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Archive mensuelle de février 2024

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Prix planchers: Mauvaise idée ?

 Prix planchers: Mauvaise idée ? 

Pour Macon, ces prix plancher«permettront de protéger le revenu agricole et de ne pas céder à toutes les pratiques les plus prédatrices qui aujourd’hui sacrifient nos agriculteurs et leurs revenus»Mais pour les autres partis, en particulier la droite, ce combat est à oublier, si l’on en croit le président des Républicains, Bruno Retailleau : «C’est une très mauvaise idée promue notamment par LFI qui comporte deux pièges : il s’agira d’un revenu minimum universel agricole, idée socialiste, et le prix plancher deviendra un prix de marché dans Egalim (la loi qui régit les revenus des producteurs, NDLR). Dans la diversité des régions et des exploitations, les écarts vont s’agrandir. On marche sur la tête !»

 

Il est clair que le concept de prix plancher est particulièrement confus. En réalité on confond le prix plancher avec le cout plancher moyen. Sinon fixer un vrai prix opère un retour à l’économie administrée coupée des échanges internationaux.

Pour Philippe Goetzmann, expert de la grande distribution«un prix plancher garantit un prix, un bout de papier. Ça n’a jamais garanti un volume, ce qui fait le chiffre d’affaires : “Prix fois volume”. Un prix plancher quand on n’est pas compétitif c’est la garantie de la chute des volumes donc au choix [on va parvenir] à la fin de l’agriculture ou la fermeture des frontières».

D’autres s’interrogent sur le calcul de ce prix plancher. «Le risque c’est qu’il y ait autant de prix planchers que de type d’élevage. On le voit avec les filières de la viande bovine. Dans le cadre de la loi Egalim, la contractualisation avec les entreprises est difficile car les filières ne se sont pas mises d’accord sur les critères des coûts de production», relève au Parisien Anne-Catherine Loisier, sénatrice centriste de Côte d’Or. Pour Sébastien Poutreau, céréalier et administrateur de la FNSEA, «ça part d’une bonne intention mais cela va vite devenir de la poudre aux yeux. Comment fixer ce prix plancher ? Entre un producteur de lait qui a son élevage en montagne et l’autre en plaine, les coûts ne sont pas les mêmes. On choisit lequel ?»

 La question est simple à trancher pour Anne-Catherine Loisier : «Si les prix administrés sont trop élevés par rapport à ceux internationaux, on n’exportera plus. Et les importations vont augmenter».

Agriculture : c’était le « bordel « au salon d’après Macron

 

Agriculture : c’était le « bordel « au salon d’après Macron

Macron sans doute a trouvé le juste qualificatif concernant ce qui s’est passé au salon de l’agriculture pendant sa présence : » c’était le bordel » a-t-il concédé. En vérité une pagaille dont il est à l’origine du même pour avoir tenté d’organiser un pseudo grand débat avec 400 personnes dont la moitié n’ayant pas grand-chose à voir avec l’agriculture. Alors que les agriculteurs sont surtout dans l’attente de mesures précises et concrètes concernant les conditions de production et d’échange.
Macron est largement responsable de la véritable pagaille qui a marqué sa présence au salon de l’agriculture. La première raison sans doute c’est qu’il intervient dans un dossier comme d’habitude avec ses gros sabots alors que le premier ministre avait commencé à calmer le jeu et a entamé un processus de discussion avec les vrais agriculteurs. En voulant inviter les écolos bobos et autres gauchistes, Mrcron a provoqué la colère des paysans.

C’était donc «le bordel», selon sa propre expression devant les exposants du Salon de l’agriculture, qu’il a finalement pu longuement arpenter samedi, moyennant plusieurs cordons de sécurité pour tenir à distance des manifestants très remontés. Avant cela, Emmanuel Macron avait improvisé un débat à bâtons rompus avec des délégués syndicaux du monde agricole. «À la fin, c’est toujours mieux quand les gens se causent», se félicite-t-il après coup auprès du Figaro.

Mais Macron continue d’alimenter la pagaille et fait comme si les discussions n’étaient pas déjà largement entamées entre le premier ministre et les professionnels. «J’attends qu’ils puissent structurer quelques demandes concrètes pour permettre de sortir de cette crise. Elles doivent tenir en quatre, cinq points, pas 150.»

C’est comme une claque donnée d’une part au Premier ministre, évidemment à l’inconsistant ministre de l’agriculture, mais aussi aux organisations professionnelles qui précisément ne veulent pas qu’on réduise la crise agricole culturelle à seulement trois ou quatre facteurs explicatifs.

Bref Macron comme d’habitude en monarque omnipotent continu de mettre le bordel dans le pays avec sa posture qui ignore les institutions et les organisations légitimées représentatives y compris son propre gouvernement.

Economie, politique, société: les plus lus-25 février 2024

Economie, politique, société: les plus lus-25 février 2024

 

 

 

 

 

 

–des Smartphones pliants bientôt chez Apple
–2024 une vagues de faillites
économie : croissance insignifiante pour le début de l’année (INSEE)
tirer profit total énergie : 20 milliards !
–Salaire et pouvoir d’achat : baisse de la consommation en volume
–la liste complète d’un gouvernement d’incompétents et d’inconnus
–changement climatique : Bruno Lemaire se met au vert bidon
–Nicole Bellows : pour enterrer la réforme de l’éducation nationale
–immigration : 77 % ne font pas confiance au gouvernement
–présidentielle Russie : la candidature du seule opposante interdite !
. 2024: L’année des faillites (COFACE)
. Foot-Coupe de France : le PSG péniblement
. Bayrou qui a fait Macron…. va le défaire
. Sondage Présidentielle 2027 : Marine Le Pen nettement en tête
. Foot–CAN- un miracle mérité sportivement et politiquement pour la Côte d’Ivoire

• Bientôt un plan de « réarmement sexuel »
• Bayrou, l’endormi, pour remplacer Oudéa !
• Dépenses énergie des PME: Hausse de 75 % en trois ans
• Commerce extérieur : Les faiblesses de la France pourquoi ?
• Ski et changement climatique : Des stations en danger
• Aérien: Le 737 manque de boulons !
• Logement: Baisse des taux mais prix trop hauts
• Climat et agriculture: Pédale douce de l’union européenne
• Lactalis: Première victime fiscale pour l’exemple

Grande distribution: Les super profits de Carrefour et des autres

Grande distribution: Les super profits de Carrefour et des autres

 

 Les résultats de l’industrie alimentaire et des grands distributeurs montrent que l’inflation a été l’occasion de superprofits; Ainsi Carrefour va accorder une augmentation de 55% aux actionnaires via les dividendes. Bref en rajoutant des hausses illicites à l’inflation générale. Ce qu’on fait la plupart des grandes entreprises.

