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Macron: même sort que Mac Mahon ?

Macron: même sort que Mac Mahon ?

Depuis une quarantaine de jours, le gouvernement Attal est démissionnaire et les représentants de gauche, sous le label Nouveau Front populaire espéraient imposer le nom de Lucie Castets. Face au refus présidentiel, ils sortent furieux de la réunion, évoquant un « Mac-Macron » à l’Élysée pour dénoncer l’attitude présidentielle. L’allusion des représentants de gauche à l’une des plus importantes mais oubliées crises politiques qu’a connu la France ces deux derniers siècles est évidente. La présidence de Patrice de Mac Mahon (1873-1879) est marquée par la tentative des milieux royalistes et bonapartistes de restaurer un roi sur son trône. Il faut dire qu’ils sont galvanisés par les sentiments monarchistes du nouveau locataire de l’Élysée.

Par , docteur en histoire contemporaine, Université de Bordeaux dans The Conversation 

 

Considérée comme une « arme absolue » par les républicains à l’époque, la dissolution brandie par Emmanuel Macron le 9 juin avait été pour la première fois utilisée par Mac Mahon sous la IIIe République, puis remisée par ses successeurs jusqu’à Jacques Chirac en passant par de Gaulle et François Mitterrand. Or son usage suscite toujours un doute à ce que le régime verse dans le pouvoir personnel. La crise actuelle n’échappe donc pas à la règle.Des analyses de qualité chaque jour dans vos mails, gratuitement.

C’est l’avènement de l’« ordre moral » (1873-1877), alliance politique des droites conservatrices (bonapartistes, orléanistes et légitimistes). Les débats institutionnels font rage entre les partisans d’un régime républicain parlementaire (républicains radicaux et modérés, dits opportunistes) et la droite conservatrice. Un compromis est finalement trouvé entre les républicains modérés (centre gauche) et la droite modérée (centre droit) et aboutit à l’adoption des lois constitutionnelles de février et juillet 1875.

Le président de la République obtient un mandat électif de sept ans (élu par les parlementaires) et le droit de dissolution de la Chambre des députés. Cette arme entre les mains d’un seul provoque l’hostilité des républicains radicaux qui refusent le principe alors que ses partisans sont, à droite, satisfaits d’avoir un levier pour contrer les effets néfastes du parlementarisme (coalition et alliances hétéroclites pour composer des majorités gouvernementales).

Les sénatoriales et législatives de 1876 confirment la progression républicaine. Contraint par le résultat des urnes, Mac Mahon appelle la formation d’un cabinet dirigé par un vieux républicain modéré, Jules Simon, ouvrant une nouvelle page d’histoire institutionnelle : celle d’une cohabitation qui ne dit pas son nom pour la première fois dans l’histoire de la République française.

La crise du 16 mai 1877

La politique républicaine déplaît fortement au président qui n’a pas les moyens constitutionnels de s’y opposer (ses actes, selon la constitution de 1875 sont contresignés obligatoirement par un ministre) sauf la dissolution. Mac Mahon attend l’occasion pour réaliser cet acte.

Il la trouve au printemps 1877 lorsque le pape Pie XI demande à tous les catholiques de militer pour l’indépendance du Vatican vis-à-vis de l’unité italienne.

En effet, en France, depuis le Concordat signé par Napoléon 1ᵉʳ en 1801 avec l’Église catholique, le clergé français est très proche de la politique pontificale et ne peut supporter que Pie IX soit « enfermé » au Vatican (Rome doit devenir la nouvelle capitale du nouveau pays italien mais sans la présence du pape). Ils proposent alors que l’armée française intervienne comme elle l’avait fait en 1849.

En France, cette décision ravive l’anticléricalisme de la gauche française. Gambetta, dénonçant la décision des évêques de France de suivre les injonctions pontificales et craignant une guerre avec l’Italie, déclare à la tribune : « Le cléricalisme, voilà l’ennemi ». Jules Simon ne s’oppose pas à cette prise de position provoquant l’ire présidentielle.

Dans une lettre que Mac Mahon lui adresse le 16 mai 1877, le président fait des reproches sur la politique extérieure du gouvernement. Jules Simon démissionne dans la foulée. C’est le début de la crise du Seize-Mai 1877. Les opposants républicains crient au coup d’État organisé par le palais de l’Élysée. La brutalité de la décision présidentielle autant que son caractère inédit expliquent cette levée de boucliers contre Mac Mahon.

Le président nomme un gouvernement de combat, appelé « le ministère du Seize-Mai » composé de personnalités politiques conservatrices, les orléanistes (monarchistes modérés), les légitimistes (monarchistes radicaux) et les bonapartistes.

Il confie la tête du gouvernement et le ministère de la Justice (cela se faisait souvent en ces débuts de république) à Albert de Broglie, orléaniste modéré mais profondément attaché au catholicisme.

Les ministères sont distribués en respectant l’équilibre politique entre les différentes composantes. Mais c’est surtout l’action du ministre de l’Intérieur Fourtou qui suscite le plus d’opposition de la part des républicains. Ce ministre, déjà en fonction en 1874 a une réputation d’être brutal et sans concession.

La valse des préfets et des sous-préfets ainsi que des fonctionnaires hostiles (donc républicains) au gouvernement provoque un mur de protestations. Dans un manifeste, les 363 députés républicains s’opposent vivement contre la nomination d’un président du Conseil monarchiste alors que la Chambre est majoritairement républicaine.

Cette dernière devient donc un obstacle à la réalisation du projet gouvernemental et Mac Mahon décide de dissoudre le 14 juin 1877, provoquant de facto de nouvelles élections législatives qui se tiennent les 14 et 28 octobre suivants.

Dès le départ, le président fait savoir qu’il envisage une résistance si les élections ne sont pas favorables à son camp. Gambetta prévient :

« Quand la France aura fait entendre sa voix souveraine, il faudra se soumettre ou se démettre. » (Discours de Lille août 1877)

Le ministre Fourtou ordonne aux préfets de suivre étroitement, dans leur département, les républicains : une surveillance étroite des journaux, des cafés, des fermetures de bibliothèques, de loges maçonniques dans lesquels les opposants ont leurs habitudes.

Fourtou réactive la candidature officielle, pratique d’un principe d’un Second Empire déchu. Le postulant reçoit d’une manière tout à fait illégitime le soutien financier et matériel de l’État alors que ce dernier se soit d’être neutre et de garantir le bon déroulement du scrutin.

La campagne dans les départements fait rage et les décisions ministérielles s’accélèrent : des suspensions ou de révocations de fonctionnaires, des arrestations comme celle de Gambetta après son discours de Lille en août, se succèdent.

À l’époque où les sondages n’existent pas, le gouvernement redoute une victoire républicaine qui est confirmée dès la fin octobre : sur 533 sièges, la gauche en remporte 313.

Certes, c’est moins que les 363 sortants mais ce n’est pas une victoire de la droite puisqu’aucun des partis (bonapartistes, monarchistes) n’obtient la majorité.

La Chambre des députés demeure républicaine. Logiquement, le président devrait démissionner mais rien dans la constitution ne le contraint. Dans un premier temps, il demande au gouvernement de Broglie de tenter à nouveau de renverser la vapeur (élections cantonales en novembre 1877) mais cela devient impossible. Les républicains réclamant le pouvoir. Mac Mahon tente, dans un second temps, de nommer un cabinet sous l’autorité d’un monarchiste modéré, le général de Rochebouet mais la Chambre lui refuse sa confiance.

Il faut à la France un gouvernement républicain. À contrecœur, Mac Mahon le 13 décembre nomme Jules Dufaure (centre gauche). Il a pensé un temps à dissoudre (la constitution ne prévoit pas un délai entre deux dissolutions comme celle de la Ve République) mais le Sénat refuse.

Une fois de plus, Mac Mahon aurait pu démissionner mais il décide de résister depuis l’Élysée. Il y parvient jusqu’en janvier 1879, date à laquelle son camp perd la direction de l’assemblée, ravie par Léon Gambetta.

Alors que son mandat allait jusqu’en mai 1880, le 30 janvier 1879, Mac Mahon quitte le pouvoir. Les républicains choisissent un des leurs, modéré, ancien président du Sénat, Jules Grevy. La mémoire de cet épisode reste ancré dans notre culture politique car le droit de dissolution est demeuré le principe point d’achoppement des forces politiques jusqu’à nos jours.

Macron: même sort que Mac Mahon ?

Macron: même sort que Mac Mahon ?

 

Mardi 3 septembre 2024, la France n’a toujours pas de gouvernement. Le président de la République consulte beaucoup à droite et à gauche pour trouver, selon ses vœux, une majorité la plus stable possible compte tenu des résultats législatifs après la dissolution de juin dernier. Depuis une quarantaine de jours, le gouvernement Attal est démissionnaire et les représentants de gauche, sous le label Nouveau Front populaire espéraient imposer le nom de Lucie Castets. Face au refus présidentiel, ils sortent furieux de la réunion, évoquant un « Mac-Macron » à l’Élysée pour dénoncer l’attitude présidentielle. L’allusion des représentants de gauche à l’une des plus importantes mais oubliées crises politiques qu’a connu la France ces deux derniers siècles est évidente. La présidence de Patrice de Mac Mahon (1873-1879) est marquée par la tentative des milieux royalistes et bonapartistes de restaurer un roi sur son trône. Il faut dire qu’ils sont galvanisés par les sentiments monarchistes du nouveau locataire de l’Élysée.

Par , docteur en histoire contemporaine, Université de Bordeaux dans The Conversation 

 

Considérée comme une « arme absolue » par les républicains à l’époque, la dissolution brandie par Emmanuel Macron le 9 juin avait été pour la première fois utilisée par Mac Mahon sous la IIIe République, puis remisée par ses successeurs jusqu’à Jacques Chirac en passant par de Gaulle et François Mitterrand. Or son usage suscite toujours un doute à ce que le régime verse dans le pouvoir personnel. La crise actuelle n’échappe donc pas à la règle.Des analyses de qualité chaque jour dans vos mails, gratuitement.

C’est l’avènement de l’« ordre moral » (1873-1877), alliance politique des droites conservatrices (bonapartistes, orléanistes et légitimistes). Les débats institutionnels font rage entre les partisans d’un régime républicain parlementaire (républicains radicaux et modérés, dits opportunistes) et la droite conservatrice. Un compromis est finalement trouvé entre les républicains modérés (centre gauche) et la droite modérée (centre droit) et aboutit à l’adoption des lois constitutionnelles de février et juillet 1875.

Le président de la République obtient un mandat électif de sept ans (élu par les parlementaires) et le droit de dissolution de la Chambre des députés. Cette arme entre les mains d’un seul provoque l’hostilité des républicains radicaux qui refusent le principe alors que ses partisans sont, à droite, satisfaits d’avoir un levier pour contrer les effets néfastes du parlementarisme (coalition et alliances hétéroclites pour composer des majorités gouvernementales).

Les sénatoriales et législatives de 1876 confirment la progression républicaine. Contraint par le résultat des urnes, Mac Mahon appelle la formation d’un cabinet dirigé par un vieux républicain modéré, Jules Simon, ouvrant une nouvelle page d’histoire institutionnelle : celle d’une cohabitation qui ne dit pas son nom pour la première fois dans l’histoire de la République française.

La crise du 16 mai 1877

La politique républicaine déplaît fortement au président qui n’a pas les moyens constitutionnels de s’y opposer (ses actes, selon la constitution de 1875 sont contresignés obligatoirement par un ministre) sauf la dissolution. Mac Mahon attend l’occasion pour réaliser cet acte.

Il la trouve au printemps 1877 lorsque le pape Pie XI demande à tous les catholiques de militer pour l’indépendance du Vatican vis-à-vis de l’unité italienne.

En effet, en France, depuis le Concordat signé par Napoléon 1ᵉʳ en 1801 avec l’Église catholique, le clergé français est très proche de la politique pontificale et ne peut supporter que Pie IX soit « enfermé » au Vatican (Rome doit devenir la nouvelle capitale du nouveau pays italien mais sans la présence du pape). Ils proposent alors que l’armée française intervienne comme elle l’avait fait en 1849.

En France, cette décision ravive l’anticléricalisme de la gauche française. Gambetta, dénonçant la décision des évêques de France de suivre les injonctions pontificales et craignant une guerre avec l’Italie, déclare à la tribune : « Le cléricalisme, voilà l’ennemi ». Jules Simon ne s’oppose pas à cette prise de position provoquant l’ire présidentielle.

Dans une lettre que Mac Mahon lui adresse le 16 mai 1877, le président fait des reproches sur la politique extérieure du gouvernement. Jules Simon démissionne dans la foulée. C’est le début de la crise du Seize-Mai 1877. Les opposants républicains crient au coup d’État organisé par le palais de l’Élysée. La brutalité de la décision présidentielle autant que son caractère inédit expliquent cette levée de boucliers contre Mac Mahon.

Le président nomme un gouvernement de combat, appelé « le ministère du Seize-Mai » composé de personnalités politiques conservatrices, les orléanistes (monarchistes modérés), les légitimistes (monarchistes radicaux) et les bonapartistes.

Il confie la tête du gouvernement et le ministère de la Justice (cela se faisait souvent en ces débuts de république) à Albert de Broglie, orléaniste modéré mais profondément attaché au catholicisme.

Les ministères sont distribués en respectant l’équilibre politique entre les différentes composantes. Mais c’est surtout l’action du ministre de l’Intérieur Fourtou qui suscite le plus d’opposition de la part des républicains. Ce ministre, déjà en fonction en 1874 a une réputation d’être brutal et sans concession.

La valse des préfets et des sous-préfets ainsi que des fonctionnaires hostiles (donc républicains) au gouvernement provoque un mur de protestations. Dans un manifeste, les 363 députés républicains s’opposent vivement contre la nomination d’un président du Conseil monarchiste alors que la Chambre est majoritairement républicaine.

