Pour une vraie démocratie
Face à la difficulté qu’ont les institutions à rassembler pour faire société, il est plus que jamais nécessaire de réinsuffler, auprès de tous, l’envie d’échanger sur nos accords et nos désaccords, afin de recréer de la cohésion. Notre démocratie en dépend, plaide la coalition du Pacte 2025 pour la réconciliation citoyenne.( dans la Tribune)
51% des Français ne sont pas satisfaits du fonctionnement de notre démocratie, avec une nette dégradation de ce chiffre depuis les années 2000. Contrairement aux idées reçues, ceci n’est pas le reflet d’un désintérêt croissant pour la politique : c’est plutôt celui d’un fort sentiment de déconnexion croissante entre les citoyens et leurs institutions.
Depuis le début du 21e siècle, les démocraties sont confrontées à deux défis majeurs : le premier est que souvent, les déclarations d’intention lors des campagnes électorales, au sein de l’hémicycle ou ailleurs, ne font pas consensus sur le terrain ou passent inaperçues. Ainsi, elles ne donnent pas le sentiment aux citoyens d’avoir un véritable impact sur leur vie quotidienne ni de dessiner un avenir commun souhaitable. Le second, c’est leur difficulté – voir incapacité – à maintenir ouvert un dialogue entre élus, citoyens ou partenaires sociaux, qui ne partagent pas les mêmes convictions. Cette situation creuse un peu plus la crise de confiance des citoyens envers les institutions et provoque une fragmentation accrue de la société, exacerbée par les réseaux sociaux dont les algorithmes sont construits pour ne nous montrer que ce que nous voulons voir, à l’abri de tout autre point de vue divergent.
La saga politique cet été en France, qui semble reprendre, est le reflet de ce nouveau fléau et la preuve qu’il devient, même dans les appareils démocratiques, difficile de concilier. Alors que 9 Français sur 10 déplorent un débat public trop agressif, il apparaît désormais urgent et nécessaire de créer des moments et des espaces qui soient dédiés à la réflexion commune, au partage d’idées, au débat, loin des clivages partisans.
Au-delà des institutions nationales, c’est en appeler aux élus, aux citoyens, aux associations, aux entreprises, de sauver notre démocratie et de sortir d’une attitude de confrontation permanente : tous concernés, c’est en plaçant chacun d’entre nous au cœur de la discussion et des décisions que nous réussirons à sortir de ce statu quo. Devenir des ingénieurs plutôt que des théoriciens de notre démocratie, c’est s’assurer de mettre en place des actions concrètes de dialogue et de partage, comme peuvent l’être l’organisation d’une convention citoyenne augmentée afin de réfléchir au rôle et aux évolutions possibles de nos institutions et de notre système électoral, ou encore la création d’outils ludiques pour initier les citoyens et notamment les plus jeunes aux rouages de la démocratie et à ses défis.
Lorsqu’il s’agit de technologie, deux constats : le premier, c’est que la technologie évolue à un rythme inégalable face à nos institutions centenaires, rendant difficile de légiférer en temps et en heure. La seconde, c’est que si la technologie peut être mise au service de la désinformation, il est aussi possible de la mettre au service de la conciliation citoyenne et de la résilience démocratique.
Qu’il s’agisse des réseaux sociaux ou de l’intelligence artificielle générative (ou non) dont le Q.I. grandit de jour en jour, ces technologies sont là pour rester : il nous revient d’en faire une force, plutôt que de les subir. L’IA transforme l’emploi, la santé, la culture, l’économie, l’information… des sphères qui sont critiques au bon fondement et fonctionnement de notre société, et par conséquent de notre démocratie. Associer les citoyens et la société civile à une réflexion sur son impact paraît donc absolument nécessaire. Et puisque les réseaux sociaux sont capables de pousser en continu des contenus fidèles à nos opinions, peut-être pourraient-ils aussi diffuser des messages valorisant le vivre ensemble et le dialogue constructif ?
Associations, entreprises, citoyens, monde académique, partenaires sociaux : notre démocratie ne peut pas vivre à travers le seul rendez-vous électoral, il est ainsi dans l’intérêt de tous de s’impliquer davantage. Si nous avons besoin de nos institutions, elles ont aussi besoin de nous : en engageant des actions de terrains concrètes, en leur livrant des constats précieux et en tissant à nouveau des liens qui permettent à la France de sortir de l’immobilisme.
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(*) Les signataires:
- Axel Dauchez, Président et fondateur de Make.org
- Constance Bommelaer de Leusse, directrice de l’Institut IA & Société à l’ENS et conseillère du Tech Hub de SciencesPo
- Clémence Pène, co-présidente A voté
- Yves Mathieu, Missions Publiques, fondateur et co-directeur
- Emmanuel Lansac, président, co fondateur d’Accords Citoyens
- Laure Salvaing, Directrice Générale de Verian France
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