 

Contrairement à ce qu’avait annoncé le ministre de l’économie, on n’a pas constaté de baisse des prix de l’alimentaire au cours de l’été et pas davantage en cette rentrée; en cause, la confusion à dessein entre la baisse de l’inflation et la baisse des prix. Certes l’inflation se tasse mais les prix mécaniquement continuent d’augmenter. Par ailleurs ,l’inflation nouvelle s’ajoute à l’inflation ancienne ce qui maintient les prix à un niveau particulièrement élevé. Cela d’autant plus que les industriels et les distributeurs rajoutent de l’inflation illicite à l’inflation

Les espoirs du gouvernement risquent donc fort d’être douchés. Imposé par une récente loi, le calendrier accéléré des négociations tarifaires annuelles entre distributeurs et industriels des produits de grande consommation a certes été tenu. Mais il ne pourra pas entraîner la baisse générale des prix alimentaires que promet Bercy depuis des mois …. au contraire.

 

La fin des discussions a été avancée au 15 janvier pour les PME réalisant moins de 350 millions d’euros de chiffre d’affaires, au 31 janvier pour les autres. 90 % des industriels ont déjà envoyé leurs conditions générales de vente. Ils demandent en moyenne une hausse de tarifs de 4 %. Soit au total une augmentation par rapport à la situation actuelle et non une baisse des prix comme annoncé imprudemment par le ministre de l’économie. La vérité c’est que les distributeurs et les industriels se gavent.

Economie et Agriculture: Le discours hypocrite sur la souveraineté

Economie et Agriculture:  Le discours hypocrite sur la souveraineté

Inutile de tourner autour du pot, c’est sciemment que l’agriculture a été sacrifiée et pas pour des motifs écologiques mais pour des motifs de stratégie économique. L’objectif de l’Europe est depuis longtemps d’accepter les produits agricoles beaucoup moins chers des pays tiers du fait des moindres contraintes sociales, sanitaires et environnementales. En échange, l’Europe et la France vendent des avions, des armes, des voitures, des centrales nucléaires et surtout des services.

L’économie agricole est totalement mondialisée précisément pour permettre l’échange de produits à faible valeur ajoutée comme l’agriculture contre des produits beaucoup plus élaborés.

L’équation est impossible à résoudre. Aucun pays ne peut rétablir une souveraineté totale sur l’agriculture. Il faudrait pour cela sacrifier nos exportations sur les produits industriels et les services très profitables. C’est la spécialisation économique qui l’impose autant que la libéralisation économique mondiale.

C’est à peu de la même manière qu’on s’est débarrassé de la petite industrie peu spécialisée. On ne garde que le haut du panier- et encore avec des délocalisations- pour privilégier nos exportations de haute valeur ajoutée. Une politique en outre voulue par le pouvoir au service des intérêts financiers qui dirigent l’économie. Mais une politique qu’on ne peut bousculer sans remettre en cause les équilibres globaux de notre modèle économique. La crise dépasse le seul champ agricole et affecte de bien d’autres aspects économiques, sociaux, sanitaires, financiers et environnementaux. Des aspects à prendre en compte sauf à tomber dans le simplisme et la démagogie. C’est une chose de reconnaître la situation de l’agriculture, c’est autre chose que de définir une politique cohérente et efficace.

Affirmer qu’on peut retrouver une pleine souveraineté en fermant les frontières en tout cas en contrôlant que les produits sont soumis aux mêmes règles sociales, environnementales, sociales et sanitaires relèvent de la démagogie. Le rééquilibrage des flux est possible mais la fermeture totale des frontières une illusion dangereuse. Un seul exemple de disparités impossibles à réduire: celui des salaires autour de 1500 € bruts pour 35 heures dans l’agriculture en France et entre 200 et 300 € dans d’autres pays.

Les couches moyennes s’appauvrissent

Les couches moyennes s’appauvrissent

 

 

Emmanuel Macron a annoncé vouloir améliorer le quotidien de «ceux qui gagnent déjà trop pour être aidés et pas assez pour bien vivre», Une formule un peu attrape tout mais qui repose cependant sur une certaine réalité car 71 % des Français ne se sentent pas assez aidés. Une proportion qui ne cesse d’augmenter. Il s’agit en fait de catégorie qu’on peut définir comme la classe moyenne. Une classe moyenne qui désormais se voit par exemple écarter de la possibilité de l’accès à la propriété faute de solvabilité face à l’envol des prix et des taux

Pour l’Observatoire des inégalités, les classes moyennes définissent les populations qui se situent entre les 30 % les plus pauvres, et les 20 % les plus riches. Cela équivaut à un Français sur deux. Alors que l’inflation s’est envolée depuis le début de la guerre en Ukraine, avec une hausse continue du prix des matières premières et des produits de première nécessité, ils sont de plus en plus nombreux à avoir du mal à boucler les fins de mois malgré des emplois stables.

Beaucoup de ces Français ne peuvent prétendre aux aides sociales et se sentent donc un peu dévalorisés. Il faut dire qu’au cours de la période récente l’inflation en quelque sorte a tassé vers le bas les revenus. En cause des prix qui ont connu des envolées assez exceptionnelles d’abord comme le logement, le transport, l’alimentation et la part des abonnements de service qui ne cesse d’augmenter.

D’après le gouvernement et les institutions officielles les augmentations de revenus auraient compensé l’inflation. Mais il s’agit d’un calcul sur l’indice des prix de la consommation complètement obsolète. C’est-à-dire qui ne correspond plus à la structure et au volume de consommation des ménages; en réalité, il y a au moins 10 % de perte de pouvoir d’achat. Les ménages se concentrent sur les dépenses essentielles, éliminent les superflus et réduisent même les dépenses courantes ; d’où la baisse de la consommation et par conséquence aussi de la croissance.

Qui dirige la politique agricole : le ministre, Attal, Macron, la FNSEA ou Le Pen ?

Qui dirige la politique agricole : le ministre, Attal, Macron, la FNSEA  ou Le Pen ?

 

Pris dans le tourbillon des spasmes médiatiques quotidiens, on en vient à oublier qui est responsable de l’orientation de la politique agricole.

Normalement dans un pays comme la France  c’est au ministre de l’agriculture qu’il revient de gérer ce dossier. Le problème c’est que Macron a choisi une cloche pour occuper le poste. Marc Fesneau est sans doute gentil mais il a l’efficacité, la compétence et le charisme d’une limande.

À l’occasion de la crise récente, c’est le Premier ministre qui a géré directement la crise en se déplaçant sur le terrain et en proposant une soixantaine de mesures. Le ministre de l’agriculture se contentant de jouer les figurants. D’une certaine manière, le premier ministre a au moins réussi à éteindre l’incendie et à engager des pistes de réforme.

Une fois le climat un peu apaisé et comme d’habitude Macron a voulu mettre son grand nez dans le dossier pour récupérer à son profit le petit crédit obtenu par son premier ministre. À chaque fois c’est le même phénomène. Macron veut montrer qu’il est le patron, le seul quitte à se mettre  en contradiction avec son propre gouvernement. Et Macon n’a pas son pareil pour endormir médias et organisations professionnelles. Il pourrait parler pendant des heures et des jours au point de tuer par épuisement ses interlocuteurs. Il faut parfois plusieurs semaines voir plusieurs mois pour que ses interlocuteurs prennent conscience qu’ils ont été une nouvelle fois roulés dans la farine.

