A contrario, sur longue période, et toujours actuellement, les dépenses alimentaires en valeur suivent une progression régulière. Enfin, leur part dans le revenu des ménages est légèrement déclinante. Sur la période 1990-2019, la consommation alimentaire en valeur a une tendance stable d’augmentation, d’environ 2,6 % par an. Lorsque la part consacrée à l’alimentaire dans le revenu (disponible brut) a connu des évolutions plus marquées, cela tient plutôt aux revenus qui ont connu des variations trimestrielles significatives tandis que les dépenses de consommation des ménages suivaient une tendance relativement stable. La croissance régulière des dépenses alimentaires sur longue période pourrait refléter, d’un point de vue microéconomique, le pilotage budgétaire des ménages, et leurs adaptations pour rester dans leur budget.
Sur le long terme, avant la crise sanitaire, la part dédiée aux dépenses alimentaires a toutefois une tendance à la baisse (−0,1 pt par trimestre en moyenne entre 1990 et 2019) : si l’on corrige de cet effet, la part du revenu consacrée à l’alimentaire était en 2023 proche de celle de 2019. Pendant la crise sanitaire, la part des dépenses alimentaires dans le revenu a ponctuellement cru, avant de rapidement retrouver sa tendance une fois les confinements terminés.
La baisse de la consommation alimentaire en volume peut refléter une baisse des quantités mais aussi un effet « qualité » sur les produits consommés. Le partage volume-prix a joué à la baisse pour la consommation alimentaire en 2023 : en valeur (à prix courant), elle a augmenté (+5,7 %), mais beaucoup moins que les prix (+11,8 %) ; ainsi, la consommation en volume a baissé (−3,5 %). Les changements de consommation en volume reflètent notamment des comportements d’adaptation des ménages. Ces comportements sont à la fois des changements de gamme (passage de produits de marque nationale à des produits de marques distributeurs…), des changements d’enseigne (passage de Carrefour à Aldi…) ainsi qu’une recomposition par produit du panier (moins de viande pour plus de pâtes…). Tous ces comportements se traduisent par une baisse de la consommation en volume, bien qu’ils n’influencent pas directement les quantités achetées. En effet, s’il n’y a pas d’inflation d’une année sur l’autre (soit pas d’effet prix) alors si les ménages changent leurs comportements (gamme, distributeur, composition du panier) alors la baisse de la consommation en valeur se traduira par une baisse de la consommation en volume, en l’absence d’effet-prix.
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