Chine : fin de la déflation ?
La sortie de la déflation se confirme en Chine, d’après des chiffres officiels publiés ce samedi. Les prix à la consommation y ont en effet augmenté en avril de 0,3% sur un an. Ce, pour le troisième mois consécutif.
L’inflation chinoise d’avril est par ailleurs supérieure aux attentes des analystes interrogés par l’agence de presse économique Bloomberg, qui prévoyaient 0,2 %. Elle dépasse aussi celle observée au mois de mars (0,1%). Et pour rappel, l’exécutif chinois s’est fixé en 2024 un objectif d’inflation à « environ 3% », la même fourchette que l’an dernier.
« En avril, la demande des ménages a continué à rebondir (…) et l’augmentation en glissement annuel s’est amplifiée », a ainsi expliqué dans un communiqué le Bureau national des statistiques chinois (BNS). Cependant, les prix sortie d’usine ont continué à baisser, une tendance qui persiste depuis fin 2022. L’indice des prix à la production a ainsi chuté de 2,5% sur un an, a ajouté le BNS.
En février dernier, la Chine a commencé à sortir de son cycle déflationniste. Une première en six mois. Les prix à la consommation avaient en effet augmenté de 0,7% sur un an. Une tendance tirée par une hausse notable dans les produits liés à l’éducation, la culture et les divertissements (+3,9% en février), mais aussi aux services (+3%) et à l’habillement (+1,6%).
La Chine a basculé dans la déflation en juillet 2023, ce qui n’était pas arrivé depuis 2021. Si un recul des prix peut sembler une bonne chose pour le pouvoir d’achat des citoyens chinois, la déflation est une menace pour l’économie car les consommateurs ont tendance à différer leurs achats dans l’espoir de nouvelles baisses.
Faute de demande, les entreprises sont alors contraintes de réduire leur production et consentent à de nouvelles ristournes pour écouler leurs stocks. Cette situation, qui pèse sur leur rentabilité, les pousse à geler les embauches ou à licencier : les économistes parlent d’une spirale néfaste, car ce phénomène est un frein supplémentaire à la consommation.
Le gouvernement chinois multiplie les politiques pour inciter les consommateurs à dépenser, mais les résultats restent jusque là mitigés. Outre une consommation atone, l’activité est pénalisée en Chine par une crise majeure dans l’immobilier, un chômage élevé chez les jeunes et le ralentissement économique mondial global, qui pèse sur la demande en biens chinois. Et donc l’activité des usines.
La Chine a plusieurs fois annoncé des mesures pour sauver son secteur immobilier, mais avec pour le moment peu d’effets. « La demande intérieure est encore assez faible », notait auprès de l’AFP en mars, Zhiwei Zhang, économiste au cabinet Pinpoint Asset Management. Et, ajoutait-il, « les ventes d’appartements neufs ne se sont pas encore stabilisées ».
« La tâche de stabiliser le marché immobilier est encore très difficile », avait pour sa part déclaré au début de cette année le ministre chinois du Logement Ni Hong, estimant nécessaires les faillites et restructurations des promoteurs « gravement insolvables ». Pour rappel, l’immobilier chinois, qui avait connu deux décennies de croissance fulgurante avec la hausse du niveau de vie de la population, a longtemps représenté, au sens large, plus du quart du PIB de la Chine.
Ces défis imposés à l’économie chinoise ont obligé Pékin à viser une croissance de son PIB autour de 5% en 2024. Un objectif modeste par rapport à la décennie 1990-2000 où la Chine a connu une croissance à deux chiffres. Par ailleurs, ces dix dernières années, le pays a quand même réussi à maintenir une croissance aux alentours de 7% à 9%.
Lors d’un discours prononcé à l’ouverture de la session annuelle du Parlement chinois en mars, le Premier ministre chinoise Li Qiang avait d’ailleurs estimé que l’objectif de l’année 2024 ne sera « pas facile » à atteindre. Et d’ajouter : « Nous devons donc maintenir le cap de notre politique, travailler plus dur et mobiliser les efforts concertés de toutes les parties. »
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