Cette dernière devient donc un obstacle à la réalisation du projet gouvernemental et Mac Mahon décide de dissoudre le 14 juin 1877, provoquant de facto de nouvelles élections législatives qui se tiennent les 14 et 28 octobre suivants.

Dès le départ, le président fait savoir qu’il envisage une résistance si les élections ne sont pas favorables à son camp. Gambetta prévient :

« Quand la France aura fait entendre sa voix souveraine, il faudra se soumettre ou se démettre. » (Discours de Lille août 1877)

Le ministre Fourtou ordonne aux préfets de suivre étroitement, dans leur département, les républicains : une surveillance étroite des journaux, des cafés, des fermetures de bibliothèques, de loges maçonniques dans lesquels les opposants ont leurs habitudes.

Fourtou réactive la candidature officielle, pratique d’un principe d’un Second Empire déchu. Le postulant reçoit d’une manière tout à fait illégitime le soutien financier et matériel de l’État alors que ce dernier se soit d’être neutre et de garantir le bon déroulement du scrutin.

La campagne dans les départements fait rage et les décisions ministérielles s’accélèrent : des suspensions ou de révocations de fonctionnaires, des arrestations comme celle de Gambetta après son discours de Lille en août, se succèdent.

À l’époque où les sondages n’existent pas, le gouvernement redoute une victoire républicaine qui est confirmée dès la fin octobre : sur 533 sièges, la gauche en remporte 313.

Certes, c’est moins que les 363 sortants mais ce n’est pas une victoire de la droite puisqu’aucun des partis (bonapartistes, monarchistes) n’obtient la majorité.

La Chambre des députés demeure républicaine. Logiquement, le président devrait démissionner mais rien dans la constitution ne le contraint. Dans un premier temps, il demande au gouvernement de Broglie de tenter à nouveau de renverser la vapeur (élections cantonales en novembre 1877) mais cela devient impossible. Les républicains réclamant le pouvoir. Mac Mahon tente, dans un second temps, de nommer un cabinet sous l’autorité d’un monarchiste modéré, le général de Rochebouet mais la Chambre lui refuse sa confiance.

Il faut à la France un gouvernement républicain. À contrecœur, Mac Mahon le 13 décembre nomme Jules Dufaure (centre gauche). Il a pensé un temps à dissoudre (la constitution ne prévoit pas un délai entre deux dissolutions comme celle de la Ve République) mais le Sénat refuse.

Une fois de plus, Mac Mahon aurait pu démissionner mais il décide de résister depuis l’Élysée. Il y parvient jusqu’en janvier 1879, date à laquelle son camp perd la direction de l’assemblée, ravie par Léon Gambetta.

Alors que son mandat allait jusqu’en mai 1880, le 30 janvier 1879, Mac Mahon quitte le pouvoir. Les républicains choisissent un des leurs, modéré, ancien président du Sénat, Jules Grevy. La mémoire de cet épisode reste ancré dans notre culture politique car le droit de dissolution est demeuré le principe point d’achoppement des forces politiques jusqu’à nos jours.

JO : Une parenthèse heureuse

JO : Une parenthèse heureuse

 

dans la Tribune par Jean Viard sociologue

 

 Paris 2024 suscite un extraordinaire engouement : les drapeaux tricolores remplissent les stades et les fan zones, le Club France affiche complet… Comment l’expliquez-vous ?

JEAN VIARD - J’ai toujours pensé qu’il en serait ainsi, je l’ai dit de nombreuses fois, contre l’esprit décliniste qui envahit trop souvent les médias parisiens et les élites politiques. Les Jeux olympiques sont, par définition, un moment historique pour le pays où ils se déroulent. On s’en souviendra toute notre vie. Les Français se sont organisés en circonstance : s’ils ne sont pas au restaurant le soir ni encore partis en vacances, c’est parce qu’ils regardent les épreuves à la télévision. Ils en ont fait la priorité à un moment unique de l’année : la compétition se tient au milieu de la période de congés, quand tout le pays s’arrête en même temps ou presque. Cette année, les vacances, c’est d’abord les JO en France !

Les supporters français sont souvent déchaînés, y compris pour soutenir des athlètes en bleu peu connus. Que nous arrive-t-il ?

Il y a d’abord le plaisir de la gagne. Suivre un match sans soutenir personne, ça ne fait ni chaud ni froid. Donc on soutient les Bleus. Ils nous font exulter s’ils l’emportent et on pleure avec eux s’ils perdent : l’émotion est garantie quel que soit le résultat. Cela montre la capacité d’un groupe à constituer une communauté nationale. Le sentiment patriotique en sort renforcé – avec des athlètes de toutes les couleurs de peau. Il constitue une force constructive qui se transmet du public aux sportifs par les encouragements, les chants, les applaudissements. Il faut distinguer ce sentiment du nationalisme qui, lui, est une force destructive, mais qui n’est jamais très loin, malheureusement.

On voit beaucoup de jeunes supporters dans le public, pourquoi ?

Les jeunes peuvent s’identifier plus facilement aux sportifs que les autres générations : ce sont des gens du même âge qui sont engagés dans les épreuves. Ils ont sacrifié leur adolescence pour un rêve. Leur dévouement est magnifique, ils vivent le moment le plus intense de leur vie. On peut noter que le pays forme à la fois des champions et des Français : ces athlètes revêtent les mêmes costumes, on leur transmet l’histoire sportive du pays, celle de Pierre de Coubertin, ils chantent La Marseillaise et nous la chantons avec eux.

La France vient de traverser une période de très forte tension politique. Les Jeux sont-ils un exutoire ?

Qu’est-il sorti de la dissolution ? La France est politiquement divisée, car nous traversons une période historique de rupture radicale, avec des sujets tels que le climat, l’immigration, le populisme, l’IA… La crise politique a tendu le pays comme un élastique. Les JO, c’est une parenthèse durant laquelle on se rassemble. Il faut pouvoir en sortir avec élégance. Cela repose sur le chef de l’État. Il doit trouver un Premier ministre, plutôt une femme de centre gauche ou un gaulliste social, capable de dépasser les passions. Que des personnalités telles que Carole Delga et Xavier Bertrand travaillent ensemble, cela serait positif.

Cela montre la capacité d’un groupe à constituer une communauté nationale

 

On peut s’être déchirés politiquement il y a trois semaines et se taper sur l’épaule aujourd’hui ?

Oui, et c’est la démonstration de la force de notre communauté nationale. Les Jeux olympiques offrent une image plus conforme à la réalité que certains discours. Deux enfants sur dix qui naissent en France n’ont pas la peau blanche. Ils seront à leur tour fiers d’être français. Et pourtant, ils seront probablement moins bien formés et moins considérés que les autres. Les difficultés ne disparaissant pas, il faudrait pouvoir transformer cela en force. Mais d’abord y avoir pensé.

Peut-on établir une comparaison avec d’autres moments de communion nationale, comme la Coupe du monde 1998 ou les funérailles de Johnny Hallyday ?

Oui, à condition que l’élan soit entretenu. Après la victoire de 1998, on a célébré la France multiculturelle, il le fallait. Mais les effets furent de courte durée. Il n’y a pas eu d’accompagnement, car le sport n’est pas central dans la constitution du pays. Nous avons peu de réflexions de fond sur le sujet. Certes, il est fréquent de valoriser, pour les garçons, les vertus du sport dans les cités. Mais on ne s’intéresse pas assez au lien social qu’il crée, on parle surtout d’exploits individuels et de paix sociale.

La cérémonie d’ouverture a hérissé l’extrême droite. C’était prévisible ?

Le bashing était déjà à l’œuvre bien auparavant. Une partie des élites et des médias avait décidé que les Jeux olympiques, ce n’était pas bien. Par déni ou idéologie, ils n’ont pas voulu croire à ce que nous voyons. Cette cérémonie était géniale. Certes, il a manqué les sous-titres, les noms des artistes à l’écran, des explications… Je regrette surtout qu’il n’y ait pas eu de tableau valorisant le monde du travail manuel, les ouvriers, les paysans. Ce monde-là reste un peu loin des priorités du monde de la culture. Mais gardons en mémoire le génie français de cette inauguration et des compétitions dans des lieux historiques sublimes.

Les JO donnent-ils de nous l’image dont nous rêvons ?

L’image de la France est donnée au monde entier, ce n’est pas seulement un miroir. Le spectacle est à la gloire de notre architecture, de l’art de vivre, de compétences très haut de gamme, de l’ouverture aussi à des artistes du monde entier. C’est la marque France qui est portée aux sommets. Cela aura un impact sur les ventes de voitures, d’objets culturels, de produits de luxe, le tourisme… L’après-vente compte beaucoup : il s’agit de faire perdurer le désir. Garder les anneaux sur la tour Eiffel et la vasque aux Tuileries est une idée magnifique. On pourrait aussi donner aux rues ou aux places des noms d’athlètes qui auront marqué cette édition. L’après-Jeux olympiques porte des enjeux considérables.

* Dernier ouvrage paru : Pour une société du compromis, avec Laurent Berger, L’Aube.

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Peut-on éviter la crise de régime ?

Peut-on  éviter la crise de régime ?

 Tout en rappelant le contexte politique et historique de la situation politique française abracadabrantesque, le groupe Mars analyse les possibles conséquences des élections législatives d’une victoire du RN ou du Front populaire dans le domaine de la défense. Par le groupe de réflexions Mars. ( dans la Tribune)

Les sondages disaient donc vrai ! Aux élections européennes du 9 juin dernier, près d’un électeur sur trois a choisi, parmi 38, la liste Bardella et 40% des électeurs ont voté pour une liste classée à l’extrême-droite. En cumulant l’ensemble des listes classées à l’extrême-gauche, le total des votes hostiles à la construction européenne actuelle est majoritaire en France. Le chef de l’État en a tiré une conclusion politique tout aussi radicale que ce vote annoncé : il a dissous l’Assemblée nationale et convoqué de nouvelles élections législatives dès que possible. La France aura donc un nouveau Premier ministre le 14 Juillet …

A vrai dire, cet enchaînement institutionnel ne devrait pas constituer une surprise. La crise politique couvait depuis que les précédentes élections législatives il y a deux ans n’avaient pas permis de donner au président une majorité claire. La surprise est ailleurs : dans l’ampleur du soutien populaire dont jouit dorénavant le Rassemblement national (RN), tant géographiquement que sociologiquement. Un exemple suffit à illustrer l’ampleur du phénomène : à l’exception d’une poignée restée fidèles à la tradition de vote rouge, dans toutes les communes de Haute-Vienne le RN est arrivé en tête, et largement.

A Oradour-sur-Glane, où le chef de l’État se trouvait au lendemain de sa déroute électorale, le RN a séduit 36% des votants. Le résultat est similaire dans les communes environnantes et dans quasiment tout le département, y compris Limoges. Inimaginable encore en 2017, un tel résultat devrait provoquer une remise en cause radicale du discours et de la pensée politique. Il n’en est rien.

 Plutôt que de reconnaître son erreur historique d’avoir abandonné l’électorat populaire à l’extrême-droite, la gauche se fait plaisir en annonçant un nouveau « Front populaire ». Sympathique, mais pitoyable. N’est-ce pas Karl Marx qui disait que lorsque l’histoire se répète, c’est la première fois comme une tragédie, et la seconde comme une farce. Il est malgré tout intéressant de tenter de comparer les deux époques. Quand, en 1934, la gauche marxiste française décide d’oublier pour un temps les haines recuites du congrès de Tours, rejointe par des radicaux en perte d’influence, la France, atteinte avec un temps de retard par la crise économique, est menacée par le révisionnisme des dictatures fascistes qui s’installe chez ses plus grands voisins : Italie, Allemagne et prochainement Espagne.

Sur le front intérieur, la menace fasciste semble également se concrétiser depuis les évènements du 6 février qui ont vu les Ligues d’extrême-droite s’en prendre au Parlement. Quant à la condition ouvrière, elle est encore très difficile : en-dehors du paternalisme du patronat chrétien, les avancées sociales sont maigres, tant en termes de conditions de travail, de loisirs, de logement et de protection sociale, et les travailleurs se voient comme « des esclaves en location ».

90 ans plus tard, la situation est tout de même fort différente. La condition ouvrière ne ressemble en rien à celle d’avant 1936, la France n’est pas menacée par ses voisins immédiats et s’il existe une violence politique depuis 50 ans, elle est essentiellement le fait de l’extrême-gauche, des terroristes rouges des « années de plomb » à l’activisme vert radical d’aujourd’hui. Quant à l’antisémitisme, c’est encore à l’extrême gauche qu’il s’exprime aujourd’hui sans retenue. S’il n’est pas de même nature que dans les années trente, la haine du Juif est la même.

Dans ces conditions, la résurgence officielle d’un soi-disant « Front populaire » est problématique pour la crédibilité-même de la gauche, et donc de son avenir politique au sein de la République. L’idéologie révolutionnaire partagée par toutes les chapelles du trotskisme a fait suffisamment de mal à la social-démocratie. Au contraire, c’est sur sa vocation originelle de protection des couches populaires que la gauche doit se reconstruire un avenir afin de récupérer son électorat naturel quand il aura été suffisamment déçu par un RN directement confronté à l’exercice du pouvoir.

En se déplaçant plus au centre de l’hémicycle, le bloc libéralo-centriste n’est pas non plus épargné par les contradictions. Son « progressisme » auto-proclamé est au progrès social ce que le nationalisme de l’extrême-droite est à l’idée de nation : une trahison. Le progrès social (cf. les réformes des retraites et de l’assurance chômage) et les libertés individuelles (cf. la société du QR code et de la reconnaissance faciale) n’ont jamais autant régressé depuis que le pouvoir se dit progressiste. Est-ce qu’un pouvoir qui se dit nationaliste portera autant atteinte aux intérêts de la nation ?

