Bretagne : 15 millions qui n’empêcheront pas les licenciements
15 millions pour un plan d’urgence à caractère essentiellement social, une sorte de rustine pour éviter la révolte. Mais pas de véritable réflexion sur la filière agroalimentaire qui ne concerne pas seulement la Bretagne. Sont notamment concernés par les licenciements le groupe volailler Doux, dont la restructuration a entraîné en 2012 la perte d’un millier d’emplois, ainsi que Gad Sas, une entreprise d’abattage et de découpe de porcs dont le site principal à Lampaul-Guimiliau, (Finistère), qui emploie 850 personnes.Les salariés du volailler Tilly-Sabco et de Marine Harvest, groupe norvégien leader du saumon qui a annoncé la suppression de 450 emplois en Bretagne en 2014, sont aussi visés.Le contrat de sécurisation pour les salariés de Gad leur garantira la quasi-totalité de leur salaire net pendant un an.L’Etat s’est engagé à favoriser la cession du site de Lampaul-Guimiliau, comme l’a demandé l’entreprise, à la communauté de communes du Pays de Landivisiau (Finistère), a rappelé Jean-Marc Ayrault.Le pacte pour la Bretagne sera supervisé par un comité de pilotage dirigé par Gilles Ricono, jusqu’ici directeur de cabinet du ministre de l’Ecologie Philippe Martin, qui a longtemps travaillé aux côtés du président de la région Bretagne devenu ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian.François Hollande a évoqué la situation en Bretagne lors du conseil des ministres, « une région qui a des atouts économiques importants, que nous avons le devoir de faire fructifier », a rapporté la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem.Pour redynamiser l’économie bretonne, Jean-Marc Ayrault a prévu d’intensifier l’action de la Banque publique d’investissements, qui aide la Bretagne à hauteur de 450 millions d’euros.L’enveloppe de 550 millions affectée à la région dans le Programme d’investissements d’avenir « continuera à accompagner les meilleurs projets de ces nouvelles filières », a-t-il ajouté.Le « cas particulier » de la Bretagne sera aussi examiné dans le cadre de la mise en place de l’écotaxe sur le transport routier, prévue le 1er janvier sur les routes françaises.Transporteurs, acteurs économiques et syndicats agricoles bretons se mobilisent contre cette taxe, mettant en avant le caractère excentré de la péninsule bretonne qui l’éloigne des grands centres d’activité et a déjà fait l’objet par le passé de mesures compensatoires. »Cette situation particulière doit être prise en compte », a dit Jean-Marc Ayrault, annonçant d’ores et déjà l’exonération des véhicules agricoles et affectés à la collecte de lait.Les chambres d’agriculture demandent dans un communiqué aux pouvoirs publics de « prendre conscience que le meilleur soutien de l’activité économique, c’est d’abord la production ». »Au-delà de la seule région Bretagne, l’ensemble du secteur agroalimentaire est touché par la diminution des taux de marge, de l’emploi, de l’investissement productif », écrivent-elles.Sur RTL, le président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), Xavier Beulin, a réclamé « des réponses et des engagements structurels » pour « redonner une lisibilité à la filière » agroalimentaire.Dans une lettre ouverte au président de la République, la Coordination rurale déplore pour sa part la mort d’un « modèle breton » mû en « un modèle capitalistique qui a transformé les agriculteurs en simples sujets de profit ».