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Perspectives économiques 2025: Pour une autre politique ?

Perspectives économiques  2025:  Pour une autre politique ?

Depuis 2017, le bilan économique et social peut se résumer par des résultats économiques largement surestimés. Il est temps de rompre en 2025 avec la politique imposée par le traité de fonctionnement de l’UE (TFUE) tout en se conformant aux principes de la discipline budgétaire européenne. Par Gabriel Gaspard, Chef d’entreprise à la retraite, spécialiste en économie financière. ( dans « la Tribune »)

D’après le TFUE, le redressement économique doit être réalisé par une politique de l’offre (compétitivité-prix) et par la levée de certains obstacles structurels à la croissance. Il existe de nombreuses manières de réaliser des réformes structurelles : des réglementations allant dans le sens d’une plus grande flexibilité des marchés du travail, une libération du marché des biens et services, une simplification des régimes fiscaux, une réduction globale du poids des dépenses publiques en particulier sociales, etc. Ces réformes structurelles, de tendance libérale, sont souvent critiquées dans plusieurs pays européens quant à leur efficacité. Les critiques portent surtout sur les efforts d’extrêmes rigueurs demandées à certaines populations et de leurs conséquences dramatiques sur le plan social.

Du fait de son appartenance à la zone euro, la France ne peut pas mener une politique monétaire adaptée. La méthode la plus facile pour rétablir sa compétitivité-prix serait une dévaluation interne qui doit se traduire par une baisse du coût du travail.

Si on ajoute, les réformes des retraites, les réductions des dépenses sociales, etc., les réformes structurelles posent la question des inégalités des revenus qui entrainent des risques politiques et des sentiments d’insécurité. La hausse des niveaux d’inégalités et la crainte du déclassement réduisent l’estime dans les représentants des partis traditionnels et diminuent la confiance dans la classe dirigeante. C’est la principale cause économique de la poussée des partis non démocratiques en Europe.

Une autre politique économique est possible en désaccord avec la politique de l’offre et des restrictions budgétaires. Pour obtenir une situation budgétaire stable et durable en harmonie avec la qualité de vie, nous devons nous concentrer sur une croissance écosociale qui crée un équilibre entre une économie performante, la solidarité sociale et la protection de l’environnement.

Fin 2022, le taux du chômage était à la baisse à 6,9% (inférieur de 0,3 point à son niveau un an auparavant) grâce aux contrats d’apprentissage. Les contrats très subventionnés par l’État comme les contrats d’apprentissage expliquent les deux tiers de cette diminution.

En 2024, la courbe du chômage va au contraire s’inverser : emploi en repli, intérim en recul, pertes d’emplois dans le bâtiment, stabilisation des contrats d’apprentissage, etc. En 2025, les règles d’indemnisation vont changer. Le nombre de défaillances d’entreprise et de plans sociaux va augmenter. Dans ces projections macroéconomiques dévoilées le 17 septembre 2024, la Banque de France confirme cette tendance : le taux du chômage au sens du Bureau international du travail (BIT) passerait à 7,6% en 2025. Selon l’OFCE, le chômage devrait se rapprocher de 8% fin 2025.

À quelques exceptions, la dette publique a inexorablement progressé en France depuis le milieu des années 1970. Elle passe de 97,0% du PIB en 2017, à 110,6% pour 2023. La dette publique pour 2024 est estimée à 112,3% du PIB. Selon le programme de stabilité, le niveau de dette publique reculerait à partir de 2026 pour atteindre 112% du PIB en 2027 loin des 60% prévus par les dispositions du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE).

Le déficit public français, fixé à 3% du PIB au sens de Maastricht, est ingouvernable depuis 60 ans. Avec la crise des subprimes (2007-2008) il a atteint 7,4% du PIB en 2009 et 7,2% en 2010. Entre 2011 et 2023, la France a respecté le pacte de stabilité et de croissance de l’UE uniquement en 2018 à 2,3% et 2019 à 2,4%. Pendant la crise de la Covid, il s’est accru pour financer le « quoi qu’il en coûte » (8,9% en 2020). Les gouvernements n’arrivent plus à le réduire. En 2023, le déficit public s’est à nouveau creusé à 5,5 %. En 2024 il est prévu à 6,1% dans le budget. Le FMI prévoit un déficit public à 4,5% du PIB en 2027 contre 2,5% pour la prévision du gouvernement.