Or le progrès comme la nation sont des idées de gauche. Celle-ci ne peut se reconstruire politiquement sans les assumer à nouveau, non comme des slogans mais pour répondre aux vrais besoins des gens. Ces besoins sont bien connus, à commencer par le sentiment d’insécurité sous toutes ses formes. Mais on ne lutte pas contre l’insécurité, qu’elle soit physique, sociale, culturelle ou relative aux intérêts vitaux de la nation. L’insécurité en tant que telle n’existe pas, c’est juste un slogan, un mot destiné à surtout ne rien faire. Par contre, c’est une réponse pénale adaptée qu’il faut opposer au crime, organisé ou non. C’est un filet de protection sociale raisonnable et adapté qu’il faut entretenir face aux accidents de la vie. C’est une culture particulière qu’il faut préserver et enrichir face à l’appauvrissement des écrans. Et c’est un ennemi, étatique ou non, qu’il faut se préparer à combattre s’il nous agresse.

De la même façon, l’immigration en tant que telle n’est pas un problème, du moins pour une vision de gauche. Par contre, quand on accueille des immigrés, il faut les accueillir vraiment, en leur partageant ce que nous avons de meilleur : notre sécurité (physique et sociale), notre culture, nos valeurs. On ne les laisse pas croupir dans des ghettos où ils s’enferment entre eux dans leurs valeurs réactionnaires sans autre perspective qu’une instruction au rabais et une éducation défaillante pour leurs enfants.

Tous ces défis, la gauche aurait pu et aurait dû les assumer quand elle était au pouvoir. Le fait est qu’aujourd’hui, une majorité de Français, considérant qu’elle a échoué, s’apprête à donner sa chance à un parti aux origines pour le moins controversées. Nul n’ignore que le RN est l’héritier direct du FN qui était il y a 50 ans un groupuscule d’extrême-droite fondé par un ancien député poujadiste antigaulliste qui ne répugnait ni à la violence ni à la provocation. Transformé par la fille du fondateur, le groupuscule a acquis en quelques années une respectabilité nourrie par la somme des erreurs de ses adversaires politiques.

Et voilà aujourd’hui l’ancien groupuscule devenu premier parti de France et peut-être demain majoritaire dans une Assemblée toujours élue par un mode de scrutin qui lui était jusqu’à présent défavorable. Ironie de l’histoire et des institutions, c’est grâce au scrutin majoritaire à deux tours que le RN pourrait demain emporter la majorité absolue des sièges avec moins d’un tiers des voix.

La bonne nouvelle, c’est que son (éventuelle) accession au pouvoir sous le régime de la cohabitation lui évitera de commettre l’irréparable dans bien des domaines, à commencer par celui qui intéresse le groupe Mars au premier chef, à savoir la défense. Réputé hostile à la présence de la France dans l’OTAN, le RN ne parviendra pas à en sortir notre pays du fait de l’opposition du chef des armées (et de tous les chefs militaires) à cette perspective.

Quitter l’OTAN serait en effet une catastrophe pour notre pays, tant du point de vue diplomatique qu’économique, et finalement pour notre sécurité. Vis-à-vis de ses alliés, la France perdrait une crédibilité qu’elle peinerait à reconquérir sous la forme de traités bilatéraux. Quant à ses ennemis potentiels, ils se réjouiraient de l’affaiblissement de sa défense. Car remplacer les garanties de sécurité d’une alliance aussi puissante que l’OTAN aurait un coût que nos finances publiques délabrées ne pourraient pas se permettre. Il en résulterait un déclassement historique de la nation France. Trahison, vous dit-on !

A l’inverse, l’autre bonne nouvelle de ces élections européennes, c’est la déroute des listes dont le programme prévoyait de consacrer davantage de moyens à l’Union européenne de défense, comme disent les Allemands. Il faut dire que la ficelle était un peu grosse : annoncer comme priorité la création d’un fonds de cent milliards d’euros pour la défense, de la part de listes dont les matières régaliennes n’étaient pas le point fort, cela sonnait étrangement faux. Il faut en effet rappeler que l’argent magique n’existe pas et que, par conséquent, si l’UE dépense 100 en plus, la France sera ponctionnée au bas mot de 18, et plus probablement de 20, voire plus en fonction de la position des autres États membres.

En milliards d’euro, cela correspond exactement à une annuité d’investissements dans des équipements de défense, c’est-à-dire le minimum du minimum pour faire face aujourd’hui aux menaces et à nos engagements. Créer un « fonds de défense » à cent milliards reviendrait en réalité à priver notre pays d’une annuité d’achats d’armements et de munitions. Une saignée complètement irresponsable. Ces listes proposaient donc ni plus ni moins que d’affaiblir notre défense au profit d’une avancée de la construction européenne. Et l’on s’étonne ensuite du résultat..

L’effondrement de l’axe central du paysage politique française au profit de ses franges extrémistes tient sans doute moins à l’adhésion spontanée de l’électorat aux discours radicaux qu’à la médiocrité du personnel politique incarnant cet axe central et son incapacité à affronter les vrais défis. La fuite en avant vers le fédéralisme européen (et un inepte discours guerrier tenant lieu de soutien à l’Ukraine agressée) n’est que la conséquence de la vacuité de ses convictions et de son inaptitude à penser la politique dans son cadre naturel qu’est la nation.

Nous voilà donc revenus à l’état naturel d’un affrontement droite-gauche, mais dans sa version monstrueuse. Soucieux avant tout de préserver quelques sièges et les financements qui vont avec, la gauche et la droite modérées s’estiment contraintes, sous la pression de leur électorat respectif, de se livrer aux radicaux de leur « camp ». Tel est l’héritage de l’ère Macron, qui restera sans doute dans l’histoire comme l’illustration d’une mauvaise réponse à une bonne question.

Car le « populisme » de droite ou de gauche ne prospérerait pas sans une réalité que les « modérés » n’ont pas voulu voir et encore moins affronter. La seule réponse raisonnable au défi posé par l’échec de l’axe central est la reconstruction d’une offre politique fondée sur le progrès social et la défense nationale dans toutes ses dimensions, sécuritaire bien-sûr, mais tout autant culturelle et économique. Il n’y aura sans doute pas d’autre solution face à la crise de régime qui s’annonce, quand les institutions resteront bloquées faute de majorité claire et que toute nouvelle dissolution sera suspendue à l’expiration des délais constitutionnels. Le problème est que, à ce jour, cette offre nouvelle n’est pas incarnée. Or la Ve République, au contraire de celles qui ont précédé, exige de mettre un visage et un nom sur un programme.

                     —————————————————————–

* Le groupe Mars, constitué d’une trentaine de personnalités françaises issues d’horizons différents, des secteurs public et privé et du monde universitaire, se mobilise pour produire des analyses relatives aux enjeux concernant les intérêts stratégiques relatifs à l’industrie de défense et de sécurité et les choix technologiques et industriels qui sont à la base de la souveraineté de la France.

Peut-on éviter la crise de régime ?

Peut-on  éviter la crise de régime ?

 Tout en rappelant le contexte politique et historique de la situation politique française abracadabrantesque, le groupe Mars analyse les possibles conséquences des élections législatives d’une victoire du RN ou du Front populaire dans le domaine de la défense. Par le groupe de réflexions Mars. ( dans la Tribune)

Les sondages disaient donc vrai ! Aux élections européennes du 9 juin dernier, près d’un électeur sur trois a choisi, parmi 38, la liste Bardella et 40% des électeurs ont voté pour une liste classée à l’extrême-droite. En cumulant l’ensemble des listes classées à l’extrême-gauche, le total des votes hostiles à la construction européenne actuelle est majoritaire en France. Le chef de l’État en a tiré une conclusion politique tout aussi radicale que ce vote annoncé : il a dissous l’Assemblée nationale et convoqué de nouvelles élections législatives dès que possible. La France aura donc un nouveau Premier ministre le 14 Juillet …

A vrai dire, cet enchaînement institutionnel ne devrait pas constituer une surprise. La crise politique couvait depuis que les précédentes élections législatives il y a deux ans n’avaient pas permis de donner au président une majorité claire. La surprise est ailleurs : dans l’ampleur du soutien populaire dont jouit dorénavant le Rassemblement national (RN), tant géographiquement que sociologiquement. Un exemple suffit à illustrer l’ampleur du phénomène : à l’exception d’une poignée restée fidèles à la tradition de vote rouge, dans toutes les communes de Haute-Vienne le RN est arrivé en tête, et largement.

A Oradour-sur-Glane, où le chef de l’État se trouvait au lendemain de sa déroute électorale, le RN a séduit 36% des votants. Le résultat est similaire dans les communes environnantes et dans quasiment tout le département, y compris Limoges. Inimaginable encore en 2017, un tel résultat devrait provoquer une remise en cause radicale du discours et de la pensée politique. Il n’en est rien.

 Plutôt que de reconnaître son erreur historique d’avoir abandonné l’électorat populaire à l’extrême-droite, la gauche se fait plaisir en annonçant un nouveau « Front populaire ». Sympathique, mais pitoyable. N’est-ce pas Karl Marx qui disait que lorsque l’histoire se répète, c’est la première fois comme une tragédie, et la seconde comme une farce. Il est malgré tout intéressant de tenter de comparer les deux époques. Quand, en 1934, la gauche marxiste française décide d’oublier pour un temps les haines recuites du congrès de Tours, rejointe par des radicaux en perte d’influence, la France, atteinte avec un temps de retard par la crise économique, est menacée par le révisionnisme des dictatures fascistes qui s’installe chez ses plus grands voisins : Italie, Allemagne et prochainement Espagne.

Sur le front intérieur, la menace fasciste semble également se concrétiser depuis les évènements du 6 février qui ont vu les Ligues d’extrême-droite s’en prendre au Parlement. Quant à la condition ouvrière, elle est encore très difficile : en-dehors du paternalisme du patronat chrétien, les avancées sociales sont maigres, tant en termes de conditions de travail, de loisirs, de logement et de protection sociale, et les travailleurs se voient comme « des esclaves en location ».

90 ans plus tard, la situation est tout de même fort différente. La condition ouvrière ne ressemble en rien à celle d’avant 1936, la France n’est pas menacée par ses voisins immédiats et s’il existe une violence politique depuis 50 ans, elle est essentiellement le fait de l’extrême-gauche, des terroristes rouges des « années de plomb » à l’activisme vert radical d’aujourd’hui. Quant à l’antisémitisme, c’est encore à l’extrême gauche qu’il s’exprime aujourd’hui sans retenue. S’il n’est pas de même nature que dans les années trente, la haine du Juif est la même.

Dans ces conditions, la résurgence officielle d’un soi-disant « Front populaire » est problématique pour la crédibilité-même de la gauche, et donc de son avenir politique au sein de la République. L’idéologie révolutionnaire partagée par toutes les chapelles du trotskisme a fait suffisamment de mal à la social-démocratie. Au contraire, c’est sur sa vocation originelle de protection des couches populaires que la gauche doit se reconstruire un avenir afin de récupérer son électorat naturel quand il aura été suffisamment déçu par un RN directement confronté à l’exercice du pouvoir.

En se déplaçant plus au centre de l’hémicycle, le bloc libéralo-centriste n’est pas non plus épargné par les contradictions. Son « progressisme » auto-proclamé est au progrès social ce que le nationalisme de l’extrême-droite est à l’idée de nation : une trahison. Le progrès social (cf. les réformes des retraites et de l’assurance chômage) et les libertés individuelles (cf. la société du QR code et de la reconnaissance faciale) n’ont jamais autant régressé depuis que le pouvoir se dit progressiste. Est-ce qu’un pouvoir qui se dit nationaliste portera autant atteinte aux intérêts de la nation ?

Or le progrès comme la nation sont des idées de gauche. Celle-ci ne peut se reconstruire politiquement sans les assumer à nouveau, non comme des slogans mais pour répondre aux vrais besoins des gens. Ces besoins sont bien connus, à commencer par le sentiment d’insécurité sous toutes ses formes. Mais on ne lutte pas contre l’insécurité, qu’elle soit physique, sociale, culturelle ou relative aux intérêts vitaux de la nation. L’insécurité en tant que telle n’existe pas, c’est juste un slogan, un mot destiné à surtout ne rien faire. Par contre, c’est une réponse pénale adaptée qu’il faut opposer au crime, organisé ou non. C’est un filet de protection sociale raisonnable et adapté qu’il faut entretenir face aux accidents de la vie. C’est une culture particulière qu’il faut préserver et enrichir face à l’appauvrissement des écrans. Et c’est un ennemi, étatique ou non, qu’il faut se préparer à combattre s’il nous agresse.

De la même façon, l’immigration en tant que telle n’est pas un problème, du moins pour une vision de gauche. Par contre, quand on accueille des immigrés, il faut les accueillir vraiment, en leur partageant ce que nous avons de meilleur : notre sécurité (physique et sociale), notre culture, nos valeurs. On ne les laisse pas croupir dans des ghettos où ils s’enferment entre eux dans leurs valeurs réactionnaires sans autre perspective qu’une instruction au rabais et une éducation défaillante pour leurs enfants.

Tous ces défis, la gauche aurait pu et aurait dû les assumer quand elle était au pouvoir. Le fait est qu’aujourd’hui, une majorité de Français, considérant qu’elle a échoué, s’apprête à donner sa chance à un parti aux origines pour le moins controversées. Nul n’ignore que le RN est l’héritier direct du FN qui était il y a 50 ans un groupuscule d’extrême-droite fondé par un ancien député poujadiste antigaulliste qui ne répugnait ni à la violence ni à la provocation. Transformé par la fille du fondateur, le groupuscule a acquis en quelques années une respectabilité nourrie par la somme des erreurs de ses adversaires politiques.

