Un hymne au marché !
La dénonciation du centralisme et du bureaucratisme français pour mieux chanter l’hymne au marché. Des évidences, des vérités savamment mélangées à des oublis et des dénis de politique économique pour vanter les mérites du localisme et de la seule initiative privée. Bref une caricature, en plus démago.
Toutes ces solutions qui semblent simples et frappées au coin du bon sens : les loyers montent trop vite, qu’à cela ne tienne, bloquons-les. Au lieu de construire plus et de créer ainsi un prix d’équilibre plus bas. Mais relancer la construction est complexe et prend du temps. Alors que bloquer les loyers est simple et populaire, mais crée rapidement la pénurie de logements. Ce qui a amené l’économiste Assar Lindbeck à déclarer « le contrôle des loyers est le moyen le plus efficace de détruire une ville, avec le bombardement ».
L’exemple de la loi sur les 35 heures est emblématique de la méthode. Malgré une baisse continue du temps de travail tout au long du XXe siècle, financée par des gains de productivité, l’Etat a décidé de s’en mêler. En réduisant autoritairement le temps de travail des salariés français, au moment même où les Allemands remontaient le leur, nous avons renchéri le coût des produits « made in France » de 11% le 1er janvier 2000.
A la suite de quoi, nous avons constaté une chute continue de nos parts de marché dans le commerce international. La conséquence de la loi sur les 35 heures fut l’effondrement de notre compétitivité et un écart croissant de richesse (PIB par habitant) avec celui de nos principaux voisins européens. Mais il est politiquement beaucoup plus difficile de remettre en cause le nombre de jours de congés des salariés, que de proposer d’établir des droits de douane sur les produits étrangers, même si les taxes aux frontières affectent d’abord le pouvoir d’achat des consommateurs.
Le dernier plan en date du présent gouvernement n’est que de 54 milliards. Une goutte d’eau ! Y a-t-il eu avant cela une étude quelconque sur les 30 milliards du plan de relance de Sarkozy en 2008 ?
Illusions. L’investissement public est une autre illusion de nos politiques, qu’ils auront essayée et réessayée tant et plus, sans aucune analyse du retour sur investissement. Le dernier plan en date du présent gouvernement n’est que de 54 milliards. Une goutte d’eau ! Y a-t-il eu avant cela une étude quelconque sur les 30 milliards du plan de relance de Sarkozy en 2008 ? 30 milliards, c’est beaucoup d’impôts. Quand une commission d’enquête s’est-elle penchée sur la valeur créée ? Avons-nous compté le nombre de ces plans gouvernementaux, leurs coûts astronomiques et leurs résultats quasi inexistants ? Et pendant que nous nous désolons de n’avoir que trop peu de grandes entreprises technologiques françaises, nous nous souvenons du plan calcul du général de Gaulle qui est à l’origine lointaine d’Atos et de ses difficultés.
Non, les innovations ne se développent pas dans les plans étatiques et bureaucratiques. Elles apparaissent au plus près du terrain, portées par un environnement favorable aux aventuriers que sont les entrepreneurs. C’est ce que les Etats-Unis ont bien compris, leur permettant de construire la première économie mondiale et de déployer les technologies dominantes du XXIe siècle.
Faire confiance, faire confiance aux salariés, aux entreprises, aux consommateurs, à la société civile, chaque fois que nécessaire, voilà l’impossible pour nos politiques, désireux d’être actifs et utiles à tout prix, nourris à l’idéal de l’Etat nounou. L’Etat doit être et rester autant que possible l’acteur en dernier ressort.
Stanislas de Bentzmann est CEO de Devoteam, Jean-Marc Daniel est économiste
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