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Archive mensuelle de février 2024

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Economie, politique, société: les plus lus-28 février 2024

Economie, politique, société: les plus lus-28 février 2024

 

 

 

 

 

 

 

 

–des Smartphones pliants bientôt chez Apple
–2024 une vagues de faillites
économie : croissance insignifiante pour le début de l’année (INSEE)
tirer profit total énergie : 20 milliards !
–Salaire et pouvoir d’achat : baisse de la consommation en volume
–la liste complète d’un gouvernement d’incompétents et d’inconnus
–changement climatique : Bruno Lemaire se met au vert bidon
–Nicole Bellows : pour enterrer la réforme de l’éducation nationale
–immigration : 77 % ne font pas confiance au gouvernement
–présidentielle Russie : la candidature du seule opposante interdite !
. 2024: L’année des faillites (COFACE)
. Foot-Coupe de France : le PSG péniblement
. Bayrou qui a fait Macron…. va le défaire
. Sondage Présidentielle 2027 : Marine Le Pen nettement en tête
. Foot–CAN- un miracle mérité sportivement et politiquement pour la Côte d’Ivoire

• Bientôt un plan de « réarmement sexuel »
• Bayrou, l’endormi, pour remplacer Oudéa !
• Dépenses énergie des PME: Hausse de 75 % en trois ans
• Commerce extérieur : Les faiblesses de la France pourquoi ?
• Ski et changement climatique : Des stations en danger
• Aérien: Le 737 manque de boulons !
• Logement: Baisse des taux mais prix trop hauts
• Climat et agriculture: Pédale douce de l’union européenne
• Lactalis: Première victime fiscale pour l’exemple

Une Crise agricole ingérable

Une Crise agricole  ingérable

 

Le pacte écolo-agricole est à repenser au niveau français et européen, estime, dans sa chronique, Françoise Fressoz, éditorialiste au « Monde ».

 

La crise agricole qui a éclaté à l’aube de la campagne des élections européennes de juin est un bon indicateur des dynamiques en présence. La rapidité avec laquelle les syndicats agricoles ont obtenu gain de cause sur l’allègement des normes environnementales, la fin de l’indicateur d’usage des pesticides français, le NODU, ou encore la possibilité de déroger aux obligations de jachère est une défaite pour les écologistes. Le revers est pour eux d’autant plus rude que l’opinion publique française, par ailleurs sensibilisée aux enjeux du changement climatique, soutient très majoritairement le mouvement des agriculteurs.

Simultanément, le concept de souveraineté progresse à pas de géant. La crise liée au Covid-19, les tensions géopolitiques nées de la guerre en Ukraine ont changé l’ambiance qui prévalait lors du scrutin européen de 2019, alors marqué par le succès des marches pour le climat. Le retour de la guerre en Europe est venu rappeler que l’alimentation est un enjeu stratégique, au même titre que l’armement ou les matières premières.

La France, pas plus que l’Union européenne (UE), ne peut prendre le risque de tomber sous la dépendance de forces hostiles qui, en contrôlant les cours, exerceraient une pression insupportable sur sa population.

Dès 2022, sous le gouvernement d’Elisabeth Borne, le ministère de l’agriculture et de l’alimentation s’est vu rebaptisé « ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire », alors que le secteur, encore fortement exportateur, souffre d’une perte de compétitivité. La rhétorique, depuis, s’affirme : samedi 24 février, lors de sa visite mouvementée au Salon de l’agriculture, Emmanuel Macron, accédant à une revendication de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), a indiqué que le futur projet de loi reconnaîtrait « notre agriculture comme un intérêt général majeur de la nation française », ce qui permettra, selon lui, de la protéger « de manière ferme et solide ».

