France: Comment trouver les moyens de financement
Financer les efforts de guerre sans s’endetter, sans augmenter les impôts, sans sacrifier le modèle social et l’environnement, sans emprunt national ni Livret défense… C’est possible ! Par Gabriel Gaspard, Chef d’entreprise à la retraite, spécialiste en économie financière dans la Tribune.
Investir dans la défense, les Français sont majoritairement favorables, mais 6 Français sur 10 refusent que leur épargne serve au financement de la Défense. Le déficit public a atteint 6,1% en 2024 avec un ratio d’endettement par rapport au PIB de 109,7%. Il va falloir faire d’autres choix que l’endettement extérieur pour soutenir l’économie et équilibrer le budget. Pour assurer le court et le long terme, la souveraineté et la sécurité, la seule solution envisageable serait d’utiliser l’épargne des Français pour des investissements massifs autres que régaliens.
La demande d’État des citoyens français dans les domaines régaliens reste très forte. L’affirmation des monopoles régaliens est historiquement indissociable de celle de la souveraineté nationale. L’État doit trouver le financement de son armée dans son propre budget. Il faut donc utiliser l’épargne des Français pour créer de la croissance productive et utile via des livrets réglementés gérés par des établissements de crédit publics garantis par l’État. Ces fonds serviraient à accompagner la vie, soutenir l’économie, protéger la terre, créer de la croissance et libérer de nouveaux budgets régaliens.
Les Français sont prêts, mais moins d’un quart font confiance à leur gouvernement. Pour les épargnants, l’instabilité des lois et des règlements sont devenus des vecteurs influents d’insécurité financière.
À la Libération, le développement industriel a été fortement façonné par l’action des pouvoirs publics. Le développement des entreprises nationalisées et les aides au développement ont largement participé à la remise sur pied du système productif, donc au renforcement du processus de croissance. Il est largement admis que la période de reconstruction, qui s’est achevée au début des années 1950, a contribué à renforcer cette croissance, sous l’impulsion aussi de l’action de l’État. Il reste que le développement des systèmes d’armement pendant les « trente glorieuses » a joué un rôle déterminant dans les performances de croissance enregistrées au cours des années 1950 et 1960. En 1960 la France a consacré 5,4% de son PIB aux dépenses militaires (9% pour les États-Unis), en 1970 3,5% et en 2022 1,9% (3,5% pour les États-Unis) d’après les données de la Banque mondiale.
Après la pandémie, et plus de trois ans après le début de la guerre à la porte de l’Europe, la France et l’Europe se réveillent et admettent qu’il faut se réarmer pour gagner la guerre en Ukraine. Les moyens consacrés à la défense doivent être augmentés pour sauvegarder les dividendes de la paix.
Faut-il emprunter plus
Le nouveau plan de la Commission européenne de 800 milliards d’euros pour « réarmer l’Europe », dévoilé le 4 mars 2025, prévoit quelque 150 milliards d’euros de prêts qui seront mis à la disposition des 27 pays de l’Union européenne pour soutenir leurs capacités de défense en Europe. La présidente de la Commission encourage plutôt les États membres à emprunter plus pour leurs dépenses militaires : le non-respect des critères de convergence « permettra aux États membres d’augmenter de manière significative leurs dépenses de défense sans déclencher la procédure de déficit excessif ». Ce n’est pas la bonne solution pour la France. Surendettée, elle est sous la pression des agences de notation américaine.
L’exemple de la Grèce, de la Suède et du Portugal.
La Grèce a subi de plein fouet les conséquences de réduction de ses dépenses publiques. Le 08 décembre 2009, l’agence de notation Fitch annonce sa décision de ramener la note de la dette publique grecque de A- à BBB+ avec une perspective négative. Le problème mis en lumière était le surendettement. La solution résidait dans la baisse des dépenses, baisse des retraites et des salaires, etc. Elle a créé une véritable cure d’austérité. L’efficacité de ces mesures a été remise en cause.
