La baisse des taux retardée ?

La baisse des taux retardée ?

Alors qu’il y a encore quelques semaines la plupart des experts prévoyaient plusieurs baisses de taux dans les banques centrales, il se pourrait bien que ces décisions soient renvoyées à plus tard surtout aux États-Unis où l’inflation demeure encore solide. La banque centrale européenne et les mêmes experts prévoyaient concernant l’union européenne une baisse des taux dès le mois de juin. Une baisse des taux qui pourraient être très symbolique si la banque centrale américaine décide de reporter dans le temps la réduction des taux d’intérêt. Le problème pour l’union européenne c’est qu’on ne peut trop s’écarter de la stratégie monétaire américaine sans mettre en jeu les équilibres de l’euro. À noter aussi que si l’inflation a tendance à se tasser un peu, les prix, eux, demeurent un niveau très élevé et justifient encore le maintien d’une politique monétaire restrictive. Tout le problème étant de trouver un équilibre entre politique monétaire et croissance

Le point de vue peut étonner à l’heure où la plupart des experts anticipent dans un futur proche un assouplissement de la politique monétaire des banques centrales du monde entier. Mais selon, Michelle Bowman, une gouverneure de la banque centrale américaine (Fed), ce scénario ne semble pas être privilégié.

Une affirmation qu’elle a partagée vendredi dans une interview accordée à l’agence de presse économique Bloomberg. La gouverneure a aussi précisé qu’elle s’attendait à ce que les taux, qui sont depuis juillet au plus haut depuis plus de 20 ans, restent à ce niveau « plus longtemps ». « Cela reste mon scénario de base », a-t-elle averti.

Pour rappel, la Fed a, le 1er mai, maintenu ses taux dans la fourchette de 5,25 à 5,50%. Quelques mois plus tôt, pourtant, la Réserve fédérale envisageait de commencer à les baisser dans le courant de l’année. Mais le rebond de l’inflation américaine depuis janvier l’a poussée à reporter ce mouvement, afin d’éviter une nouvelle flambée des prix.

En mars, l’inflation en terre nord-américaine a en effet grimpé à 2,7% sur un an, selon l’indice PCE privilégié par la Fed – celui qu’elle souhaite ramener à 2%. Un chiffre qui grimpe à 3,5% selon un autre indice, le CPI, dont les données pour avril seront publiées mercredi.

Fort de ces données, le président de la Fed, Jerome Powell, a donc prévenu qu’il faudrait sans doute « plus de temps que prévu » avant d’avoir confiance dans la baisse de l’inflation, et donc de pouvoir commencer à baisser les taux.

Et ce n’est pas Michelle Bowman qui le contredira : dans son interview à Bloomberg, elle veut en effet observer « plusieurs mois de progrès » avant de pouvoir envisager d’enclencher quelconque baisse. Il lui faudra, dit-elle, « probablement un certain nombre de réunions du comité monétaire de la Fed aussi avant que je sois à l’aise avec ça ». Pour rappel, la Fed se réunit toutes les six semaines.

A l’origine, lors de la dernière réunion de la Réserve fédérale, le 21 mars dernier, les membres du comité de la Fed (FOMC) avaient annoncé tabler sur trois baisses des taux de 0,25 point de pourcentage cette année. Un chiffre en baisse par rapport à la précédente réunion en décembre dernier, à l’issue de laquelle ils avaient évoqué trois ou quatre baisses afin de ramener les taux à 4,6% à la fin de 2024.

La situation aux Etats-Unis contraste avec celle de la zone euro, où l’inflation devrait revenir à 2% en 2025. Hier, la Banque centrale européenne (BCE) a ainsi jugé « plausible » de commencer à baisser ses taux directeurs en juin, si l’inflation maintient sa trajectoire à la baisse avec  2% en 2025, après 2,3% en 2024.

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