Le salaire moyen: multiplié par cinq en 100 ans
L’historien Michel-Pierre Chelini rappelle, dans une tribune au « Monde », que les institutions ont joué, autant que le marché, un rôle majeur dans l’évolution historique des salaires en France.
Le salaire moyen évolue bien sûr en fonction de la croissance du produit intérieur brut par heure travaillée (la productivité), de la hausse des prix (8 % par an sur un siècle) et du taux de chômage. Mais le marché du travail salarié n’est pas la simple addition des rencontres individuelles entre un employeur et un salarié, comme a tendance à le conceptualiser la théorie économique. Il dépend de l’interaction entre cinq parties prenantes : les salariés eux-mêmes, les syndicats, les employeurs et leurs syndicats, les pouvoirs publics et le marché international du travail, au rôle grandissant. Ces forces de rappel jouent à la fois sur la moyenne des salaires et sur les écarts de salaires.
Si l’ingénieur gagne plusieurs fois le salaire du manœuvre, c’est parce que, selon les économistes, la qualification et les responsabilités du premier le rendent plus rare dans la création de valeur ajoutée de l’entreprise, et donc plus cher. Les qualifications définissent ainsi les plus importants écarts de salaires, mais il y a aussi des différences selon l’âge, le genre, la taille d’entreprise, le secteur ou la région. L’innovation engendre aussi l’apparition de nouveaux métiers (informatique, marketing) mieux payés.
En France, l’écart entre les 10 % de salariés les mieux payés et les 10 % les moins payés était de 3 en 1950. Dopé par la croissance, il a atteint 4,1 en 1967 avant de revenir à 3 au début des années 1980, position qu’il n’a pas quittée depuis, comme dans les pays aux grilles salariales les moins ouvertes (Allemagne, Suède). Aux Etats-Unis cet écart est de 5.
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