Défense : réveil douloureux pour l’Europe
La spécialiste des enjeux de sécurité Barbara Kunz souligne, dans une tribune au « Monde », à quel point les Européens ont tardé à envisager le retrait de la protection militaire offerte par les Etats-Unis. Ils doivent maintenant agir sans attendre.
Nombreux sont les Européens qui ont eu pendant longtemps le luxe de pouvoir discuter de leur sécurité en des scénarios hypothétiques. Certains, comme les Allemands, se sont même permis de discuter de leur politique de sécurité comme s’il s’agissait de quelque chose d’optionnel : sans menace apparente, l’urgence n’y était clairement pas. Mais, près de trois ans après l’invasion totale de l’Ukraine par la Russie, le cauchemar semble devenu réalité. La guerre de haute intensité est de retour sur le continent. Le président Trump et son administration semblent aussi avoir apporté leur réponse à une autre question qui a longtemps divisé les Européens : peuvent-ils encore faire confiance aux Etats-Unis et aux garanties de sécurité américaines ?
Une bonne partie du débat européen sur la politique de sécurité de ces dernières années – et notamment celui, plutôt toxique, autour de la notion d’autonomie stratégique européenne – peut se résumer en un désaccord concernant les Etats-Unis. Pour la plupart des gouvernements européens, l’autonomie stratégique européenne ne constitue en effet pas un objectif en tant que tel, mais plutôt une sorte de plan B au cas où le plan A – l’OTAN et la protection fournie par les Etats-Unis – ne serait plus disponible. Or, qu’il fût nécessaire ou non de réfléchir à ce plan B n’a jamais fait consensus parmi les Européens. Même la première présidence Trump, de 2017 à 2020, a donné lieu à des interprétations très différentes.
Alors qu’Emmanuel Macron parlait du « désengagement progressif et inéluctable des Etats-Unis », dans son discours pour « une Europe souveraine, unie, démocratique », prononcé en 2017, d’autres, comme les Polonais, en sont sortis rassurés du fait de l’augmentation du nombre de soldats américains sur leur territoire durant Trump I.
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