En Suède, le choix s’est porté sur des réductions de l’emploi public. Les dépenses publiques à 70% du PIB en 1993 ont fortement diminué à 37% en 2012. Avec des réformes importantes de son système social et de retraite, l’emploi qui était majoritairement public est devenu essentiellement privé. En réalité l’amélioration de la situation budgétaire est due uniquement à une forte croissance.
Reste le cas du Portugal. De 2011 à 2018, le Portugal a suivi deux politiques économiques différentes. La première infligée par la Troïka (les instances européennes et le FMI) qui ont imposé une violente cure d’austérité qui a contraint à l’exil plus de 340 000 Portugais et jeté dans la pauvreté plus de 2 millions de personnes. D’après les prévisions de la Troïka, de 2010 à 2014 le déficit public devait chuter de 9,8% à 2,3% en 2014. Ce fut un échec. Le déficit termina l’année 2014 à 7,2%. Après les élections d’octobre 2015, la seconde adopte l’opposé de la première politique tout en respectant les critères de convergences. Elle allège l’austérité par des mesures de soutien à la demande (accroissement du salaire minimum mensuel, privatisations, programme de valorisation de la fonction publique, etc.). Le taux de croissance atteint 2,2% en 2019, le chômage tombe à 6,5% et le déficit à 0,2%.
Faut-il augmenter les impôts ?
La France est déjà numéro un eu
ropéen du ratio (impôts + taxes + cotisations) / PIB. Le montant de ses prélèvements obligatoires en France est de 1 218Md€, soit 43,2% du PIB, en 2023. Il était près de 1 194Md€ (45,0% du PIB) en 2022 selon l’Insee. « Chaque impôt, considéré en lui-même, et de même l’ensemble du système fiscal d’un pays, se détruit lui-même en dépassant un certain niveau des taux de prélèvement » Ludwig von Mises. Pour les plus riches, il serait plus percutant de réviser les lois du capital. Ne faut-il pas plutôt baisser les impôts et créer de la croissance pour redonner confiance aux entreprises comme aux investisseurs ?
Faut-il un emprunt national?
L’exemple de 1973,1983 et 1993. L’emprunt Giscard à 7% de 1973. À partir de 1978, il fut indexé sur le cours du lingot d’or pour un montant de 6,5 milliards sur quinze ans. En 1988, il a coûté à l’État 92 milliards (capital et intérêts), soit, en francs constants, plus de trois fois et demie, sa valeur d’origine.
Emprunt Mauroy en 1983. Tout de suite après la troisième dévaluation du franc, les réserves de la Banque de France ont chuté, l’inflation s’est envolée au-dessus de 12%. Une partie des capitaux a pris la fuite. La politique de relance est un échec. Le gouvernement Mauroy lance un emprunt forcé. Les contribuables payant plus de 5 000 francs d’impôt doivent verser à l’État 10% du montant sur le revenu et de l’impôt sur la fortune. C’est une ponction de 14 milliards de francs. Le gouvernement remboursa la totalité en 1985.
1997 l’emprunt Edward Balladur en pleine récession. 110 milliards de francs furent collectés, au lieu des 40 milliards prévus avec un taux attractif de 6%. Cet emprunt s’est révélé très coûteux pour l’État dues aux commissions de placement réglées aux intermédiaires financiers, aux exonérations des taxations sur les plus-values, etc. L’État a donc dû rembourser aux particuliers plus de 96 milliards de francs.
Faut-il créer de nouveaux Livrets réglementés ?
Oui, mais l’État est-il le meilleur gestionnaire ?
En 2017, le taux du Livret A est gelé à 0.75% jusqu’en janvier 2020. Une mauvaise nouvelle pour les petits épargnants, car l’inflation en 2017 a atteint 1%, en 2018 1,8% et en 2019 1,1%. Il a atteint son taux le plus bas en février 2020 à 0,5%, à la veille de la crise de la Covid-19. La formule de calcul du taux a été changée le 14 juin 2018 et mise à jour par l’arrêté du 27 janvier 2021.