Et voilà aujourd’hui l’ancien groupuscule devenu premier parti de France et peut-être demain majoritaire dans une Assemblée toujours élue par un mode de scrutin qui lui était jusqu’à présent défavorable. Ironie de l’histoire et des institutions, c’est grâce au scrutin majoritaire à deux tours que le RN pourrait demain emporter la majorité absolue des sièges avec moins d’un tiers des voix.

La bonne nouvelle, c’est que son (éventuelle) accession au pouvoir sous le régime de la cohabitation lui évitera de commettre l’irréparable dans bien des domaines, à commencer par celui qui intéresse le groupe Mars au premier chef, à savoir la défense. Réputé hostile à la présence de la France dans l’OTAN, le RN ne parviendra pas à en sortir notre pays du fait de l’opposition du chef des armées (et de tous les chefs militaires) à cette perspective.

Quitter l’OTAN serait en effet une catastrophe pour notre pays, tant du point de vue diplomatique qu’économique, et finalement pour notre sécurité. Vis-à-vis de ses alliés, la France perdrait une crédibilité qu’elle peinerait à reconquérir sous la forme de traités bilatéraux. Quant à ses ennemis potentiels, ils se réjouiraient de l’affaiblissement de sa défense. Car remplacer les garanties de sécurité d’une alliance aussi puissante que l’OTAN aurait un coût que nos finances publiques délabrées ne pourraient pas se permettre. Il en résulterait un déclassement historique de la nation France. Trahison, vous dit-on !

A l’inverse, l’autre bonne nouvelle de ces élections européennes, c’est la déroute des listes dont le programme prévoyait de consacrer davantage de moyens à l’Union européenne de défense, comme disent les Allemands. Il faut dire que la ficelle était un peu grosse : annoncer comme priorité la création d’un fonds de cent milliards d’euros pour la défense, de la part de listes dont les matières régaliennes n’étaient pas le point fort, cela sonnait étrangement faux. Il faut en effet rappeler que l’argent magique n’existe pas et que, par conséquent, si l’UE dépense 100 en plus, la France sera ponctionnée au bas mot de 18, et plus probablement de 20, voire plus en fonction de la position des autres États membres.

En milliards d’euro, cela correspond exactement à une annuité d’investissements dans des équipements de défense, c’est-à-dire le minimum du minimum pour faire face aujourd’hui aux menaces et à nos engagements. Créer un « fonds de défense » à cent milliards reviendrait en réalité à priver notre pays d’une annuité d’achats d’armements et de munitions. Une saignée complètement irresponsable. Ces listes proposaient donc ni plus ni moins que d’affaiblir notre défense au profit d’une avancée de la construction européenne. Et l’on s’étonne ensuite du résultat..

L’effondrement de l’axe central du paysage politique française au profit de ses franges extrémistes tient sans doute moins à l’adhésion spontanée de l’électorat aux discours radicaux qu’à la médiocrité du personnel politique incarnant cet axe central et son incapacité à affronter les vrais défis. La fuite en avant vers le fédéralisme européen (et un inepte discours guerrier tenant lieu de soutien à l’Ukraine agressée) n’est que la conséquence de la vacuité de ses convictions et de son inaptitude à penser la politique dans son cadre naturel qu’est la nation.

Nous voilà donc revenus à l’état naturel d’un affrontement droite-gauche, mais dans sa version monstrueuse. Soucieux avant tout de préserver quelques sièges et les financements qui vont avec, la gauche et la droite modérées s’estiment contraintes, sous la pression de leur électorat respectif, de se livrer aux radicaux de leur « camp ». Tel est l’héritage de l’ère Macron, qui restera sans doute dans l’histoire comme l’illustration d’une mauvaise réponse à une bonne question.

Car le « populisme » de droite ou de gauche ne prospérerait pas sans une réalité que les « modérés » n’ont pas voulu voir et encore moins affronter. La seule réponse raisonnable au défi posé par l’échec de l’axe central est la reconstruction d’une offre politique fondée sur le progrès social et la défense nationale dans toutes ses dimensions, sécuritaire bien-sûr, mais tout autant culturelle et économique. Il n’y aura sans doute pas d’autre solution face à la crise de régime qui s’annonce, quand les institutions resteront bloquées faute de majorité claire et que toute nouvelle dissolution sera suspendue à l’expiration des délais constitutionnels. Le problème est que, à ce jour, cette offre nouvelle n’est pas incarnée. Or la Ve République, au contraire de celles qui ont précédé, exige de mettre un visage et un nom sur un programme.

                     —————————————————————–

* Le groupe Mars, constitué d’une trentaine de personnalités françaises issues d’horizons différents, des secteurs public et privé et du monde universitaire, se mobilise pour produire des analyses relatives aux enjeux concernant les intérêts stratégiques relatifs à l’industrie de défense et de sécurité et les choix technologiques et industriels qui sont à la base de la souveraineté de la France.

Comment éviter la crise de régime

Comment éviter la crise de régime

 Tout en rappelant le contexte politique et historique de la situation politique française abracadabrantesque, le groupe Mars analyse les possibles conséquences des élections législatives d’une victoire du RN ou du Front populaire dans le domaine de la défense. Par le groupe de réflexions Mars. ( dans la Tribune)

Les sondages disaient donc vrai ! Aux élections européennes du 9 juin dernier, près d’un électeur sur trois a choisi, parmi 38, la liste Bardella et 40% des électeurs ont voté pour une liste classée à l’extrême-droite. En cumulant l’ensemble des listes classées à l’extrême-gauche, le total des votes hostiles à la construction européenne actuelle est majoritaire en France. Le chef de l’État en a tiré une conclusion politique tout aussi radicale que ce vote annoncé : il a dissous l’Assemblée nationale et convoqué de nouvelles élections législatives dès que possible. La France aura donc un nouveau Premier ministre le 14 Juillet …

A vrai dire, cet enchaînement institutionnel ne devrait pas constituer une surprise. La crise politique couvait depuis que les précédentes élections législatives il y a deux ans n’avaient pas permis de donner au président une majorité claire. La surprise est ailleurs : dans l’ampleur du soutien populaire dont jouit dorénavant le Rassemblement national (RN), tant géographiquement que sociologiquement. Un exemple suffit à illustrer l’ampleur du phénomène : à l’exception d’une poignée restée fidèles à la tradition de vote rouge, dans toutes les communes de Haute-Vienne le RN est arrivé en tête, et largement.

A Oradour-sur-Glane, où le chef de l’État se trouvait au lendemain de sa déroute électorale, le RN a séduit 36% des votants. Le résultat est similaire dans les communes environnantes et dans quasiment tout le département, y compris Limoges. Inimaginable encore en 2017, un tel résultat devrait provoquer une remise en cause radicale du discours et de la pensée politique. Il n’en est rien.

 Plutôt que de reconnaître son erreur historique d’avoir abandonné l’électorat populaire à l’extrême-droite, la gauche se fait plaisir en annonçant un nouveau « Front populaire ». Sympathique, mais pitoyable. N’est-ce pas Karl Marx qui disait que lorsque l’histoire se répète, c’est la première fois comme une tragédie, et la seconde comme une farce. Il est malgré tout intéressant de tenter de comparer les deux époques. Quand, en 1934, la gauche marxiste française décide d’oublier pour un temps les haines recuites du congrès de Tours, rejointe par des radicaux en perte d’influence, la France, atteinte avec un temps de retard par la crise économique, est menacée par le révisionnisme des dictatures fascistes qui s’installe chez ses plus grands voisins : Italie, Allemagne et prochainement Espagne.

Sur le front intérieur, la menace fasciste semble également se concrétiser depuis les évènements du 6 février qui ont vu les Ligues d’extrême-droite s’en prendre au Parlement. Quant à la condition ouvrière, elle est encore très difficile : en-dehors du paternalisme du patronat chrétien, les avancées sociales sont maigres, tant en termes de conditions de travail, de loisirs, de logement et de protection sociale, et les travailleurs se voient comme « des esclaves en location ».

90 ans plus tard, la situation est tout de même fort différente. La condition ouvrière ne ressemble en rien à celle d’avant 1936, la France n’est pas menacée par ses voisins immédiats et s’il existe une violence politique depuis 50 ans, elle est essentiellement le fait de l’extrême-gauche, des terroristes rouges des « années de plomb » à l’activisme vert radical d’aujourd’hui. Quant à l’antisémitisme, c’est encore à l’extrême gauche qu’il s’exprime aujourd’hui sans retenue. S’il n’est pas de même nature que dans les années trente, la haine du Juif est la même.

Dans ces conditions, la résurgence officielle d’un soi-disant « Front populaire » est problématique pour la crédibilité-même de la gauche, et donc de son avenir politique au sein de la République. L’idéologie révolutionnaire partagée par toutes les chapelles du trotskisme a fait suffisamment de mal à la social-démocratie. Au contraire, c’est sur sa vocation originelle de protection des couches populaires que la gauche doit se reconstruire un avenir afin de récupérer son électorat naturel quand il aura été suffisamment déçu par un RN directement confronté à l’exercice du pouvoir.

En se déplaçant plus au centre de l’hémicycle, le bloc libéralo-centriste n’est pas non plus épargné par les contradictions. Son « progressisme » auto-proclamé est au progrès social ce que le nationalisme de l’extrême-droite est à l’idée de nation : une trahison. Le progrès social (cf. les réformes des retraites et de l’assurance chômage) et les libertés individuelles (cf. la société du QR code et de la reconnaissance faciale) n’ont jamais autant régressé depuis que le pouvoir se dit progressiste. Est-ce qu’un pouvoir qui se dit nationaliste portera autant atteinte aux intérêts de la nation ?

Or le progrès comme la nation sont des idées de gauche. Celle-ci ne peut se reconstruire politiquement sans les assumer à nouveau, non comme des slogans mais pour répondre aux vrais besoins des gens. Ces besoins sont bien connus, à commencer par le sentiment d’insécurité sous toutes ses formes. Mais on ne lutte pas contre l’insécurité, qu’elle soit physique, sociale, culturelle ou relative aux intérêts vitaux de la nation. L’insécurité en tant que telle n’existe pas, c’est juste un slogan, un mot destiné à surtout ne rien faire. Par contre, c’est une réponse pénale adaptée qu’il faut opposer au crime, organisé ou non. C’est un filet de protection sociale raisonnable et adapté qu’il faut entretenir face aux accidents de la vie. C’est une culture particulière qu’il faut préserver et enrichir face à l’appauvrissement des écrans. Et c’est un ennemi, étatique ou non, qu’il faut se préparer à combattre s’il nous agresse.

De la même façon, l’immigration en tant que telle n’est pas un problème, du moins pour une vision de gauche. Par contre, quand on accueille des immigrés, il faut les accueillir vraiment, en leur partageant ce que nous avons de meilleur : notre sécurité (physique et sociale), notre culture, nos valeurs. On ne les laisse pas croupir dans des ghettos où ils s’enferment entre eux dans leurs valeurs réactionnaires sans autre perspective qu’une instruction au rabais et une éducation défaillante pour leurs enfants.

Tous ces défis, la gauche aurait pu et aurait dû les assumer quand elle était au pouvoir. Le fait est qu’aujourd’hui, une majorité de Français, considérant qu’elle a échoué, s’apprête à donner sa chance à un parti aux origines pour le moins controversées. Nul n’ignore que le RN est l’héritier direct du FN qui était il y a 50 ans un groupuscule d’extrême-droite fondé par un ancien député poujadiste antigaulliste qui ne répugnait ni à la violence ni à la provocation. Transformé par la fille du fondateur, le groupuscule a acquis en quelques années une respectabilité nourrie par la somme des erreurs de ses adversaires politiques.

Et voilà aujourd’hui l’ancien groupuscule devenu premier parti de France et peut-être demain majoritaire dans une Assemblée toujours élue par un mode de scrutin qui lui était jusqu’à présent défavorable. Ironie de l’histoire et des institutions, c’est grâce au scrutin majoritaire à deux tours que le RN pourrait demain emporter la majorité absolue des sièges avec moins d’un tiers des voix.

La bonne nouvelle, c’est que son (éventuelle) accession au pouvoir sous le régime de la cohabitation lui évitera de commettre l’irréparable dans bien des domaines, à commencer par celui qui intéresse le groupe Mars au premier chef, à savoir la défense. Réputé hostile à la présence de la France dans l’OTAN, le RN ne parviendra pas à en sortir notre pays du fait de l’opposition du chef des armées (et de tous les chefs militaires) à cette perspective.

Quitter l’OTAN serait en effet une catastrophe pour notre pays, tant du point de vue diplomatique qu’économique, et finalement pour notre sécurité. Vis-à-vis de ses alliés, la France perdrait une crédibilité qu’elle peinerait à reconquérir sous la forme de traités bilatéraux. Quant à ses ennemis potentiels, ils se réjouiraient de l’affaiblissement de sa défense. Car remplacer les garanties de sécurité d’une alliance aussi puissante que l’OTAN aurait un coût que nos finances publiques délabrées ne pourraient pas se permettre. Il en résulterait un déclassement historique de la nation France. Trahison, vous dit-on !

A l’inverse, l’autre bonne nouvelle de ces élections européennes, c’est la déroute des listes dont le programme prévoyait de consacrer davantage de moyens à l’Union européenne de défense, comme disent les Allemands. Il faut dire que la ficelle était un peu grosse : annoncer comme priorité la création d’un fonds de cent milliards d’euros pour la défense, de la part de listes dont les matières régaliennes n’étaient pas le point fort, cela sonnait étrangement faux. Il faut en effet rappeler que l’argent magique n’existe pas et que, par conséquent, si l’UE dépense 100 en plus, la France sera ponctionnée au bas mot de 18, et plus probablement de 20, voire plus en fonction de la position des autres États membres.

