Archive pour le Tag 'La'

À quand une fiscalité sur la transition énergétique

À quand une fiscalité sur la transition énergétique

Il ne faut pas rêver; pour l’instant, tout le monde chante l(hymne à la transition énergétique en espérant notamment la fin des énergies fossiles. Reste que cette transition va priver l’Etat de nombre de recettes fiscales notamment sur le carburant et qu’il faudra bien s’attendre à un moment ou un autre à une fiscalité spécifique sur l’électricité.

la Direction générale du Trésor estime que la transition énergétique fera perdre 13 milliards d’euros aux recettes de l’Etat d’ici à 2030, car la sortie des énergies fossiles implique une baisse des taxes sur les carburants.Et 30 milliards d’ici 2050§

La sortie des énergies fossiles implique une baisse des taxes sur les carburants : à fiscalité inchangée, elles pourraient s’éroder « de 13 milliards d’euros à horizon 2030 et 30 milliards d’euros à horizon 2050 », estime le Trésor dans ce rapport intermédiaire de l’étude sur « les enjeux économiques de la transition vers la neutralité carbone » qu’il publiera en 2024.

Ces chiffres s’inscrivent dans le scénario d’un réchauffement mondial limité à 1,5°, pour lequel la France et l’Union européenne ont pris des engagements de réduction de leurs émissions nettes de gaz à effet de serre de 55 % en 2030 par rapport à 1990, et de neutralité carbone en 2050.

Le rapport observe que les pays scandinaves, dont l’électrification du parc automobile a commencé plus tôt, font déjà face à ce phénomène d’érosion des recettes, et que « plusieurs pays européens réagissent en mobilisant davantage d’autres sources de recettes au sein du secteur routier » comme les péages urbains ou la réduction des subventions aux véhicules électriques à mesure que leur prix d’achat baisse.
s électriques et aux efforts de sobriété.

Terrorisme : ces individus déséquilibrés qui se dopent aveuglement à la foi idéologique

Terrorisme : ces individus déséquilibrés qui se dopent aveuglement à la foi idéologique

Paris ce samedi 2 décembre, Bruxelles le lundi 16 octobre dernier, Arras le vendredi 13 octobre… En quelques semaines, des innocents ont été à plusieurs fois pris pour cibles par des individus se revendiquant du fondamentalisme islamiste sans que nous sachions, pour l’instant, à quel point ils étaient préparés. À la différence de l’assassin de Samuel Paty et de celui de Dominique Bernard, l’auteur des faits, arrêté à Paris et désigné comme Armand R.-M., souffre de pathologies psychiatriques connues. Placé en garde à vue, visé par une « fiche S », il avait déjà été condamné et a déclaré aux policiers qu’il « en avait marre de voir des musulmans mourir », notamment à Gaza, et que la France était « complice » d’Israël.
Le conflit israélo-palestinien déclenché depuis le 7 octobre par le Hamas peut-il contribuer à fragiliser des individus au rapport déjà altéré à la réalité, et à accentuer un sentiment d’impuissance qu’ils pensent résoudre en devenant justiciers ?

par
Laure Westphal
Psychologue clinicienne, Docteure en psychopathologie et psychanalyse, Enseignante, Chercheuse associée, Sciences Po
dans The Conversation

La recherche montre qu’un terroriste noue ses problématiques subjectives à une cause collective, notamment lorsqu’il s’engage dans une action meurtrière.

Les vrais experts ont la parole sur The Conversation.
Des extrémistes peuvent-ils être déterminés à agir par la nouvelle guerre déclenchée en Israël, 50 ans après Kippour ?

Venger le tort fait au prophète est l’un des arguments mis en avant par les terroristes, comme l’ont montré les assauts de Chérif et Saïd Kouachi à la rédaction de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015, ou ceux d’Adoullakh Anzorov au lycée de Conflans-Sainte-Honorine, le 16 octobre 2020.

Ils ont « puni » les façonneurs d’image, complices de l’idolâtrie du peuple souverain, tels que d’éminents idéologues du djihadisme (Maqdidi, Tartusi, Abu Mus’ab al-Suri, Abou Quatada, etc.) les perçoivent.

Les assaillants du Bataclan, eux, voulaient attaquer la « capitale des abominations et de la perversion ». D’autres terroristes semblent avoir des motivations idéologiques moins solides, comme l’a montré Mohamed Lahouiaej Bouhlel à Nice le 14 juillet 2016, ou encore Nathan Chiasson à Villejuif le 3 janvier 2020.

Mais les djihadistes n’ont pas que le prophète à « défendre ». Il y a aussi ce qu’ils considèrent être les souffrances causées à l’Oumma, la communauté musulmane homogène et mythique. Le conflit israélo-palestinien a longtemps été identifié comme le point de fixation des humiliations arabes.

Avec la globalisation de l’islam, les nouvelles générations de terroristes lui ont substitué les conflits en Afghanistan, en Bosnie, en Tchétchénie, en Irak ou en Syrie. L’affaiblissement militaire de l’EI sur les territoires syriens et irakiens n’a pas éteint les velléités d’engagement.

La guerre en Israël peut-elle accélérer le projet de fanatiques de se battre pour une identité commune, prise comme sorte d’unique référentiel politico-religieux ?

Armand R.-M. pourrait sembler l’un de ces « loups solitaires » avec des moyens rudimentaires. Mais il ferait surtout partie de ceux qui souffrent d’affections psychiatriques. S’agit-il d’un « passage à l’acte » résolutif d’une angoisse ou délirant que l’auteur aurait inscrit dans une logique idéologique ?

Rassemblement à Toulouse en hommage aux enseignants assassinés par des fanatiques, Samuel Paty, à Conflans, le 16 octobre 2020 et, Dominique Bernard, le 13 octobre c2023 à Arras.
Un passage à l’acte semble surgir ex nihilo mais il désigne en psychopathologie que son auteur est traversé par une angoisse qu’il cherche à dissiper. S’il est traversé par des angoisses d’anéantissement par exemple, il peut les résoudre en privilégiant l’identification d’une menace externe. C’est ce qu’apporte le sentiment de persécution, qui peut s’accroitre et inciter à se faire justice.

Le sens du passage à l’acte échappe à son auteur, mais pas le sens qu’il donne à son action meurtrière : il exerce cette dernière consciemment au nom d’une logique idéologique. Bien sûr, les enjeux inconscients et conscients peuvent très bien se conjuguer.

Aussi un individu peut-il par exemple se sentir « frère », sur la base d’un obscur sentiment d’injustice qu’il partage avec d’autres et choisir délibérément de renoncer à l’idée de société, ou de contrat social, pour lui préférer l’adhésion à une idéologie communautaire.

