Pour un gouvernement d’union nationale
Au lendemain du deuxième tour des élections législatives les Français se posent la question des conséquences de ce scrutin qui dessinent un paysage politique totalement inédit. Si le premier tour du scrutin a marqué une indiscutable progression de l’extrême droite, le second a vu la renaissance d’un front républicain, hier encore donné pour moribond. En réalité, c’est ce front républicain qui l’a emporté. De même qu’Emmanuel Macron a été élu à la présidence de la République avec le soutien d’électeurs qui ne partageaient pas son programme, les députés du Nouveau Front Populaire tout comme ceux du bloc central l’ont également été avec le renfort décisif de Françaises et de Français ne partageant pas leurs options politiques.
par Par Franck Leroy, Président de la région Grand Est dans « La Tribune »
Dès lors, aucun camp, aucun bloc ne peut prétendre que les Français ont choisi son programme et encore moins prétendre à son application intégrale. Seuls les extrêmes ont intérêt à ces postures radicales.
« Nous appliquerons tout notre programme, sans compromis ni concessions » constitue une assertion mensongère inapplicable, sectaire et dangereuse. C’est tout le contraire qu’il faut faire pour répondre aux aspirations de nos compatriotes, désireux de responsabilité et d’unité nationale face à une situation inédite.
Pour répondre à l’aspiration des Français il faut d’abord entendre le message qu’ils ont émis en exprimant au premier tour leur mécontentement, voire leur colère. Négliger cette donnée serait ouvrir la porte de l’Élysée à l’extrême droite.
Les artisans de l’union républicaine réalisée dans les urnes doivent donc se parler, trouver des terrains de coopération et refuser le jeu des postures qui bloqueraient le fonctionnement du pays. Des majorités de projets sont-elles possibles ? À l’évidence, oui !
C’est ce que nous faisons tous les jours dans nos collectivités territoriales, nos communes, nos départements, nos régions. C’est bien méconnaître le fonctionnement de notre démocratie que de prétendre qu’il n’y a pas de proposition faisant consensus entre des députés sociaux-démocrates, centristes, et de la droite non-alignée sur le Rassemblement national.
Le spectacle affligeant des divisions politiciennes crée du rejet chez nos concitoyens. Il convient maintenant et de toute urgence de trouver les voies permettant à un gouvernement soutenu par une majorité de projets d’être en mesure de répondre aux urgences nationales et internationales.
Il est de la responsabilité de l’arc républicain de se rassembler au-delà des divergences et d’engager les réformes attendues. Se rassembler, ce n’est pas se renier. C’est agir pour la sauvegarde nationale. C’est faire acte de responsabilité. Cela passe par un dialogue républicain, à la recherche d’un accord de gouvernement.
En réalité, c’est ce que réclament nos concitoyens en imposant à l’extrême droite et à l’extrême gauche une minorité absolue à l’Assemblée nationale.
La France le réclame. 19 des 27 pays de l’Union européenne fonctionnent sur la base d’une coalition parlementaire, et ça marche ! En expérimentant un parlementarisme réactualisé, les forces politiques de l’arc républicain peuvent opérer ce changement culturel indispensable. Nier cette voie, c’est préférer les petits intérêts partisans à l’intérêt du pays. C’est nier les difficultés qui sont devant nous. C’est négliger les périls provoqués par les tensions internationales. C’est refuser d’entendre l’attente majoritaire des Françaises et des Français.
J’en appelle personnellement au respect de l’expression démocratique du Peuple Français. J’exhorte les dirigeants, de la droite et de la gauche de gouvernement et du centre, à ne pas détruire, au nom de leurs intérêts partisans, l’union réalisée dans les urnes par les Françaises et les Français.
Cette voie doit être explorée dans l’intérêt du pays.
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