Economies sur la santé : Une erreur ?
L’idée d’une « Grande Sécu » qui, en intégrant les mutuelles à la Sécurité sociale, permettrait d’économiser sur les frais de gestion de santé, très élevés en France, bénéficierait tant aux assurés qu’à l’Etat, estime le professeur émérite de médecine André Grimaldi dans une tribune au « Monde ».
Nous avons en effet, pour des raisons historiques, une double gestion de chaque soin : une fois par l’Assurance-maladie obligatoire (la Sécurité sociale) et une seconde fois par les assurances complémentaires (mutuelles, instituts de prévoyance et compagnies d’assurances). Or, en 2018, les frais de gestion des complémentaires santé se situaient autour de 20 % du chiffre d’affaires, soit 7,8 milliards, contre 4 % pour la Sécurité sociale, soit 6,7 milliards. Ce alors que la Sécurité sociale rembourse 80 % des soins, et les complémentaires seulement 13 %.
Si, comme au Canada, nous n’avions qu’un seul assureur, nous économiserions ainsi 7 milliards d’euros de frais de gestion inutiles. Pour cela, il faudrait réaliser la « Grande Sécu » en intégrant les mutuelles à la Sécurité sociale et en remboursant à 100 % un panier de prévention et de soin solidaire. Il n’y aurait plus d’assurances complémentaires mais seulement des assurances supplémentaires pour des prestations qui ne relèveraient pas de la solidarité, comme les médicaments remboursés aujourd’hui à 15 % ou à 30 %, des soins dits de confort ou encore les dépassements d’honoraires.
C’était le projet défendu lors du premier quinquennat d’Emmanuel Macron à la fois par Didier Tabuteau, aujourd’hui vice-président du Conseil d’Etat, Pierre Louis Bras, ancien président du Comité d’orientation des retraites (COR), et Martin Hirsch, ancien directeur de l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris).
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