Parmi le nombre important de personnes radicalisées, il en existe une proportion – pas nécessairement plus importante que dans la population générale – qui souffre d’affections psychiatriques. L’expérience du Centre de Prévention, Insertion, Citoyenneté, en 2016, l’a confirmé : un seul des bénéficiaires de cette structure pour la prévention de la radicalisation souffrait de troubles relevant de la psychiatrie.

Néanmoins, l’articulation d’une souffrance psychique aiguë avec une idéologie offre à l’individu une perspective d’acte à prendre au sérieux. Il n’est pas rare qu’un individu se canalise avec la religion, au gré de son suivi à la lettre de certains hadiths, ces recueils des actes et paroles de Mahomet. D’autres individus fragiles donnent un sens à leur vision apocalyptique du monde avec des éléments de la réalité leur permettant d’alimenter un délire de persécution, de rédemption, mégalomaniaque ou mystique. Ils peuvent parvenir à une forme d’équilibre instable, jusqu’à ce qu’ils se sentent psychiquement contraints à agir.

L’observation du parcours d’assaillants montre des biographies, des impasses psychiques et des tentatives de résolution proches.

C’est le cas de Mohamed Lahouaiej Bouhlel, qui s’est fait connaître pour son attentat particulièrement meurtrier sur la Promenade des Anglais à Nice, un soir de 14 juillet. Les investigations firent apparaître un homme perçu par son entourage comme colérique, étrange, violent. Il s’était séparé un an plus tôt de sa femme dont il avait eu trois enfants. Cette dernière déplorait chez lui ce qu’elle vivait comme du « harcèlement psychologique », tandis qu’une amie ne voyait en lui « aucune humanité » et des agissements par « pur sadisme ».

Mohamed Lahouaiej Bouhlel avait donné à son rapport altéré à l’altérité, notamment le sens de la misogynie. Son médecin reliait ses épisodes dépressifs sévères à des « troubles psychotiques, avec somatisations ». Affecté dans son rapport au corps et au langage, Mohamed Lahouaiej Bouhlel se réfugiait parfois dans la violence. Le terroriste trouvait de l’inspiration en regardant sur la toile des photos de combattants de Daech, de ben Laden, ou encore des scènes de décapitation.

Non inféodé aux principes islamiques, il a radicalisé ses excès au profit de l’idéologie djihadiste.

Les fanatiques revendiquent aussi une attaque du système institutionnel. La façade du ministère de l’Éducation illuminée aux couleurs du drapeau français en hommage à l’enseignant assassiné, Dominique Bernard, le 13 octobre 2023, par un ancien élève du lycée radicalisé.

Chez certains, la foi en Allah prend le relais d’assuétudes, par exemple des addictions ou des passages à l’acte itératifs, comme de voler ou de brûler des voitures. Ils s’acharnent plutôt contre le taghout, l’autorité non fondée sur la foi que l’état incarne dans ses institutions. L’armée et la police sont les plus représentatives.

Pour nombre de terroristes islamistes, venger des caricatures n’est qu’une de leurs actions destinées à faire triompher leur cause.

L’expérience clinique du CPIC de Pontourny, même s’il a été fermé, nous a appris que l’islam radical peut être entendu comme une solution à un sentiment d’injustice. Des individus aux problématiques subjectives toujours singulières trouvent dans l’idéologie politico-religieuse djihadiste de quoi superposer au tort qu’ils pensent leur avoir été fait, celui causé à la communauté musulmane.

Des recherches récentes sur les peines internes en milieu carcéral montrent que des détenus transforment leur frustration en sentiment d’humiliation sous l’effet d’une incarcération ou de conditions d’incarcération qu’ils jugent abusives.

Ils s’enlisent parfois d’autant plus dans des altercations avec le personnel ou d’autres détenus, dans une surenchère qui peine à être endiguée par la coordination des services pénitentiaires et judiciaires. Même des non radicalisés peuvent se réveiller du « mensonge » avec la foi et accentuer leur sentiment d’injustice avec les moyens d’y remédier : par l’islam radical, dont l’enseignement est parfois dispensé par des prédicateurs autoproclamés.

Par ailleurs, il est important de souligner l’occurrence des troubles psychiatriques non détectés en prison, l’accentuation de certains troubles psychiques par le choc carcéral, et le manque de suivi psychiatrique dont certains anciens détenus continuent de manquer, par défaut d’assiduité en service de psychiatrie ambulatoire et/ou par défaut de moyen du personnel soignant.

D’autres adoptent l’islam radical pour assouvir des pulsions meurtrières au nom d’une idéologie qui les sacralisent.

Ils s’identifient au prophète et s’émancipent des lois en prétendant servir sa cause. Tous galvanisés, ils trouvent en Allah un exaltant produit dopant, conjurant les carences et les échecs, et permettant de retrouver leur intégrité. Du latin fanaticus, signifiant « inspiré », « prophétique », « en délire », « fanatique » désigne celui qui se croit transporté d’une fureur divine ou qui s’emporte sous l’effet d’une passion pour un idéal politique ou religieux.

En épousant leur destin d’élus d’Allah, ils veulent inspirer la crainte dont ils obtiendront le sentiment d’être respectés. Ils attendent de la valeur performative de leur acte de soumettre une société tout entière à leur affirmation de soi. Le Hamas offre-t-il à certains la perspective d’être reconnus comme préjudiciés, et de prendre une part héroïque à la guerre ?

Depuis la fermeture du CPIC en 2017, l’accompagnement des personnes radicalisées a été privilégié au niveau local. Un rapport d’information, enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 27 juin 2019 stipule que, selon l’Unité de coordination de la lutte antiterroriste (UCLAT), au mois d’avril 2019, la prise en charge a été relayée dans 269 communes. Ces mesures semblent insuffisantes, si l’on en croit que chaque année depuis 2015 des attentats sont commis sur notre sol, bien que bon nombre soient déjoués. Parallèlement, on compte en France, en mars 2022, 570 détenus de droit commun radicalisés et 430 détenus pour terrorisme islamiste. Une centaine de détenus radicalisés seraient libérables en 2023.

La DGSI avait rapporté cet été que la menace terroriste était toujours la première en France.

L’attentat de ce samedi montre que derrière des « passages à l’acte », il y a des individus en échec d’intégration et inscrits dans des logiques idéologiques meurtrières.

Armand R.-M. démontre, comme Mohamed Mogouchkov, qu’il convient de rester vigilants et de se doter de moyens de suivre certains individus fragiles. D’autres pourraient s’inspirer du nouveau climat de tension internationale pour agir, galvanisés par la mise en avant de leur cause et l’exacerbation médiatique de leur sentiment d’injustice.