Le résultat le plus tangible de cette évolution est que le consensus sur lequel reposaient la politique agricole commune et le Pacte vert européen n’est plus de mise. Le ministre de l’agriculture, issu du MoDem, Marc Fesneau, le dit de plus en plus ouvertement lorsqu’il proclame qu’il « faut sortir d’une logique qui est explicite ou implicite ou sous-jacente de décroissance ». Emmanuel Macron enfonce le clou, en soulignant dans un entretien au Figaro : « On a sauvé notre politique agricole commune, mais elle a été pensée de manière encore trop décroissante. »

 

Russie et Défense- L’urgence du retour du service militaire

Défense- L’urgence du retour du service militaire

Le président a parlé à plusieurs reprises de réarmement. Un mot mis à toutes les sauces y compris pour le réarmement civique. Sans doute pas à travers le service national de quelques jours, ni civique, ni militaire et qui ressemble plutôt une colonie de vacances. Pourtant, Plusieurs facteurs militent en faveur de l’urgence d’un service obligatoire à vocation militaire. Il y a d’abord l’environnement conflictuel avec la politique agressive d’expansion de Poutine et sa phobie de l’ancien empire russe. Poutine multiplie les attaques en Europe de l’Est, en Finlande et bien sûr en Ukraine. Il N’a jamais admis l’éclatement de la puissante union soviétique. En outre, ce dictateur a besoin de ranimer en permanence la flamme des nationalistes pour jeter un voile pudique sur la dictature et sur le détournement de fonds par les oligarques et lui-même.

Il y a fort à parier que Trump ( s’il est réelu) pourra s’accommoder d’un désengagement des moyens américains au service de l’Europe. Par ailleurs en Europe -et en France compris- l’esprit de Munich prévaut vis-à-vis de la Russie à l’extrême gauche comme à l’extrême droite. Beaucoup seraient prêts à offrir l’Ukraine à la Russie en échange de la paix pour le reste de l’Europe. Un raisonnement hypocrite et à courte vue évidemment. Dans le même temps, la Russie attaque sur tous les fronts dans tous les pays influencés par les occidentaux ( voir à cet égard les échecs successifs de la France au Mali, Burkina Faso , au Niger et ailleurs). Partout la Russie avance ses pions . La Russie qui trouve des alliés de circonstance chez les dirigeants de régime autoritaire encore nombreux dans le monde.

On objectera que la France est sans doute l’un des seuls pays européens avec la Grande-Bretagne toutefois à disposer d’un système de défense complet mais une armée cependant miniature : exemple un seul porte-avions et seulement 160 000 hommes, l’équivalent de ce dont dispose l’Ukraine. Quand la Russie dispose de 10 fois plus de troupes en plus évidemment des technologies. Mais contrairement aux dires de pseudo experts, les troupes au sol ne sont pas incompatibles avec la technologie, elles se complètent et les conflits tant en Ukraine qu’à Gaza démontrent encore l’importance des troupes au sol.

La seconde raison qui justifierait le rétablissement du service militaire est davantage sociétale. Il s’agirait de réhabiliter le grand brassage sociologique que permettait le service obligatoire. En outre, un service qui pourrait être utile pour contribuer à revaloriser le concept de discipline et d’effort.

La plupart des experts militaires et les militaires eux-mêmes s’opposent à la résurgence d’un service militaire au motif que la France n’aurait pas les moyens d’une part et que la défense a technologiquement évolué dans son contenu. Notons cependant que dans toutes les opérations extérieures effectifs et technologies ont été totalement complémentaires. En dernier ressort, ce sont surtout les troupes au sol qui payent le prix de la guerre. En cas de conflit d’ampleur, sans formation on envoie à la boucherie des jeunes et des moins jeunes non formés. Ce qu’on constate par exemple chez les russes mais aussi en Ukraine.

Les États-Unis ne supporteront pas ad vitam aeternam les coûts du parapluie militaire américain. L’Europe devra assurer sa défense. Et de ce point de vue l’objectif d’atteindre 2 % du pour les dépenses militaires est complètement inadapté aux enjeux quand il faudrait 6 ou 7 % et que les Russes consacrent 30 % de leur budget aux dépenses de l’armée.

La dernière raison qui justifie la réhabilitation du service militaire obligatoire c’est la nécessité de diffuser à nouveau dans l’opinion les valeurs attachées à la nation aujourd’hui éclatées pour des raisons sociétales voire religieuses.