Il est clair par ailleurs que l’organisation agricole majoritaire à savoir la FNSEA comporte en son sein les pires contradictions entre les très gros agriculteurs qui s’en sortent bien grâce notamment aux subventions européennes ( qui sont proportionnelles à la taille des exportations) et des petits exploitants coincés dans la mono production et des prix de marché qui s’écroulent. La FNSEA a cogéré la politique agricole en France et à ce titre est aussi largement responsable de la crise.

Parmi les autres syndicats, il faut distinguer la coordination rurale qui roule surtout pour Le Pen et la confédération paysanne proche de l’extrême gauche. Bref un monde agricole aussi divisé que le monde salarié.

Ne parlons pas évidemment des organisations extérieures qui interviennent dans le champ agricole comme les écolos bobos.

Compte tenu de la diversité évoquée et de ses contradictions, le monde agricole est condamné à la crise permanente comme l’ensemble de l’économie française et européenne. Des solutions seraient possibles mais dirigées et discutées avec qui ?

Salon de l’agriculture : la foire des contradictions

Salon de l’agriculture : la foire des contradictions

Scruté par les commentateurs, redouté par l’exécutif, le Salon de l’Agriculture qui ouvre ses portes samedi est annoncé comme l’acte final de la crise qui secoue depuis un mois le monde agricole. Exercice de communication politique par excellence,  les vraies batailles (normes et compétitivité) ne seront pourtant pas visibles. Par Timothée Gaget, Président de l’agence Artcher, spécialiste des questions de souveraineté industrielle et agricole. ( dans le Figaro)

Le passage dans les allées du Salon vaut adoubement ou rejet. Les politiques s’y frottent, un petit godet par-ci, une tranche de cochonaille par-là. Tout l’exercice consiste à montrer, devant les caméras, une connexion réelle au terrain. Car s’il n’y a plus que 400 000 exploitations agricoles, la France garde son imaginaire paysan. Pour le politique, être connecté à ce dernier signifierait donc être connecté à la France. Le SIA est le seul endroit où les élus locaux avec des origines paysannes partent avec un avantage sur les élites parisiennes.

En février 2016, le slogan « Je suis éleveur, je meurs » marque les esprits et François Hollande est accueilli dos tourné et sous les huées.  2017, des millions de volailles sont abattues lors du deuxième épisode de grippe aviaire. Les candidats à la présidentielle défilent. Ambiance tendue. Emmanuel Macron y reçoit un œuf sur la coquille. Le SIA 2024 devait être sympathique et s’articuler avec la sortie de la Loi d’Orientation agricole en préparation depuis un an.  La fronde paysanne et le blocage des routes en ont décidé autrement. Surtout qu’en coulisse, des syndicats agricoles se jaugent à l’approche des élections des Chambres d’agriculture.

Le Président acculé tentera donc, face aux gilets verts, ce qu’il a fait avec les gilets jaunes : un « grand débat ». On le sait excellent dans l’exercice, si tant est qu’il ait lieu (Les soulèvements de la terre ayant initialement été invités, la FNSEA veut le boycotter). Car s’il est une profession qui n’apprécie guère se faire payer de mots, ce sont les paysans. Et si le maintien du GNR à prix bas est une victoire, il demeure dérisoire face aux problèmes structurels et stratégiques auxquels l’agriculture française fait face.

La bataille est d’abord normative. La stricte application d’Egalim est incontournable, le rabot annoncé de quelques règles est bienvenu, mais c’est le curage de ruisseau qui cache le torrent de normes.

En matière de normes, comme pour les denrées qu’on autorise ou non à entrer dans l’UE, le destin de l’agriculture française se joue en grande partie à Bruxelles. Les Français peinant à citer plus de trois députés européens devraient d’ailleurs s’intéresser aux élections européennes de juin… puisque la proposition sur la future PAC 2028-2034 sera connue à l’automne 2025. Le commissaire à l’Agriculture Janusz Wojciechowski le sait bien: en Pologne, son propre parti appelle à sa démission. Il faut dire que, ne pouvant s’aligner sur les prix bas des denrées ukrainiennes qui inondent leur marché, les agriculteurs polonais en sont les premières victimes.

Toujours sur la règle de Droit, il est facile d’accuser Bruxelles, mais le carcan normatif est aussi français : sans même parler de surtransposition,  il n’y a pas que les vaches qui émettent du méthane, le Conseil d’État fustigeait déjà en 1991 « le droit mou, le droit flou, le droit à l’état gazeux ».  On passe plus de temps à défricher un texte qu’une bordure de champs. La recette proposée pour simplifier ? Commission, mission-flash, rapport transpartisan, table-ronde, États généraux, mission sur la mission… On se gausse autant qu’on s’étrangle : il y aura bientôt davantage de rapports sur les tables de nos gouvernants que de vaches dans les champs. Le politique doit décider, pas diriger des thèses. Le législateur doit produire une loi simple et claire, tournée vers l’intérêt général. Pas un amas de revendications particulières.

Si le débat s’est focalisé sur les normes, le pouvoir d’achat des agriculteurs est avant tout une question économique. S’agissant de la compétitivité, on aurait là encore tort de reprocher à Bruxelles ce qui incombe à Paris. La concurrence est aussi intra-européenne. Sur les 38 pays de l’OCDE, la France est le pays avec le plus fort taux de prélèvements obligatoires. Or l’agriculture subit les mêmes coûts économiques du travail et de la production que les autres secteurs. Comment un maraîcher français peut concurrencer un maraîcher espagnol, si le coût de la main-d’œuvre y est bien plus élevé en France ? De même, pourquoi une entreprise alimentaire française, elle-même en concurrence avec d’autres entreprises alimentaires européennes ou internationales, achèterait son porc, son lait ou son bœuf plus cher à un agriculteur français quand elle peut l’avoir moins cher auprès d’un Espagnol ou d’un Allemand ? La fraternité résiste hélas peu à l’économie de marché.

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’État a imposé une politique de prix alimentaires bas. Or comme les agriculteurs ne peuvent pas en vivre, il réinjecte (directement ou via la PAC) de l’argent par-derrière pour ne pas que le système s’effondre. On a créé des marchés déconnectés des réalités économiques. Les agriculteurs ne veulent pas vivre de subventions, ils veulent vivre de leur métier, condition d’ailleurs nécessaire au renouvellement des générations. Pour assurer notre souveraineté alimentaire tout en assurant des revenus justes aux paysans, il n’y a que deux options : soit on permet aux agriculteurs de vendre plus cher. Soit on leur permet de produire moins cher. Idéalement, les deux. Pour la deuxième option, le choix n’est pas juridique, il est politique. Moins facile, mais plus impactant que de flatter le cul des vaches le temps d’un week-end.

Macron au salon de l’agriculture : un invraisemblable chaos

Macron au salon de l’agriculture : un invraisemblable chaos

 

Le spectacle anarchique auquel on a assisté pendant la visite du président au salon de l’agriculture témoigne de la situation du secteur et au-delà du pays. L’incompétence, le manque de courage caractérise un pouvoir à bout de souffle qui dit tout et son contraire. Ainsi à propos du grand débat annulé ou Macron avait invité des organisations gauchistes extérieures au monde agricole pour semer un peu plus la pagaille. Mais surtout à propos des propositions de r dont beaucoup relèvent de la fumisterie.