Cette thanato-politique naissant du désespoir d’une jeunesse qui ne parvient pas à imaginer d’autre avenir que le combat pour la foi, engage nos sociétés hypersécularisées à réfléchir à de nouvelles modalités de vivre-ensemble.

Justice: la majorité des délits en France ne sont pas sanctionnés

Justice: la majorité des délits en France ne sont pas sanctionnés (Frédéric Péchenard)

L’ancien directeur général de la police nationale et vice-président (LR) chargé de la sécurité au Conseil régional d’Île-de-France), s’exprime dans un entretien à la « Tribune » sur la lutte contre la délinquance.

Reprenez-vous à votre compte le terme d’« ensauvagement » utilisé par Gérald Darmanin ?

FRÉDÉRIC PÉCHENARD – Non, je n’utilise pas cette expression. Je préfère dire qu’il y a en France une augmentation des violences et des tensions et que c’est un problème de société. C’est indéniable et c’est inquiétant.

La CRS 8 et ses quatre déclinaisons locales participent-elles à faire baisser le niveau de violences ?

Le besoin de forces mobiles qui se déplacent rapidement est réel. De ce que j’observe, la création de la CRS 8 est une idée intéressante et le développement de nouvelles compagnies dans les Régions va dans le même sens. Dès que vous mettez des gens en tenue quelque part, ça fait baisser le niveau de tension, mais de façon ponctuelle. C’est tout le sujet des forces mobiles ; on ne parle pas de pérennité, ce n’est pas leur rôle.

Comment traiter le problème de fond ?

Il ne faut pas réduire la lutte contre la délinquance à l’augmentation du nombre de policiers. Il faut également mettre fin à l’impunité. Cesare Beccaria écrivait : « L’importance dans la sanction, ce n’est pas sa sévérité, c’est sa certitude. » Aujourd’hui, la majorité des vols et des délits en France ne sont pas sanctionnés. Les amendes ne sont pas payées, il y a des réductions automatiques de peine, les délinquants ne vont pas en prison. C’est cet effritement de la sanction qui favorise le sentiment d’impunité.

Je n’utilise pas l’expression « ensauvagement ».

Je préfère dire qu’il y a une montée des violences

Selon vous, comment y remédier ?

C’est entre les mains du régalien. Il faut augmenter le nombre de comparutions immédiates pour qu’au sortir de la garde à vue les délinquants soient jugés, et pas des mois voire des années après. Pour cela, les moyens de la justice doivent être revus à la hausse.

Et pour les mineurs, quelles solutions suggérez-vous ?

Certains pays comme le Danemark ont mis en place de très courtes peines de prison, de l’ordre d’une semaine, même pour les mineurs. Cela permet d’avoir une sanction immédiate en évitant la déscolarisation et la désocialisation.

Le numérique pour renforcer la sécurité

Le numérique pour renforcer la sécurité

« Promulguée en janvier 2023, la Loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur (LOPMI) vise un objectif majeur : faire de la présence des policiers nationaux et des gendarmes sur le terrain la règle, et le temps au commissariat ou en brigade l’exception » (par Benoît Fayet et Boris Laurent dans la Tribune )

Les épisodes de violence, qui se sont déroulées en juin et juillet dernier, ont été un véritable choc pour l’opinion et les pouvoirs publics, à plusieurs niveaux. D’abord, l’ampleur géographique avec 66 départements et 516 communes concernés [1]. Ensuite, des modus operandi inédits par les ciblages des forces de l’ordre mais aussi d’élus de la République. Enfin, le passage à l’action très rapide des émeutiers et la décrue soudaine des actes de violence, qui s’explique en partie par le déploiement massif et rapide des forces de l’ordre. La présence de ces dernières sur la voie publique renforce la sécurité au quotidien. Quod erat demonstrandum (CQFD).

Or, un récent rapport indique que les commissariats de police sont saturés de dossiers et de procédures en attente de règlement [2]. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 2,7 millions de dossiers anciens et 3,5 millions de nouvelles procédures enregistrées la même année. Les services de police sont ainsi complètement engorgés de dossiers liés à la délinquance quotidienne comme les cambriolages, les voies de fait mais aussi les coups et blessures plus graves. L’équation semble se compliquer pour le ministère de l’Intérieur, qui veut renforcer la présence policière dans la rue mais doit aussi désengorger les commissariats saturés de dossiers. Elle n’est pour autant pas insoluble.

La Loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur (LOPMI) prévoit de renforcer les effectifs des forces de l’ordre [3]. Promulguée en janvier 2023, la LOPMI vise un objectif majeur : faire de la présence des policiers nationaux et des gendarmes sur le terrain la règle, et le temps au commissariat ou en brigade l’exception. Pour « mettre plus de bleu dans la rue », le ministère de l’Intérieur compte également sur la transformation numérique de l’activité opérationnelle de ses agents sur le terrain par le déploiement d’outils numériques sur mesure pour les policiers nationaux et les gendarmes. C’est d’ailleurs le sens à donner à la LOPMI qui s’impose comme une « révolution numérique » ouvrant de nouvelles possibilités digitales pour les forces de sécurité intérieure.

La mise en place de la procédure des amendes forfaitaires délictuelles (AFD) opère cette double bascule numérique et opérationnelle. Les AFD permettent aux forces de l’ordre de verbaliser des délits directement sur la voie publique, en flagrance. Cette procédure est rendue possible grâce à un équipement numérique mobile mis à disposition des forces de l’ordre, appelé NEO. Ce terminal permet aux policiers nationaux et aux gendarmes d’accéder à tout moment et en tout lieu à leurs applications professionnelles. Il garantit un haut niveau de sécurité et permet donc de rédiger un procès-verbal électronique via une application dédiée et d’établir une AFD dans la rue.

L’ambition des AFD est double : réduire le volume de contentieux simples qui génèrent des lourdeurs sur l’ensemble de la chaîne pénale grâce à la suppression de tout passage devant les tribunaux, et lutter contre des infractions qui détériorent le quotidien des citoyens en générant de l’insécurité (usage de stupéfiants, occupation illicite de hall d’immeuble et conduite sans permis). Rendre les policiers et les gendarmes plus mobiles sur la voie publique et plus près des citoyens est tout le sens à donner à cette procédure des AFD.

Fort du succès des équipements mobiles NEO, évoqués plus haut, le ministère de l’Intérieur veut aller plus loin avec le déploiement d’une nouvelle génération, dite NEO 2. Les NEO 2 disposent de batteries et d’une capacité de calcul et de mémoire de meilleure qualité, ce qui va dans le sens d’une plus grande utilisation dans la rue pour les forces de l’ordre. Ils offrent des capacités de communications radio supplémentaires via le Réseau radio du futur (RRF) avec la mise à disposition d’un débit 4G ou 5G priorisé pour les communications des forces de sécurité. À terme, les technologies offertes par le RRF pourront aussi permettre de consulter plus de données en temps réel sur la voie publique et une meilleure interopérabilité avec d’autres acteurs producteurs de sécurité comme les polices municipales et leurs centres de supervision urbain (images issues de la vidéoprotection).

