniales, territoriales), par l’ivresse capitaliste insuffisamment régulée, par l’affolement du temps, par l’insaisissable (et pour beaucoup effrayante) suprématie technologique, par l’épouvante climatique, par des pratiques managériales et sociales parfois délétères…. qu’on peut regrouper dans un déficit abyssal de démocratie.

Deux stratèges se sont affrontés, dont le score s’est inversé depuis le coup d’envoi en 2017. Au stratège Macron, disqualifié, s’oppose désormais la stratège Le Pen, consacrée.

À propos du chef de l’Etat, le bilan de ces quatre semaines peut se résumer à un questionnement. « Que s’est-il « passé » dans sa tête pour décider un tel sabordage ? ». Auquel on peut ajouter un second : « Pourquoi a-t-il entraîné tout un pays dans le délire désespéré que l’humiliation des urnes lui a inspiré ? ».

Il est bien trop tôt pour mesurer les dégâts de ce « coup de folie » sur lui-même, et sur l’autorité, le crédit qu’il exercera dorénavant dans l’Hexagone – sur la gouvernance de l’Etat, vis-à-vis de son ex-majorité qu’il a atomisée, à l’égard des Français – et sur la scène internationale. En politique rien n’est jamais définitif, à moins d’insulter l’histoire qui regorge de retournements imprévisibles et de résurrections miraculeuses. Mais son chemin de Damas s’annonce de toute façon semé d’embûches, et quand bien même dans la singularité critique de la situation il révélerait une disposition rédemptrice a priori peu spontanée.

De Marine Le Pen, il faut espérer que l’Histoire ne grave pas sa victoire – ou celle de son disciple – en 2027 ou lors de législatives anticipées que les adversaires d’un Emmanuel Macron affaibli pourraient solliciter d’ici un an, date à laquelle le président de la République sera de nouveau autorisé à prononcer la dissolution. Il faut espérer, mais surtout il faut entreprendre pour écarter le spectre. Pléthoriques sont les raisons qui le commandent. Les débats des législatives ont obligé le loup à sortir du bois. Qu’il porte sur les volets économiques et financiers, sociaux et sociétaux, géopolitiques et démocratiques, le programme du RN a exhibé sa vacuité, ses illusions, ses mensonges et une impréparation confinant à l’irresponsabilité. À l’extraordinaire complexité des sujets il a répondu par une harangue simpliste qui frappe les esprits et esquive le réel.

L’heure est à réparer, apaiser, pacifier et peut-être même « ralentir » la société, étourdie par sept années de frénésie réformatrice et une gouvernance Macron insuffisamment sensible voire sourde à ses souffrances, ses aspirations, ses besoins… et ses idées. À réconcilier les « morceaux » de la société, que l’aggravation de certaines inégalités, le sentiment de ne pas être considéré, la tentation communautariste et l’épisode législatif ont éparpillés. À reconstituer la cohésion sociale, aujourd’hui fragmentée, et redéfinir un sens et un périmètre à la justice sociale. À s’approprier les trésors de la conflictualité et les vertus du débat rescapés des tyrannies uniforme, hystérique, haineuse, antagonique. Enfin, à essayer de rassembler autour d’un horizon partagé. Il ne sera possible d’envisager cette reconstruction qu’avec - et non pas contre - dix millions de personnes qui ont confié leur suffrage à un parti ennemi de la démocratie. Immense défi.

« Ce moment historique de la démocratie est l’aboutissement d’une dissolution démocratique qui exige un sursaut démocratique », estime l’ancien secrétaire général de la CFDT Laurent Berger dans l’entretien exclusif qu’il a consacré dimanche 7 juillet à La Tribune. « Plus que jamais, l’heure est à repenser les instruments de la démocratie afin de réenchanter la conviction démocratique », anticipait quelques jours plus tôt le président du Conseil économique, social et environnemental Thierry Beaudet. Instruments honorant l’appétit citoyen d’être acteur des grandes transformations, instruments de démocratie participative accomplie pour nourrir la démocratie représentative - elle-même exhortée à privilégier le compromis à la posture -, instruments faisant vivre la démocratie entre et non pas seulement pendant les élections… Construire une autre démocratie convoque en chacun un postulat incompressible : reconsidérer son individualité. Pour que le principe d’individuation – moi avec les autres, parfois même pour les autres – s’impose à l’individualisme – moi face aux autres, souvent même contre les autres. Un individualisme pulsionnel que le récit RN glorifie et instrumentalise. Une raison de plus d’agir pour réenchanter la démocratie, car elle forme le plus sûr rempart à l’indicible victoire de l’extrême droite.