Début 2023, le taux du Livret A était à 2%, il sera à un taux de 3% au 1er février 2023 avec une inflation de 4,9%. Encore une très mauvaise nouvelle pour les épargnants qui seront rémunérés à un taux réel de – 1,9% par rapport à l’inflation. Le taux passera à 2,4% au 15 février 2025. De nouveau c’est une mauvaise nouvelle pour les épargnants et une bonne nouvelle pour les banques. Les banques ont prêté aux PME en 2024 à un taux supérieur à 4% (4,67% en septembre 2024).
Dans les Livrets réglementés, il y a le PEL. Depuis plus de 30 ans, le taux d’épargne du PEL n’a cessé de diminuer… Le taux du PEL au 1er janvier 2025 tombe à 1,75%. Son montant maximal de placement est de 61 200 euros. Depuis 2018, les intérêts perçus du PEL sont soumis à l’impôt sur le revenu et aux prélèvements sociaux (FLAT TAX de 30%), ce qui donne un taux réel (déduction faite du taux de l’inflation) à – 0,27%.
L’encours du PEL au 31 décembre 2024 représente 225,3 milliards d’euros (-12,6% sur un an). Une somme très importante. Les Français doivent pouvoir sortir de leur PEL sans pénalités et le transférer à de nouveaux livrets réglementés.
« Les emplois du fonds d’épargne sont fixés par le ministre chargé de l’économie … »faut-il changerla Loi de Modernisation de l’économie (LME) du 4 Août 2008?
Faut-il utiliser les « épargnes populaires » pour financer l’industrie d’armement ?
Le 28 décembre 2023, le Conseil constitutionnel a rejeté l’utilisation de l’épargne populaire (Livret A, Livret de développement durable) pour financer l’industrie de la Défense, après l’adoption en force de la loi de finances 2024 le 22 par un nouveau recours au 49-3. Pourquoi le Sénat repart à l’attaque ?
Pour une croissance auto-entretenue et vigilante
Les banques excluent de plus en plus le financement de l’industrie de l’armement. Dans la situation actuelle, notre économie a besoin des investissements publics pour soutenir la croissance et éviter les dérapages des finances publiques. Le gouvernement préfère les dépenses d’armements aux investissements écologiques, numériques ou sociaux. Les armements constituent un investissement improductif à court et long terme. Nécessaires pour la dissuasion, pour aider l’Ukraine, etc. Il faut être prêt pour une guerre de haute intensité, car le pire est suffisamment probable.
Si la France investissait uniquement dans l’armement, que les armes soient employées ou non, ces fonds n’auraient pas servi à la croissance auto-entretenue par des investissements dans de nouvelles technologies, l’écologie, la santé, etc. L’origine des fonds doit se faire autrement.
Des nouveaux livrets réglementés pour stimuler la croissance et prévoir de nouveaux budgets régaliens.
De 2024 à 2030, la France disposera d’un budget total de l’armée de 400 Md€. La France peut revenir rapidement à un budget comme en 1970 (3,5% du PIB) si la croissance est portée par la transition écologique, la santé, l’énergie, le numérique, etc. Et non uniquement par une économie militarisée. En 2024, le taux d’épargne des ménages a atteint 18,2 % de leur revenu disponible brut, marquant une progression de 1,3 point par rapport à 2023. L’État français devrait créer immédiatement des Livrets réglementés et spécialisés gérés par des établissements de crédit publics et paritaires. Chaque citoyen doit décider de la destination de son argent. Avec des plafonds de versement, ces livrets seraient garantis et rémunérés. Les nouveaux contrats devraient présenter plusieurs atouts pour les consommateurs : flexibilité, frais de gestion nuls, pas de frais de transfert, avantages fiscaux, stabilité du contrat, etc.
Avec une croissance prévue à 0,7% en 2025, une production industrielle encore en baisse, le nombre de demandeurs d’emploi en forte hausse, un besoin de 180 milliards d’euros d’effort rien que pour stabiliser la dette à l’horizon 2030 (en tenant compte de la hausse des besoins en matière de défense), il faut investir.
Il faut investir 1% du PIB par an pendant 4-5 ans, comme l’Allemagne qui s’apprête à engager 1 000 milliards d’euros pour la défense et ses infrastructures. À titre d’exemple : 100 milliards par an pour le pacte vert, 50 milliards pour le pacte républicain de solidarité, 40 milliards pour le pacte dépendance et handicap et 10 milliards pour le pacte ruralité, etc.