En milliards d’euro, cela correspond exactement à une annuité d’investissements dans des équipements de défense, c’est-à-dire le minimum du minimum pour faire face aujourd’hui aux menaces et à nos engagements. Créer un « fonds de défense » à cent milliards reviendrait en réalité à priver notre pays d’une annuité d’achats d’armements et de munitions. Une saignée complètement irresponsable. Ces listes proposaient donc ni plus ni moins que d’affaiblir notre défense au profit d’une avancée de la construction européenne. Et l’on s’étonne ensuite du résultat..

L’effondrement de l’axe central du paysage politique française au profit de ses franges extrémistes tient sans doute moins à l’adhésion spontanée de l’électorat aux discours radicaux qu’à la médiocrité du personnel politique incarnant cet axe central et son incapacité à affronter les vrais défis. La fuite en avant vers le fédéralisme européen (et un inepte discours guerrier tenant lieu de soutien à l’Ukraine agressée) n’est que la conséquence de la vacuité de ses convictions et de son inaptitude à penser la politique dans son cadre naturel qu’est la nation.

Nous voilà donc revenus à l’état naturel d’un affrontement droite-gauche, mais dans sa version monstrueuse. Soucieux avant tout de préserver quelques sièges et les financements qui vont avec, la gauche et la droite modérées s’estiment contraintes, sous la pression de leur électorat respectif, de se livrer aux radicaux de leur « camp ». Tel est l’héritage de l’ère Macron, qui restera sans doute dans l’histoire comme l’illustration d’une mauvaise réponse à une bonne question.

Car le « populisme » de droite ou de gauche ne prospérerait pas sans une réalité que les « modérés » n’ont pas voulu voir et encore moins affronter. La seule réponse raisonnable au défi posé par l’échec de l’axe central est la reconstruction d’une offre politique fondée sur le progrès social et la défense nationale dans toutes ses dimensions, sécuritaire bien-sûr, mais tout autant culturelle et économique. Il n’y aura sans doute pas d’autre solution face à la crise de régime qui s’annonce, quand les institutions resteront bloquées faute de majorité claire et que toute nouvelle dissolution sera suspendue à l’expiration des délais constitutionnels. Le problème est que, à ce jour, cette offre nouvelle n’est pas incarnée. Or la Ve République, au contraire de celles qui ont précédé, exige de mettre un visage et un nom sur un programme.

                     —————————————————————–

* Le groupe Mars, constitué d’une trentaine de personnalités françaises issues d’horizons différents, des secteurs public et privé et du monde universitaire, se mobilise pour produire des analyses relatives aux enjeux concernant les intérêts stratégiques relatifs à l’industrie de défense et de sécurité et les choix technologiques et industriels qui sont à la base de la souveraineté de la France.

Nvidia , première capitalisation mondiale devant Apple et Microsoft

 Nvidia , première capitalisation mondiale devant Apple et Microsoft

Dépassant Apple et Microsoft, ce record de Nvidia, fabricant de puces numériques,  est un symbole de la fièvre de l’intelligence artificielle (IA) générative qui agite les marchés.  Depuis le lancement de ChatGPT, fin novembre 2022, le cours du titre Nvidia a été multiplié par huit. 

Le groupe doit sa popularité à ses cartes graphiques (GPU), des puces capables de gérer une quantité considérable de calculs, nécessaires au développement des programmes d’IA générative. L’IA générative permet à un utilisateur d’obtenir du texte, une photo, une vidéo, des lignes de code ou un son grâce à une demande formulée en langage courant. Pour rendre possible cette fonctionnalité, les développeurs accumulent des milliards d’exemples de conversations et d’écrits pour prédire la meilleure réponse à une demande.

Même si ses grands concurrents comme AMD ou Intel, ainsi que les géants de la «tech» comme Apple ou Microsoft, sont lancés à sa poursuite, Nvidia conserve une confortable avance sur le marché des semi-conducteurs utilisés pour l’IA générative. «Les puces GPU de Nvidia sont le nouvel or ou le nouveau pétrole du secteur technologique», estiment les analystes de Wedbush Securities. Pour eux, Nvidia, Apple et Microsoft sont désormais engagés dans «la course aux 4000 milliards de dollars de valorisation boursière». Depuis un quart de siècle, General Electric, ExxonMobil, Microsoft et Apple se sont succédé sur la première marche des capitalisations mondiales, avant le sacre de Nvidia.

La Bourse de Paris chute de près de 2%, son plus bas niveau depuis quatre mois

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Economie: Les freins à l’innovation

Economie: Les freins à l’innovation 

Crainte du changement et résistance au progrès d’un côté, impasse d’une croyance irraisonnée dans son pouvoir à tout résoudre de l’autre conditionnent un grand nombre de ces freins. Mais la méconnaissance de ce qu’est concrètement l’innovation et la capacité d’absorption de son développement ultrarapide pourraient bien être les plus importants. Cette séquence de deux chroniques sera centrée sur les nombreux freins – internes et externes – que rencontre l’innovation dans sa progression : freins psychologiques, idéologiques, matériels, écologiques, etc. Par Alain Conrard, CEO de Prodware Group (*) dans « La Tribune »

Dans un texte intitulé « Pour mieux rouler », Boris Vian estimait avec son ironie habituelle qu’il y avait un paradoxe, voire un scandale, à juger une automobile à la qualité de ses freins puisqu’elle est en principe faite pour avancer. Et ceci constituait aux yeux de l’auteur de L’écume des jours une « monstrueuse aberration » : « on juge un véhicule notamment à ce qu’il a de bons freins alors qu’un véhicule est notoirement conçu pour se déplacer le plus rapidement possible et non pour s’arrêter. ». Le même jugement pourrait être porté sur les freins qui ralentissent ou limitent l’innovation, elle que pourtant rien ne semble pouvoir arrêter, ralentir ou freiner.

Et pourtant, cette chronique, et celle du mois prochain, seront consacrées à ce thème… Pourquoi s’intéresser aux freins (aspect négatif) alors que c’est le mouvement et la progression (aspect positif) qui, seuls, devraient importer ? Précisément parce que considérer les freins permet de dépasser les blocages ou les chicanes qui se dressent sur le chemin de l’innovation. Observer les motifs de blocage, et surtout de non-adhésion à l’innovation, donne surtout l’occasion d’en penser une approche plus juste, plus humaine, plus responsable. En un mot : plus rentable.

Le frein de la méconnaissance

Il existe plusieurs types de freins au déploiement de l’innovation pour une entreprise : les freins externes (psychologiques ou politiques) et les freins internes (organisationnels ou opérationnels/matériels). J’y reviendrai un peu plus en détail le mois prochain. Mais l’un des freins importants – qui, en cascade, peut en engendrer d’autres – repose sur une ignorance, ou, tout au moins, sur une méconnaissance ou une mauvaise conception de ce qu’est l’innovation.

 Dans l’esprit de nombreuses personnes et de nombreux chefs d’entreprise, l’innovation est cantonnée à de très grandes nouveautés mises au premier plan, en grande partie par le pouvoir du marketing. Pourtant, l’innovation ne se résume pas à ses formes les plus spectaculaires, comme l’IA, par exemple. Dans de nombreux domaines, de petites innovations viennent au quotidien aider les industries, les fournisseurs de services ou les exploitations. Et c’est une très bonne chose. On peut avancer par petites touches parce que cela s’accorde avec les capacités de certains, et parce que parfois cela peut aussi suffire au regard de l’ambition que l’on a. L’innovation n’est pas faite seulement de la progression spectaculaire par sauts technologiques gigantesques (ce qu’elle est par ailleurs, bien sûr), mais participe directement, par petites touches, à l’amélioration générale de la société, notamment de la qualité de vie, quel que soit le secteur. Après tout, il n’y a pas que ChatGPT dans la vie.

Considérer l’innovation de cette manière permet de la rendre psychologiquement abordable aujourd’hui aux yeux d’un plus grand nombre de chefs d’entreprises et de dirigeants, y compris ceux qui avaient commencé à innover avant le raz-de-marée de la digitalisation généralisée. La désinhibition qui s’ensuit permet de desserrer de nombreux freins. En effet, pour beaucoup d’entre eux, le concept reste synonyme d’innovation de rupture. Ceci est dû à une erreur de perception de ce qu’est réellement l’innovation. Il y a encore comme un barrage mental qui en bloque l’accès, et qui fait qu’on l’imagine essentiellement d’abord comme une pratique qui chamboule tout et renverse la table en permanence (ce qu’elle est loin d’être en totalité), et ensuite comme le privilège de quelques rares ou grandes entreprises.

Pour lever une part des freins, il serait donc utile (et plus réaliste) décorréler le concept d’innovation de l’idée de disruption à laquelle il est presque toujours spontanément associé. Parallèlement à la performance de rupture, il faut donc également valoriser une conception plus modeste où les critères ne sont pas d’être très rapide et très élitiste. La disruption caractérise seulement une partie de l’innovation. Pour une simple raison : les disruptions radicales sont extrêmement rares, et beaucoup d’innovations sont infiniment plus modestes. Ce qui ne les empêche pas d’améliorer jour après jour le travail et la prise de décisions. En réalité, l’innovation accompagne la vie et tous ses mouvements, y compris les plus quotidiens.

Pour un chef d’entreprise, la pratique peut reposer sur des éléments assez simples qui vont rendre son entreprise plus performante ou permettre, par exemple, des créations d’emplois. Beaucoup d’entreprises seraient grandement améliorées en comprenant cette dimension « modeste » d’un « un peu mieux » que peut leur apporter l’innovation.

Les dirigeants d’entreprise sont aujourd’hui contraints d’allouer beaucoup de ressources physiques, donc d’argent et de temps, à la régulation (compliance, cadre législatif trop strict, etc.). De leur côté, les services juridiques ou RH sont confrontés à une multitude d’obligations légales de plus en plus difficiles à gérer, voire à rendre compatibles les unes avec les autres (ce que, de façon étonnante, elles ne sont pas forcément). La dimension extrêmement contraignante de cette multitude d’obligations légales est susceptible de freiner les initiatives et de ralentir la marche de l’innovation. De nombreuses possibilités d’innovation s’en trouvent obérées. Ceci, on va le voir, est particulièrement vrai en Europe, très friande de régulations de tous ordres.

Une trop forte régulation peut nuire à l’innovation. Et c’est une grande partie de ce qui différencie l’Europe des États-Unis ou de l’Asie. Bruno Le Maire constatait récemment qu’on était aujourd’hui dans une Europe trop régulée susceptible de freiner les capacités d’innovation par rapport aux acteurs américains et asiatiques.

Quand tout le monde ne joue pas avec les mêmes règles, le match est biaisé : là où l’Amérique innove, la vieille Europe régule. Dans une interview récente consacrée à l’IA, Reid Hoffman, le cofondateur de LinkedIn, évoque cette situation avec humour en faisant l’analogie avec un match de coupe du monde de football. Les équipes en compétition sont les États-Unis et la Chine, et l’Europe est en position d’arbitre. Pour Hoffman, cela pose deux problèmes majeurs pour l’Europe : 1/ celle-ci ne peut pas gagner : par définition l’arbitre ne peut ni gagner ni perdre, il est tout simplement hors du jeu. 2/ personne n’aime les arbitres. Pourtant, Hoffman incite l’Europe à s’engager plus radicalement dans ce match pour l’IA en faisant profiter ce champ de l’approche culturelle qui la caractérise : « le monde et l’Europe seraient mieux lotis si l’Europe innovait aussi. ». Cet ensemble de contraintes légales ne concerne d’ailleurs pas que l’innovation. Il touche de nombreuses zones, et si la régulation a de nombreux aspects positifs, elle peut également faire fuir les investisseurs, dissuadés par les complexités administratives et légales.

Mais, dans tous les cas, une tension entre régulation et innovation est malgré tout inévitable. En termes logiques, la compliance est d’une certaine manière structurée par un mouvement contraire à celui qui anime l’innovation. En effet, elle vise à faire respecter l’état des choses, et à poser des cadres pour que l’état des choses soit conforme aux normes en vigueur. Or, par définition, l’innovation ne respecte pas l’état des choses et s’affranchit des cadres établis, pour générer des états de réalité inédits. Cette tension est évidemment plus ou moins forte en fonction de la place donnée à la régulation, une place qui, dans certains pays, reste purement symbolique.

Du point de vue des entreprises, au-delà des freins psychologiques, des barrages moraux ou des difficultés à comprendre ce qu’est l’innovation, et de mesurer ses impacts, il y a aussi les capacités à pouvoir matériellement gérer les projets d’innovation. Il s’agit d’un frein objectif. Au moment où elles en auraient besoin, leur modèle économique ne leur permet pas toujours de le faire, et/ou parce qu’il y a une part d’incertitude quant au retour sur investissement en termes de montant mais aussi en termes de durée. Ceci fait que, sur un plan purement économique, l’entreprise n’est pas capable de l’appréhender même si les dirigeants en ont pleine conscience.

Cela oblige parfois à reconfigurer l’ambition des projets. Mais ce réalisme n’est pas nécessairement un renoncement. Il conduit à en faire peut-être moins que ce que l’on aimerait, mais d’en extraire le maximum de bénéfices du point de vue de la qualité du travail et d’avoir ainsi le meilleur retour sur investissement.

Et puis bien évidemment, au-delà de la capacité matérielle – et même si le désir est présent dans l’entreprise -, la capacité humaine entre aussi en ligne de compte. En effet, même si la direction arrive à gommer les freins moraux ou psychologiques, encore faut-il pouvoir compter sur les femmes et les hommes capables de porter cette transformation. Donc, c’est aussi un frein purement opérationnel matériel.