« Au boulot ! », appelait Laurent Berger dans un livre publié en 2018 (L’Aube). C’était à propos de travail. Six ans plus tard, l’invocation sied particulièrement au nouveau chapitre qui s’ouvre, celui-là démocratique. Personne n’est naïf : la tâche est colossale, notamment dans un régime présidentiel impréparé à la culture du dialogue transpartisan et du compromis. Or il n’existe pas d’alternative : il faut se retrousser les manches, accepter de suer, et « se mettre au boulot ». Au risque, sinon, d’endosser la responsabilité, cramponnée à celle d’Emmanuel Macron, d’escorter Marine Le Pen ou Jordan Bardella jusqu’au sacre.

 

Hausse du chômage en 2024

Hausse du chômage en 2024

 

 Les créations d’emplois ont fortement ralenti et la population active augmente bien plus vite que la croissance du PIB. Le taux de chômage au sens du Bureau international du travail (BIT) pourrait ainsi passer de 7,1% au T1 2023 à 7,6% à la fin de l’année 2024, selon la dernière note de conjoncture de l’Insee dévoilée ce mardi 9 juillet.

En 2024, la hausse du chômage en rythme annuel (+0,1%) serait moins élevée qu’en 2023 (+0,4%) mais elle témoigne d’un vrai coup de frein de l’activité et de la fin du « quoi qu’il en coûte ». Avec la fermeture du robinet des aides Covid et de moindres subventions à l’apprentissage, les entreprises ont réduit la voilure sur les embauches. Fixée comme une priorité par Emmanuel Macron, la promesse « plein emploi » s’éloigne toujours plus.

Les créations de postes ont chuté à 513.000 en 2022 et 270.000 en 2023. S’agissant de 2024, l’institut de statistiques tablent sur 185.000 postes. Outre le coup de frein de la croissance, la population active peut également jouer un rôle sur la hausse du chômage.

Le décalage de l’âge de départ à la retraite de 62 ans à 64 ans a en effet provoqué un sursaut de la population en âge de travailler de 150.000 chaque année jusqu’en 2030.

 

 

 

Croissance: Autour de 1 % espéré en 2024

Croissance:  Autour de 1 % espéré en 2024

 

Dans sa note de conjoncture dévoilée ce mardi, l’institut de statistiques table sur une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 1,1%, comme en 2023. 

L’indice des prix à la consommation a reflué sur un an passant de 4,5% à 2,1%, soit un niveau très proche de la cible de la Banque centrale européenne (2%). Après avoir grimpé vers des sommets, l’inflation alimentaire et celle des produits agricoles se sont stabilisées. Dorénavant, ce sont plutôt les services qui poussent l’inflation. Les hausses de salaires restant « modérées », il n’y a pas de « boucle prix salaire », souligne l’Insee. « Les ménages réengrangent un peu de pouvoir d’achat après deux années de vaches maigres », note Dorian Roucher.

Malgré cette légère embellie, « la hausse ne compense pas les pertes cumulées sur les deux années », nuance Clément Bortoli, Chef de la division Synthèse conjoncturelle. À l’exception du salaire minimum indexé sur l’inflation, la plupart des revenus réels des travailleurs ont décroché depuis l’éclatement de la guerre en Ukraine. Dans le secteur privé par exemple, les salaires réels ont reculé de près de 1% (0,8%) en 2023. Résultat, la consommation des ménages, traditionnel moteur de la croissance, a flanché en 2022 et 2023. Les économistes s’attendent néanmoins à une consommation des ménages plus favorable cette année (+1,3% contre 0,9% en 2023), supérieure même au niveau de croissance (1,1%).
L’investissement des entreprises, lui, reste à la peine. Après avoir fortement rebondi dans le sillage du Covid, la courbe d’opinion des chefs d’entreprise n’a cessé de chuter. Concernant les marges, les entreprises ont pu limiter la casse malgré les différentes crises. « Cette bonne tenue des marges s’explique par une baisse des salaires réels. Lors des précédents chocs pétroliers, les salaires réels avaient augmenté », rappelle l’économiste. Reste à savoir comment la conjoncture va évoluer au courant de l’été particulièrement brûlant politiquement.