Enfin, le numérique peut aussi permettre de développer la présence des forces de l’ordre sur le terrain, comme en témoigne le dispositif Ubiquity déployé par la gendarmerie nationale pour renforcer son ancrage territorial et son lien avec la population. Il s’agit d’ordinateurs portables connectables en tout lieu, aussi bien au réseau de la gendarmerie qu’à un réseau wifi classique. Cet outil numérique dispose de fonctionnalités pour la rédaction de procédures en mobilité sur la voie publique, dans les espaces France Service, dans les hôpitaux ou les domiciles de victimes par exemple, facilitant ainsi la prise d’une plainte, l’audition d’un témoin ou la verbalisation d’infractions. Au-delà du rôle qu’il joue dans le renforcement de la présence des forces de l’ordre sur le terrain, le numérique permet ici d’offrir une nouvelle forme de relation entre les forces de l’ordre et la population. Il s’agit d’un changement de paradigme, de l’accueil en unité à une dynamique d’« aller vers » les citoyens.

L’action des forces de l’ordre sur la voie publique doit être assurée par un continuum de services numériques. Celui-ci doit suivre une logique de « chaîne intégrée » couvrant l’ensemble des gestes métiers qu’un policier ou un gendarme peut effectuer sur le terrain. Cela peut se traduire, en amont, par la consultation de fichiers de police sur la voie publique et par l’alimentation de fichiers de police par des informations issues d’une verbalisation dans le cadre d’une AFD, par exemple. Cette « chaine intégrée » doit offrir plus de possibilités d’actions aux forces de l’ordre sur la voie publique (prise d’empreintes digitales, par exemple) et être adaptée à leurs contraintes opérationnelles avec des matériels peu nombreux, idéalement intégrés aux NEO ou modulables et embarqués.

En patrouille ou en ilotage, il s’agira à terme de collecter et de traiter en temps réel toujours plus d’informations et de données. Plusieurs pistes de réflexion existent, comme les outils à commande vocale (possibilité de dicter les références d’une plaque d’immatriculation plutôt que de les saisir, etc…), ou encore l’amélioration d’outils de conduite des opérations « command and control » (C2) bénéficiant d’une géolocalisation fiabilisée des forces de l’ordre et des événements, et de suite logicielle de visualisation de données 3D. Les gains pour les politiques et les stratégies de sécurité territoriales et locales seraient dès lors conséquents.

De même, si on souhaite favoriser la consultation en temps réel de plus d’informations issues des fichiers de police sur les équipements mobiles NEO, il faut réfléchir à la manière dont ces informations sont affichées sur ces équipements pour permettre une consultation confortable sur des écrans de taille réduite avec les informations contextuelles clés et strictement nécessaires à la sécurisation des interventions (conduite à tenir si personne dangereuse, photo du visage, etc.).

Il faut enfin s’appuyer sur les innovations technologiques les plus récentes de l’IA pour développer autour des NEO 2 par exemple des briques de commandes vocales allant au-devant des solutions existantes de « speech to text » permettant de la rédaction de compte-rendu simplifié à la voix ou encore réfléchir à l’interopérabilité à terme avec d’autres équipements mobiles innovants du type lunettes connectées (lunettes XR/VR).

Une réflexion sur le cadre règlementaire de ces nouveaux usages devra être posée en amont. La question des données consultées et transmises est un enjeu clé, dans un contexte évolutif, et leur contrôle doit être systématisé au regard des finalités opérationnelles visées par les forces de l’ordre et selon un principe de proportionnalité.

Ainsi, la réflexion sur l’apport des outils numériques dans la sécurité publique fait apparaître en creux la question de l’équilibre entre la demande toujours plus forte d’efficacité de la police et de la gendarmerie, et le renforcement nécessaire de la réglementation pour la protection des données. L’enjeu est donc d’identifier des solutions permettant des gains opérationnels tout en ne transigeant pas sur la protection des données et leur bon usage par les forces de l’ordre, qui sont autant de principes fondamentaux de notre société.

De plus, il convient de ne pas minimiser la question du risque de vols d’équipements mobiles plus nombreux et qui pose des enjeux éthiques importants, considérant l’accès aux données sensibles que ces équipements permettent aujourd’hui et encore plus à terme (données recensant des personnes mises en cause dans des affaires pénales, etc…). Les systèmes de désactivation à distance doivent être renforcés et systématisés, tant cet aspect sécurité n’est pas à laisser de côté.

Enfin, qui dit numérique, dit sécurité des systèmes et cyberattaque. La multiplication des opérations réalisées par les forces de l’ordre en dehors de leurs unités appelle à une réflexion sur l’intégration des couches techniques socles des équipements mobiles. En effet, ces dernières sont indispensables au bon fonctionnement des équipements mobiles dont il faudra veiller continuellement à leur sécurité informatique, voire à la renforcer. L’objectif est d’empêcher les mauvais usages, l’utilisation non autorisée, la modification ou le détournement de ces outils numériques et les données concernées.

Pour concilier les objectifs de présence visible sur la voie publique, de performance de l’offre de sécurité du quotidien et de réponse pénale efficace, il convient donc de poursuivre le déploiement d’outils numériques adaptés, sur mesure et sécurisés, pour plus de services et de proximité avec les citoyens, tout en veillant à garantir le respect de la protection des données et leur bon usage par les forces de l’ordre, deux principes fondamentaux de notre société.

———————————————————————————

[1] Contre 25 départements et 200 communes lors des émeutes de 2005.

[2] Les commissariats de police saturés par 2,7 millions de procédures en souffrance (lemonde.fr)

[3] 7.390 policiers et gendarmes supplémentaires d’ici à 2027 auxquels s’ajoutent 238 nouvelles brigades de gendarmes dans les zones rurales et péri-urbaines. La réserve opérationnelle de la police nationale devrait passer de 6.000 à 30.000 personnels et celle de la gendarmerie de 50.000 à 60.000 personnels.

La recherche engluée dans les procédures administratives

La recherche engluée dans les procédures administratives


Pierre Rochette, géologue et physicien, professeur à Aix-Marseille Université, appelle, dans une tribune au « Monde », la communauté scientifique à dénoncer le fardeau de la bureaucratie qui entrave la recherche nationale.

