Comité d’entreprise d’Air France en faillite ?
Le moins que l’on puisse dire, c’est que certains syndicats ont un rapport très approximatif avec la gestion ; c’est le cas avec le comité d’entreprise d’Air France ; dès lors il ne faut pas s’étonner que ces syndicats aient du mal à comprendre la problématique économique de leur entreprise. S’il était une entreprise comme les autres, le comité central d’entreprise d’Air France, qui gère les activités sociales et culturelles des 49.000 salariés de la compagnie aérienne, serait en faillite. Mais bien qu’il emploie 235 salariés, gère un patrimoine de plusieurs dizaines de millions d’euros et publie des comptes, le CCE d’Air France n’est pas une entreprise ordinaire. Il est dirigé par des élus issus des organisations syndicales représentatives et bénéficie chaque année d’une subvention de la direction d’Air France de 35 millions d’euros qui correspond à 3% de la masse salariale de la compagnie. Un montant qui ne suffira pas à éponger les difficultés financières du CCE dont la dette s’établit à 10 millions d’euros. Depuis une dizaine d’années, les organisations syndicales se sont succédées pour prendre les commandes de l’un des plus importants CE de France sur fond d’accusations de fraudes, de mises en cause, de renversement d’équipes et de procédures judiciaires. L’été dernier, un plan de sauvetage a finalement été lancé par l’équipe de la CGT mise en place en mars 2011 après la désignation d’un mandataire par le tribunal de Bobigny. Objectif: trouver la trésorerie nécessaire pour financer un plan de départs volontaires (PDV) qui réduirait la voilure d’une organisation démesurée. Au total, 90 (sur 246) personnes doivent partir d’ici à la fin février pour un coût global de près de 6 millions d’euros. Mais le CCE n’a plus les moyens de financer ce plan même si 71 volontaires seulement ont levé le doigt. Les élus CFDT et CGC ont donc jugé ces dernières semaines qu’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), plus radical et des cessions d’actifs – option également soutenue par le mandataire judiciaire – s’imposaient pour redresser rapidement la barre. «En tant que syndicalistes, nous sommes surpris que des organisations syndicales réclament un PSE, explique Didier Fauverte, élu CGT. Il n’est pas question qu’on licencie». Pourtant les caisses sont vides. Le secrétaire général du CCE affirme que les salaires pourront être versés, mais il admet que le PDV ne pourra pas être bouclé. Le seul moyen de le financer serait, selon l’équipe actuelle, de percevoir les 35 millions de l’enveloppe annuelle de la direction au lieu de recevoir comme prévu des mensualités de près de 3 millions d’euros. En août, plus de 12 millions d’euros avaient été débloqués par des banques contre des actifs mis en gages et destinés à être vendus. Le CCE possédait 40 centres vacances il y a deux ans. Il lui en reste encore 24. «Sur 17 millions d’euros prévus dans la fiducie – les prêts bancaires gagés – seulement 12 millions ont été versés dans une première tranche, explique Didier Fauverte. Nous attendions le feu vert des élus pour pouvoir débloquer les 5 millions supplémentaires qui auraient financé le plan de départs volontaires». Mais ni la CFE-CGC, ni la CFDT ne jugent que les mesures proposées soient suffisantes. Didier Fauverte a donc été mandaté pour déclarer le CCE en cessation de paiement auprès du Tribunal de Bobigny. Une juridiction qui connaît bien le cas du CCE d’Air France.