Il faut la confiance des ménages avec un contrat stable ; un plafond et une fiscalité inchangée jusqu’à fin 2030 ; un taux de rémunération égal au taux des obligations d’État à 10 ans (supérieur à 3% en 2025, le taux d’emprunt France à 10 ans est de 3,55 au 13 mars 2025) ; la gestion de l’épargne conservée par des établissements de crédits publics paritaires ; une centralisation à 90% à la Caisse des dépôts et consignations avec une répartition de chaque Livret réglementé à 90% selon le choix de l’épargnant.
D’après le FMI en 2020 : dans une période de grande incertitude, « une augmentation de l’investissement public égale à 1% du PIB renforcerait la confiance dans le redémarrage de l’activité et dynamiserait le PIB de 2,7%, l’investissement privé de 10% et l’emploi de 1,2%, à condition que les projets retenus portent sur des investissements haute qualité et que les niveaux préexistants de dette publique et privée n’affaiblissent pas la réponse du secteur privé à cette relance. »
À titre d’exemple, pour un investissement de 1% du PIB soit 291 milliards d’euros (PIB 2024 en valeur 2 917 milliards d’euros) le multiplicateur budgétaire est évalué à 1% sur 1 an (OFCE). Le PIB sera dynamisé de 291 milliards d’euros. Dans une économie comme la France, caractérisée par une pression fiscale de 43,2%, la recette fiscale additionnelle serait de 125,71 milliards d’euros en 2025. Pour stabiliser la dette il faut uniquement 18 mois. Il faut 3 ans pour réduire le déficit à moins de 3% du PIB. La France réalisera, en 2025, l’ajustement budgétaire évalué à 110 milliards d’euros estimée par la Cour des comptes.
« Lorsqu’un gouvernement dépend des banquiers pour l’argent, ce sont eux et non les dirigeants du gouvernement qui contrôlent la situation »Napoléon Bonaparte.
France: Comment trouver les moyens de financement
France: Comment trouver les moyens de financement
Financer les efforts de guerre sans s’endetter, sans augmenter les impôts, sans sacrifier le modèle social et l’environnement, sans emprunt national ni Livret défense… C’est possible ! Par Gabriel Gaspard, Chef d’entreprise à la retraite, spécialiste en économie financière dans la Tribune.
Investir dans la défense, les Français sont majoritairement favorables, mais 6 Français sur 10 refusent que leur épargne serve au financement de la Défense. Le déficit public a atteint 6,1% en 2024 avec un ratio d’endettement par rapport au PIB de 109,7%. Il va falloir faire d’autres choix que l’endettement extérieur pour soutenir l’économie et équilibrer le budget. Pour assurer le court et le long terme, la souveraineté et la sécurité, la seule solution envisageable serait d’utiliser l’épargne des Français pour des investissements massifs autres que régaliens.
La demande d’État des citoyens français dans les domaines régaliens reste très forte. L’affirmation des monopoles régaliens est historiquement indissociable de celle de la souveraineté nationale. L’État doit trouver le financement de son armée dans son propre budget. Il faut donc utiliser l’épargne des Français pour créer de la croissance productive et utile via des livrets réglementés gérés par des établissements de crédit publics garantis par l’État. Ces fonds serviraient à accompagner la vie, soutenir l’économie, protéger la terre, créer de la croissance et libérer de nouveaux budgets régaliens.
Les Français sont prêts, mais moins d’un quart font confiance à leur gouvernement. Pour les épargnants, l’instabilité des lois et des règlements sont devenus des vecteurs influents d’insécurité financière.
À la Libération, le développement industriel a été fortement façonné par l’action des pouvoirs publics. Le développement des entreprises nationalisées et les aides au développement ont largement participé à la remise sur pied du système productif, donc au renforcement du processus de croissance. Il est largement admis que la période de reconstruction, qui s’est achevée au début des années 1950, a contribué à renforcer cette croissance, sous l’impulsion aussi de l’action de l’État. Il reste que le développement des systèmes d’armement pendant les « trente glorieuses » a joué un rôle déterminant dans les performances de croissance enregistrées au cours des années 1950 et 1960. En 1960 la France a consacré 5,4% de son PIB aux dépenses militaires (9% pour les États-Unis), en 1970 3,5% et en 2022 1,9% (3,5% pour les États-Unis) d’après les données de la Banque mondiale.