Ce n’est pas la dernière minute qu’il conviendra de réajuster sérieusement la politique de défense. La stratégie dans ce domaine comme d’ailleurs dans d’autres demandes lucidité, courage et continuité. Le contraire de ce qu’on a fait en supprimant lâchement le service militaire ou en conviant les jeunes à quelques jours de colonies de vacances dans le cas d’un pseudo service national.

Avec Poutine: Les pires moments du stalinisme

Avec Poutine: Les pires moments du stalinisme

 

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Vladimir Poutine a considérablement durci la répression des opposants politiques, qui subissent les pires traitements dans l’arbitraire le plus total, explique dans le Figaro l’historien spécialiste de l’Union soviétique et président de Mémorial France*.

*Directeur de recherche au CNRS et président de Mémorial France, Nicolas Werth a consacré de nombreux ouvrages remarqués à l’histoire de l’Union soviétique. Il a publié « Poutine historien en chef » (Gallimard, coll. « Tracts », 2022).

 La mort d’Alexeï Navalny était redoutée par beaucoup depuis son emprisonnement en Sibérie et une précédente tentative d’empoisonnement. L’annonce de son décès vous a-t-elle surpris ?

Nicolas WERTH. – Malheureusement, l’annonce n’a pas vraiment surpris tous ceux qui connaissent le système carcéral russe aujourd’hui et l’horreur du traitement qu’on y inflige aux détenus. Depuis son incarcération, Alexeï Navalny avait été envoyé 27 fois au mitard, dans des cellules d’isolement très petites avec un sol en ciment et une simple planche pour s’allonger. Les prisonniers sont soumis à l’arbitraire le plus total, de la part des gardiens mais aussi des détenus. Car on retrouve cette pratique qui avait lieu au goulag …

 

La cécité de l’Europe face à Poutine

La réalité du régime de Poutine sous-estimée

Par Nicolas Tenzer, géopolitologue, enseignant à Sciences Po)

Interview dans « la tribune »
Le 24 février, cela fait  deux ans que la Russie a envahi l’Ukraine. Quel bilan tirez-vous de cette guerre ?

NICOLAS TENZER – En réalité, cela ne fait pas deux ans mais dix ans que dure ce conflit. Dès 2014, la Crimée a été occupée et prétendument annexée – première révision des frontières par la force en Europe, hors Seconde Guerre mondiale, depuis l’annexion des Sudètes par Hitler -, les troupes russes sont entrées dans le Donbass et elles ont fait main basse sur une partie des régions de Donetsk et Louhansk. Déjà, entre 2014 et février 2022, le conflit avait coûté la vie à 14. 000 personnes. Mais la guerre totale lancée par Poutine le 24 février 2022 est un coup de force sans commune mesure, dont le premier bilan – il faut toujours commencer par là – s’établit à partir des quatre catégories de crimes imprescriptibles, massifs et tous documentés commis par les Russes : crimes de guerre, crimes contre l’humanité, crime de génocide et, bien sûr, crime d’agression, qui a permis tous les autres. Toutes les nations civilisées doivent prendre la mesure de ces massacres alors que beaucoup répètent à l’envi, en faisant une moquerie, le « plus jamais ça » entendu après Auschwitz, le Rwanda et Srebrenica… Pour la seule ville de Marioupol, les 50 .000 morts, selon des estimations crédibles, représentent environ 100 fois Oradour-sur-Glane.