Il faut dire qu’en face certaines organisations professionnelles ne sont pas aussi à la hauteur et entretiennent la confusion. Premier exemple celui consistant à déclarer l’agriculture d’intérêt général dans la loi. Une proposition de la FNSEA reprises par Macron. Une idée complètement ridicule car si on devait inscrire dans la loi ce qui relève de l’intérêt général la liste serait longue. Une démarche typiquement française qui consiste à produire des lois sans contenu et forcément sans application concrète. Ainsi la loi peut s’honorer de disposer d’environ 12 000 lois, plus de 150 000 décrets sans parler des circulaires et autres arrêtés. Et à peine 50 % des lois sont réellement et bien appliquées.

L’autre exemple et celui des « tarifs plancher » proposés par Macron pour toutes les filières agricoles. Une disposition qui de toute façon ne peut être qu’européenne et qui n’est pas près d’aboutir. D’abord compte tenu des intérêts divergents des pays de l’union européenne. Ensuite et surtout parce que ce tarif minimum conduit à administrer les marchés par voie réglementaire à moins de transformer les agriculteurs en fonctionnaires. Certes il peut être utile voire nécessaire de construire des indicateurs de couts pour éclairer les négociations mais certainement pas d’imposer un prix qui découle évidemment de la libre négociation entre acteurs économiques.

Comme autre exemple de fumisterie on pourrait citer la loi Egalim qui précisément devait fixer les conditions de négociation en tenant compte d’indicateurs de couts. Les lois Egalims n’ont pu être appliquées car elles sont inapplicables. Elles le seront même avec un label européen car rien n’empêchera les clients de l’agriculture de s’approvisionner en dehors de l’union économique.

Dernier exemple, celui des clauses dites miroirs qui imposent aux pays exportateurs des conditions de production identique à celle de la France notamment sur le plan sanitaire et environnemental. Des clauses miroirs inappliquées là aussi parce que inapplicables. À moins de croire que l’Europe pourra aller vérifier les conditions de production en Amérique du Sud, en Asie ou en Afrique. Sans parler de l’enjeu essentiel concernant les échanges internationaux.

La responsabilité de ses contradictions incombe un pouvoir politique incompétent et sans courage mais aussi à des organisations professionnelles très contradictoires, voire pas au niveau.

Finalement le chahut, le désordre constaté à l’occasion de la visite du président au salon de l’agriculture révèle la chienlit dans laquelle se trouve la situation du secteur.

Politique- L’espionnage russe menace la France

Politique- L’espionnage russe menace la France

 

D’après les services de contre-espionnage français, la Russie développe actuellement une grande offensive d’infiltration et d’influence en France. Il s’agit de déstabiliser le pays et de diviser l’opinion d’autant plus que certains extrêmes peuvent être sensibles au discours russe. La stratégie d’influence passe notamment par la multiplication de médias numériques particulièrement mensongers. Bref ,la même tactique d’intoxication comme celle pratiquée en Russie mais qui heureusement en France à moins de chance de peser dans notre pays démocratique.

 

L’objectif de ces actions d’ingérence est « d’amplifier les dissensions et fractures internes à la société française, tous sujets confondus (réforme des retraites, prise de position dans le conflit israélo-palestinien, dénigrement des JO 2024, etc.), voire à soutenir ouvertement les intérêts de la Russie en dénonçant la politique étrangère de la France, les Etats-Unis, ou l’Otan », selon le renseignement intérieur.
Ces activités se traduisent « par des actions subversives », qui « constituent généralement des délits de droit commun: dégradation de biens publics (graffitis, tags), placardages d’affiches, de stickers, distribution de flyers. »

« Il n’est pas exclu que d’autres actions de nature violente puissent être également commanditées (menaces ou agressions physiques, notamment à l’encontre de ressortissants ukrainiens ou de dissidents russes) », avertit la note.
La DGSI demande donc aux forces de l’ordre de faire remonter tout délit lorsque des « signaux faibles » sont constatés. Parmi ces « signaux », la DGSI cite l’implication de membres d’une communauté russophone (Biélorusses, Baltes, Moldaves, Bulgares…), et la diffusion sur les réseaux sociaux de leurs délits, généralement pour prouver l’exécution de la mission aux commanditaires, la rémunération de ces personnes par cryptomonnaie ou espèces, plus rarement par virement bancaire, et enfin le recours à des messageries chiffrées comme Telegram.

 

Politique: La guerre menace mais nous ne sommes pas encore prêts

Politique:  La guerre menace mais nous ne sommes pas encore prêts

Alain Bauer a lu le livre du journaliste Jean-Dominique Merchet : Sommes-nous prêts pour la guerre?
( dans l’Opinion)

Professeur du Cnam, Alain Bauer y est responsable du Pôle Sécurité Défense Renseignement. Il a récemment publié : Au commencement était la guerre ? (Fayard, 2023)

Jean-Dominique Merchet, après avoir commis un Macron Bonaparte (Stock, 2017) resté dans les mémoires, nous fait passer d’Austerlitz à un avant-Waterloo avec une pointe d’humour noir affirmé par une citation de Michel Audiard à chaque chapitre. J’ai même un moment pensé qu’il aurait pu sous-titrer son essai : « Je ne dis pas que c’est juste, je dis que ça soulage », avec une pointe d’accent germanique… Mais Jean-Dominique Merchet n’est pas un « tonton flingueur ». Il aime la France, son armée, ses militaires. Du bourbier afghan décrypté, en passant par l’ode à la pilote de chasse Caroline Aigle, il décrit, dépeint, défend aussi, une armée qui ressemble aux deux citations qu’il a placées en exergue de son ouvrage : Jaurès et Foch.

Il connaît l’intime de l’institution militaire, ses atouts et ses difficultés, ses lourdeurs et son infinie capacité au système D « qui va bien », modèle de bricolage, d’endurance et de fascination pour les armées étrangères, souvent mieux dotées, mais moins bien nourries et beaucoup moins créatives en matière d’adaptation au terrain.

Il connaît les questions qui se posent en interne et la difficulté, pour la « Grande Muette », de s’exprimer clairement, entre sanctions au chef d’état-major des armées, qui dit trop fort la vérité, chuchotements dans les rangs ou affirmation par la doctrine des enjeux des crises à venir. Comme si, dans un pays qui adore les Livres Blancs et leurs mises à jour plus ou moins opportunes, il n’était pas possible d’affronter de manière ouverte la question de la défense nationale, donc de la guerre et de la paix. Comme si la dissuasion nucléaire répondait à tout et que la question ne devait surtout pas être posée. Comme si 2001 n’avait pas eu lieu. Comme si le conflit ukrainien ne dépassait pas la seule question quantitative.