 

 

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Législatives 2024 : une victoire en trompe l’oeil

Législatives 2024 : une victoire en trompe l’oeil

C’est en exprimant un grand « ouf » qu’une majorité de Français s’est couché ce 7 juillet au soir. Mais qu’on ne se méprenne pas : le soulagement est trompeur et de courte durée. Cette victoire en trompe-l’œil annoncera plus tard celle du Rassemblement national si le nouveau Parlement et le futur exécutif n’adoptent pas la culture du compromis transpartisan et n’engagent pas une refonte démocratique en profondeur. un excellant papier de  Denis Lafay dans la Tribune.
 

143 sièges sur 577 pour le Rassemblement national et ses alliés. Le choc est grand, mais la détente et même la délivrance dominent. « Ouf », ont ressenti la majorité de Français hostiles au RN et pétrifiés à la perspective d’une passation de pouvoir entre Gabriel Attal et Jordan Bardella sur le perron de Matignon. Ouf, après l’état de sidération dans lequel la dissolution de l’Assemblée nationale décrétée par le chef de l’Etat au soir du 9 juin les avait instantanément précipités. Ouf, après quatre semaines d’une campagne électorale éclair, électrique, éruptive, qui a enflammé le débat politique, écharpé la délibération publique, et parfois déchiré familles, amitiés, groupes de travail. Ouf, certes. Toutefois, le soulagement ne peut être que bref répit : maintenant, l’effroi s’est mué en vide, mais il stationne et prépare déjà son retour.

Le triomphalisme de posture qu’expriment les caciques des forces républicaines – déjà en campagne pour composer le gouvernement – ne doit tromper personne : sans la nature du scrutin et la digue de sable érigée entre les deux tours par l’arc républicain, le RN (et ses alliés) aurait peut-être raflé la majorité absolue. Son score relatif est contenu, mais le décompte absolu est sans appel : 37% des voix (contre 25% pour le Nouveau Front populaire et ses… 182 élus) et 10.151.896 suffrages.

Peut-être cet inventaire asymétrique forme-t-il d’ailleurs le piège le plus sournois : rasséréner dans l’excès, éloigner du débat public les colères contenues dans le vote RN, et laisser le parti d’extrême droite poursuivre son enracinement. Jusqu’au coup suivant qui, lui, pourrait connaître un funèbre achèvement.

Le soulagement ne peut être que fugace, parce que la nouvelle configuration de l’Assemblée nationale, compartimentée en trois blocs imperméables les uns des autres – et eux-mêmes lacérés de désunions programmatiques ou idéologiques -, conjecture une quasi ingouvernabilité législative. L’exécutif gouvernemental qui en résultera présage une hétérogénéité difficilement compatible avec d’autres ambitions que celle de « gérer les affaires courantes ». L’isolement dans lequel son geste « fou » de dissoudre, seul et impétueusement, l’Assemblée française au soir d’une défaite européenne l’a encagé, promet au chef de l’Etat la traversée d’un désert inhospitalier et une cohabitation potentiellement volcanique… ou atone. Le score honorable obtenu par sa formation lui doit bien moins qu’aux alliances républicaines de circonstance.

Comment Emmanuel Macron réagira-t-il et même survivra-t-il au fait, bien réel, d’être seul, dépossédé de son pouvoir, honni d’une majorité de la population, « auteur » d’une tragédie démocratique qu’absolument rien ne justifiait dans l’extrême précipitation et à quelques semaines de l’ouverture des Jeux olympiques ? Tragédie démocratique découvrant un « inconnu » économique, social, sociétal, environnemental, géopolitique dont le pays, la société et chaque citoyen se seraient bien passés.