Le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), fondé par Jean Zay juste avant la seconde guerre mondiale et bénéficiant aujourd’hui d’un budget de près de 4 milliards d’euros, constitue la colonne vertébrale de la recherche scientifique en France à travers un réseau national d’unités de recherche mixtes (avec les universités et d’autres organismes nationaux plus petits), des infrastructures et 32 000 employés. Son rôle structurant faisait la fierté de la recherche française et a produit une multitude d’avancées scientifiques majeures.

Cependant une profonde vague de frustration et de découragement agite la communauté scientifique avec des signaux de toutes parts : deux pétitions signées par plus de 3 700 acteurs de la recherche, intitulées « CNRS… on n’en peut plus ! » et « Le bateau CNRS coule », de nombreux communiqués des syndicats, un rapport du conseil scientifique du CNRS, intitulé « Les entraves à la recherche », et enfin un rapport d’experts internationaux mandaté par le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcéres), qui appelle à « une action commando » face au « fardeau bureaucratique ».

Dans leurs pétitions, les chercheurs ne demandent pas d’augmentation de salaire, ils ne demandent pas plus de moyens, non, ils demandent simplement qu’on les laisse faire leur travail sereinement, et de disposer efficacement de leurs crédits très souvent gérés par le CNRS, même s’ils proviennent d’autres sources !

Depuis cet été, un trio de logiciels, acheté à une entreprise privée, a été mis en place pour gérer de A (l’ordre de mission) à Z (la remise des états de frais) les déplacements financés par le CNRS. Le résultat est un calvaire indescriptible pour les missionnaires et les gestionnaires. Les missionnaires doivent faire le travail des gestionnaires (générer la liste des frais dans le système et rentrer tous les justificatifs). La difficulté est telle que nombre d’entre eux renoncent à partir en mission ou à se faire rembourser une mission faite. Les gestionnaires, loin d’avoir des tâches en moins, sont débordés par une multitude de validations et d’opérations bloquées, dont le débogage prend un temps fou. Le stress est généralisé.

Cette catastrophe administrative n’est qu’une (très grosse) goutte d’eau qui fait déborder le vase des entraves au travail de recherche. La gestion au CNRS est envahie par un juridisme qui rend tout acte de plus en plus pesant chaque année.

La majorité des vols et des délits en France ne sont pas sanctionnés

La majorité des vols et des délits en France ne sont pas sanctionnés (Frédéric Péchenard)

L’ancien directeur général de la police nationale et vice-président (LR) chargé de la sécurité au Conseil régional d’Île-de-France), s’exprime dans un entretien à la « Tribune » sur la lutte contre la délinquance.

Reprenez-vous à votre compte le terme d’« ensauvagement » utilisé par Gérald Darmanin ?

FRÉDÉRIC PÉCHENARD – Non, je n’utilise pas cette expression. Je préfère dire qu’il y a en France une augmentation des violences et des tensions et que c’est un problème de société. C’est indéniable et c’est inquiétant.

La CRS 8 et ses quatre déclinaisons locales participent-elles à faire baisser le niveau de violences ?

Le besoin de forces mobiles qui se déplacent rapidement est réel. De ce que j’observe, la création de la CRS 8 est une idée intéressante et le développement de nouvelles compagnies dans les Régions va dans le même sens. Dès que vous mettez des gens en tenue quelque part, ça fait baisser le niveau de tension, mais de façon ponctuelle. C’est tout le sujet des forces mobiles ; on ne parle pas de pérennité, ce n’est pas leur rôle.

Comment traiter le problème de fond ?

Il ne faut pas réduire la lutte contre la délinquance à l’augmentation du nombre de policiers. Il faut également mettre fin à l’impunité. Cesare Beccaria écrivait : « L’importance dans la sanction, ce n’est pas sa sévérité, c’est sa certitude. » Aujourd’hui, la majorité des vols et des délits en France ne sont pas sanctionnés. Les amendes ne sont pas payées, il y a des réductions automatiques de peine, les délinquants ne vont pas en prison. C’est cet effritement de la sanction qui favorise le sentiment d’impunité.

Je n’utilise pas l’expression « ensauvagement ».

Je préfère dire qu’il y a une montée des violences

Selon vous, comment y remédier ?

C’est entre les mains du régalien. Il faut augmenter le nombre de comparutions immédiates pour qu’au sortir de la garde à vue les délinquants soient jugés, et pas des mois voire des années après. Pour cela, les moyens de la justice doivent être revus à la hausse.

Et pour les mineurs, quelles solutions suggérez-vous ?

Certains pays comme le Danemark ont mis en place de très courtes peines de prison, de l’ordre d’une semaine, même pour les mineurs. Cela permet d’avoir une sanction immédiate en évitant la déscolarisation et la désocialisation.

Politique- La montée du « Sud global »…et de l’autoritarisme !

Politique- La montée du « Sud global »…et de l’autoritarisme !

Avec la « désoccidentalisation », ou l’affirmation continue des pays du Sud
l’Occident voit sa primauté contestée depuis trois décennies et l’émergence de la mondialisation. La guerre entre Israël et le Hamas a souligné une fois encore cette ligne de fracture avec les pays dits « du Sud global ».

Par Alain Beuve-Méry dans Le Monde

Le journaliste constate la montée de cette sorte d’agglomérat appelé « sud global » caractérisé par son émergence économique et politique mais aussi par des régimes autoritaires qui d’une certaine manière contestent aussi la démocratie si l’on en juge par les pays qui la composent à savoir les BRICS, club créé en 2011 et qui rassemble le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud et d’autres comme Arabie saoudite, Argentine, Egypte, Emirats arabes unis, Ethiopie et Iran. NDLR

Histoire d’une notion. Etre désorienté, chacun sait ce que cela veut dire. Mais que signifie, au juste, être « désoccidentalisé » ? Les réactions internationales à l’attaque sanglante perpétrée le 7 octobre par le Hamas contre Israël ont montré, une nouvelle fois, la division du monde. Si le camp occidental élargi (Amérique du Nord, Australie, Europe, Japon, etc.), avec le renfort de l’Inde et d’une poignée d’autres Etats parmi lesquels l’Argentine, le Sénégal ou la Mongolie, a fermement condamné cette agression, la très grande majorité des pays du Sud ont refusé de dénoncer un agresseur, se bornant à prôner la désescalade. Cela constitue un défi majeur pour les Etats-Unis, allié historique d’Israël, tout comme pour l’Union européenne (UE), car « ce conflit conduit de nouveau à distinguer, voire à isoler l’Occident du reste du monde », note le politiste Bertrand Badie.