L’échec peut constituer un autre frein. Qu’elles soient adoptées ou créées par des entreprises, certaines innovations ne rencontrent pas le marché et se révèlent des échecs. Ceci conduit les entreprises à une prudence excessive qui, par la suite, les freinent pour innover. Après un échec, elles n’osent plus. Là où ailleurs il serait une leçon permettant de progresser et de se relancer, l’échec est alors source d’inhibition. Il arrive aussi que l’échec pèse lourd dans le bilan, et fait que l’entreprise n’a plus les ressources pour innover de nouveau. Fragilisé par ce manque de réussite, son modèle économique ne lui permet plus une nouvelle vague d’innovation ou de financer une prochaine étape. Il faut réinvestir beaucoup pour recréer quelque chose et ce n’est pas tout le monde qui en a l’envie, les moyens ou les capacités intellectuelles, ni même le temps. Car le business model de certaines entreprises n’est pas assez rentable pour leur donner ce « temps long » que nécessite un projet d’innovation.

Par ailleurs, de nombreux chefs d’entreprise sont aujourd’hui en limite de leur modèle actuel parce qu’ils n’ont pas une autre activité qui leur permet de suivre le rythme imposé par le marché. Toutes les entreprises ne disposent pas en effet de gammes « classiques » (comme Microsoft avec Word ou Excel, par exemple ou Total Énergies qui revendique de pouvoir financer l’énergie verte parce qu’il dispose de l’énergie fossile) qui leur permettent de financer à perte pendant un temps des innovations en devenir.

Le rythme de développement est encore accéléré par les nouveaux entrants. Ces derniers ne sont pas ralentis par les pesanteurs anciennes ou un historique de l’entreprise. Souvent on ne les voit pas venir, on ne les connait pas, on ne connait pas leurs logiques, leurs approches, leurs concepts. Ils n’apparaissent pas dans le champ de vision des compétiteurs (competitive landscape). Ce qui explique que les compétiteurs de demain ne sont pas ceux d’aujourd’hui et certainement pas ceux d’hier. Surgis de nulle part, donc créant la surprise, ces nouveaux entrants déboulent avec de nouvelles méthodes ou des propositions qui leur donnent une capacité multipliée.

S’il faut les distinguer des résistances à l’innovation, l’existence de freins sous-entend logiquement qu’il y a dans l’innovation quelque chose qui devrait être ralenti pour ne pas faire « d’excès de vitesse » (sans quoi il n’y aurait pas de freins). La résistance exprime une défiance face au progrès, au changement, et peut-être parfois à l’idéologie qui sous-tend l’innovation. Les freins sont d’une autre nature. Soit l’on pense que ce n’est pas pour soi, soit l’on estime que ça va trop vite.

Il y a ainsi dans la perception de l’innovation l’existence d’un présupposé : l’idée d’une accélération qui serait naturelle. Cette accélération semble aller de soi. Or, elle ne va pas de soi, elle doit être, comme je l’ai défendu à plusieurs reprises dans ces chroniques, réfléchie, pensée, encadrée ; elle doit être rendue intelligente plutôt que mécanique, envisagée avec nuance et délicatesse plutôt que bestiale et sans recul sur ses diverses conséquences. Ce n’est qu’ainsi qu’elle peut se révéler réellement profitable pour le plus grand nombre.

______

(*) Alain Conrard, auteur de l’ouvrage « Osons ! Un autre regard sur l’innovation », un essai publié aux éditions Cent Mille Milliards, en septembre 2020, CEO de Prodware Group et le Président de la Commission Digitale et Innovation du Mouvement des ETI (METI)​.

 

 

Financiarisation de la santé : danger

Financiarisation de la santé :  danger

« Les pharmacies d’officine résistent, mais les prédateurs sont prêts à pousser la porte en contournant les règles installées par la profession pour les patients », préviennent le président et le responsable du pôle Professions libérales de la CPME, François Asselin et Gilles Bonnefond dans « l’Opinion ». 

Les exemples se multiplient : les centres de soins dentaires et d’ophtalmologie, dont 31 ont été fermés en France pour fraude, mais aussi les centres d’audioprothèse et les laboratoires de biologie et bientôt les cabinets de radiologie. Ces secteurs entiers se sont laissés pénétrer par des fonds de pension souvent d’origine étrangère avec des montages financiers opaques.

 Mais la finalité reste la même : faire des profits rapides dans des secteurs solvabilisés par les cotisations sociales tout en dépossédant le professionnel de santé de son outil de travail et de son indépendance. L’étape suivante est la concentration de ces services dans les zones rentables au détriment d’une santé de proximité sur tout le territoire.

Que devient le patient dans cette dérive de l’organisation des soins ?

 L’assurance maladie est de plus en plus inquiète au vu du montant des fraudes détectées et demande depuis un an la création d’un observatoire de ces dérives. Une commission sénatoriale est en train de rédiger un rapport sur les risques de cette financiarisation.

Dans ce marasme, les pharmacies d’officine résistent, mais les prédateurs sont prêts à pousser la porte en contournant les règles installées par la profession pour les patients.

 Cheval de Troie. La manœuvre est simple. Elle consiste à développer la vente de médicaments par Internet par l’intermédiaire de plateformes de type Amazon. Ces plateformes sont « le cheval de Troie » de la financiarisation de la pharmacie et vont fragiliser encore plus les pharmacies des zones rurales.

Les pharmacies françaises sont présentes sur l’ensemble des territoires, ce qui constitue un formidable atout pour l’accès aux soins et pour la qualité de la prise en charge des patients.

 Tout le monde se félicite des règles qui organisent l’offre pharmaceutique en France, un secteur solide et capable de s’adapter comme nous l’avons constaté en pleine crise sanitaire pour protéger et accompagner toute la population.
 Cette dérégulation réduirait le médicament à de la consommation, exactement l’inverse des objectifs de l’assurance-maladie et de tous les professionnels de santé. La politique doit être claire et cohérente pour un secteur de la santé de plus en plus en souffrance et présenté comme la seconde préoccupation des Français.
 Nous demandons, au contraire, des garanties pour que chaque professionnel puisse exercer son métier en toute indépendance, de contrer avec efficacité cette financiarisation rampante de la santé, de renoncer à un projet de texte législatif contribuant à déréguler la pharmacie.
Les patients doivent être protégés et avoir un égal accès aux soins dans tous les territoires.

François Asselin est président de la Confédération des PME (CPME). Gilles Bonnefond est responsable du pôle Professions libérales de la CPME et Vice-président de la CNPL (Chambre nationale des professions libérales).

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Intelligence artificielle : un peu trop d’emballement

Intelligence artificielle : un peu trop d’emballement

 

Le secteur de l’IA montre des signes d’emballement, notamment en raison du décalage entre les investissements et les revenus attendus, explique dans sa chronique Alexandre Piquard, journaliste au « Monde ».

 

L’intelligence artificielle (IA) fait-elle l’objet d’un emballement ? Les très fortes attentes placées dans cette technologie capable de créer du texte ou de l’image risquent-elles d’être déçues ? Des signes pointent en ce sens. Depuis le succès foudroyant du robot conversationnel ChatGPT, lancé le 30 novembre 2022, les géants du numérique sont engagés dans une course pour dominer ce secteur, suivis par une myriade de start-up aux valorisations parfois stratosphériques, comme OpenAI, à 80 milliards de dollars (72 milliards d’euros).Des dirigeants d’entreprises de tech décrivent l’IA comme une innovation « plus profonde que le feu ou l’électricité » (Google) ou comme une révolution technologique inédite, susceptible d’ouvrir une ère « d’abondance » où les machines libéreraient les humains d’une bonne part de leur travail (OpenAI).

« Attention à l’euphorie de l’IA », met en garde l’éditorialiste du Financial Times Rana Foroohar. « Même si vous croyez que l’IA est l’équivalent de l’électricité ou d’Internet, nous ne sommes qu’au début d’une transformation hautement complexe qui durera plusieurs décennies et est loin d’être jouée d’avance », prévient-elle.

« L’IA est une bulle », croit l’essayiste spécialiste du numérique Cory Doctorow. Se poser la question est comme se demander « si le pape est catholique », abonde le chroniqueur du Guardian John Naughton, enseignant et auteur de From Gutenberg to Zuckerberg : What You Really Need to Know About the Internet (« de Gutenberg à Zuckerberg : ce qu’il faut vraiment savoir à propos d’Internet », Quercus, 2012, non traduit).

« La “hype” autour de l’IA rappelle le boom et le crash des télécoms au début des années 2000, pendant la bulle Internet », écrit l’éditorialiste financière du Financial Times, June Yoon. Dans les cinq étapes du cycle de la « hype » (« engouement ») autour d’une technologie, théorisées par l’institut Gartner, l’IA en serait au deuxième : le « pic d’attentes exagérées », avant le « creux de la désillusion ». La « hype » autour de l’IA risque de créer des déceptions.

Faut-il renommer le vivant ?

Faut-il renommer le vivant ?

 

La description de la biodiversité repose sur une discipline appelée taxinomie – ou taxonomie – qui se charge de décrire, classer et nommer des éléments structurés de la biodiversité, appelés taxons. D’Aristote à Albert le Grand en passant par Pline l’Ancien, de nombreux travaux de taxonomie sont parvenus à la postérité par des auteurs venant d’époques, de langues et de cultures différentes. Les langues vernaculaires n’étant pas suffisantes pour communiquer sans ambiguïté à propos des différents taxons – certains organismes ayant une multitude de noms, ou aucun dans nos langues actuelles – une discipline internationale est apparue pour établir des noms dits scientifiques : la nomenclature. Elle est dite linnéenne du nom de son fondateur Carl von Linné, un naturaliste suédois du XVIIIe siècle, et est également qualifiée de binomiale (en botanique) ou binominale (en zoologie). Ces deux adjectifs renvoient au fait que les noms d’espèces s’écrivent en deux parties : le nom de genre d’abord, puis l’épithète spécifique. Écrits en italique, ils sont suivis du nom de l’auteur (entier ou sous forme d’abréviation) et souvent de la date de publication en zoologie (ex. Rana temporaria Linnaeus, 1758 pour la grenouille rousse, ou le cerisier griottier Prunus cerasus L. 1753). Depuis peu, ce système fait pourtant l’objet d’une nouvelle vague de critiques. Pour en comprendre les tenants et aboutissants, penchons-nous sur le fonctionnement de cette discipline pluricentenaire.

Par  Taxonomiste et informaticien de la biodiversité, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) ( The Conversation)

La nomenclature biologique est régie par 5 Codes indépendants :

Chacun de ces Codes possède une commission internationale chargée de le rédiger et de trancher d’éventuels cas complexes. Un nouveau Code de botanique est prévu pour l’été 2024 et la 5e édition du Code de zoologie est en cours de rédaction.

La nomenclature dépend toujours d’une taxonomie préexistante. Cette dernière attribue des rangs aux taxons (espèce, genre, famille…) les emboîtant les uns dans les autres, et permet de construire une classification hiérarchique. Les techniques et la méthodologie de la taxonomie évoluent, et chaque changement peut influer sur la nomenclature.

Contrairement à la taxonomie, qui est une science et qui est ainsi réfutable, la nomenclature est une discipline scientifique qui suit une logique de procédure, et n’est donc pas sujette à interprétation, en dehors de celle des articles des Codes.

La nomenclature reconnaît plusieurs catégories de noms. Certains sont qualifiés de disponibles (zoologie) ou validement publiés (botanique), car ils remplissent toutes les conditions pour exister aux yeux des Codes et entrer dans le système nomenclatural.

Ces conditions, qui ont évolué avec le temps, incluent aujourd’hui, mais ne se limitent pas, au fait que le nom soit de forme latine, accompagné d’une description taxonomique, et qu’un spécimen au moins, pour les espèces, soit désigné comme type porte-nom, c’est-à-dire comme référence objective permettant d’identifier le taxon nommé.

Les noms valides (zoologie) ou corrects (botanique) sont ceux à utiliser si un conflit entre noms apparaissait. Si deux noms désignent le même taxon, ils sont dits synonymes, et le cas inverse (deux noms similaires pour deux taxons différents) donne lieu à des homonymes. Lors d’un conflit, le nom le plus ancien est considéré comme étant le nom valide/correct, c’est le principe de priorité.

Dans certaines rares occasions, on déroge à cette règle pour protéger des noms très utilisés, par l’intervention éventuelle de Commissions. Ces dernières ne jugent pas de la qualité scientifique d’un nom ou d’un travail, simplement à la bonne application des règles de nomenclature.

Une liberté importante est laissée aux auteurs lors du choix de noms, et en dehors de règles grammaticales, ces noms ne peuvent pas être modifiés.

Cela permet aux auteurs d’exprimer parfois un sens de l’humour certain : ainsi, il existe une mouche en Floride nommée Pieza rhea Evenhuis 2002, un genre de grenouilles malgaches comptant les espèces Mini atureMini mum et Mini scule, les trois par Scherz et al., 2019 ou encore un scarabée péruvien nommé Gelae donut Miller & Wheeler, 2004.

Les scientifiques peuvent aussi choisir de dédier des noms à des collègues réputés en créant des éponymes, tels que le Magnolia L., hommage à Pierre Magnol, un médecin et botaniste français, ou Adansonia L., le genre contenant le baobab, référence à Adanson, premier à l’avoir décrit.Certaines célébrités ont également eu droit à leurs espèces, comme Plinthina beyonceae (Lessard, 2012) et certains personnages imaginaires donnent naissance à des éponymes tels que Agathidium vaderi Miller & Wheeler, 2005, du nom de l’antagoniste de Star Wars. Mais cette liberté laissée aux auteurs a récemment fait surgir certaines controverses.

