Comme la croissance, l’emploi en berne
Certains experts s’étonnent que l’emploi soit à nouveau orienté à la baisse. Il n’y a pourtant pas de miracle puisque c’est une conséquence directe du très net tassement de la croissance qui devrait tourner autour de 0. 7 % en 2024. Le phénomène est d’ailleurs mondial. Mais il affecte en particulier la Chine affrontée à des questions financières, d’endettement et de consommation intérieure sans parler de la question plus structurelle de la démographie qui s’écroule et de la mainmise du parti communiste qui étouffe l’économie. Même aux États-Unis on s’interroge maintenant sur la possibilité d’une croissance également en berne depuis l’été. Parmi les éléments explicatifs, il faut aussi prendre en compte la baisse du commerce international notamment concernant le secteur automobile qui s’interroge toujours sur les perspectives de la voiture électrique. À noter également que le contexte géopolitique international n’est pas favorable à une vision sereine de l’avenir en particulier du fait de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, des menaces au Proche-Orient et en mer de Chine.
Après un premier trimestre qui avait surpris par son dynamisme, le marché du travail a marqué le pas au printemps. Entre fin mars et fin juin, l’emploi salarié du secteur privé est resté quasi stable, avec 7.900 postes en moins, selon une estimation provisoire de l’Insee publiée ce mardi matin, alors qu’il avait augmenté de 61.000 sur les trois premiers mois de l’année (+0,3 %).
A un peu plus de 21,15 millions, les effectifs salariés dans le secteur privé excèdent toujours leur niveau d’il y a un an de 0,4 % (soit +78.000 postes) et celui d’avant la crise sanitaire (fin 2019) de 6,1 % (+ 1,2 million d’emplois), a précisé l’Institut statistique national.
Pour mémoire, au premier trimestre, l’économie française s’était enrichie de 75.000 emplois au total, dans le privé et le public, salariés ou non. La progression dans le privé tenant principalement de CDD et de deux secteurs d’activité, hôtellerie-restauration et services aux entreprises, nombre d’observateurs y avaient vu un effet préparation aux JO , les jeunes en étant les principaux bénéficiaires.
Les entreprises ont-elles ensuite levé le pied sur les embauches, malgré une croissance du PIB qui s’est avérée plus forte que prévu selon une première estimation de l’Insee La publication, le 30 août prochain, des chiffres définitifs du deuxième trimestre, permettra d’y voir plus clair, d’autant qu’ils infirment souvent les chiffres provisoires, dans un sens comme dans l’autre.
En attendant, l’estimation flash publiée ce mardi montre que l’emploi a continué sa glissade dans la construction, avec 6.300 postes en moins au deuxième trimestre, qui s’ajoutent aux 9.000 perdus sur le premier. Habituelle locomotive du marché du travail, le tertiaire marchand hors intérim est quasi stable, ne gagnant que 6.300 emplois après +50.700. L’intérim s’affiche en net recul (-20.000). L’agriculture a connu le même sort, quoique de manière plus mesurée (-2.100).
Dans sa dernière note de conjoncture – publiée le 9 juillet, mais réalisée avant la dissolution de l’Assemblée – l’Insee tablait sur une progression de l’emploi total modérée de 0,1 sur chacun des trois derniers trimestres de l’année. Soit +185.000 postes, fin 2024, sur un an.
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