Depuis trois décennies, la mondialisation de l’économie a eu comme contrepartie l’affirmation politique et économique des pays dits « du Sud global ». Sous cette appellation se sont regroupés des pays qui entendent privilégier la coopération Sud-Sud et qui, surtout, ne veulent plus s’aligner sur les positions du camp occidental. Ainsi, les BRICS, club créé en 2011 et qui rassemble le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, s’est élargi, il y a trois mois, à six autres nations du « Sud » : Arabie saoudite, Argentine, Egypte, Emirats arabes unis, Ethiopie et Iran. Leur ambition est de peser sur le plan géopolitique et économique, en cherchant notamment à contourner la toute-puissance du dollar dans les échanges internationaux.

« Il existe une dynamique des pays du Sud, qui veulent à la fois affirmer leur identité et profiter des effets d’aubaine », ajoute Bertrand Badie. Ces pays réagissent en fonction de leurs intérêts, d’où le passage du non-alignement au multi-alignement, cher par exemple à l’Inde ou au Brésil. Le Sud global juge ainsi logique de condamner l’invasion de l’Ukraine, le 24 février 2022, au nom de la défense du principe de souveraineté, mais tout aussi logique de rejeter les sanctions occidentales contre la Russie, qui reste un partenaire économique.

Le concept d’indépendance de la justice : une utopie !

Le concept d’indépendance de la justice : une utopie !

La référence sacrée à l’indépendance de la justice de la part des juges et de leurs organisations corporatistes relèvent évidemment de l’utopie. Qui peut en effet se prétendre complètement indépendant. Chaque juge, professionnel ou non, émet un jugement sur un événement en référence certes à des textes juridiques mais aussi à ses références intellectuelles et culturelles. La partialité est consubstantielle à l’interprétation juridique. Pour preuve des milliers et des milliers de jugements différent pour les mêmes fautes et délits. Exemple aujourd’hui même malgré le drame de la mort de Thomas à Crépol, on remet en liberté le responsable du même acte barbare perpétré à Metz après seulement un an de détention.

Dans les affaires politico- judiciaires la justice autorise la sollicitation des nombreuses procédures qui permettent de faire durer les procès pendant des années voir des dizaines d’années jusqu’à la disparition des coupables et par usure et fatigue de l’opinion de tous.

Aujourd’hui, la majorité des juges sont orientés plutôt à gauche et se caractérisent par un certain laxisme vis-à-vis des auteurs d’infractions et de délits qui pourrissent la société. Au nom forcément d’une certaine idéologie. Mais que se passerait-il le jour où les syndicats des juges et leur administration passeront à droite ? La fameuse indépendance pourrait alors favoriser les répressions.

Il y a de toute évidence urgence à engager un grand débat sur la justice, sa place dans la société et les conditions d’exercice de cette fonction. Sinon le risque est grand d’une judiciarisation de la société, politique comprise.

Société et Violences : la Justice trop laxiste pour 87 % des Français

Société et Violences : la Justice trop laxiste pour 87 % des Français

Un sérieux avertissement pour les pouvoirs publics, à savoir le jugement très négatif que portent les Français sur la justice dont les jugements sont complètement déconnectés des faits de société relatifs notamment à la violence.

Pour 91% des Français interrogés, le recul de l’autorité est un problème majeur dans la société française. Ils sont très nombreux (87%) à considérer que la justice est trop laxiste et une majorité de Français (58%) à estimer que la violence se répand dans toute la société d’après un sondage d’Elabe pour BFM.

Rien d’étonnant à cela; Il faut parfois des mois et des mois pour rendre un jugement et en attendant les présumés coupables sont pour beaucoup en liberté et reprennent leurs activités délinquantes.

Par ailleurs au moment du jugement, on se satisfait trop souvent de peines symboliques comme du sursis.

Certes les prisons ne sont sans doute pas l’outil le plus s’adapté pour réduire l’agressivité des délinquants violents; n’empêche à la place, on ne peut lui substituer des peines avec sursis et des tres symboliques sanctions avec travaux d’intérêt général.

Il y a certains délits qui méritent purement et simplement la prison dans les conditions actuelles. Mais pour beaucoup notamment chez les jeunes, il convient évidemment d’imaginer des établissements spécialisés visant à permettre les bases de la culture française, les valeurs de la société, les connaissances fondamentales, la valeur travail et la discipline.

Economie- L’inflation vient de l’énergie et non de la politique monétaire

Economie- L’inflation vient de l’énergie et non de la politique monétaire


Jézabel Couppey-Soubeyran, maîtresse de conférences d’économie à l’université Paris-I et conseillère scientifique à l’Institut Veblen estime dans « Le Monde » que écarts de niveaux d’inflation entre pays européens démontrent l’inefficacité d’une politique unique de hausse des taux.

Sur le tableau de bord de la Banque centrale européenne (BCE), le chiffre de l’inflation annuelle du mois d’octobre, + 2,9 %, n’est plus si loin de la cible de 2 %. Faut-il y voir le succès des hausses des taux effectuées par la BCE au fil de ces derniers mois ou, au contraire, la preuve que le phénomène était transitoire et ne justifiait pas de remonter si vite et si fort le prix de l’argent ? Peut-être ni l’un ni l’autre car, à bien y regarder, cette moyenne masque une mosaïque de situations fort contrastées entre les pays membres.

En Belgique et aux Pays-Bas, le niveau général des prix des biens et services consommés par les ménages a reculé entre le mois d’octobre de cette année et celui de l’an passé : l’inflation y est donc… négative. Ce recul est le plus fort en Belgique, où le taux a baissé de 1,7 %, tirant vers le bas la moyenne de la zone euro. Dans quatre autres pays, le taux d’inflation se situe en dessous de la moyenne : Italie (1,8 %), Luxembourg (2,1 %), Lettonie (2,3 %), Finlande (2,4 %). Mais dans les quatorze autres pays, le taux d’inflation la dépasse, parfois de beaucoup. Le taux annuel a certes baissé en France, mais il atteint encore 4,5 %. Il baisse en Allemagne (3 %) et au Portugal (3,2 %), mais reste au-dessus de la moyenne. Il continue d’augmenter en Grèce (3,8 %) et en Espagne (3,5 %). Le taux le plus haut est celui de la Slovaquie (7,8 %), suivie d’assez près par la Croatie (6,7 %) et la Slovénie (6,6 %). Des résultats trop contrastés pour que l’on puisse parler d’une désinflation généralisée.

Là où le taux d’inflation est devenu négatif, en Belgique (– 1,7 %) et aux Pays-Bas (– 1 %), il est trop tôt pour parler de déflation. D’une part, la baisse des prix devrait aller de pair avec un recul de l’activité. Or, si c’est le cas aux Pays-Bas, où le recul du produit intérieur brut s’accentue légèrement au troisième trimestre (– 0,5 % après – 0,2 %), en Belgique au contraire la croissance a légèrement accéléré au cours de la même période (+ 1,5 % au troisième trimestre, contre + 0,1 % dans la zone euro).

