Société-« L’aide à mourir ne doit pas être laissée à la seule appréciation du patient »
La dépression peut altérer la capacité d’un malade à prendre des décisions éclairées, estiment, dans une tribune au « Monde », les psychiatres Philippe Courtet et Emilie Olié. Il faut donc exiger une évaluation minutieuse par les médecins de son état médical et psychiatrique.
La loi sur la fin de vie pourrait, selon nous, ouvrir la boîte de Pandore : les expériences qui ont eu lieu au Benelux montrent en effet que ces pays ont révisé leurs lois initiales pour supprimer les exigences en matière de pronostic, éliminer les exclusions psychiatriques et définir de manière large la souffrance insupportable, pour inclure des conditions telles que les syndromes gériatriques et la détresse existentielle. L’influence de la « fraternité » ne doit pas faire oublier l’humanité de la relation médicale.Revenons à l’entretien du président Emmanuel Macron du 10 mars sur le projet de loi sur la fin de vie. Le chef de l’Etat a surpris en substituant le terme d’« aide à mourir » à la terminologie classique – « euthanasie » et « suicide assisté ». La question de savoir s’il existe des différences conceptuelles ou empiriques entre le suicide assisté et le suicide reste controversée, mais il est évident qu’Emmanuel Macron commet une erreur scientifique en affirmant que le « suicide assisté correspond au choix libre et inconditionnel d’une personne de disposer de sa vie ».
Le suicide, en effet, n’est pas une décision rationnelle et librement choisie : l’acte suicidaire est une réponse désespérée à une douleur psychologique insupportable. La personne ne peut envisager d’autre solution de soulagement en raison d’altérations cognitives telles que le déficit de la prise de décision, la vision en tunnel ou la focalisation occultant des solutions alternatives. Dans ce contexte de détresse, il est essentiel de ne pas confondre l’aide à mourir avec un laissez-passer pour le suicide.
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