L’unité de la gauche : le principal frein pour gouverner
Rémi Lefebvre, politologue : « Si la gauche tient à son unité, elle ne peut pas gouverner. Mais cette unité est-elle une fin en soi ? »
Le professeur de sciences politiques à l’université de Lille explique que le blocage des négociations au sein du Nouveau Front populaire pour le choix d’un premier ministre « révèle le cœur des désaccords stratégiques à gauche ».
Rémi Lefebvre, professeur de sciences politiques à l’université de Lille, auteur de Faut-il désespérer de la gauche ? (Textuel, 2022), analyse, dans un entretien au Monde, les blocages politiques d’un Nouveau Front populaire (NFP) arrivé en tête des élections législatives le 7 juillet, mais qui peine à s’entendre pour proposer un nom pour Matignon.
A l’issue des élections législatives, le NFP pouvait-il ne pas déclarer qu’il avait gagné même si c’était une victoire en demi-teinte ?
Non, c’était impossible. Idéologiquement, c’était important d’affirmer cette victoire, parce que le peuple de gauche la réclame, même s’il ne l’attendait pas. La gauche ne peut pas perdre la face et laisser le « point » à Emmanuel Macron. Préempter la victoire, c’est acter que la gauche progresse, qu’elle peut gagner à terme, qu’elle donne un espoir alors qu’un désespoir règne. La gauche sociale et électorale a essuyé tellement de défaites…
Mais la suite, on le constate, est très compliquée. D’un certain point de vue, on peut dire que Jean-Luc Mélenchon [le leader de La France insoumise, LFI] a « cornérisé » la gauche, même si c’était surtout une manière de mettre d’emblée la pression sur le Parti socialiste [PS]. Désormais, ce « on a gagné » est à prendre ou à laisser. Jean-Luc Mélenchon est le maître des horloges. Il dicte le tempo.
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