En 2024, la Présidence est toujours à la recherche de la productivité. La productivité du travail a progressé de manière régulière d’environ 1,3% de 1990 à la crise de 2008-2009 où elle a connu une chute inédite de 2,6 points. Pour la période 2010-2016, la productivité a recommencé à croître, mais à un rythme de 0,9% inférieur à celui d’avant crise. Avant la nouvelle crise sanitaire, de 2016 à 2019, les entreprises françaises accumulent une productivité de +3,8%, 1,7% de cette productivité sera perdue en 2020.

Depuis la crise sanitaire, d’après Dares, le niveau de productivité au travail continue de diminuer. En 2022 elle a baissé de 3% par rapport à 2019. In fine, de 1990 à 2022, la productivité française a gagné en 33 ans en moyenne 0,85% par an. Elle accuse un retard d’environ 5,5 points en 2023. En 2027 la différence entre ce que la France pourrait produire et ce qu’elle produira réellement s’élèverait à - 0,6 point de PIB. En France, la productivité du travail s’est dégradée plus rapidement que dans les autres pays européens. La France recherche encore les causes de la chute de cette productivité.

« 45% des Français estiment que leur pouvoir d’achat permet seulement de répondre à leurs besoins essentiels [...] 58% des Français éprouvent des difficultés d’accès au logement ; ce chiffre s’élève à 84% pour les DROM [...] 76% estiment que les femmes et les hommes politiques sont déconnectés des réalités vécues par les citoyens et les citoyennes ».

D’après le quatrième rapport sur la pauvreté en France.,le modèle social laisse encore trop de monde sur le bord de la route, « en 20 ans, le taux de pauvreté a augmenté de 7 à 8%, le nombre de pauvres de quatre à cinq millions ».

 Le Président promet une croissance meilleure et veut continuer à réformer (!). En 2017, le PIB de la France était de 2 291,7 milliards d’euros. En 2022, le PIB croît de 2,5% en euros constants, après le fort rebond de 2021 (+6,4%), qui faisait suite à la chute de l’année 2020 (-7,5%). La croissance économique a donc été moins forte qu’attendue. La France chute et arrive à la 28e place des pays au plus gros PIB par habitant. Fin 2023, avec un bon taux au deuxième trimestre et les trois autres nuls, le PIB français a finalement augmenté de 0,9% (2 639,01 milliards d’euros). La conjoncture actuelle n’est plus très optimiste. Le consensus des économistes est une augmentation en cumulé de 5% pour 2024-2027. Avec une croissance acquise de 1,1% en 2024 et si aucun investissement n’est fait au service de la croissance, en 2027 cette croissance tomberait à moins de 1%.

L’épargne financière des ménages est estimée à 4 427,7 milliards d’euros en 2023, dont 935,5 milliards d’euros déposés sur les produits d’épargne réglementée. Une partie de cette manne peut être utilisée pour créer de nouveaux livrets réglementés au lieu d’augmenter la dette extérieure nette de la France qui a atteint 1 102 milliards d’euros en 2023 soit 39,1% du PIB. Avec des plafonds de versement, les nouveaux produits d’épargne seraient garantis et rémunérés. Les nouveaux contrats devraient présenter plusieurs atouts pour les consommateurs : flexibilité, frais de gestion nuls, pas de frais de transfert, avantages fiscaux, etc. En plus tous les livrets réglementés doivent être gérés uniquement par des caisses de crédit publiques paritaires pour financer des prêts d’investissements ou des prêts participatifs et non par des banques commerciales. Conformément au traité de Rome, les caisses de crédit publiques peuvent en plus emprunter directement à la Banque centrale européenne à des taux très compétitifs.