Le soulagement ne peut être que furtif, car l’hydre d’extrême droite a déployé ses tentacules sur toute la France ; dans chaque territoire, au sein de chaque catégorie socio-professionnelle, à l’intérieur de chaque génération, la stratégie de normalisation initiée par Marine Le Pen, relayée par Jordan Bardella, cimentée depuis 2022 par quatre-vingt huit députés aux ordres, a fait mouche. Et elle a profité de l’hystérie, des outrances, des dérapages antisémites proférés à l’autre extrémité du registre parlementaire, dans le camp de La France insoumise. Personne n’est dupe : le couronnement pourrait n’être qu’une question de temps. La marche en avant du bulldozer d’extrême droite semble irrépressible, profitant d’un double ralliement : celui, politique, des factieux de LR ou de Reconquête ! ; celui, bien plus cardinal, des 10 millions d’électeurs. Lesquels, en nombre, pensent le RN affranchi de ses oripeaux racistes, antisémites, nationalistes, europhobes, liberticides, autocrates ; estiment trouver au RN la considération pour leurs difficultés que l’offre républicaine « traditionnelle » a négligées voire méprisées ; croient le RN lorsqu’il désigne à leurs maux des responsables qu’il promet de pourchasser.

Mais il est un leurre de circonscrire le suffrage RN au seul réflexe de protestation : il est devenu aussi une démarche d’adhésion. Adhésion qui traduit les « malaises » de l’époque, suggérés par l’inconfort et les frustrations du consumérisme, par les inégalités (sociales, patrimoniales, territoriales), par l’ivresse capitaliste insuffisamment régulée, par l’affolement du temps, par l’insaisissable (et pour beaucoup effrayante) suprématie technologique, par l’épouvante climatique, par des pratiques managériales et sociales parfois délétères…. qu’on peut regrouper dans un déficit abyssal de démocratie.

Deux stratèges se sont affrontés, dont le score s’est inversé depuis le coup d’envoi en 2017. Au stratège Macron, disqualifié, s’oppose désormais la stratège Le Pen, consacrée.

À propos du chef de l’Etat, le bilan de ces quatre semaines peut se résumer à un questionnement. « Que s’est-il « passé » dans sa tête pour décider un tel sabordage ? ». Auquel on peut ajouter un second : « Pourquoi a-t-il entraîné tout un pays dans le délire désespéré que l’humiliation des urnes lui a inspiré ? ».

Il est bien trop tôt pour mesurer les dégâts de ce « coup de folie » sur lui-même, et sur l’autorité, le crédit qu’il exercera dorénavant dans l’Hexagone – sur la gouvernance de l’Etat, vis-à-vis de son ex-majorité qu’il a atomisée, à l’égard des Français – et sur la scène internationale. En politique rien n’est jamais définitif, à moins d’insulter l’histoire qui regorge de retournements imprévisibles et de résurrections miraculeuses. Mais son chemin de Damas s’annonce de toute façon semé d’embûches, et quand bien même dans la singularité critique de la situation il révélerait une disposition rédemptrice a priori peu spontanée.

De Marine Le Pen, il faut espérer que l’Histoire ne grave pas sa victoire – ou celle de son disciple – en 2027 ou lors de législatives anticipées que les adversaires d’un Emmanuel Macron affaibli pourraient solliciter d’ici un an, date à laquelle le président de la République sera de nouveau autorisé à prononcer la dissolution. Il faut espérer, mais surtout il faut entreprendre pour écarter le spectre. Pléthoriques sont les raisons qui le commandent. Les débats des législatives ont obligé le loup à sortir du bois. Qu’il porte sur les volets économiques et financiers, sociaux et sociétaux, géopolitiques et démocratiques, le programme du RN a exhibé sa vacuité, ses illusions, ses mensonges et une impréparation confinant à l’irresponsabilité. À l’extraordinaire complexité des sujets il a répondu par une harangue simpliste qui frappe les esprits et esquive le réel.

L’heure est à réparer, apaiser, pacifier et peut-être même « ralentir » la société, étourdie par sept années de frénésie réformatrice et une gouvernance Macron insuffisamment sensible voire sourde à ses souffrances, ses aspirations, ses besoins… et ses idées. À réconcilier les « morceaux » de la société, que l’aggravation de certaines inégalités, le sentiment de ne pas être considéré, la tentation communautariste et l’épisode législatif ont éparpillés. À reconstituer la cohésion sociale, aujourd’hui fragmentée, et redéfinir un sens et un périmètre à la justice sociale. À s’approprier les trésors de la conflictualité et les vertus du débat rescapés des tyrannies uniforme, hystérique, haineuse, antagonique. Enfin, à essayer de rassembler autour d’un horizon partagé. Il ne sera possible d’envisager cette reconstruction qu’avec - et non pas contre - dix millions de personnes qui ont confié leur suffrage à un parti ennemi de la démocratie. Immense défi.