Attaquer l’inflation à la racine
D’autre part et surtout, alors qu’une déflation implique un recul généralisé des prix, la baisse de l’inflation dans les deux pays tient pour ainsi dire à un seul poste de dépenses, « logement, électricité et gaz », dont les prix ont baissé de près de 30 % en Belgique comme aux Pays-Bas entre octobre 2022 et octobre 2023, et qui pèse lourd dans le calcul de l’indice des prix (20,1 % en Belgique, 16,4 % aux Pays-Bas). En revanche, les prix des autres postes de dépenses, en particulier l’alimentation, continuent d’augmenter.

La trouble affaire du rachat des turbines Arabelle de Macron

La trouble affaire du rachat des turbines Arabelle de Macron

La trouble affaire du rachat des turbines électrique continue de faire des remous à tel point que la signature du rachat par EDF a été reportée. Arabelle Solutions devait voir le jour le 1er décembre. Il n’en sera finalement rien. La grande cérémonie devait réunir des ministres, le patron d’EDF, le représentant de GE pour sceller la vente des turbines Arabelle, héritées d’Alstom, à EDF.

Le report de la signature de la vente des turbines Arabelle par EDF témoigne évidemment de ce dossier économique et politique très trouble. Ces turbines ont été soldées sur pression de Macron à l’américain General électric qui ensuite du fait d’une mauvaise gestion globale de son activité a souhaité les faire reprendre. Et Macron a imposé à EDF de les racheter.
Or la fabrication de turbines n’est pas la spécialité d’EDF dont le métier est de les faire tourner et non de les créer. En outre l’imposition politique crée des problèmes financiers supplémentaires à EDF qui n’a pas besoin de cette charge.

Dans la famille du nucléaire français, le rôle du sauveteur échoit toujours à EDF. Après avoir repris en 2017 l’activité industrielle d’Areva – aujourd’hui baptisé Framatome – l’électricien doit racheter cette semaine l’activité turbine de l’américain GE, basée à Belfort. Après moins de sept ans sous pavillon américain, «Arabelle», du nom de la turbine vapeur géante utilisée dans les centrales nucléaires, revient sous contrôle français. Le conseil d’administration d’EDF devrait valider l’opération lundi en fin de journée.

Cette affaire a une dimension politique et même politicienne du fait des liens particuliers entre l’entourage de Macron et des responsables de GE soupçonnée d’avoir contribué au financement de la campagne du président. Un dossier toujours enfoui dans les tiroirs de la justice.

Politique : La NUPES est morte (Mélenchon)

Politique :La NUPES est morte (Mélenchon)

Celui qui a obtenu le score méritoire de plus de 22 % aux dernières présidentielles est bien contraint d’accepter le déclin de son audience. En effet son parti, les » insoumis », dans les sondages ne recueille plus que 6 % et se retrouve même derrière le parti socialiste à 9 %. Mélenchon considère donc que la NUPES morte. En réalité ce sont aussi « les insoumis « qui sont en voie d’extinction et qui vont être renvoyés au statut d’une organisation extrémiste très marginale .

À l’occasion d’une réunion publique à Rochefort (Charente-Maritime), Jean-Luc Mélenchon a estimé ce jeudi qu’ »il n’y a plus de Nupes », renvoyant une nouvelle fois la responsabilité d’une fin de l’alliance aux autres partis de gauche, dont il dénonce les « gamineries » et « enfantillages ».

« J’admets que ce qu’on a construit est déjà détruit », a déclaré le triple candidat à la présidentielle. Tout en prétendant ne pas connaître le motif selon lequel cette coalition formée aux dernières législatives serait terminée. Une façon de mettre en cause ses partenaires d’hier.

L’insoumis ne les épargne pas et vise plus particulièrement les socialistes. Allié le plus solide de LFI au sein de la Nupes pendant plusieurs mois, ils ont finalement voté un « moratoire » sur leur participation à l’intergroupe de l’alliance, après fortes tensions notamment autour de la guerre entre le Hamas et Israël.

Au passage, Olivier Faure avait dénoncé plus largement « la méthode Mélenchon », et appelé à un « fonctionnement démocratique » de la Nupes. En pointant également plusieurs désaccords successifs, que ce soit sur la stratégie à mener lors de la réforme des retraites ou les émeutes de cet été.

La montée de Bardella : alerte pour la classe politique

La montée de Bardella : danger pour la classe politique

Bruno Jeudy dans la tribune attire l’attention sur la montée en puissance de barder la tête de liste du Front National. Le Rassemblement national (RN) fait largement la course en tête dans les intentions de vote pour les élections européennes du 9 juin prochain. A un peu plus de six mois de l’échéance, la liste emmenée par le président du parti, Jordan Bardella, obtiendrait 28 % des voix si le vote avait lieu dimanche prochain, selon le sondage EuroTrack réalisé par OpinionWay pour « Les Echos » et Radio classique. « Les difficultés de l’exécutif profitent au RN », explique Bruno Jeanbart, vice-président d’OpinionWay.

La majorité présidentielle, dont la tête de liste n’est pas encore connue, décroche 19 % d’intentions de vote seulement.

Le RN, qui veut faire de ces élections de véritables « midterms » du second quinquennat d’Emmanuel Macron, estime que l’objectif de 30 % est atteignable.

L’autre élément significatif de ce sondage est la bonne tenue de la liste Reconquête emmenée par Marion Maréchal qui, avec 7 % des intentions de vote, reproduit le même score que celui d’Eric Zemmour au premier tour de la présidentielle de 2022.
En revanche, pour Les Républicains (LR), le score promis – 8 % – est comparable à celui de 2019 (8,5 %).

A gauche, où toutes les composantes de la très mal en point Nupes partent séparément en campagne, aucune liste n’émerge véritablement. Le Parti socialiste (PS) fait la course en tête avec 9 % des intentions de vote, devançant Europe Ecologie-Les Verts (8 %), La France insoumise (7 %) et les communistes (3 %). La liste du Parti radical de gauche est également créditée de 3 % des voix.

L’édito de Bruno Jeudi

« Je ne suis pas nouveau, je suis neuf. » François Hollande avait trouvé en 2011 la bonne formule pour ringardiser adversaires et concurrents internes et ainsi enclencher l’envie de changement. En cette deuxième année de quinquennat, il flotte déjà un besoin de renouveau tant les Français semblent en rupture avec leur classe politique. Le Covid, les guerres, les émeutes urbaines et les problèmes de pouvoir d’achat ont accéléré la fatigue démocratique.

