JO: une joie collective retrouvée
Nous nous sommes extasiés chaque jour un peu plus, de tout, ensemble. Tout était nul, tout est magique ; un détail révélateur m’a frappé : les sympathiques Phryges ont été l’objet de tous les sarcasmes, avant de devenir des icônes. On a fini par tout aimer dans nos Jeux ! Pour ne pas perdre la main, nous avons tout de même ajouté une pincée de polémique, sur la Cène, la scène, la Seine. A coup sûr, dès cette semaine, les mauvais esprits ressurgiront, pour s’attribuer le mérite du succès qu’ils n’avaient pas prévu ou ressusciter nos débats favoris, sur le coût, l’impact, le caractère éphémère de ce moment d’union.
Qu’est-ce que cela dit de nous et que pouvons-nous en tirer ? Nous sommes un peuple très politique. Tout est chez nous matière à débat. Et beaucoup de Français ont été bousculés, angoissés par la période de la dissolution de l’Assemblée nationale : après un stress intense, les Jeux ont été une bouée de sauvetage psychologique, un plaisir de soulagement. C’était le Prozac ou les Jeux, nous avons eu les Jeux.
Il y a plus que cela. Ce moment olympique a montré de manière presque parfaite notre état d’esprit tricolore : celui d’une fierté et d’une joie contrariées, d’une névrose auto-infligée. Le peuple français est l’un des plus pessimistes, comme le montre l’étude annuelle comparée de l’Ipsos ; nous revendiquons un bonheur privé et une tristesse collective. Sans être naïfs ou béats (il y a de la marge), cette vague de joie non réprimée révèle que nous avons, au fond, envie d’être heureux ensemble. Que nous voulons être fiers de la France. Que, même lorsque chacun ne goûte pas chaque détail d’une cérémonie, l’immense majorité des Français a envie de savourer plus que de dénigrer, d’aimer plus que de haïr, de célébrer le beau, le divers, le grandiose
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