« Ce moment historique de la démocratie est l’aboutissement d’une dissolution démocratique qui exige un sursaut démocratique », estime l’ancien secrétaire général de la CFDT Laurent Berger dans l’entretien exclusif qu’il a consacré dimanche 7 juillet à La Tribune. « Plus que jamais, l’heure est à repenser les instruments de la démocratie afin de réenchanter la conviction démocratique », anticipait quelques jours plus tôt le président du Conseil économique, social et environnemental Thierry Beaudet. Instruments honorant l’appétit citoyen d’être acteur des grandes transformations, instruments de démocratie participative accomplie pour nourrir la démocratie représentative - elle-même exhortée à privilégier le compromis à la posture -, instruments faisant vivre la démocratie entre et non pas seulement pendant les élections… Construire une autre démocratie convoque en chacun un postulat incompressible : reconsidérer son individualité. Pour que le principe d’individuation – moi avec les autres, parfois même pour les autres – s’impose à l’individualisme – moi face aux autres, souvent même contre les autres. Un individualisme pulsionnel que le récit RN glorifie et instrumentalise. Une raison de plus d’agir pour réenchanter la démocratie, car elle forme le plus sûr rempart à l’indicible victoire de l’extrême droite.

« Au boulot ! », appelait Laurent Berger dans un livre publié en 2018 (L’Aube). C’était à propos de travail. Six ans plus tard, l’invocation sied particulièrement au nouveau chapitre qui s’ouvre, celui-là démocratique. Personne n’est naïf : la tâche est colossale, notamment dans un régime présidentiel impréparé à la culture du dialogue transpartisan et du compromis. Or il n’existe pas d’alternative : il faut se retrousser les manches, accepter de suer, et « se mettre au boulot ». Au risque, sinon, d’endosser la responsabilité, cramponnée à celle d’Emmanuel Macron, d’escorter Marine Le Pen ou Jordan Bardella jusqu’au sacre.

 

Economie, politique, société: les plus lus 27 juin 2024

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Législatives : Yaël Braun-Pivet appelle à voter pour le dissident Gilles Le Gendre

Législatives 2024 : Yaël Braun-Pivet appelle à voter pour le dissident  Gilles Le Gendre 

 Gilles Le Gendre,   député sortant Renaissance et ancien patron des députés macronistes ne sera pas le candidat officiel du camp Macron. Un peu comme chez Mélenchon ont fait le ménage. Gilles  Legendre s’est en effet signalé par une forte opposition à Macon à propos de la dissolution. Le paradoxe c’est qu’il sera quand même soutenu  par  Yaël Braun-Pivet, présidente sortante de l’Assemblée qui  lui a témoigné de son soutien via une vidéo publiée sur X.

«Les 30 juin et 7 juillet, je vous invite à voter pour Gilles Le Gendre ( à Paris). Il a été un député extrêmement engagé, très présent à l’Assemblée nationale [...] Gilles saura porter vos valeurs, vos engagements et vous pourrez compter sur lui », a-t-elle déclaré. Par son intervention, Yaël Braun-Pivet s’oppose elle-aussi une nouvelle fois directement à son propre camp. Au lendemain de la dissolution, elle avait vertement critiqué la décision du président de la République estimant «qu’il y avait un autre…

 

Economie-Taux d’intérêt aux États-Unis : une seule baisse en 2024 et plus tard

Taux d’intérêt aux États-Unis : une seule baisse en 2024 et plus tard 

Contrairement à la BCE qui a diminué ses taux de 25 points, la Réserve fédérale américaine (Fed) a maintenu ses taux inchangés, dans la fourchette de 5,25 à 5,50%, mercredi à l’issue de sa réunion, et indiqué que ses responsables pensent en moyenne les abaisser à une seule reprise cette année;  Ce qui sera sans doute aussi maintenant le cas pour la BCE qui ne voudra pas trop affaiblir l’euro

 

Le comité de politique monétaire (FOMC) de la banque centrale a révisé à la hausse sa prévision d’inflation pour 2024 et 2025, à 2,6% et 2,3% et fait état de «modestes progrès supplémentaires» vers l’objectif de 2% d’inflation. Les prévisions de croissance du Produit intérieur brut (PIB) restent en revanche identiques à celles publiées en mars: 2,1% en 2024 et 2,0% en 2025.

