Le danger sanitaire des polluants éternels
Les polluants éternel (PFAS) concernent plusieurs milliers de substances chimiques : les perfluoroalkylés et polyfluoroalkylés (anciennement perfluorés et polyfluorés). Il s’agit de composés artificiels, synthétisés par l’homme à partir d’hydrocarbures, composés à base d’atomes de carbone et de fluor, reliés par des liaisons chimiques particulièrement stables. Les PFAS comportent une chaîne plus ou moins longue d’atomes de carbone liés à des atomes de fluor. Cette liaison carbone-fluor, très stable, est difficile à casser. Ces composés se dégradent donc très lentement. Un article de l’association « que choisir » fait le point sur leur nature.
Les PFAS présentent de nombreuses qualités intéressantes : antiadhésifs, imperméabilisants, antitaches, résistants aux chaleurs extrêmes et aux agents chimiques et biologiques, isolants, etc. Depuis les années 1950, ils sont largement utilisés dans de nombreux produits du quotidien : cuirs et textiles imperméables ou déperlants, emballages alimentaires, revêtements antiadhésifs des poêles et casseroles en Téflon, semelles de fer à repasser, cosmétiques, mousses anti-incendie, isolants de fils électriques, certains implants médicaux, peintures, détergents, pesticides (lire l’encadré), et jusque dans les fils dentaires et les cordes de guitare !
Utilisés pour leurs qualités antiadhésives, imperméabilisantes ou encore de résistance aux fortes chaleurs, les PFAS se retrouvent dans d’innombrables objets du quotidien.
Les liaisons chimiques entre les atomes de carbone et de fluor sont très stables, difficiles à casser. Ces substances se dégradent donc très lentement : sur des siècles, voire des millénaires pour certains. Conséquence, les PFAS se diffusent dans l’eau, les sols, l’air, jusqu’aux fonds océaniques et aux régions arctiques, et contaminent les organismes vivants, dont l’être humain. Ils font partie de la vaste catégorie des « polluants organiques persistants (POP) ».
Hélas, oui. Les PFAS se retrouvent dans l’environnement via les rejets industriels et domestiques, les déchets pas ou mal recyclés, ou encore les lieux de grands feux (usines, forêts, etc.) contre lesquels ont été utilisées des mousses anti-incendie. Une enquête menée par le quotidien Le Monde et 17 autres médias, dans le cadre du « Forever Pollution Project », a révélé début 2023 l’ampleur de cette pollution en Europe. Les journalistes ont identifié plus de 17 000 sites contaminés à des niveaux inquiétants, dont plus de 2 100 hot spots de contamination pollués à « des niveaux jugés dangereux pour la santé par les experts interrogés », explique Le Monde. Mais aucune cartographie officielle de la part des pouvoirs publics n’existe.
En France, la quasi-totalité du territoire métropolitain est concernée, à des taux plus ou moins élevés selon la proximité d’activités industrielles émettrices de PFAS. Cette contamination est « plus marquée » pour les nappes de la Limagne et d’Alsace, puis celles de la région rhodanienne, du Nord, de la vallée de la Seine, de la Meuse et de la Moselle et de leurs affluents, de Bretagne et de la Côte méditerranéenne. L’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (Igedd) constate plus globalement « une contamination générale modérée des eaux souterraines françaises » et ce, bien que « seuls quelques PFAS [soient] suivis », dans un rapport publié en avril 2023.
Parmi les alertes récentes, citons :
La pollution de nappes d’eau souterraines par les rejets du site industriel Arkema de Pierre-Bénite, au sud de Lyon (Rhône) ; l’Igedd établit que les rejets s’élevaient à 3,5 tonnes par an, « une situation préoccupante », admet-elle.
En Haute-Savoie, c’est l’agglomération d’Annecy qui a décidé de mettre à l’arrêt tous les captages de la principale nappe phréatique de l’agglomération en mars 2023, en raison de sa contamination.
Dans ce même département, la commune de Rumilly a annoncé que les poissons pêchés sur son territoire étaient impropres à la consommation.
L’ensemble de la population est contaminé, essentiellement par ingestion via l’eau et les aliments, ou par inhalation. L’étude nationale de santé Esteban (1) de 2014-2016 a détecté des PFAS chez 100 % de la population suivie, enfants comme adultes. En 2019, Que Choisir a effectué des prélèvements de poussière dans 53 maisons et appartements en France : 93 % étaient pollués par le PFOS.
L’organisme les éliminant lentement, ces substances s’accumulent dans le corps. Or, les effets délétères sur la santé sont multiples, et potentiellement graves : certains PFAS sont toxiques pour le foie et le rein, soupçonnés d’être cancérogène, neurotoxiques, reprotoxiques et perturbateurs endocriniens, ou favoriseraient l’obésité et le diabète de type 2… Certains sont particulièrement inquiétants, à l’instar du PFOA (reconnu « cancérogène pour les humains » par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) le 30 novembre 2023), du PFOS (reconnu « cancérogène possible »), du PFNA et du PFHxS (2). Et on sait désormais que certains de leurs métabolites (composés issus de leur dégradation) sont encore plus toxiques que les molécules initiales.
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