Agriculture : la crise qui revient

Agriculture : la crise qui revient

par  Lucie Robequain, directrice des rédactions de « La Tribune ».

 

La fronde paysanne, selon les experts de la météo sociale, a toutes les chances d’éclater aux alentours du 20 novembre. Les raisons sont multiples, et plus ou moins glorieuses. Les élections aux chambres d’agriculture font clairement partie des secondes. Organisées tous les six ans, elles déterminent les subventions publiques dont dispose chaque syndicat. Les prochaines auront lieu en janvier. De la FNSEA à la Coordination rurale en passant par la Confédération paysanne, toutes sont donc poussées à la surenchère sociale pour grappiller des voix et de l’argent.

 

par  Lucie Robequain, directrice des rédactions de « La Tribune »

 

 

Cela promet des actions musclées aux quatre coins de la France et un beau bras de fer contre le gouvernement, accusé de ne pas soutenir suffisamment le monde paysan. À Ces petits calculs s’ajoutent des angoisses parfaitement légitimes. Le dossier du partage des revenus avec la grande distribution a été totalement abandonné depuis la dissolution gouvernementale. Les catastrophes climatiques deviennent toujours plus nombreuses et protéiformes (pluies torrentielles, gelées, tornades, canicules, etc.) et plongent les paysans dans un contexte d’instabilité constante. L’écologie est essentielle, les jeunes agriculteurs en ont parfaitement conscience.

Les éleveurs craignent d’être inondés de poulets brésiliens, les syndicats montent le sujet en épingle pour mobiliser leurs troupes !

 

Mais comment accepter de poursuivre le combat quand Donald Trump, nouvellement élu, s’apprête à lever les contraintes environnementales des agriculteurs du Midwest ? La conclusion dans les prochaines semaines d’un accord de libre-échange entre l’UE et le fameux Mercosur risque d’être la goutte de trop. Les éleveurs craignent d’être inondés de poulets brésiliens, les syndicats montent le sujet en épingle pour mobiliser leurs troupes. Avec cette idée, largement erronée, que Bruxelles sacrifie nos intérêts agricoles sur l’autel de l’automobile allemande.

C’est oublier que l’agriculture européenne dégage des excédents commerciaux et a largement profité des accords de libre-échange jusqu’alors. Certes, la France vend toujours moins de lait et de bœuf. Mais elle le doit essentiellement à elle-même et à son manque de compétitivité, qui transparaît dans la dégradation des échanges avec nos voisins européens. Les produits italiens sont soumis au même cadre réglementaire et commercial que les nôtres… et pourtant, ils n’ont jamais connu autant de succès à l’international.

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