Après la pandémie, et plus de trois ans après le début de la guerre à la porte de l’Europe, la France et l’Europe se réveillent et admettent qu’il faut se réarmer pour gagner la guerre en Ukraine. Les moyens consacrés à la défense doivent être augmentés pour sauvegarder les dividendes de la paix.
Faut-il emprunter plus
Le nouveau plan de la Commission européenne de 800 milliards d’euros pour « réarmer l’Europe », dévoilé le 4 mars 2025, prévoit quelque 150 milliards d’euros de prêts qui seront mis à la disposition des 27 pays de l’Union européenne pour soutenir leurs capacités de défense en Europe. La présidente de la Commission encourage plutôt les États membres à emprunter plus pour leurs dépenses militaires : le non-respect des critères de convergence « permettra aux États membres d’augmenter de manière significative leurs dépenses de défense sans déclencher la procédure de déficit excessif ». Ce n’est pas la bonne solution pour la France. Surendettée, elle est sous la pression des agences de notation américaine.
L’exemple de la Grèce, de la Suède et du Portugal.
La Grèce a subi de plein fouet les conséquences de réduction de ses dépenses publiques. Le 08 décembre 2009, l’agence de notation Fitch annonce sa décision de ramener la note de la dette publique grecque de A- à BBB+ avec une perspective négative. Le problème mis en lumière était le surendettement. La solution résidait dans la baisse des dépenses, baisse des retraites et des salaires, etc. Elle a créé une véritable cure d’austérité. L’efficacité de ces mesures a été remise en cause.
En Suède, le choix s’est porté sur des réductions de l’emploi public. Les dépenses publiques à 70% du PIB en 1993 ont fortement diminué à 37% en 2012. Avec des réformes importantes de son système social et de retraite, l’emploi qui était majoritairement public est devenu essentiellement privé. En réalité l’amélioration de la situation budgétaire est due uniquement à une forte croissance.
Reste le cas du Portugal. De 2011 à 2018, le Portugal a suivi deux politiques économiques différentes. La première infligée par la Troïka (les instances européennes et le FMI) qui ont imposé une violente cure d’austérité qui a contraint à l’exil plus de 340 000 Portugais et jeté dans la pauvreté plus de 2 millions de personnes. D’après les prévisions de la Troïka, de 2010 à 2014 le déficit public devait chuter de 9,8% à 2,3% en 2014. Ce fut un échec. Le déficit termina l’année 2014 à 7,2%. Après les élections d’octobre 2015, la seconde adopte l’opposé de la première politique tout en respectant les critères de convergences. Elle allège l’austérité par des mesures de soutien à la demande (accroissement du salaire minimum mensuel, privatisations, programme de valorisation de la fonction publique, etc.). Le taux de croissance atteint 2,2% en 2019, le chômage tombe à 6,5% et le déficit à 0,2%.
Faut-il augmenter les impôts ?
La France est déjà numéro un eu
ropéen du ratio (impôts + taxes + cotisations) / PIB. Le montant de ses prélèvements obligatoires en France est de 1 218Md€, soit 43,2% du PIB, en 2023. Il était près de 1 194Md€ (45,0% du PIB) en 2022 selon l’Insee. « Chaque impôt, considéré en lui-même, et de même l’ensemble du système fiscal d’un pays, se détruit lui-même en dépassant un certain niveau des taux de prélèvement » Ludwig von Mises. Pour les plus riches, il serait plus percutant de réviser les lois du capital. Ne faut-il pas plutôt baisser les impôts et créer de la croissance pour redonner confiance aux entreprises comme aux investisseurs ?
Faut-il un emprunt national?
