Presse : des «comités d’éthique »…… ou de censure ! (Riester)
Une proposition très sulfureuse du ministre de la culture, Franck Riester, qui évoque l’idée de créer des comités d’éthique ou de déontologie. Il s’agirait de lutter contre les fausses informations et en même temps contre la haine. Des objectifs qui n’ont pas grand-chose à voir entre eux. Si on peut comprendre évidemment que d’autres mesures que celles qui existent puissent être prises pour lutter contre les propos haineux, c’est tout autre chose que de vérifier s’il y a ou non désinformation. En effet les pouvoirs publics eux-mêmes ne se gênent pas pour diffuser en permanence des informations déformées sur la situation du pays et sur la responsabilité des acteurs économiques ou des citoyens. Le trucage du budget exercice récurrent sous tous les gouvernements en est un bel exemple. Le ministre évoque sa vraie préoccupation qui concerne les réseaux sociaux. Sauf à les interdire, on voit mal comment un comité dit d’éthique pourrait influencer le contenu rédactionnel de ces réseaux ou alors c’est le retour pur et simple de la censure. Peut-être déjà pourrait-on exiger que l’anonymat soit interdit sur ces réseaux de sorte que la responsabilité des auteurs puisse être mis en cause devant la justice s’il y a effectivement une infraction grave. D’autres mesures relèveraient du contrôle a priori de l’information et mettraient évidemment en cause la liberté de la presse. On comprend que le gouvernement ait été particulièrement bousculé par le rôle des réseaux sociaux dans le cadre du mouvement des gilets jaunes. Ce n’est vraiment pas une raison pour mettre en cause le principe fondamental de la liberté d’expression. Une mission sur ce sujet a été confiée en octobre à Emmanuel Hoog, ancien président-directeur général de l’Agence France-Presse, en marge de l’examen à l’Assemblée nationale des textes sur la manipulation de l’information (“fake news”), adoptés depuis. Cette mission rendra ses conclusions fin janvier. “Il faut peut-être trouver des solutions qui ne passent pas par l’Etat ou le gouvernement mais par l’autorégulation”, a dit Franck Riester sur BFM TV. “C’est le fait, peut-être, de réfléchir à des comités d’éthique ou de déontologie”, a-t-il dit. “En tout cas c’est sur la table, ce n’est absolument pas décidé.”“Il faut trouver des solutions pour essayer de retisser des liens de confiance. Je ne suis pas sûr que ce soit la solution mais il n’y a pas de tabou à avoir”, a-t-il ajouté. Le ministre a aussi évoqué l’idée défendue par Reporters sans frontières d’une “certification” des entreprises de presse respectant certains principes. “On doit absolument veiller à ce que, sur les réseaux sociaux, on lutte contre les propos haineux et on lutte avec détermination contre la désinformation”, a ajouté le ministre. Une déclaration qui confirme que la préoccupation du gouvernement concerne surtout en fait les réseaux sociaux évidemment de plus en plus influents compte tenu de la très nette dégradation de la crédibilité des médias classiques. Ce qui évidemment ne veut pas dire qu’Internet ne soit pas sans défauts puisqu’on n’y trouve aussi le pire et le meilleur.