« Bonsaï ». Avec les neuf questions posées par le béotien qu’il n’est pas, il nous entraîne vers une synthèse affinée, intelligente et ouverte, des papiers que les lecteurs de l’Opinion et, comme hier de son blog « Secret Défense », dégustent régulièrement. On pourra y retrouver notre armée « bonsaï », « échantillonnaire » et expéditionnaire, dotée d’un peu de tout et de beaucoup de rien, qui joue dans la cour des grands sans en avoir vraiment les moyens, tout en cochant les cases nécessaires pour que les autres fassent semblant d’y croire. Il rappelle la manœuvre stratégique du duo Le Drian-Lewandowski de sauvetage de l’armée de terre, en 2015, avec Sentinelle et la relative déshérence des recrutements qui se sont étrangement accentués depuis… le début du conflit en Ukraine.

 L’air de rien, par petites touches informées, sans méchanceté, mais sans concessions, il dépeint une version Ingres revisitée par Soulages, des choix et non-choix qui ont affaibli une armée qui n’ignore rien des risques et des pertes face à un conflit de haute intensité qui peut se transformer rapidement en longue intensité. Et qui doit jongler face à des injonctions contradictoires et des évolutions politiciennes souvent plus marquées par les problématiques intérieures que les enjeux internationaux.
 Il propose un pronostic préoccupant et ose quelques recommandations thérapeutiques marquées par la lucidité et surtout l’espoir

Agile, rapide, projetable, ce qui reste de la force nationale doit donc, contrainte et forcée, mais aussi complice et consentante parfois, faire le deuil de sa défense opérationnelle du territoire, de sa capacité à agréger la technologie et la masse, d’apprendre ou de comprendre les mutations doctrinales issues du conflit coréen, qui ressemble tant à la tragédie ukrainienne.

 Jean-Dominique Merchet n’écarte aucun sujet qui pourrait fâcher et de manière criminologique, en commençant par un diagnostic honnête et précis de l’état du malade, il propose un pronostic préoccupant et ose quelques recommandations thérapeutiques marquées par la lucidité et surtout l’espoir. Optimiste, parce qu’il a la foi, il reste réaliste et termine en reprenant d’un sous-entendu efficace, l’une des marottes de l’homme, du général et de l’ami, auquel il dédicace son livre, Jean-Louis Georgelin, tristement disparu l’an dernier alors qu’il terminait son grand œuvre, la restauration de la Cathédrale Notre Dame de Paris, la « surprise stratégique ».
Conviction. C’est sur ce sujet que nous nous fâchâmes, puis devinrent proches avec l’alors chef d’état-major des armées, après que j’eus contesté la valeur de ce concept en utilisant un argument qui me semblait plus crédible : l’aveuglement stratégique. Le Cema ne rendit pas les armes, mais proposa un déjeuner de compromis. De cette confrontation est née une réflexion permanente sur les enjeux de l’anticipation stratégique et de la manière de ne pas de laisser surprendre. De mes cours à l’Ecole militaire, dans des enceintes diverses, j’ai retenu qu’en général, l’échec provenait moins d’une absence d’informations que d’une incapacité à comprendre et hiérarchiser ce qu’on savait.

Et la liste, désagréable, qui va d’Azincourt à Dien Bien Phu en passant par Waterloo, et quelques autres « failles » ou « défaillances » intermédiaires ou postérieures, peut souvent, aux risques et périls du civil qui s’exprime devant des uniformes, toucher au vif une armée par ailleurs légitimement fière de ce qu’elle peut accomplir, notamment ses forces spéciales.

 On ne pourra pas faire le reproche de l’aveuglement à Jean-Dominique Merchet. Avec sa lucidité tranquille, son écoute, sa retenue, mais la force de sa conviction, il délivre dans son livre l’analyse indispensable qu’un honnête citoyen devrait avoir lue pour mieux appréhender la nécessaire préparation à la défense des valeurs qui font notre nation. Parce que la guerre est à nos portes. Si vis pacem….

« Sommes-nous prêts pour la guerre ? », par Jean-Dominique Merchet, Robert Laffont, 2024 (224 pages, 18 euros).

Politique : Risque de guerre avec la Russie

Politique : Risque de guerre avec  la Russie

 

Tant que le conflit ukrainien dure, la Russie ne peut pas se permettre un second front en Europe (moyens, effet de surprise, etc.). La guerre finie, le Kremlin, fort des leçons tirées du conflit ukrainien, travaillera à reconstituer ses stocks et ses équipements, de façon à préparer le prochain assaut sur les anciennes républiques soviétiques, probablement avec une attaque sur les pays baltes, membres de l’OTAN. On entrerait dans une nouvelle dimension. ( extrait du site « Slate »)

L’économie de l’OTAN est à peu près vingt fois plus importante que celle de la Russie, celle de l’Europe dix fois. Et pourtant, à titre de comparaison, la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne et l’Italie ne peuvent aligner qu’un maximum de 1.000 chars de combat, contre 6.000 à 7.000 chars russes. Depuis février 2022, l’armée russe aurait perdu plus de 2.600 tanks, donc 2,5 fois le total de l’arsenal équivalent des quatre plus grosses économies d’Europe!

Et les usines russes fonctionnent à pleine capacité: Russes produisent en ce moment soixante chars d’assaut par mois, ce qui signifie qu’ils sont capables de fabriquer en un trimestre la totalité des tanks français! Rarement dans l’histoire a-t-on vu un tel décalage entre la puissance économique et la production d’armement.

Et, après le choc de février 2022, au lieu de se résorber, ce décalage s’accentue… Ainsi, les rapports alarmistes se multiplient, d’abord aux États-Unis et au Royaume-Uni. Mais c’est la publication en novembre 2023 d’un rapport du Conseil allemand sur la politique étrangère (DGAP), un groupe de réflexion basé à Berlin, qui a fait couler beaucoup d’encre. L’institut berlinois imagine cinq scénarios de réponse de l’OTAN face au danger du réarmement russe, avec une menace maximale estimée entre cinq et dix ans.

Les analystes du DGAP préconisent une force de l’OTAN de 300.000 hommes à haut niveau de préparation (contre 10.000 soldats répartis dans huit groupements tactiques en Europe de l’Est). Or, ce chiffre avait déjà été annoncé par Jens Soltenberg, secrétaire général de l’OTAN, il y a plus d’un an en juin 2022, mais rien n’a avancé.

Pour Jacek Siewiera, chef du Bureau de sécurité nationale polonais, un délai de cinq à dix ans avant la prochaine attaque russe est trop «optimiste». Il estime le risque entre trois et cinq ans. Le réarmement russe est beaucoup trop rapide, la procrastination des pays d’Europe occidentale réelle et la position américaine trop imprévisible. Alors, que faire? Pour le moment, en Europe, seule la Pologne, l’Estonie et la Lituanie semblent prendre la mesure de la menace.

Avec un budget de 4% de son produit intérieur brut (PIB) qu’elle s’était engagée à dépenser en 2023 en matière de défense, la Pologne est le seul pays européen qui a clairement joint la parole à l’acte. Initié par le gouvernement ultra-conservateur et nationaliste de Mateusz Morawiecki, l’effort polonais de réarmement (armée passant de 115.000 à 300.000 hommes, achats de 96 hélicoptères Apache, 116 tanks Abrams, de lance-missiles Himars…) est poursuivi, voire même accéléré, par le nouveau gouvernement de centre-gauche de Donald Tusk.