Du haut de ses 28 ans, Jordan Bardella n’a plus besoin de formule pour s’imposer. Les médias s’arrachent le président du Rassemblement national. Depuis la rentrée, le parti d’extrême droite est en dynamique. À six mois des européennes, la tête de liste RN domine dans les sondages. Il faut dire que le carburant populiste coule à flots, du bal mortel de Crépol au manque d’autorité ressenti par les Français en passant par l’immigration hors de contrôle et l’endettement record du pays (qui a toutefois évité une dégradation de sa note financière). À lire certaines gazettes, la France serait en pleine « bardellamania » et le bras droit de Marine Le Pen lorgnerait déjà la présidentielle de 2032… L’éclatant score de Jordan Bardella dans les enquêtes d’opinion doit sonner comme une alerte.

Pour d’autres aussi, la valeur n’attend pas le nombre des années. Gabriel Attal, 34 ans, réussit ses débuts dans un ministère réputé difficile. En moins de six mois, il est devenu le ministre le plus populaire du gouvernement. Le voilà donc érigé en leader d’une génération Macron qui peine à exister. Gabriel Attal bouscule en tout cas les plans des « anciens » Édouard Philippe, Bruno Le Maire, Gérald Darmanin et François Bayrou. Ceux-là mêmes qui se préparent à incarner l’après-Macron.

Chacun sait qu’en politique rien ne se passe comme prévu. Cela pourrait aussi bien être le cas à l’autre bout de l’échiquier. À gauche, la Toulousaine Carole Delga ou l’élu des Landes Boris Vallaud sont en embuscade pour faire revivre un courant social-démocrate en panne d’incarnation crédible. Plus à gauche encore, le trublion François Ruffin pique chaque jour un peu plus le vétéran Jean-Luc Mélenchon, engagé dans une détestable stratégie de la terre brûlée.

En 2024, les européennes seront à la fois la dernière élection nationale d’Emmanuel Macron (représenté probablement par Stéphane Séjourné) et un test pour la relève politique. Une victoire de Bardella enverrait un signal à toute une génération qui piaffe en coulisses.

Augmentation « en douce » de la carte grise

Augmentation « en douce » de la carte grise

Pour l’instant, trois régions vont revoir leurs tarifs à la hausse dès le 1er janvier prochain, à commencer par l’Île-de-France. Cette dernière va faire passer son cheval fiscal de 46,15 euros à 54,95 euros, soit une hausse de 8,80 euros. La région se rapproche ainsi de la Bretagne, qui est la plus chère, à 55 euros. Le phénomène d’augmentation devrait s’étendre de la même manière qu’avec la taxe d’habitation par exemple.

En plus de l’Île-de-France, la Normandie va discrètement augmenter son cheval fiscal de 35 à 46 euros, soit 31% de hausse. Cette fois-ci, la région justifie cette décision par le maintien de ses investissements dans les transports, notamment dans le ferroviaire. Et le tarif initial de 35 euros était «historiquement bas», selon la région présidée par Hervé Morin.

Le Centre-Val-de-Loire envisage aussi de revaloriser son montant, mais seulement de 10%, avec une hausse de 5,20 euros, annoncée en octobre dernier. Le prix de la carte grise, à 49,80 euros, était resté inchangé depuis 2017. D’autres régions avaient fait le choix d’augmenter leurs tarifs dès 2023, de 3 euros dans les Pays-de-la-Loire, de 4 euros en Nouvelle-Aquitaine, d’1,50 euro dans les Hauts-de-France, de 4 euros en Bretagne et de 3 euros en Occitanie. Pour les régions, la taxe régionale sur les certificats d’immatriculation représente leur troisième recette fiscale, derrière la TVA et la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques.

La montée du « Sud global »…et de l’autoritarisme !

La montée du « Sud global »…et de l’autoritarisme !

Avec la « désoccidentalisation », ou l’affirmation continue des pays du Sud
l’Occident voit sa primauté contestée depuis trois décennies et l’émergence de la mondialisation. La guerre entre Israël et le Hamas a souligné une fois encore cette ligne de fracture avec les pays dits « du Sud global ».

Par Alain Beuve-Méry dans Le Monde

Le journaliste constate la montée de cette sorte d’agglomérat appelé « sud global » caractérisé par son émergence économique et politique mais aussi par des régimes autoritaires qui d’une certaine manière contestent aussi la démocratie si l’on en juge par les pays qui la composent à savoir les BRICS, club créé en 2011 et qui rassemble le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud et d’autres comme Arabie saoudite, Argentine, Egypte, Emirats arabes unis, Ethiopie et Iran. NDLR

Histoire d’une notion. Etre désorienté, chacun sait ce que cela veut dire. Mais que signifie, au juste, être « désoccidentalisé » ? Les réactions internationales à l’attaque sanglante perpétrée le 7 octobre par le Hamas contre Israël ont montré, une nouvelle fois, la division du monde. Si le camp occidental élargi (Amérique du Nord, Australie, Europe, Japon, etc.), avec le renfort de l’Inde et d’une poignée d’autres Etats parmi lesquels l’Argentine, le Sénégal ou la Mongolie, a fermement condamné cette agression, la très grande majorité des pays du Sud ont refusé de dénoncer un agresseur, se bornant à prôner la désescalade. Cela constitue un défi majeur pour les Etats-Unis, allié historique d’Israël, tout comme pour l’Union européenne (UE), car « ce conflit conduit de nouveau à distinguer, voire à isoler l’Occident du reste du monde », note le politiste Bertrand Badie.

Depuis trois décennies, la mondialisation de l’économie a eu comme contrepartie l’affirmation politique et économique des pays dits « du Sud global ». Sous cette appellation se sont regroupés des pays qui entendent privilégier la coopération Sud-Sud et qui, surtout, ne veulent plus s’aligner sur les positions du camp occidental. Ainsi, les BRICS, club créé en 2011 et qui rassemble le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, s’est élargi, il y a trois mois, à six autres nations du « Sud » : Arabie saoudite, Argentine, Egypte, Emirats arabes unis, Ethiopie et Iran. Leur ambition est de peser sur le plan géopolitique et économique, en cherchant notamment à contourner la toute-puissance du dollar dans les échanges internationaux.

« Il existe une dynamique des pays du Sud, qui veulent à la fois affirmer leur identité et profiter des effets d’aubaine », ajoute Bertrand Badie. Ces pays réagissent en fonction de leurs intérêts, d’où le passage du non-alignement au multi-alignement, cher par exemple à l’Inde ou au Brésil. Le Sud global juge ainsi logique de condamner l’invasion de l’Ukraine, le 24 février 2022, au nom de la défense du principe de souveraineté, mais tout aussi logique de rejeter les sanctions occidentales contre la Russie, qui reste un partenaire économique.

12345...735



L'actu écologique |
bessay |
Mr. Sandro's Blog |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | astucesquotidiennes
| MIEUX-ETRE
| louis crusol