Dans le passé déjà, l’histoire de la nomenclature a été traversée par de nombreuses discussions et polémiques, et ce dès le début de la codification de la discipline. En 1905, le congrès botanique de Vienne fut témoin d’une sortie théâtrale d’un botaniste allemand, outré par l’incompétence perçue de l’assemblée. Les règles de nomenclature zoologique éditées la même année, d’à peine une vingtaine de pages contre une centaine aujourd’hui, furent considérées comme trop contraignantes dès leur publication.

Plus récemment, une nouvelle série de polémiques ont vu le jour. Il y a quatre ans, un appel a été lancé par deux néozélandais pour modifier les règles de l’ICNafp et « rétablir » les noms d’origine indigènes dans la taxonomie, plutôt que de respecter l’usage codifié de faire débuter la nomenclature en 1753 – lorsque Linné crée le système – pour la botanique et 1758 pour la zoologie, correspondant à des publications de Linné.

Un article récent sur les anacondas a fait beaucoup de bruit : il reprend cette rhétorique sur les noms indigènes pour faire valoir un nom dont la taxonomie sous-jacente semble fragile. Il y a une volonté des auteurs de renvoyer toute critique de leur taxonomie à une attaque contre les peuples indigènes et un non-respect de leur culture, ce qui est un non-sens scientifique, et justifier une position « non-orthodoxe par rapport au ICZN ». Loin de faire consensus, l’article a déjà reçu au moins deux critiques.

Reprendre les noms indigènes constituerait en effet un retour philosophique à la nomenclature vernaculaire, qui existait avant Linné. Une poignée d’articles énumérant les principales faiblesses de cette proposition ont vu le jour : ils rappellent, entre autres, la difficulté de déterminer la priorité lorsque plusieurs cultures côtoient les mêmes organismes. Les Codes accordent par ailleurs déjà la possibilité de baser un nom d’espèces sur des noms locaux, et cette pratique donne par exemple les noms Okapia Lancester, 1901, du mvuba, ou Aratinga Spix, 1824, nom de genre de la Conure soleil et venu d’une langue amazonienne éteinte, le vieux tupi.

Une seconde polémique, émanant de la « cancel culture », a également pris de l’ampleur, d’abord en botanique, avant d’atteindre la zoologie. Les tenants de cette polémique proposent l’abandon des éponymes, dédiés à des personnages historiques, scientifique ou non, jugé comme indignes d’être honorés ou pouvant le devenir un jour. Un exemple est E. D. Cope, zoologiste américain, qui a donné son nom à quelques dizaines d’espèces animales, et défenseur d’une idéologie raciste. Le journal Copeia a déjà été rebaptisé il y a quelque temps.

Une riposte s’est rapidement mise en place, certains arguant que la stabilité nomenclaturale ne pouvait pas se permettre de se perdre dans des sujets politico-moraux dans l’air du temps, pour un système qui se veut le plus atemporel possible. Une initiative dans ce sens par des biologistes espagnols a recueilli plus de 1500 signatures.

D’autres scientifiques font valoir que les éponymes jouent un rôle positif pour les communautés sous-représentées jusque-là. La Commission internationale de nomenclature zoologique s’est déjà prononcée contre toute tentative d’intrusion des questions politiques dans le processus scientifique. Pour la botanique, le 20e Congrès international tranchera probablement la question cet été.

De par sa nature particulière, la nomenclature est une vitrine pour la taxonomie mais porte un lourd héritage, ancré dans l’histoire humaine, dans ce qu’elle a de pire et de meilleur. Aujourd’hui, elle est menacée par la disparition de l’expertise associée due à la raréfaction des postes de taxonomistes. Cette discipline est avant tout l’un des plus vieux standards en science encore utilisés de nos jours et reste un outil efficace et précieux pour les scientifiques.

Repenser l’Europe

Repenser l’Europe

 

Dans sa leçon inaugurale au Collège de France, jeudi 4 avril, dont « Le Monde » publie un extrait, le philosophe allemand , Peter Sloterdijk ,s’interroge sur l’identité de l’Europe, après avoir réussi une improvisation politique qui n’était pas prévue dans les scénarios de l’histoire du monde : l’Union européenne. 

Après le 11 septembre 2001, des obstacles inattendus ont contrecarré les ambitions sécuritaires croissantes des Européens, il n’est pas nécessaire de les commenter ici en détail. Il ne nous est toujours pas facile d’expliquer où nous en sommes avec nous-mêmes et le reste du monde. Cette superbe formule, « reste du monde », paraît anachronique dans la bouche d’Européens de notre temps, il y flotte encore aussi un peu d’amertume. On ne peut se défaire de l’impression que le « monde » se produit depuis longtemps ailleurs, tandis que nous-mêmes nous retrouvons dans le reste.Dans son essai L’Autre Cap [Editions de Minuit, 1991], écrit peu après la chute du mur de Berlin, à l’occasion d’un congrès à Turin, Jacques Derrida se consacre au souci de savoir si une nouvelle monstruosité ne pouvait pas naître du caractère de « restant » qui s’attachait à l’Europe, qu’on l’appelle « décentrage » ou « provincialisation ». Pendant un moment, il a paru plausible de se demander si « l’Ouest », dans son ensemble, n’allait pas voir pousser sur son corps de nouvelles têtes de dragon après l’effondrement de l’Union soviétique. Tout se passait comme si nous entendions une exhortation à nous garder des pensées qui s’agitaient presque inéluctablement dans nos esprits, après que le colosse de l’Est européen était tombé de ses pieds d’argile ! Il pouvait y avoir des pensées de dragon tapies à l’arrière-plan, attendant la première occasion de faire leur retour.

Pour que l’Europe du futur soit comprise correctement, il faut la penser comme avec une tête coupée. Le corps de dragon de jadis, composé d’une douzaine de « pays mères », comme on les appelait, et de leurs extensions coloniales, ce composite monstrueux que nous avons cru mort, au plus tard, à partir de l’« année africaine » que fut 1960 [quand 18 anciennes colonies acquirent leur indépendance], ou, à la rigueur, de la signature des accords d’Evian, qui marquèrent la fin de la guerre d’Algérie en mars 1962, ce composite, donc, devait être enterré et rester scellé sous une plaque massive. Que le demi-cadavre de la Russie impériale ait été secoué par les convulsions du réveil, après s’être fait passer pour mort pendant soixante-neuf ans sous l’enveloppe soviétique, cela devrait tout aussi peu nous induire en erreur, en dépit de la satisfaction que nous procure la marche des choses, que le triomphalisme des libéraux américains, lesquels voyaient d’un seul coup se dégager la voie menant à la domination unique des Etats-Unis sur le monde.

Moscou : Un attentat de l’État islamique fait 60 morts

 

Moscou : Un attentat de l’État islamique fait 60 morts

D’après le Figaro, un attentat de l’État islamique aurait fait au moins 60 morts dans une salle de  spectacles De Moscou.  60 personnes sont mortes et une centaine d’autres blessées dans une fusillade suivie d’un énorme incendie vendredi soir .
Un attentat effectué par une bande de terroristes apparemment très organisées et qui ont fui après l’événement. L’État islamique a revendiqué la tuerie. La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova a dénoncé un «attentat terroriste sanglant» et un «crime monstrueux». Le maire de Moscou, Sergueï Sobianine, a annoncé l’annulation de tous les évènements publics. Une enquête pour «acte terroriste» a été ouverte.

Des individus en tenue de camouflage ont fait irruption sur le parterre de la salle de concert Crocus City Hall avant d’ouvrir le feu et de lancer «une grenade ou une bombe incendiaire, ce qui a provoqué un incendie».

L’État islamique a revendiqué l’attaque dans la soirée.

Les racines de la barbarie

Les racines de la barbarie

Comment est-il possible que des hommes « ordinaires » voire « des pères de famille ordinaires », commettent des atrocités inimaginables, participent à des massacres, tuent non seulement d’autres hommes, mais aussi des femmes et des enfants, humilient, martyrisent, torturent à mort des êtres humains au nom de la science. Cette question nous préoccupe. Nonobstant, c’est une question inepte.

Comment un homme ordinaire peut-il devenir un meurtrier sanguinaire, s’interroge le philosophe Jan Philipp Reemtsma (philosophe, sociologue allemand) dans « Le Monde »

Inepte parce que la réponse tombe sous le sens : qui d’autre, sinon des « hommes ordinaires », peut commettre ces forfaits ? Il suffit de se rappeler les exactions de l’armée française en Vendée, de penser aux atrocités commises par les conquistadors espagnols, de se remémorer les massacres des soldats romains en Gaule. Tout cela aurait été impossible s’il avait fallu engager des sadiques pathologiques, si un grand nombre d’hommes prêts à user de violence n’avait été disponible – et celui-ci l’est toujours.

Il s’agit là d’une leçon anthropologique si fondamentale que l’on ne devrait pas, en voyant s’étaler dans les journaux les photos de tortionnaires, le sourire aux lèvres dans un centre de torture en Irak, ou en découvrant les récits sanglants de massacres perpétrés par telles ou telles milices au Soudan ou ailleurs, recommencer à s’étonner pour oublier la leçon l’instant d’après.

La vraie question est la suivante : pourquoi nous posons-nous avec une telle opiniâtreté une question si inepte ? L’évolution culturelle que nous qualifions de « moderne », à savoir la culture occidentale née des crises des XVIe et XVIIe siècles, se distingue d’autres cultures par le fait qu’elle a conditionné l’emploi de la force à une légitimation nécessaire. Elle n’en a pas moins été, au moins par moments, d’une violence extrême.

La question sur les « pères de famille ordinaires » est l’expression du problème que pose à notre culture l’abîme qui sépare la norme de la réalité. Une autre facette de ce problème tient à ce que nous cherchons toujours à savoir comment il a été « tout simplement possible » qu’un pays qui a produit le classicisme allemand ait pu, à peine deux siècles plus tard, commettre des actes d’une barbarie inouïe alors que, même si nous ne sommes pas prêts à l’admettre, les historiens ont depuis bien longtemps fourni la réponse.

Que le XXe siècle ait produit les excès de violence que nous connaissons, voilà qui n’a donc rien pour nous surprendre ; ce qui devrait au contraire nous étonner, c’est pourquoi nous n’en sommes pas restés à ce stade ; pourquoi jusqu’à aujourd’hui, la violence n’a pas eu le dernier mot dans l’histoire. Rappelons que Theodor Adorno ou Thomas Mann par exemple – au cours des années 1944-1945 – ont cru qu’il y aurait d’autre avenir que la poursuite de la barbarie.

En règle générale, la confiance sociale existe, c’est la raison pour laquelle les sociétés sont possibles et pourquoi la vie continue, en définitive. La totale disparition de la confiance est chose rare. On a retrouvé les traces d’une crise de ce genre à l’époque byzantine, sous le règne de Justinien. Elle fut déclenchée parce que l’apocalypse prévue pour l’an 500 n’était pas advenue. Les Byzantins se préparaient jusque-là à la fin du monde en construisant plus d’églises encore, en faisant moult dons aux monastères, etc. ; mais, lorsque à la date fixée rien ne se produisit, les phénomènes jusqu’alors interprétés comme des signes avant-coureurs de l’événement fatidique – guerres, épidémies et autres famines – se vidèrent subitement de leur sens et il s’en suivit un état de folie collective.

Aucune culture n’est violente ou non violente. Partout l’on retrouve une classification assez simple. La violence est prohibée, imposée ou autorisée. Une bagarre dans un bar suffit pour appeler la police, mais tel n’était pas le cas au XIXe siècle où quiconque aurait procédé de la sorte se serait exposé à des moqueries. Il y a peu, les parents avaient encore le droit de frapper leurs enfants, et les maris, celui de violer leur femme.

Lorsque entrent en relation des cultures, dont la représentation du type de violence diffère, les conséquences sont dramatiques. Quand les Espagnols et les Aztèques se retrouvèrent face à face, ils virent alternativement dans l’autre camp une bande de barbares dont la cruauté dépassait toute imagination. Les uns capturaient des prisonniers dans le but de leur arracher le coeur, de confectionner un ragoût avec leurs corps dont ils se restauraient ensuite ; les autres tuaient pour tuer et laissaient les cadavres se putréfier en plein milieu du champ de bataille.

Naguère, la peine de mort allait de soi. Aujourd’hui, ses partisans affirment qu’on ne peut « malheureusement » ou « malheureusement pas encore » y renoncer. De nos jours, si l’on punit, c’est à titre préventif, pour empêcher la violence. Autrefois, les guerres étaient de l’ordre de l’évidence – aujourd’hui, on fait la guerre pour prévenir (d’autres) guerres plus graves. Tout cela montre bien que l’époque moderne a rendu nécessaires ces légitimations. Dans aucune autre culture on ne trouvera, à mon avis, une autoconstruction imaginaire de ce type. A l’ère moderne, la violence n’est plus simplement « là », elle devient un problème ; elle est criminelle.

Puis, « le toit s’effondra » ! Un génocide, une guerre totale, sans précédent, des armes capables d’anéantir sans difficulté des populations entières, des massacres de masse et des tortures au nom d’un avenir radieux ! Comment cela a-t-il pu se produire ? Voilà qui n’est pas mystérieux. Au cours de l’histoire, des sociétés avaient déjà du reste fait fi de ce en quoi elles semblaient croire. Thucydide décrit ainsi la transformation d’une société, Athènes, relativement civilisée en une horde de paranoïaques et d’hystériques…

Si l’on cherche à élaborer une phénoménologie de la violence, celle-ci se déploie en trois différentes formes de rapport au corps. On peut vouloir supprimer le corps de quelqu’un parce qu’il obstrue la route (quel que soit le lieu que l’on souhaite rejoindre – la cache d’un coffre-fort, la capitale d’un pays ennemi, etc.). La violence que l’on emploie alors n’est pas dirigée contre ce corps en particulier, elle sert à atteindre un but. Puisque cette violence se réfère au lieu même où se trouve ce corps, je la qualifie de violence localisante.