Par contraste, l’Allemagne, qui parlait en février 2022 d’un investissement additionnel de 100 milliards d’euros, a en réalité investi 1,5 milliard pour le moment. Le Royaume-Uni a seulement augmenté son budget défense de 5 milliards de livres (environ 5,8 milliards d’euros) et continue à diminuer la taille des effectifs dans tous les corps de son armée.

Quant à la France, la nouvelle loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030 prévoit un budget de 413,3 milliards d’euros, soit 40% de plus que les 295 milliards d’euros de la précédente LPM –mais ces montants résisteront-ils aux coupes de Bercy? Tout se passe comme si la Pologne et les pays baltes vivaient dans un temps historique distinct de celui des pays d’Europe occidentale.

À une situation déjà complexe viennent s’ajouter d’autres variables. La première, c’est Taïwan. Dans son discours du Nouvel An, le président chinois Xi Jinping a renouvelé son vœu de réunification de l’île avec la Chine continentale. Selon les analystes américains, la Chine atteindra un degré de modernisation et de projection militaire «optimal» vers 2026-2028. Tandis que les États-Unis seraient prêts à une guerre aéronavale de grande ampleur dans le Pacifique à partir de 2028-2029 (programme Next Generation Air Dominance de développement d’un nouveau chasseur, nouveau bombardier stratégique B-21 Raider, etc.).

Ensuite, il y a la nouvelle dégradation des relations sur la péninsule coréenne, avec, en parallèle, l’aide de la Corée du Nord à la Russie. Et enfin, il y a l’énigme Donald Trump. On sait que l’ancien président des États-Unis, s’il est «réélu», accélérera encore davantage les dépenses militaires, tout en restant hostile à la guerre.

Au Proche-Orient, on connaît déjà sa politique: il offrira un soutien encore plus inconditionnel à Israël. En Asie, Donald Trump cherchera à contenir les ambitions de la Chine. Et il cessera l’aide à l’Ukraine, tout en cherchant une solution négociée à la guerre, offrant la voie libre à Vladimir Poutine pour relancer ses ambitions. Or, même si Donald Trump n’est pas élu, les États-Unis ne pourront pas conduire trois guerres simultanément. Or, entre Israël, Taïwan et l’Ukraine, le choix des Républicains est déjà fait.

Ainsi, la Chine a tout intérêt à soutenir la Russie sur le théâtre européen, de façon à mobiliser les États-Unis sur plusieurs fronts. La Russie pourrait être tentée d’encourager l’ouverture d’un nouveau conflit sur la péninsule coréenne pour les mêmes raisons, ce qui n’arrangerait pas la Chine, peu amène à l’idée d’une guerre à sa frontière. Et si Vladimir Poutine et Benyamin Netanyahou, pour des raisons «opposées», souhaitent à tout prix la victoire de Donald Trump, ce n’est pas nécessairement l’avis de la Chine, soucieuse d’un possible désengagement sur le front européen qui n’arrangerait pas ses affaires.

Il y a trois décennies, la fin de la Guerre froide a correspondu en Europe à une explosion de l’endettement et des dépenses sociales, en grande partie liées au vieillissement des populations et à l’absence de croissance économique. Pour nombre de gouvernements de l’UE, les budgets de la défense sont devenus une variable comptable. Résultat: plus de trente ans de désarmement sans précédent dans l’histoire.

Si le choc de l’«opération militaire spéciale» de la Russie a suscité un légitime émoi et a permis l’envoi de dizaines de milliards de dollars/euros en aide financière et militaire à l’Ukraine, ceci s’est fait avant tout au détriment des stocks existants. On a donc beaucoup parlé et, à l’exception notable de la Pologne et de l’Estonie, les actes n’ont pas suivi les paroles. Les dirigeants européens n’ont pas encore compris la gravité de ce qui se passe en Russie: transformation du pays en économie de guerre, généralisation du discours ultranationaliste, endoctrinement à l’école, contrôle total des médias et de la société

Face au plus gros danger menaçant l’UE depuis la Seconde Guerre mondiale, la reconstruction de l’appareil militaire européen est la première priorité du continent. Comme le dit le rapport du DGAP, la course contre-la-montre a déjà commencé.

Deux ans de guerre en Ukraine : Bilan et perspectives

Deux ans de guerre en Ukraine : Bilan et perspectives

Il convient  de se réjouir qu’il reste 62 % de Français à penser qu’il faille continuer à armer l’Ukraine, selon l’étude menée par le Conseil européen pour les relations internationales - European Council on Foreign Relations (ECFR). Néanmoins, ce soutien manifeste ne saurait masquer, que, selon la Fondation allemande Bertelsmann, seuls 10 % des Européens croient encore possible une victoire de l’Ukraine. Les Ukrainiens, eux, restent nettement plus déterminés. Ils sont sûrs à 60 %, de leur victoire, et 73 % à soutenir la guerre contre l’agression russe : c’est là d’ailleurs l’essentiel. dans le JDD par  Emmanuel Dupuy, président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe*.(Extrait)  

Il aura fallu l’évocation par Emmanuel Macron du « régime du Kremlin » ainsi que sa désignation comme « acteur méthodique de la déstabilisation du monde » pour rassurer quelque peu Volodymyr Zelensky, venu à Paris, pour obtenir les garanties de sécurités décennales promises par la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne, à défaut des avions de chasse et d’attaques au sol, Mirage 2000, que Paris rechigne toujours à livrer.

Les Ukrainiens continuent de solliciter davantage d’armes plus sophistiquées, et en plus grande quantité, auprès des forces armées des pays européens et otaniens, et ce afin de tenir un front long de près de 1 000 km, juché d’infranchissables champs de mines, sur plusieurs dizaines de km. Au-delà des missiles de plus longue portée réclamés, avec insistance, auprès de Washington (ATACMS) et Berlin (Taurus), la solidarité diplomatique que nous, Européens, devons – en adhésion et cohésion – au peuple ukrainien reste déterminante. En d’autres mots, l’UE (avec une somme cumulée de 85 milliards + 50 milliards promis en 2024-2025) aura nettement plus « aidé » l’Ukraine que les États-Unis (72 milliards d’euros + 61 milliards promis en 2024-2025) entre le 24 janvier 2022 et le 31 octobre 2023.

 

Le hiatus est néanmoins plus marqué et inversé en matière d’aide militaire, alors que les États-Unis ont équipé, entraîné et aidé les forces armées ukrainiennes, en 2023, à hauteur de 44 milliards d’euros, contre les modestes 5,6 milliards de la Facilité européenne pour la Paix (FeP) et les quelque 3,4 milliards d’euros fournis par la France (sans compter, cependant les 3 milliards d’euros promis, lors de la visite, à Paris, du président ukrainien).

L’on estime, ainsi, qu’en cas d’attrition de l’aide bilatérale américaine vis-à-vis de l’Ukraine, l’UE devrait doubler son aide militaire en direction de Kyiv, et ce, dès les premiers mois de 2025, dans les deux cas de figure : que Joe Biden effectue un second mandat consécutif ou que Donald Trump ne réoccupe le Bureau ovale.