Mi-mars, lors de la dernière actualisation, les responsables de la Fed anticipaient trois baisses. Mais depuis, un rebond de l’inflation les a incités à la prudence, pour éviter une nouvelle flambée des prix. Le mois d’avril avait toutefois connu une timide amélioration. Et en mai, l’inflation a ralenti à 3,3% sur un an contre 3,4% en avril, et même une absence de hausse des prix sur un mois, selon l’indice CPI de l’inflation, sur lequel sont indexées les retraites, et qui a été publié mercredi matin, juste avant que la reprise des débats à la Fed.

La Fed a en revanche confirmé ses prévisions de croissance du produit intérieur brut (PIB): 2,1% en 2024 et 2,0% en 2025. Quand au taux de chômage, la prévision reste identique pour cette année, à 4,0%, mais est un peu révisée pour 2025, à 4,2% contre 4,1%.

 

Taux d’intérêt aux États-Unis : une seule baisse en 2024 et plus tard

Taux d’intérêt aux États-Unis : une seule baisse en 2024 et plus tard 

Contrairement à la BCE qui a diminué ses taux de 25 points, la Réserve fédérale américaine (Fed) a maintenu ses taux inchangés, dans la fourchette de 5,25 à 5,50%, mercredi à l’issue de sa réunion, et indiqué que ses responsables pensent en moyenne les abaisser à une seule reprise cette année;  Ce qui sera sans doute aussi maintenant le cas pour la BCE qui ne voudra pas trop affaiblir l’euro

 

Le comité de politique monétaire (FOMC) de la banque centrale a révisé à la hausse sa prévision d’inflation pour 2024 et 2025, à 2,6% et 2,3% et fait état de «modestes progrès supplémentaires» vers l’objectif de 2% d’inflation. Les prévisions de croissance du Produit intérieur brut (PIB) restent en revanche identiques à celles publiées en mars: 2,1% en 2024 et 2,0% en 2025.

Mi-mars, lors de la dernière actualisation, les responsables de la Fed anticipaient trois baisses. Mais depuis, un rebond de l’inflation les a incités à la prudence, pour éviter une nouvelle flambée des prix. Le mois d’avril avait toutefois connu une timide amélioration. Et en mai, l’inflation a ralenti à 3,3% sur un an contre 3,4% en avril, et même une absence de hausse des prix sur un mois, selon l’indice CPI de l’inflation, sur lequel sont indexées les retraites, et qui a été publié mercredi matin, juste avant que la reprise des débats à la Fed.

La Fed a en revanche confirmé ses prévisions de croissance du produit intérieur brut (PIB): 2,1% en 2024 et 2,0% en 2025. Quand au taux de chômage, la prévision reste identique pour cette année, à 4,0%, mais est un peu révisée pour 2025, à 4,2% contre 4,1%.

 

Elections européennes 2024 : des enjeux pour le climat

Elections européennes 2024 : des enjeux pour le climat

 

Sur le montant de nos impôts, le calcul de nos retraites, l’organisation de notre système éducatif ou de santé, l’Europe n’est pas décisionnaire. En matière de climat, cependant, elle pèse lourd. Les objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre sont décidés à l’échelle de l’Union européenne (UE). Ainsi, c’est le Conseil des chefs d’État qui a adopté l’objectif de réduire de 55 % les émissions de gaz à effet de serre entre 1990 et 2030 pour viser la neutralité en 2050, décision ensuite traduite dans la loi par les députés sortants du Parlement européen. L’UE joue également un rôle crucial dans la mise en œuvre des politiques climatiques. Les normes réglementaires, comme celle abondamment discutée par les candidats sur l’interdiction des ventes de voitures neuves thermiques à partir de 2035, sont européennes. C’est enfin l’UE qui a la main sur le système d’échange des quotas de CO₂, grand absent des débats malgré son rôle dans les réductions d’émission. Pour mieux cerner les enjeux climatiques du scrutin, examinons où en est l’UE en matière de réduction d’émissions et les leviers dont elle dispose pour atteindre l’objectif de – 55 %.

 

par  , Professeur d’économie, fondateur de la chaire « Économie du climat », Université Paris Dauphine – PSL dans The Conversation.