Au lieu de développer des champions nationaux cotés en Bourse, la France pourrait, comme l’Allemagne l’a déjà fait, créer plusieurs milliers de PME locales, pionnières et financées en totalité et à long terme par les établissements de crédit publics. L’Allemagne a adopté le « Mittelstand » qui est la principale force de son économie avec 3,5 millions d’entreprises familiales innovantes. Les PME du Mittelstand se financent en majorité via les 500 caisses d’épargne publiques (2 492,8 milliards d’euros).

Les investissements retenus doivent être de haute qualité, nécessaires et utiles tels que la transition écologique, la santé et la dépendance, la ruralité et les infrastructures, etc. La France ne devrait pas opérer de dépenses publiques de fonctionnement pour des raisons électorales ni pratiquer avec acharnement une politique pro-européenne et pro-business.

Pour obtenir une croissance forte dans les domaines de la fin de vie, du zéro chômeur, du « zéro émission nette », etc. il n’est plus nécessaire de parler de « réformes structurelles ». La dette publique sera réduite, ainsi que la pauvreté et les inégalités.

Les indicateurs macro-économiques parlent d’eux-mêmes, la politique de l’offre ne fut pas une réussite. Avec 82,52 milliards d’euros en 2008, 156,88 milliards d’euros versés en 2019 et  près de 175 milliards d’euros en 2022, les subventions aux entreprises sont devenues le premier poste de dépenses de l’État français. Il est nécessaire de réduire doucement les aides et augmenter rapidement leurs fonds propres par des emprunts participatifs ou avances conditionnées par l’État, avec des taux zéro gérés par des caisses de crédits publiques. Le renforcement des fonds propres sert à consolider la structure financière, à augmenter la trésorerie, à financer une nouvelle activité, à créer des emplois et à rassurer les créanciers. Cette mesure sert à réduire les dépenses de l’État sans nuire à l’emploi ni aux entreprises.

Il faut rompre avec l’austérité souhaitée depuis plusieurs décennies, relancer la demande par des mesures de soutien et par la correction de certaines réformes structurelles incomprises par les Français. Toutes les mesures doivent induire des hausses mécaniques d’aide à la consommation des ménages qui n’ont pas la possibilité d’épargner faute de moyens insuffisants et qui de ce fait affecteront toute hausse de leur revenu disponible à la consommation. En même temps il faut réduire la pression fiscale sur les classes moyennes.

Avec une faible inflation, cette mesure sert à relancer la croissance. Toutefois pour éviter un dérapage budgétaire (hausse des dépenses supérieures aux recettes de la croissance) le gouvernement doit mettre en place des dispositions fiscales transitoires pour réduire les dépenses. Exemples : augmenter le taux sur l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) à partir de 2,5 millions d’euros de patrimoine net taxable, réduire les niches fiscales les plus couteuses pour les contribuables riches, comme le crédit d’impôt emploi salarié à domicile… Pour les entreprises : taxer les rachats d’actions à la hauteur du prélèvement forfaitaire unique (flat tax), limiter les subventions pour la recherche et le développement à la proportion du chiffre d’affaires réalisé en France par des sociétés ayant leurs sièges sociaux en France…

Dans une période de hausse des prix modérée, l’accélération de l’investissement public par le multiplicateur d’investissement permet d’amplifier directement l’effet-demande sur le niveau d’activité, tout en amorçant les investissements privés dans les secteurs engagés par l’État. Ils sont nécessaires pour corriger les faiblesses structurelles : santé, éducation, formation, etc.

Dès que les premiers résultats positifs de la relance par la demande soutenue par les investissements publics productifs apparaissent, il est nécessaire de reprendre graduellement des dispositions susceptibles de favoriser à nouveau l’offre par une baisse de cotisations (et non pas par des aides) accordée aux entreprises pour favoriser les salaires et augmenter la productivité.

« Tous les hommes politiques appliquent sans le savoir les recommandations d’économistes souvent morts depuis longtemps et dont ils ignorent le nom » John Maynard Keynes.

Par Gabriel Gaspard

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