Politique: Le suicide de la gauche ?

Politique: Le suicide de la gauche ?
Dix jours de discussions stériles entre les chefs des partis du Nouveau Front populaire n’auront abouti qu’à une évidence : unie et efficace dans le combat contre l’extrême droite, la gauche perd toute cohérence lorsqu’elle est aux portes du pouvoir. (papier du Monde) 
Les discussions ne sont pas rompues, mais dix jours de palabres stériles entre des chefs de parti qui promettaient de s’entendre rapidement sur le nom d’un premier ministre et n’y parviennent pas mettent en lumière une faiblesse structurelle : unie et efficace dans le combat contre l’extrême droite, la gauche perd toute cohérence lorsqu’elle est aux portes du pouvoir.

Alors qu’elle est arrivée en tête du second tour des élections législatives, dimanche 7 juillet, sans pour autant disposer, à elle seule, d’une majorité pour gouverner, ses dirigeants ont laissé passer leur chance d’imposer un rapport de force au président de la République, affaibli par la dissolution. En jouant de l’effet de surprise, ils pouvaient tout à la fois revendiquer Matignon et imposer une lecture parlementaire de la Constitution en cherchant à nouer des alliances. Encore fallait-il qu’ils agissent vite, unis et déterminés, ce qu’ils ont été incapables de faire.

Le spectacle offert par des négociations menées à huis clos sans aucune transparence, avec des noms jetés en pâture pour être aussitôt disqualifiés, s’apparente à un sabordage. Il renvoie la gauche à ses faiblesses stratégiques et programmatiques. Sous la belle appellation du Nouveau Front populaire, la guerre des gauches continue de faire rage. Elle se cristallise dans un affrontement sans merci entre LFI et le Parti socialiste, au moment où une amorce de rééquilibrage s’opère. Jean-Luc Mélenchon cherche à conserver l’ascendant sur la gauche qu’il exerçait à travers la Nouvelle Union populaire écologique et sociale depuis les élections législatives de 2022. Partisan de la radicalité, privilégiant le rendez-vous présidentiel, il ne veut gouverner qu’aux conditions fixées par LFI, ce qui revient à s’exclure du jeu.

Les socialistes, qui ont quasiment doublé le nombre de leurs élus, cherchent à s’affranchir de son joug. Eux sont attachés à la culture de gouvernement, ils savent que le contexte budgétaire tendu exige de hiérarchiser les priorités et que le tripartisme oblige à chercher des alliés au-delà de son camp. Mais ils ne veulent pas prendre le risque de se désolidariser du reste de la gauche et redoutent d’être vus comme des « traîtres ». C’est pourquoi l’union n’est pas officiellement rompue mais elle menace de devenir stérile. Plus ils tergiversent, plus les dirigeants du Nouveau Front populaire se condamnent à ne peser qu’en contre dans les mois à venir.

Au regard de la complexité de la situation politique, ce choix revient à privilégier l’évitement plutôt que la prise de risque. Le calcul très politicien peut avoir des avantages si l’instabilité gouvernementale domine au cours des prochains mois. Il risque cependant d’être sévèrement jugé par les électeurs de gauche qui ont voté pour que ça change et constatent qu’en réalité tout est fait pour que rien ne bouge.

0 Réponses à “Politique: Le suicide de la gauche ?”


  • Aucun commentaire

Laisser un Commentaire




L'actu écologique |
bessay |
Mr. Sandro's Blog |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | astucesquotidiennes
| MIEUX-ETRE
| louis crusol