L’exemple de 1973,1983 et 1993. L’emprunt Giscard à 7% de 1973. À partir de 1978, il fut indexé sur le cours du lingot d’or pour un montant de 6,5 milliards sur quinze ans. En 1988, il a coûté à l’État 92 milliards (capital et intérêts), soit, en francs constants, plus de trois fois et demie, sa valeur d’origine.
Emprunt Mauroy en 1983. Tout de suite après la troisième dévaluation du franc, les réserves de la Banque de France ont chuté, l’inflation s’est envolée au-dessus de 12%. Une partie des capitaux a pris la fuite. La politique de relance est un échec. Le gouvernement Mauroy lance un emprunt forcé. Les contribuables payant plus de 5 000 francs d’impôt doivent verser à l’État 10% du montant sur le revenu et de l’impôt sur la fortune. C’est une ponction de 14 milliards de francs. Le gouvernement remboursa la totalité en 1985.
1997 l’emprunt Edward Balladur en pleine récession. 110 milliards de francs furent collectés, au lieu des 40 milliards prévus avec un taux attractif de 6%. Cet emprunt s’est révélé très coûteux pour l’État dues aux commissions de placement réglées aux intermédiaires financiers, aux exonérations des taxations sur les plus-values, etc. L’État a donc dû rembourser aux particuliers plus de 96 milliards de francs.
Faut-il créer de nouveaux Livrets réglementés ?
Oui, mais l’État est-il le meilleur gestionnaire ?
En 2017, le taux du Livret A est gelé à 0.75% jusqu’en janvier 2020. Une mauvaise nouvelle pour les petits épargnants, car l’inflation en 2017 a atteint 1%, en 2018 1,8% et en 2019 1,1%. Il a atteint son taux le plus bas en février 2020 à 0,5%, à la veille de la crise de la Covid-19. La formule de calcul du taux a été changée le 14 juin 2018 et mise à jour par l’arrêté du 27 janvier 2021.
Début 2023, le taux du Livret A était à 2%, il sera à un taux de 3% au 1er février 2023 avec une inflation de 4,9%. Encore une très mauvaise nouvelle pour les épargnants qui seront rémunérés à un taux réel de – 1,9% par rapport à l’inflation. Le taux passera à 2,4% au 15 février 2025. De nouveau c’est une mauvaise nouvelle pour les épargnants et une bonne nouvelle pour les banques. Les banques ont prêté aux PME en 2024 à un taux supérieur à 4% (4,67% en septembre 2024).
Dans les Livrets réglementés, il y a le PEL. Depuis plus de 30 ans, le taux d’épargne du PEL n’a cessé de diminuer… Le taux du PEL au 1er janvier 2025 tombe à 1,75%. Son montant maximal de placement est de 61 200 euros. Depuis 2018, les intérêts perçus du PEL sont soumis à l’impôt sur le revenu et aux prélèvements sociaux (FLAT TAX de 30%), ce qui donne un taux réel (déduction faite du taux de l’inflation) à – 0,27%.
L’encours du PEL au 31 décembre 2024 représente 225,3 milliards d’euros (-12,6% sur un an). Une somme très importante. Les Français doivent pouvoir sortir de leur PEL sans pénalités et le transférer à de nouveaux livrets réglementés.
« Les emplois du fonds d’épargne sont fixés par le ministre chargé de l’économie … »faut-il changerla Loi de Modernisation de l’économie (LME) du 4 Août 2008?
Faut-il utiliser les « épargnes populaires » pour financer l’industrie d’armement ?
Le 28 décembre 2023, le Conseil constitutionnel a rejeté l’utilisation de l’épargne populaire (Livret A, Livret de développement durable) pour financer l’industrie de la Défense, après l’adoption en force de la loi de finances 2024 le 22 par un nouveau recours au 49-3. Pourquoi le Sénat repart à l’attaque ?
Pour une croissance auto-entretenue et vigilante
Les banques excluent de plus en plus le financement de l’industrie de l’armement. Dans la situation actuelle, notre économie a besoin des investissements publics pour soutenir la croissance et éviter les dérapages des finances publiques. Le gouvernement préfère les dépenses d’armements aux investissements écologiques, numériques ou sociaux. Les armements constituent un investissement improductif à court et long terme. Nécessaires pour la dissuasion, pour aider l’Ukraine, etc. Il faut être prêt pour une guerre de haute intensité, car le pire est suffisamment probable.