Par ailleurs, sur un plan plus diplomatique, l’Ukraine reste résolument déterminée à entrer dans la famille européenne, tel que l’ouverture – lors du dernier Conseil européen, de décembre dernier – des négociations en vue de l’adhésion de Kyiv à l’UE, lui en trace, désormais, la perspective, à l’horizon de la prochaine décennie…

La terrible guerre qui se déroule en Ukraine aura réussi, malgré tout, cahin-caha, à ressouder les Européens entre eux, malgré les querelles picrocholines qui accompagnent les doléances et caprices de l’agenda hongrois. La pusillanimité collective qui caractérisait l’enjeu des convergences en matière de défense européenne, ne devrait ainsi plus être de mise.

Les combats en Ukraine, mitoyens du front oriental de l’OTAN, sur 3 000 km, de la Finlande à la Roumanie, auront aussi eu l’insigne mérite de réveiller l’Alliance Atlantique de sécurité collective, liant désormais 31 (avec la Finlande) et bientôt 32 pays (une fois que « l’oukase » du Parlement hongrois sera levé, en ce qui concerne la Suède), de sa torpeur stratégique, ou de sa « mort cérébrale », comme l’avait caractérisé, à bon escient, Emmanuel Macron, en novembre 2019.

Nous sommes désormais à moins de trois mois, d’un scrutin européen, les 6-9 juin prochains, qui sera déterminant pour « jauger » de la volonté consensuelle et de la réelle détermination des Européens à soutenir l’Ukraine face à la Russie.

Il en va de même avec son corollaire présidentiel américain, le 5 novembre prochain, avec toutes les incertitudes qui accompagneraient un retour à la Maison-Blanche d’un Donald Trump, prompt et insistant à dire vouloir « lâcher » les Européens face aux velléités belliqueuses de Moscou.

Tous ces éléments conjoncturels demeurent déterminants, pour ancrer durablement et prosaïquement « l’autonomie stratégique » structurelle du continent européen, telle que la « Boussole stratégique » (Strategic Compass), adaptée, à Bruxelles, en mars 2022, nous en donne les moyens, ou en tout cas l’ambition : c’est déjà un premier pas, qui aura mis plusieurs décennies à faire consensus.

 

Ainsi, en testant notre résilience économique et énergétique, avec son corollaire de difficiles conséquences d’adaptations sociales et remises en cause de nos repères sociétaux – le maître du Kremlin, ne s’attendait, très certainement pas à ce que nous résistions, nous aussi, mieux que prévu.

Notre détermination à approfondir le soutien français, européen, international, qui va de pair avec la mise en exergue de nos « forces morales », ainsi que notre prise de conscience assumée et mise en accusation amplifiée quant à la vraie nature du « régime du Kremlin », nous obligent, nous aussi, à entrer enfin en « économie de guerre ».

Il aura fallu dix ans, depuis le Sommet de l’Alliance atlantique, à Newport, en 2014, pour que la France, avec la perspective des 413 milliards d’euros sanctuarisés par la Loi de Programmation Militaire (LPM 2024-2030) rejoigne le « club des 11 pays » (Pologne, USA, Grèce, Estonie, Lituanie, Finlande, Roumanie, Hongrie, Lettonie, GB, Slovaquie) consacrant 2 % de leur PIB à la défense.

Il y a pourtant urgence, alors que le budget militaire de la Russie est en nette hausse (+68 %), atteignant, désormais, 106 milliards d’euros, dont 30 % de dépenses fédérales et 6 % du PIB du pays. Il convient, désormais, que l’Europe (UE et 27 États européens) qui consacre, toute de même, plus de 363 milliards d’euros à sa défense, entre, elle aussi en « économie de guerre », à l’instar de la mise en place du fonds défense de 100 milliards d’euros pour « doper » la Base Industrielle et Technologique de Défense européenne (BITDe). Il en va de même, avec l’objectif de produire plus d’un million (voire 1,4 million) d’obus annuellement. Quand on comprend qu’au plus fort des combats (deuxième semestre 2022) la Russie tirait 50 000 obus par jour, contre 5 000 à 10 000 obus pour l’Ukraine, il nous faut, nous aussi en tirer, urgemment, les leçons !

La réduction de moitié des délais de livraison des canons Caesar (de 30 à 15 mois), des radars GM-200 (de 24 à 6 mois), des missiles Sol-Air Mistral (de 24 à 15 mois) ou l’augmentation par trois de la fabrication des obus de 155 mm (de 1000 à 3 000) ne sont que des pas balbutiants. Les Ukrainiens auront besoin, à titre d’exemple, au plus vite des 78 Caesar promis, pour 2024, en plus des 30 déjà livrés…

La désignation – enfin – dans la prochaine mandature de la Commission européenne, d’un commissaire dédié à la Défense, aura mis 25 ans à se réaliser, alors que le Traité de Nice, instituait la Politique européenne de sécurité commune (PSDC) en 1999 !

Il en va de notre sécurité, mais aussi et surtout de celle de l’Ukraine, à, l’instar de notre promesse de garantir pour les dix prochaines années, la sécurité de Kyiv, comme a tenu à le rappeler, avec justesse, il y a quelques jours, le président de la République, Emmanuel Macron, à, l’occasion de la visite de son homologue ukrainien, dans la foulée de la 60e édition de la Conférence sur la sécurité de Munich.

L’année 2024 sera dure et particulièrement compliquée, de l’aveu même du président ukrainien Volodymyr Zelensky, venu le rappeler à Paris en début de semaine.

Nous devons, dès lors, nous attendre à de nouvelles frappes aveugles russes, tuant femmes et enfants. Nous devrons encore compter et recompter le trop lourd bilan macabre des victimes civiles que ces dernières accompagnent.

L’Europe, désormais pleinement consciente de la nécessité de se protéger, à l’avenir seule, face à une Russie de plus en plus agressive à son égard, n’a plus le temps de se perdre en périlleuses circonvolutions quant à sa sécurité.

Secrétaire national chargé des questions de défense Les Centristes. Enseignant en géopolitique au sein de l’Université Catholique de Lille, l’Institut Supérieur de Gestion (ISG) et l’EDC Paris Business School.

 

Guerre en

Economie, politique, société: les plus lus-24 février 2024

Economie, politique, société: les plus lus-24 février 2024

 

 

 

 

 

–des Smartphones pliants bientôt chez Apple
–2024 une vagues de faillites
économie : croissance insignifiante pour le début de l’année (INSEE)
tirer profit total énergie : 20 milliards !
–Salaire et pouvoir d’achat : baisse de la consommation en volume
–la liste complète d’un gouvernement d’incompétents et d’inconnus
–changement climatique : Bruno Lemaire se met au vert bidon
–Nicole Bellows : pour enterrer la réforme de l’éducation nationale
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• Climat et agriculture: Pédale douce de l’union européenne
• Lactalis: Première victime fiscale pour l’exemple

Risque de guerre avec la Russie

 

Risque de guerre avec  la Russie

 

Tant que le conflit ukrainien dure, la Russie ne peut pas se permettre un second front en Europe (moyens, effet de surprise, etc.). La guerre finie, le Kremlin, fort des leçons tirées du conflit ukrainien, travaillera à reconstituer ses stocks et ses équipements, de façon à préparer le prochain assaut sur les anciennes républiques soviétiques, probablement avec une attaque sur les pays baltes, membres de l’OTAN. On entrerait dans une nouvelle dimension. ( extrait du site « Slate »)

L’économie de l’OTAN est à peu près vingt fois plus importante que celle de la Russie, celle de l’Europe dix fois. Et pourtant, à titre de comparaison, la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne et l’Italie ne peuvent aligner qu’un maximum de 1.000 chars de combat, contre 6.000 à 7.000 chars russes. Depuis février 2022, l’armée russe aurait perdu plus de 2.600 tanks, donc 2,5 fois le total de l’arsenal équivalent des quatre plus grosses économies d’Europe!

