Cancers : pour la révolution du diagnostic

Cancers :  pour la révolution du diagnostic 

3,8 millions de Français vivent quotidiennement avec un cancer. C’est aujourd’hui la 1ère cause de mortalité prématurée. Contre cet ennemi public n°1, une révolution du diagnostic permet de mieux caractériser la maladie et d’en améliorer la prise en charge. Malheureusement, des freins importants empêchent de la mettre au service de tous les patients, sur l’ensemble du territoire. Il est vital de les lever ! Par Yannick Neuder, Député de la 7e circonscription de l’Isère, Vice-président de la commission des affaires sociales ( dans la Tribune)

Ces dernières années, de multiples innovations thérapeutiques en oncologie ont permis d’améliorer significativement le pronostic des malades. Néanmoins, nous pouvons faire mieux. Nous devons faire mieux. Pour les patients, leurs familles et pour la société. Pour cela, il devient impératif de mettre en œuvre deux approches complémentaires.

La prévention, d’abord, puisque 41 % des cas de cancer survenant chez les plus de 30 ans, sont attribuables à des facteurs de risque qui peuvent être modifiés : le tabagisme, la consommation d’alcool, l’alimentation ou encore le surpoids et l’obésité. Plus qu’un message d’espoir, ce chiffre est une injonction à l’attention de tous les acteurs – des soignants aux patients en passant par les institutions – d’engager les démarches de protection nécessaires et de changer les comportements. Il devient donc impératif de rattraper notre retard en matière de dépistage et pour cause, notre pays fait figure de mauvais élève par rapport au reste des pays de l’OCDE s’agissant du dépistage du cancer colorectal, deuxième cancer le plus meurtrier dans notre pays.

En parallèle, le taux de vaccination contre le papillomavirus responsable du cancer du col de l’utérus dans l’hexagone est l’un des plus faibles de l’Union européenne.

La précision dans le diagnostic, ensuite. Car derrière l’épouvantail du terme « cancer » se cache, en réalité, un ensemble de pathologies dont la fréquence, le pronostic et l’évolution sont extrêmement variables. Chaque tumeur cancéreuse se développe de manière spécifique selon la cellule, l’organe et le patient.

Ainsi, avant de soigner un cancer, il faut savoir lequel traiter. C’est pour cette raison qu’ont été mis au point des diagnostics particulièrement innovants, à l’instar de celui rendu possible grâce au séquençage du génome.

Entamé dans les années 1970, le séquençage du génome est un test complet qui permet de détecter les éventuelles variations de l’ADN des chromosomes, c’est-à-dire de décrypter l’information biologique d’un individu. Dit autrement, le génome est une encyclopédie gigantesque rédigée en langue étrangère, dont le séquençage permet la traduction.

Alors qu’il aura fallu une dizaine d’année et plusieurs milliards d’euros pour réaliser le premier séquençage d’un génome humain complet, les nouvelles techniques de séquençage du cancer (next-generation sequencing « NGS ») le rendent aujourd’hui possible en quelques jours ou semaines, à un coût similaire à celui d’une hospitalisation de jour.

Dans le domaine de la santé et de la lutte contre les cancers, ces tests NGS constituent une véritable révolution. Ils permettent de caractériser, rapidement et avec précision, la tumeur et ainsi d’améliorer la prise en charge des patients.

Grâce à ces nouvelles techniques de diagnostic des cancers, les traitements les plus pertinents et adaptés peuvent être administrés plus précocement. Elles permettent également d’éviter les effets indésirables potentiellement induits par des traitements non nécessaires(1) et de diminuer les coûts de prise en charge, pour les patients comme pour la société(2).

Elles peuvent ainsi, concrètement et significativement, améliorer le pronostic et la vie des patients.

Certes disponibles, ces diagnostics ne le sont pas partout et pas pour tous. Cette inégalité dans l’accès des Français aux meilleurs pratiques a notamment été constatée lors d’une enquête conduite auprès d’une centaine d’acteurs et experts de l’oncologie par Tous pour la Santé. Pilotée par un comité réunissant des associations de patients et des professionnels du secteur, cette étude a permis d’identifier les principaux freins au déploiement des tests NGS dans tous les territoires.

L’absence de remboursement complet et systématique de ces tests par la sécurité sociale figure au premier rang de ces freins, puisqu’un répondeur sur deux indique renoncer à ceux- ci par manque de financement. L’enquête montre aussi que la connaissance parfois imparfaite de ces techniques innovantes par les professionnels de santé et l’absence de recommandations par les autorités nationales contribuent également à leur sous-utilisation. Enfin, il faut mettre autour de la table les acteurs de la prise en charge tels que les mutuelles et complémentaires santé qui auront un rôle majeur dans cette perspective.

Dès lors, parce que disposer des meilleures armes pour lutter contre la maladie est une nécessité d’intérêt général, l’ensemble des acteurs de la lutte contre le cancer appellent l’État à tout mettre en œuvre pour faciliter l’accès aux nouvelles techniques de diagnostic des cancers, partout et par pour tous.

______

(1) 64 % des malades déclarent, plus de cinq ans après, souffrir de séquelles de la maladie ou de ses traitements. Sur la même période 1 personne sur 5 a perdu son travail. Données issues du Panorama des Cancers édition 2023 de l’Institut national des Cancers.

(2) En 2021, les dépenses hospitalières liées à la prise en charge des cancers s’élevaient à 6,3 milliards d’euros. Données issues du Panorama des Cancers édition 2023 de l’Institut national des Cancers.

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