Politique industrielle: Trop atomisée

 Politique industrielle: Trop atomisée

moins fragmentée » (Thomas Kerjean, MailInBlack)

Alors que le rachat du français Vade par l’allemand Hornetsecurity a fait l’actualité du secteur cyber ces trois derniers jours, le PDG de l’éditeur de logiciels basé à Marseille, Thomas Kerjean, MailInBlack, historiquement positionné sur la sécurisation des messageries et désormais fournisseur d’une solution plus globale, regrette cette opération d’acquisition qui, dit-il, met à mal la souveraineté française, là où l’Hexagone a les capacités à se positionner à l’échelle à minima européenne, soutenu, entre autres, par les compétences apportées par les pépites lauréates du Grand Défi Cyber. dans « la Tribune ».

 

 Quelle réaction vous inspire le rachat du français Vade par l’allemand Hornetsecurity ?

 

THOMAS KERJEAN - Je trouve cela dommage. La France investit, comme la Chine ou les Etats-Unis, mais elle le fait de façon plus fragmentée. Il suffit de regarder les thématiques couvertes par France 2030, qui vont de l’hydrogène à l’agriculture. La France a tout, dans le secteur de l’énergie, pour être le socle mondial des EnR. En santé, le pays dispose de chercheurs émérites. On sait, en revanche, que le pays ne peut pas gagner la bataille du cloud. Et ce n’est pas grave. Mais dans le champ numérique, en termes de machine learning, d’IoT avec l’Allemagne, en cyberdéfense, la France peut se positionner sur un leadership. Or, on lâche les pépites lorsqu’elles sont en phase de pré-adolescence, alors qu’il faudrait le faire lorsqu’elles sont en phase adulte. Cela éviterait qu’elles soient captées par des fonds étrangers. Car lorsqu’elles ne sont pas rachetées, elles ne sont pas capables de passer à l’échelle. C’est à ce moment que l’on décide de tout faire pour éviter qu’elles sombrent et on se crispe sur cela. Au final, la France est très libérale quand elle devrait être socialiste et elle est socialiste lorsqu’elle devrait être libérale.

 

Les pépites que vous évoquez font souvent face à des besoins en financement que les fonds ou entreprises étrangères sont capables d’apporter, précisément…

 

Il est faux de dire qu’il n’existe pas de fonds en France. Il existe du private equity. Les besoins en financement allant jusqu’à 400 millions d’euros trouvent des leviers pour être comblés dans notre pays. Il est majeur de s’assurer que la R&D ne soit réalisée à l’étranger. Il faut que l’Etat fasse un choix industriel fort, qu’il le consolide ensuite par de la commande publique jusqu’à ce que les pépites du secteur choisi soient rentables et pour cela il faut aussi qu’il soit exigeant sur la performance.

 

Vous regrettez le rachat de Vade par Hornetsecurity mais la France dispose de plusieurs entreprises très prometteuses en matière cyber, identifiées par le Grand Défi Cyber défini par l’Etat dont MailInBlack fait partie…

 

Le rachat de Vade est un sujet qui touche la souveraineté nationale. Les entreprises identifiées et reconnues dans le Grand Défi cyber – que ce soit Thetris, Sekoia, AnozrWay… – sont complémentaires, parce qu’elles protègent les systèmes d’information, analysent les pièces jointes grâce à l’IA… Quant à MailInBlack, nous présenterons bientôt une offre qui monitore tous les risques humains et qui protège l’utilisateur à 360°. Si la réglementation ne s’en mêle pas, nous pourrons atteindre un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros d’ici 2026. Nous avons engrangé 25% de croissance en 2023. Nous resterons petits certes mais il existe de très belles entreprises comme Thales ou Docapost… Tout cela démontre que la France n’est pas aussi mauvaise que ce que l’on peut imaginer.

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