En 2023, les émissions brutes de l’UE (mesurées hors séquestration du CO2 par les forêts) sont en recul d’un tiers par rapport à 1990. Contrairement à une idée reçue, cette baisse ne résulte pas de délocalisations d’émissions de CO2 que nous réimporterions via l’achat de produits émetteurs à des pays tiers. Depuis 2005, l’empreinte de consommation de l’UE, qui inclut ces émissions incorporées aux importations, diminue au même rythme que les émissions sur le territoire de l’UE.

S’il a fallu 33 ans pour réduire de 33 % les émissions, atteindre – 55 % sur les 7 ans qui restent d’ici 2030 est-il un objectif atteignable ? Il faut en réalité distinguer deux périodes :

  • Les émissions de l’UE ont stagné entre 1990 et 2005.
  • Depuis 2005, elles suivent une tendance baissière de 2 % par an, une fois gommées les fluctuations de court terme.
Évolution des émissions de gaz à effet de serre de l’UE. Agence Européenne de l’Environnement (estimation provisoire pour 2023), Fourni par l’auteur

La cause de cette rupture de tendance est clairement identifiable. 2005 marque le démarrage effectif des politiques climatiques européennes, avec l’entrée en vigueur du Protocole de Kyoto et celle du système d’échange de quotas de CO₂.

Pour atteindre l’objectif de – 55 %, il faudra doubler ce rythme de baisse tendanciel d’ici 2030. C’est l’objet de la panoplie des mesures du « Pacte vert » et de leurs déclinaisons sectorielles. Si on conteste ces mesures, ce qui est bien sûr le droit de chacun en démocratie, il faudra leur proposer des substituts ou renoncer à l’objectif de -55 %. C’est dans ces termes qu’il conviendrait d’organiser le débat public.

Deux secteurs, la production d’énergie (électricité, chaleur, raffinage du pétrole) et l’industrie ont réalisé 80 % des réductions d’émissions (voir tableau ci-dessous). Ce sont les secteurs couverts par le système d’échange des quotas dont la réforme est un maillon essentiel du Pacte vert.

Un prix élevé du quota de CO2 accélère l’arrêt des centrales électriques utilisant le charbon ou d’autres combustibles fossiles. La suppression des allocations gratuites de quotas encore accordées à l’industrie manufacturière, couplée à la taxe carbone à la frontière, devra faciliter la décarbonation des procédés industriels les plus émetteurs en protégeant les secteurs concernés (acier, ciment, engrais…) de la concurrence des pays tiers.

Or, les candidats plébiscitent la taxe à la frontière mais bottent en touche sur les autres volets de la réforme du marché des quotas de CO2.

Les émissions générées par le transport – un quart du total, un tiers si on inclut les transports internationaux – sont encore nettement au-dessus de leur niveau de 1990. C’est dans ce secteur qu’il faut impérativement trouver des réductions d’émission supplémentaires d’ici 2030 en s’attaquant aux transports routiers, principale source d’émissions de CO2 du secteur, mais aussi à l’aérien et au fret maritime.

L’électrification des véhicules, visée sur les nouveaux véhicules par les normes européennes, n’est que l’un des vecteurs de cette transformation. Il faudra aussi jouer sur le partage entre transports individuels et collectifs, la vitesse des déplacements, leur nombre, l’organisation de la logistique. L’inclusion des transports domestiques dans un second système de quotas de CO2, à partir de 2027, devra faciliter cette transition vers la mobilité bas carbone qui implique aussi de repenser l’organisation des mobilités à l’échelle des territoires.

On aurait aimé que les candidats se prononcent sur les conditions sociales et économiques permettant l’émergence de cette mobilité bas carbone qui va impacter nos modes de vie.

Pour viser l’objectif de – 55 %, il faudra également consolider les baisses d’émissions dans l’agriculture et les bâtiments. La période récente a vu une accélération des réductions d’émission liées à l’usage des bâtiments (résidentiels ou professionnels), avec le renchérissement des factures à la suite du conflit ukrainien, mais aussi grâce au déploiement des pompes à chaleurs dont les effets s’additionnent à ceux des rénovations thermiques des bâtiments.

