Encore faut-il réunir les conditions pour garantir une accession réussie de la société civile aux positions de pouvoir, car, au-delà d’être un engagement, la politique est aussi un métier avec ses codes, son habitus et ses spécificités. Il est ainsi fondamental de former les citoyennes et les citoyens qui souhaitent s’y impliquer, afin d’éviter l’écueil des novices transparents et des députés godillots, théorisé par le sociologue Etienne Ollion.
Depuis 2017, de nombreuses nominations ministérielles de personnalités emblématiques, issues de la société civile, ont conduit à des échecs, par manque de préparation, d’anticipation, parce qu’elles ne savaient pas diriger leur administration, ne disposaient pas d’un entourage suffisamment politique ou ne comprenaient pas les attentes symboliques des Françaises et des Français en matière de communication politique. En somme, elles n’étaient pas formées au métier politique.
Néanmoins, cette société civile est plus indispensable que jamais, notamment pour répondre à la crise politique que nous connaissons. Elle ne pourra mener cette destinée que si les partis politiques et les associations de formation à l’engagement politique prennent leurs responsabilités.
La vocation politique dépérit. Les citoyens sont toujours moins nombreux à s’engager en politique, aussi bien aux élections municipales qu’aux législatives. De plus en plus d’élus locaux ne terminent pas leur mandat, victimes de la difficulté et de la violence de l’exercice du pouvoir local. Oui, la société civile s’engage pleinement dans les mouvements pour le climat et la justice sociale ou encore dans les luttes féministes, mais elle doit maintenant prendre sa place dans le monde politique partisan.
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