Si la France investissait uniquement dans l’armement, que les armes soient employées ou non, ces fonds n’auraient pas servi à la croissance auto-entretenue par des investissements dans de nouvelles technologies, l’écologie, la santé, etc. L’origine des fonds doit se faire autrement.
Des nouveaux livrets réglementés pour stimuler la croissance et prévoir de nouveaux budgets régaliens.
De 2024 à 2030, la France disposera d’un budget total de l’armée de 400 Md€. La France peut revenir rapidement à un budget comme en 1970 (3,5% du PIB) si la croissance est portée par la transition écologique, la santé, l’énergie, le numérique, etc. Et non uniquement par une économie militarisée. En 2024, le taux d’épargne des ménages a atteint 18,2 % de leur revenu disponible brut, marquant une progression de 1,3 point par rapport à 2023. L’État français devrait créer immédiatement des Livrets réglementés et spécialisés gérés par des établissements de crédit publics et paritaires. Chaque citoyen doit décider de la destination de son argent. Avec des plafonds de versement, ces livrets seraient garantis et rémunérés. Les nouveaux contrats devraient présenter plusieurs atouts pour les consommateurs : flexibilité, frais de gestion nuls, pas de frais de transfert, avantages fiscaux, stabilité du contrat, etc.
Avec une croissance prévue à 0,7% en 2025, une production industrielle encore en baisse, le nombre de demandeurs d’emploi en forte hausse, un besoin de 180 milliards d’euros d’effort rien que pour stabiliser la dette à l’horizon 2030 (en tenant compte de la hausse des besoins en matière de défense), il faut investir.
Il faut investir 1% du PIB par an pendant 4-5 ans, comme l’Allemagne qui s’apprête à engager 1 000 milliards d’euros pour la défense et ses infrastructures. À titre d’exemple : 100 milliards par an pour le pacte vert, 50 milliards pour le pacte républicain de solidarité, 40 milliards pour le pacte dépendance et handicap et 10 milliards pour le pacte ruralité, etc.
Il faut la confiance des ménages avec un contrat stable ; un plafond et une fiscalité inchangée jusqu’à fin 2030 ; un taux de rémunération égal au taux des obligations d’État à 10 ans (supérieur à 3% en 2025, le taux d’emprunt France à 10 ans est de 3,55 au 13 mars 2025) ; la gestion de l’épargne conservée par des établissements de crédits publics paritaires ; une centralisation à 90% à la Caisse des dépôts et consignations avec une répartition de chaque Livret réglementé à 90% selon le choix de l’épargnant.
D’après le FMI en 2020 : dans une période de grande incertitude, « une augmentation de l’investissement public égale à 1% du PIB renforcerait la confiance dans le redémarrage de l’activité et dynamiserait le PIB de 2,7%, l’investissement privé de 10% et l’emploi de 1,2%, à condition que les projets retenus portent sur des investissements haute qualité et que les niveaux préexistants de dette publique et privée n’affaiblissent pas la réponse du secteur privé à cette relance. »
À titre d’exemple, pour un investissement de 1% du PIB soit 291 milliards d’euros (PIB 2024 en valeur 2 917 milliards d’euros) le multiplicateur budgétaire est évalué à 1% sur 1 an (OFCE). Le PIB sera dynamisé de 291 milliards d’euros. Dans une économie comme la France, caractérisée par une pression fiscale de 43,2%, la recette fiscale additionnelle serait de 125,71 milliards d’euros en 2025. Pour stabiliser la dette il faut uniquement 18 mois. Il faut 3 ans pour réduire le déficit à moins de 3% du PIB. La France réalisera, en 2025, l’ajustement budgétaire évalué à 110 milliards d’euros estimée par la Cour des comptes.
« Lorsqu’un gouvernement dépend des banquiers pour l’argent, ce sont eux et non les dirigeants du gouvernement qui contrôlent la situation »Napoléon Bonaparte.