Bourse en hausse mais l’État et ménages dans le rouge
En matière financière, il y a comme une sorte de paradoxe avec la Bourse de Paris qui collecte record sur record. Une situation d’ailleurs en cohésion avec les profits financiers de 2023 autour de 150 milliards pour les grandes entreprises et avec la distribution à hauteur de plus de 60 milliards des dividendes. Pour 2024, les tendances se prolongent. Mais dans le même temps la situation financière de l’État ne cesse de se dégrader avec la poursuite des records mais de déficit et d’endettement. Même chose pour les ménages dont le pouvoir d’achat est toujours amputé de l’ordre de 10 % depuis la crise provoquée par l’inflation.
L’envol de la bourse de Paris en 2024 est un peu surprenante dans la mesure où les perspectives économiques sont relativement maussades avec une perspective de croissance qui ne pourra même pas atteindre 1 %. Preuve: le premier trimestre a enregistré une croissance zéro.
Mais il se pourrait bien que les grandes entreprises bénéficient encore des très fortes hausses de prix passées et souvent bien au-delà de la hausse des prix générale et alimentant l’inflation.
Les 8000 points, dépassés pour la première fois le 7 mars, semblent déjà loin pour la cote parisienne, portée une fois de plus par ses poids lourds. Sur la semaine, malgré la déconvenue sur l’inflation en France et aux Etats-Unis, le CAC 40 a gagné 1,7 %, portant la hausse à 3 % sur le mois de mars et à plus de 8 % depuis le début de l’année. La Bourse de Paris a ainsi clôturé la semaine non loin de son nouveau record datant de jeudi 14 mars à 8 218,07 points.
La bonne santé des bourses s’expliquent aussi par la pluie de milliards distribués gratuitement par les banques centrales lors de la crise de l’inflation.
Au final, les fameux 1 000 milliards d’euros dont l’opinion publique a eu connaissance se sont traduits par l’apport de seulement 527 milliards d’euros de monnaie centrale nouvelle aux banques, a calculé Olivier Berruyer dans une note publiée sur son blog Les-crises.fr.
Reste que ce sont bien 1 019 milliards d’euros que les banques emprunteuses devront rembourser à la BCE d’ici à 2015…Ce jeune économiste s’est aussi livré à un véritable « travail de romain » pour essayer de comprendre le circuit financier qu’ont emprunté ces fameux 1 000 milliards. Il en ressort un voyage inédit dans l’étrange pays des banques centrales dont nous révélons ici l’essentiel. En près de 250 graphiques commentés et publiés dans son blog, dont La Tribune reproduit les principales synthèses dans ces pages, Olivier Berruyer est parvenu à retracer (ou en tout cas à donner une estimation « juste à 95 % ») l’ensemble des mouvements d’emprunts et de dépôts à la BCE qui sont intervenus dans chaque pays. Pour cela, il lui a fallu se plonger dans une analyse méticuleuse des bilans des 17 banques centrales qui composent ce que l’on appelle l’Eurosystème.
Ce sont les banques espagnoles (308 milliards), italiennes (265 milliards) et françaises (146 milliards) qui ont pris près des trois-quarts des 1 019 milliards octroyés par la BCE en décembre et février.
Contrairement à une idée répandue, cet argent n’a pas servi à financer l’économie réelle. Il a suivi un circuit très complexe, qui a fini par le faire revenir dans les comptes… de la BCE. En gros, les banques des pays du Sud ont emprunté l’argent à la Banque centrale, puis l’ont transféré dans la zone euro pour payer leurs dettes auprès des autres banques, créditrices, surtout celles du Nord de l’Europe (Allemagne et Pays-Bas principalement), qui se sont empressées de redéposer ces quelque 500 milliards dans le seul endroit sûr : leur propre compte bancaire à la BCE !La BCE qui rémunère maintenant à des taux très importants l’argent que finalement elle a prêté gratuitement. D’où le déficit de la banque centrale ! Sans parler des autres milliards qui se promènent sur les marchés financiers soutiennent les cotations et participent aussi à l’inflation.
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