Le délitement de l’autorité présidentielle

Le délitement de l’autorité présidentielle

 

La chute du gouvernement Barnier rappelle la difficulté française à rétablir la logique parlementaire, l’ancrage des réflexes présidentialistes et la nécessité de vivre dans un parlementarisme déprésidentialisé, analysent, dans une tribune au « Monde », les juristes Denis Baranger, Bruno Daugeron et Jean-Marie Denquin.
Pour quiconque aurait en mémoire les principes du gouvernement parlementaire, la chute du gouvernement Barnier n’est ni une surprise ni un accident. Elle était même entièrement prévisible dès la formation de ce ministère. Celui-ci n’avait pas été porté sur les fonts baptismaux avec de grands atouts : sa composition rassemblait des partis électoralement faibles et idéologiquement hétérogènes. Il ne jouissait pas d’une majorité décidée à le soutenir à l’Assemblée nationale, même par la voie d’un simple accord de « non-censure ».

Un tel gouvernement était donc exposé à toutes les adversités. Elles se sont conjuguées pour le mener à sa perte, au travers d’une motion de censure coagulant deux oppositions mutuellement hostiles : d’un côté, le Rassemblement national (RN) (et ses alliés) ; de l’autre, l’ensemble de la gauche. Les majorités ponctuelles qui ont émergé pendant ces quatre mois, et permis de faire voter quelques dispositions législatives, n’ont pas suffi à conjurer ce péril, pas plus que les efforts du premier ministre pour apaiser, par telle ou telle concession ou geste diplomatique, le mécontentement de la cheffe du RN.
Rien n’autorisait donc à croire aux chances du malade, du moment qu’on avait compris que sa survie ne dépendait plus que de l’Assemblée nationale. Selon la logique parlementaire qu’impose notre Constitution, c’est elle seule qui décide du sort du gouvernement. Pas besoin donc d’être un mage, ou une intelligence artificielle, pour prédire ce qui allait se produire.

Il faut dire que c’est une bien curieuse équation qui semble avoir présidé à la naissance de ce gouvernement, malgré un décorum traditionnel. Le soutien présidentiel, concédé après de longues tergiversations, a ressemblé à la fameuse corde soutenant le pendu. Si le président s’est accordé un droit de regard sur la composition du gouvernement, il est resté, de gré ou surtout de force, éloigné de la décision politique proprement dite, dont M. Barnier a déclaré avec raison qu’elle ne relevait « que de lui seul ». En même temps, son soutien parlementaire, ou ce qui en tenait lieu – et qui restera sous le nom, quelque peu ironique, de « bloc central » – était constamment ébréché par les ambitions personnelles ….

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