Sur l’agriculture, l’évolution récente a plutôt pris l’allure d’un tête-à-queue. La baisse passée des émissions agricoles, notamment dans l’élevage bovin, a été le reflet des difficultés économiques des producteurs, bien plus que le résultat de politiques climatiques embryonnaires. La PAC, par laquelle transite la majorité des soutiens agricoles, n’a que marginalement intégré les enjeux climatiques via des écoconditionnalités. Sous la pression du mouvement des agriculteurs, l’Europe a reculé sur les volets agricoles du Pacte vert qui privilégiaient la norme sur les instruments d’accompagnement économiques ou financiers.

Au-delà de formules incantatoires sur la souveraineté alimentaire ou l’agroécologie, il y a urgence à reconstruire la PAC pour assurer la résilience de l’agriculture européenne face au dérèglement climatique et faire refluer ses émissions. C’est particulièrement le cas en France où l’agriculture compte pour 20 % des émissions nationales, contre 11 % dans l’ensemble de l’UE.

Sur les émissions brutes, l’UE est dans la bonne direction, avec un gros bémol pour l’agriculture, mais pas dans le bon tempo. On vient de le voir. Ce n’est pas le seul levier à mobiliser pour atteindre l’objectif de réduction de 55 %. Cela implique aussi de porter la séquestration du CO2 atmosphérique grâce aux forêts et aux autres puits de carbone à 310 millions de tonnes (Mt) de CO2 en 2030 (34 Mt pour la France). Or, en matière de séquestration du CO2, ce n’est pas le tempo qui est insuffisant, mais la direction suivie qui est mauvaise.

La capacité d’absorption des puits de carbone naturels de l’UE a perdu un peu plus de 100 Mt durant la dernière décennie et a été divisée par deux en France. La superficie des massifs forestiers continue de s’étendre, mais la croissance des arbres est affaiblie par les changements climatiques : sécheresses, tempêtes, incendies et surtout remontée des invasifs qui propagent de nouvelles maladies. Comme pour l’agriculture, il y a urgence à construire des politiques publiques qui protègent la capacité des puits de carbone forestiers face au durcissement des conditions climatiques.

Pour atteindre l’objectif européen de – 55 % en 2030, chaque pays contribue différemment suivant la structure de son économie et ses contraintes domestiques. Ainsi, la France vise un objectif de réduction de – 50 % par rapport à 1990 et l’Allemagne de – 67 %. Les deux pays suivent des stratégies différentes en matière énergétique pour atteindre ces objectifs. L’Allemagne a choisi de se retirer du nucléaire et d’investir massivement dans l’énergie renouvelable. Pour certains, cette stratégie est une impasse conduisant à une « relance du charbon ». Pour d’autres, c’est la preuve que le renouvelable est «  la solution ».

Examinons les faits. En 2023, l’Allemagne émet encore 8 tonnes équivalent CO2 par habitant, quand la France est descendue à 5,5 tonnes. L’écart provient principalement de la production d’électricité bien moins émettrice en France, où les trois-quarts du courant sont fournis par le parc nucléaire.

Mais l’Allemagne réduit nettement plus rapidement ses émissions qui sont, en 2023, en recul de 56 % sur le niveau de 1990, contre seulement – 30 % en France. L’écart résulte principalement de la forte baisse des émissions du secteur électrique allemand, où le charbon ne fournit plus que 26 % de l’électricité en 2023, contre près de 50 % 10 ans auparavant, grâce au développement accéléré des renouvelables. Il n’y a donc pas de relance du charbon en Allemagne, contrairement à une opinion répandue en France.

Pour autant, l’option de sortir en priorité du nucléaire a un coût élevé pour le climat, car elle ralentit le désinvestissement du charbon. L’arrêt de huit réacteurs à la suite de la catastrophe de Fukushima en 2011 a entraîné un recours accru aux centrales thermiques jusqu’en 2015. Sur la période récente, la fermeture des dernières centrales nucléaires (totale depuis avril 2023) a pesé sur l’offre d’électricité décarbonée en Allemagne et a contribué à la reprise temporaire des émissions du secteur électrique en 2021 et 2022.

Si l’Allemagne était sortie du nucléaire plus progressivement, les investissements massifs dans le renouvelable auraient permis un recul encore plus rapide des émissions de CO2.

L’exemple allemand nous montre combien il est important, dans le débat sur le nucléaire, de distinguer les choix concernant l’utilisation du parc existant de ceux concernant le nouveau nucléaire. Des éléments à verser au débat de ce côté du Rhin, si un jour les choix énergétiques y sont discutés au Parlement comme le prévoit explicitement la loi.

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