Et les usines russes fonctionnent à pleine capacité: Russes produisent en ce moment soixante chars d’assaut par mois, ce qui signifie qu’ils sont capables de fabriquer en un trimestre la totalité des tanks français! Rarement dans l’histoire a-t-on vu un tel décalage entre la puissance économique et la production d’armement.

Et, après le choc de février 2022, au lieu de se résorber, ce décalage s’accentue… Ainsi, les rapports alarmistes se multiplient, d’abord aux États-Unis et au Royaume-Uni. Mais c’est la publication en novembre 2023 d’un rapport du Conseil allemand sur la politique étrangère (DGAP), un groupe de réflexion basé à Berlin, qui a fait couler beaucoup d’encre. L’institut berlinois imagine cinq scénarios de réponse de l’OTAN face au danger du réarmement russe, avec une menace maximale estimée entre cinq et dix ans.

Les analystes du DGAP préconisent une force de l’OTAN de 300.000 hommes à haut niveau de préparation (contre 10.000 soldats répartis dans huit groupements tactiques en Europe de l’Est). Or, ce chiffre avait déjà été annoncé par Jens Soltenberg, secrétaire général de l’OTAN, il y a plus d’un an en juin 2022, mais rien n’a avancé.

Pour Jacek Siewiera, chef du Bureau de sécurité nationale polonais, un délai de cinq à dix ans avant la prochaine attaque russe est trop «optimiste». Il estime le risque entre trois et cinq ans. Le réarmement russe est beaucoup trop rapide, la procrastination des pays d’Europe occidentale réelle et la position américaine trop imprévisible. Alors, que faire? Pour le moment, en Europe, seule la Pologne, l’Estonie et la Lituanie semblent prendre la mesure de la menace.

Avec un budget de 4% de son produit intérieur brut (PIB) qu’elle s’était engagée à dépenser en 2023 en matière de défense, la Pologne est le seul pays européen qui a clairement joint la parole à l’acte. Initié par le gouvernement ultra-conservateur et nationaliste de Mateusz Morawiecki, l’effort polonais de réarmement (armée passant de 115.000 à 300.000 hommes, achats de 96 hélicoptères Apache, 116 tanks Abrams, de lance-missiles Himars…) est poursuivi, voire même accéléré, par le nouveau gouvernement de centre-gauche de Donald Tusk.

Par contraste, l’Allemagne, qui parlait en février 2022 d’un investissement additionnel de 100 milliards d’euros, a en réalité investi 1,5 milliard pour le moment. Le Royaume-Uni a seulement augmenté son budget défense de 5 milliards de livres (environ 5,8 milliards d’euros) et continue à diminuer la taille des effectifs dans tous les corps de son armée.

Quant à la France, la nouvelle loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030 prévoit un budget de 413,3 milliards d’euros, soit 40% de plus que les 295 milliards d’euros de la précédente LPM –mais ces montants résisteront-ils aux coupes de Bercy? Tout se passe comme si la Pologne et les pays baltes vivaient dans un temps historique distinct de celui des pays d’Europe occidentale.

À une situation déjà complexe viennent s’ajouter d’autres variables. La première, c’est Taïwan. Dans son discours du Nouvel An, le président chinois Xi Jinping a renouvelé son vœu de réunification de l’île avec la Chine continentale. Selon les analystes américains, la Chine atteindra un degré de modernisation et de projection militaire «optimal» vers 2026-2028. Tandis que les États-Unis seraient prêts à une guerre aéronavale de grande ampleur dans le Pacifique à partir de 2028-2029 (programme Next Generation Air Dominance de développement d’un nouveau chasseur, nouveau bombardier stratégique B-21 Raider, etc.).

Ensuite, il y a la nouvelle dégradation des relations sur la péninsule coréenne, avec, en parallèle, l’aide de la Corée du Nord à la Russie. Et enfin, il y a l’énigme Donald Trump. On sait que l’ancien président des États-Unis, s’il est «réélu», accélérera encore davantage les dépenses militaires, tout en restant hostile à la guerre.

Au Proche-Orient, on connaît déjà sa politique: il offrira un soutien encore plus inconditionnel à Israël. En Asie, Donald Trump cherchera à contenir les ambitions de la Chine. Et il cessera l’aide à l’Ukraine, tout en cherchant une solution négociée à la guerre, offrant la voie libre à Vladimir Poutine pour relancer ses ambitions. Or, même si Donald Trump n’est pas élu, les États-Unis ne pourront pas conduire trois guerres simultanément. Or, entre Israël, Taïwan et l’Ukraine, le choix des Républicains est déjà fait.

Ainsi, la Chine a tout intérêt à soutenir la Russie sur le théâtre européen, de façon à mobiliser les États-Unis sur plusieurs fronts. La Russie pourrait être tentée d’encourager l’ouverture d’un nouveau conflit sur la péninsule coréenne pour les mêmes raisons, ce qui n’arrangerait pas la Chine, peu amène à l’idée d’une guerre à sa frontière. Et si Vladimir Poutine et Benyamin Netanyahou, pour des raisons «opposées», souhaitent à tout prix la victoire de Donald Trump, ce n’est pas nécessairement l’avis de la Chine, soucieuse d’un possible désengagement sur le front européen qui n’arrangerait pas ses affaires.

Il y a trois décennies, la fin de la Guerre froide a correspondu en Europe à une explosion de l’endettement et des dépenses sociales, en grande partie liées au vieillissement des populations et à l’absence de croissance économique. Pour nombre de gouvernements de l’UE, les budgets de la défense sont devenus une variable comptable. Résultat: plus de trente ans de désarmement sans précédent dans l’histoire.

Si le choc de l’«opération militaire spéciale» de la Russie a suscité un légitime émoi et a permis l’envoi de dizaines de milliards de dollars/euros en aide financière et militaire à l’Ukraine, ceci s’est fait avant tout au détriment des stocks existants. On a donc beaucoup parlé et, à l’exception notable de la Pologne et de l’Estonie, les actes n’ont pas suivi les paroles. Les dirigeants européens n’ont pas encore compris la gravité de ce qui se passe en Russie: transformation du pays en économie de guerre, généralisation du discours ultranationaliste, endoctrinement à l’école, contrôle total des médias et de la société

Face au plus gros danger menaçant l’UE depuis la Seconde Guerre mondiale, la reconstruction de l’appareil militaire européen est la première priorité du continent. Comme le dit le rapport du DGAP, la course contre-la-montre a déjà commencé.

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