Alors qu’elle est arrivée en tête du second tour des élections législatives, dimanche 7 juillet, sans pour autant disposer, à elle seule, d’une majorité pour gouverner, ses dirigeants ont laissé passer leur chance d’imposer un rapport de force au président de la République, affaibli par la dissolution. En jouant de l’effet de surprise, ils pouvaient tout à la fois revendiquer Matignon et imposer une lecture parlementaire de la Constitution en cherchant à nouer des alliances. Encore fallait-il qu’ils agissent vite, unis et déterminés, ce qu’ils ont été incapables de faire.
Le spectacle offert par des négociations menées à huis clos sans aucune transparence, avec des noms jetés en pâture pour être aussitôt disqualifiés, s’apparente à un sabordage. Il renvoie la gauche à ses faiblesses stratégiques et programmatiques. Sous la belle appellation du Nouveau Front populaire, la guerre des gauches continue de faire rage. Elle se cristallise dans un affrontement sans merci entre LFI et le Parti socialiste, au moment où une amorce de rééquilibrage s’opère. Jean-Luc Mélenchon cherche à conserver l’ascendant sur la gauche qu’il exerçait à travers la Nouvelle Union populaire écologique et sociale depuis les élections législatives de 2022. Partisan de la radicalité, privilégiant le rendez-vous présidentiel, il ne veut gouverner qu’aux conditions fixées par LFI, ce qui revient à s’exclure du jeu.
Au regard de la complexité de la situation politique, ce choix revient à privilégier l’évitement plutôt que la prise de risque. Le calcul très politicien peut avoir des avantages si l’instabilité gouvernementale domine au cours des prochains mois. Il risque cependant d’être sévèrement jugé par les électeurs de gauche qui ont voté pour que ça change et constatent qu’en réalité tout est fait pour que rien ne bouge.
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