Les contradictions d’un État palestinien maintenant

Les contradictions d’un État palestinien maintenant

 

Alors que Benyamin Nétanyahou s’y oppose, que ses ministres d’extrême droite prônent l’annexion de la Cisjordanie et que l’opinion publique préfère la sécurité à la paix, la proposition de créer aujourd’hui un Etat palestinien manque de réalisme, explique dans une tribune au « Monde », le politiste Samy Cohen.

 

 
Le Hamas est-il sorti vainqueur de sa confrontation avec Israël ? La messe n’est pas dite. Il a subi de lourdes pertes et rien n’indique pour l’instant que le gouvernement israélien soit sur le point de retirer l’armée de la bande de Gaza. Politiquement, c’est tout autre chose. Il a réussi à redonner un nouveau souffle à la cause palestinienne, au point de réveiller un vaste courant d’opinion favorable à la création d’un Etat palestinien. Des appels se font entendre de partout pour que la « communauté internationale » force la main à Benyamin Nétanyahou, en lui imposant des sanctions comme moyen de pression.

Cette option a-t-elle des chances d’aboutir dans un avenir prévisible ? Le manque de réalisme est le principal reproche qu’on puisse lui faire. Elle ne s’intéresse qu’à la ligne d’arrivée, ignorant les obstacles qui entravent sa route. Elle se berce de l’illusion qu’il n’y a rien de plus simple, qu’il « n’y a qu’à »…

Il serait d’ailleurs plus avisé de parler d’illusions, au pluriel. La première est de croire que Nétanyahou détient les clés du succès ou de l’échec de ce projet. Son opposition à la création d’un Etat palestinien est connue, et il fera tout pour torpiller cette idée. Mais « Bibi » [le surnom du chef d’Etat israélien] dépend pour sa survie politique de la bonne volonté des ministres d’extrême droite Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir, partisans de l’annexion de la Cisjordanie. Il préférera cent fois des sanctions à un retrait piteux de la vie politique.
Mais ce n’est pas tout. Derrière eux, se tient le puissant mouvement des colons religieux qui se moque des sanctions. Il ne laissera pas se répéter le scénario qui avait prévalu en 2005, lors de l’évacuation de la bande de Gaza par Ariel Sharon, premier ministre d’Israël de 2001 à 2006. La résistance sera féroce. Beaucoup d’entre eux sont armés plus que de raison, surtout depuis que Ben Gvir, ministre de

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