On peut également vouloir le corps d’un autre pour en faire un usage quelconque. Cette violence-là, je la nomme raptive ; en général, elle est sous-tendue par des motivations d’ordre sexuel. La violence localisante veut se débarrasser du corps, la violence raptive veut au contraire le posséder. Mais, il existe une violence qui n’a pour autre fin que la destruction du corps, et ce non comme résultat ou dommage collatéral d’une autre forme de violence, mais comme intention première dirigée contre ce corps. J’appelle cette dernière forme violence autotélique (elle est elle-même sa propre fin).

Notre littérature occidentale est d’ailleurs née de la description d’une culmination de violence autotélique : Achille ne se contente pas de tuer Hector. Il veut ravager son corps. Lorsqu’on lit ce que des médecins allemands ont fait subir aux êtres humains qui leur avaient été confiés à des fins expérimentales, on finit par se rendre compte que la plupart de ces expériences n’avaient aucun sens que l’on pourrait qualifier de « scientifiquement intelligible » ; l’objectif ne visait que l’anéantissement du corps qu’on détruisait parce qu’on en avait le pouvoir.

L’époque moderne a proscrit et perdu la perception de l’existence de ce lien entre pouvoir et violence. La violence autotélique se voit, à la rigueur, considérée comme une forme spécifique de la folie (la figure du « tueur en série » représente dans les films le mot-clé). Nous avons du mal à comprendre les moments où la violence autotélique détermine une politique. Les massacres des populations juives en Europe doivent pourtant bien avoir un sens, sommes-nous alors tentés de dire !

Voulait-on ainsi vider des logements, pratiquer une politique économique ou démographique ou n’importe quoi d’autre ? Lorsque d’horribles tortures sont perpétrées dans une prison argentine, nous trouvons cela atroce ; nous savons ce que les tortionnaires veulent : des informations pour traquer les opposants. Mais qu’en est-il lorsque des personnes sont torturées des semaines, des mois durant, sans qu’on prenne même la peine de leur poser la moindre question ?

Il ne sert à rien de faire comme si la violence autotélique n’existait pas. Encore moins faut-il nier qu’elle fait partie des potentialités humaines et qu’une majorité de gens en use, dès qu’elle le peut. Ce qui devrait prendre la relève des illusions n’est donc pas l’espoir en un avenir radieux mais un mélange de peur et de conscience de soi. Je parle de la peur au sens sartrien : celle de savoir qu’on a déjà failli et que ce qui s’est produit peut se reproduire d’autant plus facilement.

Pour ce qui est de la conscience de soi, il s’agit de se rendre compte que la restriction de la violence par l’interaction, par le contrôle des institutions et la limitation des moyens dont dispose le monopole d’Etat sur la violence a probablement représenté le plus grand progrès de l’histoire de l’humanité en termes de civilisation. Nous devons nous y tenir.

A ce composé de peur et de conscience de soi s’ajoute la compréhension des mécanismes susceptibles de plonger en un tour de main une société moderne dans un état de barbarie extrême, ainsi qu’une sensibilité aux conséquences que peuvent entraîner certains débats comme ceux qui prétendent relégitimer la torture.

Traduit de l’allemand par Diane Gilly

Né en 1952, héritier d’une dynastie d’industriels de la cigarette, Jan Philipp Reemstsma fonde l’Institut hambourgeois de recherche sociale en 1984, qui va développer une réflexion collective sur le phénomène de la violence moderne. Jan Philipp Reemtsma a été victime d’un enlèvement contre rançon en 1996, relaté dans La Cave (Pauvert, 2000). Son dernier ouvrage s’intitule Confiance et violence (Gallimard, 2011).

Société-Les racines de la violence et de la barbarie

Société-Les racines de la violence et de la barbarie

Comment est-il possible que des hommes « ordinaires » voire « des pères de famille ordinaires », commettent des atrocités inimaginables, participent à des massacres, tuent non seulement d’autres hommes, mais aussi des femmes et des enfants, humilient, martyrisent, torturent à mort des êtres humains au nom de la science. Cette question nous préoccupe. Nonobstant, c’est une question inepte.

Comment un homme ordinaire peut-il devenir un meurtrier sanguinaire, s’interroge le philosophe Jan Philipp Reemtsma (philosophe, sociologue allemand) dans « Le Monde »

Inepte parce que la réponse tombe sous le sens : qui d’autre, sinon des « hommes ordinaires », peut commettre ces forfaits ? Il suffit de se rappeler les exactions de l’armée française en Vendée, de penser aux atrocités commises par les conquistadors espagnols, de se remémorer les massacres des soldats romains en Gaule. Tout cela aurait été impossible s’il avait fallu engager des sadiques pathologiques, si un grand nombre d’hommes prêts à user de violence n’avait été disponible – et celui-ci l’est toujours.

Il s’agit là d’une leçon anthropologique si fondamentale que l’on ne devrait pas, en voyant s’étaler dans les journaux les photos de tortionnaires, le sourire aux lèvres dans un centre de torture en Irak, ou en découvrant les récits sanglants de massacres perpétrés par telles ou telles milices au Soudan ou ailleurs, recommencer à s’étonner pour oublier la leçon l’instant d’après.

La vraie question est la suivante : pourquoi nous posons-nous avec une telle opiniâtreté une question si inepte ? L’évolution culturelle que nous qualifions de « moderne », à savoir la culture occidentale née des crises des XVIe et XVIIe siècles, se distingue d’autres cultures par le fait qu’elle a conditionné l’emploi de la force à une légitimation nécessaire. Elle n’en a pas moins été, au moins par moments, d’une violence extrême.

La question sur les « pères de famille ordinaires » est l’expression du problème que pose à notre culture l’abîme qui sépare la norme de la réalité. Une autre facette de ce problème tient à ce que nous cherchons toujours à savoir comment il a été « tout simplement possible » qu’un pays qui a produit le classicisme allemand ait pu, à peine deux siècles plus tard, commettre des actes d’une barbarie inouïe alors que, même si nous ne sommes pas prêts à l’admettre, les historiens ont depuis bien longtemps fourni la réponse.

Que le XXe siècle ait produit les excès de violence que nous connaissons, voilà qui n’a donc rien pour nous surprendre ; ce qui devrait au contraire nous étonner, c’est pourquoi nous n’en sommes pas restés à ce stade ; pourquoi jusqu’à aujourd’hui, la violence n’a pas eu le dernier mot dans l’histoire. Rappelons que Theodor Adorno ou Thomas Mann par exemple – au cours des années 1944-1945 – ont cru qu’il y aurait d’autre avenir que la poursuite de la barbarie.

En règle générale, la confiance sociale existe, c’est la raison pour laquelle les sociétés sont possibles et pourquoi la vie continue, en définitive. La totale disparition de la confiance est chose rare. On a retrouvé les traces d’une crise de ce genre à l’époque byzantine, sous le règne de Justinien. Elle fut déclenchée parce que l’apocalypse prévue pour l’an 500 n’était pas advenue. Les Byzantins se préparaient jusque-là à la fin du monde en construisant plus d’églises encore, en faisant moult dons aux monastères, etc. ; mais, lorsque à la date fixée rien ne se produisit, les phénomènes jusqu’alors interprétés comme des signes avant-coureurs de l’événement fatidique – guerres, épidémies et autres famines – se vidèrent subitement de leur sens et il s’en suivit un état de folie collective.

Aucune culture n’est violente ou non violente. Partout l’on retrouve une classification assez simple. La violence est prohibée, imposée ou autorisée. Une bagarre dans un bar suffit pour appeler la police, mais tel n’était pas le cas au XIXe siècle où quiconque aurait procédé de la sorte se serait exposé à des moqueries. Il y a peu, les parents avaient encore le droit de frapper leurs enfants, et les maris, celui de violer leur femme.

Lorsque entrent en relation des cultures, dont la représentation du type de violence diffère, les conséquences sont dramatiques. Quand les Espagnols et les Aztèques se retrouvèrent face à face, ils virent alternativement dans l’autre camp une bande de barbares dont la cruauté dépassait toute imagination. Les uns capturaient des prisonniers dans le but de leur arracher le coeur, de confectionner un ragoût avec leurs corps dont ils se restauraient ensuite ; les autres tuaient pour tuer et laissaient les cadavres se putréfier en plein milieu du champ de bataille.

Naguère, la peine de mort allait de soi. Aujourd’hui, ses partisans affirment qu’on ne peut « malheureusement » ou « malheureusement pas encore » y renoncer. De nos jours, si l’on punit, c’est à titre préventif, pour empêcher la violence. Autrefois, les guerres étaient de l’ordre de l’évidence – aujourd’hui, on fait la guerre pour prévenir (d’autres) guerres plus graves. Tout cela montre bien que l’époque moderne a rendu nécessaires ces légitimations. Dans aucune autre culture on ne trouvera, à mon avis, une autoconstruction imaginaire de ce type. A l’ère moderne, la violence n’est plus simplement « là », elle devient un problème ; elle est criminelle.

Puis, « le toit s’effondra » ! Un génocide, une guerre totale, sans précédent, des armes capables d’anéantir sans difficulté des populations entières, des massacres de masse et des tortures au nom d’un avenir radieux ! Comment cela a-t-il pu se produire ? Voilà qui n’est pas mystérieux. Au cours de l’histoire, des sociétés avaient déjà du reste fait fi de ce en quoi elles semblaient croire. Thucydide décrit ainsi la transformation d’une société, Athènes, relativement civilisée en une horde de paranoïaques et d’hystériques…

Si l’on cherche à élaborer une phénoménologie de la violence, celle-ci se déploie en trois différentes formes de rapport au corps. On peut vouloir supprimer le corps de quelqu’un parce qu’il obstrue la route (quel que soit le lieu que l’on souhaite rejoindre – la cache d’un coffre-fort, la capitale d’un pays ennemi, etc.). La violence que l’on emploie alors n’est pas dirigée contre ce corps en particulier, elle sert à atteindre un but. Puisque cette violence se réfère au lieu même où se trouve ce corps, je la qualifie de violence localisante.

On peut également vouloir le corps d’un autre pour en faire un usage quelconque. Cette violence-là, je la nomme raptive ; en général, elle est sous-tendue par des motivations d’ordre sexuel. La violence localisante veut se débarrasser du corps, la violence raptive veut au contraire le posséder. Mais, il existe une violence qui n’a pour autre fin que la destruction du corps, et ce non comme résultat ou dommage collatéral d’une autre forme de violence, mais comme intention première dirigée contre ce corps. J’appelle cette dernière forme violence autotélique (elle est elle-même sa propre fin).

Notre littérature occidentale est d’ailleurs née de la description d’une culmination de violence autotélique : Achille ne se contente pas de tuer Hector. Il veut ravager son corps. Lorsqu’on lit ce que des médecins allemands ont fait subir aux êtres humains qui leur avaient été confiés à des fins expérimentales, on finit par se rendre compte que la plupart de ces expériences n’avaient aucun sens que l’on pourrait qualifier de « scientifiquement intelligible » ; l’objectif ne visait que l’anéantissement du corps qu’on détruisait parce qu’on en avait le pouvoir.

L’époque moderne a proscrit et perdu la perception de l’existence de ce lien entre pouvoir et violence. La violence autotélique se voit, à la rigueur, considérée comme une forme spécifique de la folie (la figure du « tueur en série » représente dans les films le mot-clé). Nous avons du mal à comprendre les moments où la violence autotélique détermine une politique. Les massacres des populations juives en Europe doivent pourtant bien avoir un sens, sommes-nous alors tentés de dire !

Voulait-on ainsi vider des logements, pratiquer une politique économique ou démographique ou n’importe quoi d’autre ? Lorsque d’horribles tortures sont perpétrées dans une prison argentine, nous trouvons cela atroce ; nous savons ce que les tortionnaires veulent : des informations pour traquer les opposants. Mais qu’en est-il lorsque des personnes sont torturées des semaines, des mois durant, sans qu’on prenne même la peine de leur poser la moindre question ?

Il ne sert à rien de faire comme si la violence autotélique n’existait pas. Encore moins faut-il nier qu’elle fait partie des potentialités humaines et qu’une majorité de gens en use, dès qu’elle le peut. Ce qui devrait prendre la relève des illusions n’est donc pas l’espoir en un avenir radieux mais un mélange de peur et de conscience de soi. Je parle de la peur au sens sartrien : celle de savoir qu’on a déjà failli et que ce qui s’est produit peut se reproduire d’autant plus facilement.

Pour ce qui est de la conscience de soi, il s’agit de se rendre compte que la restriction de la violence par l’interaction, par le contrôle des institutions et la limitation des moyens dont dispose le monopole d’Etat sur la violence a probablement représenté le plus grand progrès de l’histoire de l’humanité en termes de civilisation. Nous devons nous y tenir.

A ce composé de peur et de conscience de soi s’ajoute la compréhension des mécanismes susceptibles de plonger en un tour de main une société moderne dans un état de barbarie extrême, ainsi qu’une sensibilité aux conséquences que peuvent entraîner certains débats comme ceux qui prétendent relégitimer la torture.

Traduit de l’allemand par Diane Gilly

Né en 1952, héritier d’une dynastie d’industriels de la cigarette, Jan Philipp Reemstsma fonde l’Institut hambourgeois de recherche sociale en 1984, qui va développer une réflexion collective sur le phénomène de la violence moderne. Jan Philipp Reemtsma a été victime d’un enlèvement contre rançon en 1996, relaté dans La Cave (Pauvert, 2000). Son dernier ouvrage s’intitule Confiance et violence (Gallimard, 2011).

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