France: Dérapage budgétaire ou naufrage financier ?
Antoine Armand, ministre de l’Économie, au micro de CNews le 4 novembre 2024, a parlé ce matin d’un « risque de dérapage des finances publiques », comme si la situation n’était qu’une menace lointaine. Mais les chiffres sont clairs depuis déjà un certain temps : la France est déjà en dérapage incontrôlé. En 2024, le déficit public dépasse les 6 % du PIB, loin des 4,4 % prévus. Ce gouffre est la preuve d’une gestion budgétaire sans vision, une fuite en avant qui hypothèque notre avenir. Dire qu’il n’y a qu’« un risque « minimise totalement la gravité de la situation. La vérité, c’est que la France est déjà en plein chaos financier.
par Par Simon Daragon, docteur en droit fiscal, maître de conférence à l’Université Catholique de Lille dans La Tribune
Les gouvernements successifs ont accumulé les promesses coûteuses et les dépenses sans fond, sans jamais assumer la réalité : notre modèle actuel de gestion publique est insoutenable. Tant qu’on ne prendra pas ce problème à bras-le-corps, nos finances continueront de sombrer, et c’est aux générations futures que nous laisserons cette dette écrasante. Un État responsable est un État qui protège l’avenir de ses citoyens et qui assure une stabilité budgétaire. Aujourd’hui, nous en sommes bien loin.
Ce dérapage n’a pas échappé aux agences de notation et aux créanciers internationaux. Fitch a récemment abaissé la perspective de la France de « stable » à « négative ». Pour eux, la situation de la France n’est plus fiable. Ils voient ce que le gouvernement refuse d’admettre : la France n’est plus un modèle de stabilité économique, mais un État endetté, affaibli par des choix de gestion irresponsables. Cette dégradation, c’est un coup porté à notre souveraineté. Comment pouvons-nous prétendre peser en Europe si notre modèle économique s’effondre ? À force de dilapider les ressources publiques, c’est notre compétitivité, notre influence et notre crédibilité qui s’effondrent.
Les citoyens, eux, ne se laissent pas tromper. Ils voient bien cette dérive au quotidien : des services publics en crise, qu’il s’agisse de l’éducation, de la santé, ou de la justice. Nos hôpitaux sont saturés, les écoles manquent de moyens et la justice est à bout de souffle. Cette situation, on ne peut pas la mettre sur le dos des citoyens ou des entreprises, déjà soumis à une pression fiscale record. La seule réponse du gouvernement est de parler d’« éventuelles réductions de dépenses », sans jamais préciser lesquelles, et d’annoncer des hausses d’impôts « ciblées », une tentative de gain de temps sans rien régler. Les Français attendent de la clarté et des mesures fortes, pas des promesses floues.
La seule réponse durable à cette crise, c’est une refonte complète de la gestion des finances publiques. La France a besoin d’un État responsable, qui dépense uniquement ce qu’il a, qui gère avec rigueur, et qui ne fait pas peser ses dettes sur le dos des générations à venir. Nous demandons un plan de réduction des dépenses publiques, ciblé et transparent. Cela signifie des choix difficiles, mais des choix nécessaires, qui pourraient inclure la révision des allocations mal ciblées, une gestion plus stricte des dépenses de l’administration publique et une réduction des charges non essentielles. C’est ainsi que l’on mettra fin à la dérive et que l’on retrouvera une gestion saine de l’État.
Quant à la fiscalité, nous ne pourrons pas redresser la France en augmentant encore les impôts. Ce modèle d’asphyxie fiscale a montré ses limites. La France est l’un des pays les plus taxés au monde. Il est temps de redonner de l’air à nos ménages et à nos entreprises, pour relancer l’investissement, l’innovation, et la création d’emplois. Un État responsable doit cesser de voir dans les Français une source infinie de revenus fiscaux. Le redressement des finances publiques passe par un État plus efficace, qui n’étouffe pas ses citoyens et qui favorise la croissance économique plutôt que de la freiner.
Alors non, Monsieur le Ministre, il n’y a plus de « risque » : le dérapage est bien réel, et la France plonge.
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(*) Docteur en droit fiscal, Simon Daragon enseigne en tant que maître de conférences à l’université. Il a étudié à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et à l’Université Paris 2 Panthéon-Assas, où il s’est spécialisé en droit fiscal et en fiscalité internationale. Il a également travaillé pour divers cabinets d’avocats et entreprises, et il donne des conférences en France et dans le monde.
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