PME : baisse des taux de marge depuis 2000
On le savait mais c’est confirmé par l’INSEE, les PME ont davantage souffert de la crise que les plus grandes entreprises. L’Observatoire du financement des entreprises, créé en 2010 à la demande du gouvernement, a rendu il y a quelques jours son rapport annuel au ministre de l’Économie, Pierre Moscovici. Le document s’est intéressé à l’évolution du taux de marge des PME depuis le début des années 2000. Les conclusions de l’Observatoire, présidé par la médiatrice du crédit, Jeanne-Marie Prost, peuvent expliquer non seulement la difficulté des entreprises françaises à grandir – et à investir -, mais accentue aussi l’urgence de redonner des marges de manœuvre financières aux entreprises. Selon l’Insee, le taux de marge des entreprises françaises dépassait à peine 28% en 2012. Les niveaux des taux de marge sont «très hétérogènes», explique le rapport. Ainsi, tous les secteurs ne sont pas tous logés à la même enseigne: depuis 2000, l’industrie manufacturière a davantage souffert que le secteur de la construction. Les différences sont également marquées selon la taille de l’entreprise. On constate notamment que «les taux de marge des PME sont globalement plus faibles que ceux des entreprises de taille intermédiaire et des grandes entreprises». «La dégradation des performances économiques des PME que l’on observe depuis le début des années 2000 s’est accentuée à partir de 2008. En 2012, le taux de marge atteint son plus bas niveau depuis le milieu des années 1980», assure le rapport. Les taux de marge des PME sont globalement plus faibles que ceux des entreprises de taille intermédiaire et des grandes entreprises Entre 2008 et 2010, le taux de marge a baissé de 2,2 points chez les PME, 3,1 points chez les ETI et 0,5 point chez les grandes entreprises. Il a continué de reculer depuis. Le tassement du taux de marge des PME traduit «une évolution des charges de personnel, et notamment des salaires, plus dynamique que la valeur ajoutée». La situation des entreprises françaises semble caractéristique: elle se distingue d’abord par sa situation d’avant crise où son taux de marge est demeuré relativement peu dynamique (+ 1 point entre 2000 et 2007) alors qu’il était en forte augmentation en Allemagne (+7,3 points) et, dans une moindre mesure, aux États-Unis (+4,9 points) et au Royaume-Uni (+ 1,5 point) «reflétant, en Allemagne notamment, une baisse du coût du travail à la suite des réformes structurelles». La baisse du taux de marge des entreprises françaises à partir du déclenchement de la crise (-3,4 points entre 2007 et 2012) se retrouve en Italie (- 4,5 points) et en Allemagne (- 4,6 points), mais le taux de marge a en revanche moins baissé au Royaume-Uni (-2,9 points), et a même augmenté aux États-Unis (+ 2,7 points) et en Espagne (+ 5,4 points). Dans ce dernier pays, le «redressement spectaculaire» provient de la disparition des entreprises les moins productives - caractérisées par un taux de marge très faible – et, pour les entreprises survivantes, «une forte baisse des coûts salariaux unitaires observée au cours de la période de crise dans un contexte où le prix des biens et services produits continuait de croître».