Iran -Mort d’Ebrahim Raïssi, Une déstabilisation pour le pays ?
La situation évoque les derniers jours du règne du Chah, lorsque, sous contrainte, il dut renvoyer son Premier ministre de longue date, Amir-Abbass Hoveyda, sans parvenir à stabiliser son pouvoir jusqu’à la chute de son régime.
Confronté à des soulèvements continus et intenses, tant au niveau régional que national, le Guide suprême Ali Khamenei a opté pour la stratégie souvent utilisée par les dictateurs : renforcer le contrôle et unifier le système. La nomination de Raïssi en juillet 2021 a signifié l’éviction définitive des réformistes, qui jusqu’à présent faisaient simplement figure de façade démocratique pour Khamenei.
Dans son effort de « purification » du système, Khamenei, avec le soutien du Conseil des Gardiens de la Constitution, a écarté des personnalités clés telles qu’Ali Larijani, ex-président du Parlement pour trois mandats, et Hassan Rohani, deux fois président, des élections.
Des conflits internes féroces secouent déjà les cercles proches de Khamenei, notamment au sein de la faction ultra-conservatrice. Des rumeurs suggèrent que Khamenei éprouve des difficultés avec son propre appareil répressif, recourant à l’engagement d’agents en civil pour surveiller et contrôler la police, afin d’éviter toute défection.
L’incertitude plane sur la capacité de Khamenei à reproduire l’exploit de 2021, lorsqu’il a payé le prix fort pour assurer l’élection de Raïssi. En effet, selon les données officielles du régime, les récentes élections législatives ont été massivement boycottées, annonçant une intensification des luttes de pouvoir interne. Avant même la disparition de Raïssi, ces luttes préexistaient pour la présidence du Parlement. Tout comme en 2008, où les affrontements entre Ahmadinejad et Moussavi, le Premier ministre de l’époque, au sujet des fraudes électorales, avaient provoqué un soulèvement populaire, créant une fenêtre d’opportunité pour un soulèvement de rue, un scénario redouté par Khamenei.
La première consiste à adoucir sa politique de répression et à ouvrir la scène politique à des figures comme Ali Larijani et Hassan Rohani pour diversifier et renforcer la base du régime, donnant ainsi une nouvelle vie à la faction réformiste ébranlée. Cependant, il est conscient qu’un affaiblissement au sommet pourrait rapidement déclencher des révoltes à la base, une voie déjà abandonnée depuis l’élection d’Ebrahim Raïssi et lors des soulèvements populaires qui ont suivi.
La seconde option est une intensification de la répression, une politique encore plus agressive et terroriste, avec un effort accru pour obtenir l’arme nucléaire, assurant ainsi la survie du régime. C’est l’alternative par défaut que Khamenei semble avoir adoptée.
Équilibrer l’instabilité inhérente à ces deux approches s’avère complexe, tandis que des milliers d’unités de résistance organisées par l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran, principal groupe d’opposition, sont prêtes à saisir la moindre occasion pour déclencher une révolte majeure susceptible de renverser le régime.
Il n’est donc pas surprenant que le régime ait tardé plus de 16 heures à mobiliser ses forces de sécurité dans et autour de Téhéran avant d’annoncer officiellement cinq jours de deuil national, préparant le terrain à une gestion contrôlée des réactions publiques.
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