La coalition ou la crise ?
Le Parlement doit urgemment renouer avec la culture du compromis, si la France veut éviter la paralysie juge le professeur, Thierry Chopin, dans une tribune au « Monde ».
par
Thierry Chopin
professeur invité au Collège d’Europe à Bruges (Belgique)
Les résultats des élections législatives des 30 juin et 7 juillet en France dessinent un paysage politique très fragmenté en dépit de la formation de trois blocs : la gauche, le centre et l’extrême droite. Cette fragmentation inscrit la vie politique française dans le droit fil des dynamiques à l’œuvre en Europe tant au niveau national qu’à l’échelle de l’Union. Mais son degré est inédit pour la Ve République et les formations politiques françaises y sont mal préparées du fait de l’absence de culture du compromis et de la brutalisation de la vie politique hexagonale.La principale conséquence de cette situation est évidente : l’absence de majorité stable. La France sera difficilement gouvernable au-delà des affaires courantes et urgentes. Cette situation crée en outre la perspective d’une nouvelle dissolution dans un an, augmentant l’incertitude du calendrier électoral. Dans cette situation, chaque formation pourrait chercher à rejeter sur les autres la responsabilité du blocage politique, plutôt que de faire les compromis nécessaires à la formation de majorités transpartisanes.
Ces élections marquent aussi la parlementarisation de la vie politique française avec une forte participation électorale et l’impopularité du président de la République. Mais paradoxalement, le Parlement pourrait ne pas en sortir renforcé, si la fragmentation et la polarisation du paysage politique le plongent dans l’indécision.
La voie d’une grande coalition semble ainsi d’emblée avoir été exclue, plusieurs partis l’ayant rejetée dès le soir des résultats. En outre, tout gouvernement minoritaire risquerait de faire l’objet d’une motion de censure et aurait beaucoup de difficultés à mettre en œuvre son programme, renforçant à terme le Rassemblement national.
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