Violence politique aux États-Unis : une longue histoire
Dans une tribune au « Monde », Anne-Lorraine Bujon, directrice de la rédaction de la revue « Esprit », développe une analogie entre la période actuelle et les troubles qui ont suivi la guerre de Sécession.
L’attentat manqué contre Donald Trump, lors d’un meeting de campagne à Butler, en Pennsylvanie, réactive la mémoire d’une longue histoire de violence politique aux Etats-Unis. Quatre présidents y ont été assassinés, en commençant par Abraham Lincoln à la fin de la guerre de Sécession [en 1865], mais seize autres ont été victimes de tentatives d’assassinat. Sans compter que cette violence a touché des candidats à la présidence, des juges à la Cour suprême, des élus au Congrès, des maires, des leaders politiques ou syndicaux. Ainsi, lorsque Joe Biden a déclaré, immédiatement après l’attentat, que « la violence politique n’a pas sa place aux Etats-Unis », on aimerait être d’accord avec lui, mais ce n’est pas ce que nous enseignent les faits.
L’atmosphère de cette campagne électorale hors norme, dans laquelle se présentent deux candidats âgés, impopulaires auprès d’une grande partie de leur électorat, et porteurs de visions antinomiques de la direction à donner au pays, était propice à l’irruption de violences.
Depuis l’assaut donné au Capitole, le 6 janvier 2021, la police, l’armée, le FBI se tiennent d’ailleurs en état d’alerte, craignant qu’une condamnation judiciaire de l’ancien président ou de nouveaux résultats d’élection contestés ne mettent une fois encore le feu aux poudres. C’est l’une des raisons qui a motivé la vague d’arrestations et de condamnations parfois lourdes des émeutiers du Capitole, les forces de l’ordre préférant voir, un temps au moins, les meneurs loin de leurs troupes et des réseaux sociaux qui amplifient leur rhétorique incendiaire.
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