Front républicain : une solution de court terme

Front républicain : une solution de court terme

 

Faire barrage au RN lors des seconds tours n’est qu’une solution de court terme et ne doit pas occulter la progression soutenue de l’extrême droite, souligne le chercheur dans une tribune au « Monde ». Le front républicain n’a de sens que si les forces politiques qui en bénéficient s’attellent à lutter contre les causes structurelles d’un vote qui n’a depuis longtemps rien d’accidentel.
Le front républicain a indubitablement montré, lors du second tour de ces élections législatives, une vigueur que peu soupçonnaient encore. Côté partis, la pratique massive des désistements – assurée aux trois cinquièmes par la gauche et aux deux cinquièmes par le centre – a abouti à faire tomber le nombre de triangulaires de 306 à 89, contribuant à limiter considérablement le nombre de députés Rassemblement national (RN) élus : dans les onze triangulaires maintenues où le RN arrivait en tête lors du premier tour, une seule circonscription a échappé au parti de Jordan Bardella. Côté électeurs, le report massif en faveur du candidat opposé au prétendant RN a fonctionné : selon Ipsos, 70 % des électeurs du Nouveau Front populaire (NFP) ont voté pour le candidat Ensemble ou Les Républicains (LR) quand il était en duel contre le RN, tandis que 54 % des électeurs Ensemble orphelins ont voté pour le candidat du NFP (hors LFI) contre 15 % pour le RN (respectivement 46 % et 19 % quand le candidat était LFI).

La force du front républicain étonne d’autant plus que nombre d’acteurs politiques s’étaient évertués à l’éroder – à commencer par le Rassemblement national lui-même –, voire à tenter de le renverser en présentant La France insoumise [LFI] comme l’ennemi principal. Lors de la très courte campagne précédant le premier tour, le camp présidentiel a ainsi réservé autant de piques à la gauche qu’à l’extrême droite. A cet égard, le choix de la plupart des électeurs du centre et même de certains électeurs de droite démontre la persistance d’une mémoire politique à laquelle bien peu de leurs candidats favoris ont su rendre hommage. Energique bien que polarisante à gauche, sélective et parfois opportuniste au centre, généralement absente à droite, la rhétorique du front républicain résonne encore dans une part considérable de l’électorat qui a dû voter pour un candidat dont elle désapprouvait le projet au nom d’un intérêt supérieur.
Pour autant, le « barrage » n’est qu’une solution de court terme et ne doit pas occulter la progression soutenue de l’extrême droite dans les urnes. Avec 143 députés (alliés ciottistes compris) et 10,6 millions de voix obtenues au premier tour, le RN bat de nouveau son record – et de loin. Le parti se normalise dans de nombreux voisinages, est en voie de notabilisation dans des territoires où il devient hégémonique, comme le Bassin méditerranéen, la Picardie ou la Lorraine, et dispose désormais de solides relais de propagande médiatique pour mettre ses thèmes, polémiques et idées au cœur du débat public.

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