Radicalisme idéologique : une colonisation mentale (Rachel Khan )
L’actrice et écrivain Rachel Khan revient avec «Encore debout, la République à l’épreuve des mots», un livre dédié à Arnaud Beltrame, dans lequel elle s’alarme face à la montée des idéologies radicales qui fragilisent la République.( dans le Figaro)
Rachel KHAN. - Ce livre se veut une réponse à la haine – de Dieudonné à Rima Hassan, en passant par les militants qui bloquent les universités – qui attaque la République. Ce livre s’est imposé. J’étais en train d’écrire un roman. Mais il y a eu le mois d’août, les journées d’été des écologistes et de LFI, un nouveau lynchage aux relents antisémites encore, trois ans après Racée, une rentrée difficile où la laïcité est harcelée, et puis le 7 octobre. Face à cette barbarie sans nom, le silence. Face aux otages, des regards qui se détournent. Après les attentats de Toulouse, de l’Hyper Cacher, après tous ces attentats terroristes islamistes, nous ne sommes pas capables de répondre à la haine. Voilà les faits.
En dédiant ce livre à Arnaud Beltrame, je voulais rendre hommage à cet homme debout, à son courage qui nous manque à tous. Il a donné sa vie, il s’est sacrifié pour la République alors que certains aujourd’hui sacrifient la République pour eux-mêmes et leurs petits postes. J’ai aussi écrit ce livre pour parler d’un miracle. Notre République est encore debout. Mais jusqu’à quand ? J’ai écrit parce que j’ai peur de nos faiblesses et de nos renoncements. J’ai écrit comme un cri.
Votre ouvrage file la métaphore d’un tribunal où se défendent successivement l’extrême gauche, l’extrême droite, l’avocat installé puis l’auteur (vous-même). En quoi cette métaphore permet-elle de mettre en lumière le rôle du langage – qui peut autant diviser que ternir la République – dans le paysage politique actuel ?
Ce livre est un pamphlet et une profession de foi. Dans les plaidoiries, je me mets à la place de l’extrême gauche, de l’ultra-droite, des «pas de vaguistes», en analysant les mots qu’ils utilisent et leurs méthodes pour influencer les masses ou pour garder leur poste. Pour être honnête, malgré le contexte, je me suis beaucoup amusée à écrire les différentes plaidoiries et positions qui, selon moi, nuisent à notre République. Pour cela, j’ai utilisé mon expérience de comédienne mais aussi d’ancienne «plume» politique pour me mettre dans la logique de mes adversaires politiques. Cet exercice est jubilatoire, surtout dans un contexte où l’on vous classe dans telle ou telle idéologie pour mieux faire de vous une cible. Mais, la chance des auteurs, c’est qu’ils voient leur page Wikipédia changer en fonction d’articles malveillants orchestrés par des militants haineux, c’est qu’ils voient aussi les réseaux sociaux les traiter de «lâches», «d’ordure» et bien sûr d’être d’«extrême droite» seulement parce qu’ils défendent leur pays, mais que les auteurs ont la possibilité d’écrire des livres, de décrire leur pensée, leur parcours, et ceci grâce à des éditeurs solides, comme l’Observatoire. Dans ce livre, je voulais démontrer en quoi nous sommes passés de Descartes «je pense, donc je suis» à «je dis donc je suis», ou «je dis donc je sais».
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