Ensuite, nous devons parler sans cesse de l’extraordinaire résistance des Ukrainiens. Leur courage m’a frappé chaque fois que je suis retourné là-bas depuis le 24 février. Ils savent qu’ils ne peuvent pas abandonner, car cela signerait leur arrêt de mort à tous. Cette vaillance et cette conscience historique uniques ne sont pas en contradiction avec un traumatisme profond dont les effets vont perdurer durant des décennies, non seulement pour les combattants, avec les syndromes post-traumatiques classiques, mais aussi pour la population civile qui ne dort plus et dont la possible mort venue du ciel est comme une compagne perpétuelle. Ce qui m’a le plus marqué, ce sont les témoignages d’enfants, parfois d’à peine 6 ans, qui ont vu les horreurs de la guerre, a fortiori ceux qui ont perdu un père ou une mère, un frère ou une sœur, et qui en parlent avec la maturité d’un adulte. C’est un peuple qui n’aura pas eu d’enfance et qui n’aura plus jamais d’innocence. Aujourd’hui, près de 70 % des Ukrainiens comptent parmi leurs très proches un mort ou un mutilé à vie, qui a perdu une partie de son corps ou de son visage. C’est une situation semblable à celle qu’ont vécue en France les familles après la guerre de 14-18.

Enfin, je retiendrai la conviction des Ukrainiens, notamment des autorités, qu’ils devront à l’avenir ne compter que sur eux-mêmes pour assurer leur sécurité. Ils sont reconnaissants envers les États-Unis et les Européens, sans l’aide desquels ils n’auraient pas tenu. Mais outre la situation humiliante de devoir la demander, en particulier pour le président Zelensky, ils ont aussi ressenti une certaine indifférence des Alliés devant ces dizaines de milliers de vies sacrifiées en raison de la lenteur des livraisons d’armes. Je ne pense pas que ce ressentiment, justifié, reste sans conséquence.

Dans votre ouvrage, vous critiquez la cécité des pays européens face aux intentions de Vladimir Poutine en raison de ce que vous appelez « la perte de l’intelligence du monde », et d’un « mauvais réalisme » de notre diplomatie…

Je le dis aussi bien des Européens que des Américains, et ce ne sont pas tous les pays européens. Les pays baltes, la Pologne, la République tchèque avaient compris. Emmanuel Macron a reconnu dans son discours du 31 mai 2023 à Bratislava qu’on aurait dû les écouter. Mais globalement, nos dirigeants et leurs conseillers ont commis une faute intellectuelle dans l’analyse de la politique internationale, en ne percevant pas la signification profonde de la violation par Poutine du droit international et des crimes de guerre massifs qu’il a ordonnés depuis le début de la seconde guerre de Tchétchénie, puis en Géorgie, en Ukraine en 2014 et en Syrie, qui a été un point de bascule. Quand un État commet autant de crimes, cela signifie quelque chose. Le crime était le message et nous n’avons pas voulu l’entendre. Le fait que des dirigeants aient pu s’asseoir à la même table que Poutine, lui sourire, lui donner l’accolade et le tutoyer me paraît inconcevable. Ils ne comprenaient pas qu’ils se trouvaient devant l’un des pires criminels de l’histoire de l’humanité, au même titre qu’Abou Bakr al–Baghdadi, Ben Laden, Omar el-Béchir au Soudan, ou même un criminel de droit commun comme le mafieux Toto Riina. Quand le réel est vu à travers un pseudo-réalisme, pour parler comme Raymond Aron, l’oubli du crime annonce la faute stratégique. L’échelle des crimes commis est indicatrice d’une menace d’une ampleur inédite. Or, ces dirigeants ont fait de la Russie un régime normal, juste un peu plus « autoritaire », et non pas un régime hors norme par sa volonté de destruction radicale et sa nature totalitaire. Ils ont fait de Poutine une sorte de Bismarck alors qu’ils auraient dû y voir Hitler.

Deuxièmement, en ignorant la volonté du président russe de remettre radicalement en cause l’ordre international, les dirigeants occidentaux ont tenté coûte que coûte d’obtenir une paix illusoire sans voir que cela les affaiblissait et préparait une guerre encore plus terrible et plus compliquée à contrer. N’ayant pas perçu la réalité du régime, ils n’ont pas compris que la notion de négociation, d’accord de paix, de compromis perdait son sens. On l’a vu avec le « reset » lancé en 2009 par Barack Obama et Hillary Clinton, secrétaire d’État à l’époque, et avec l’idée fumeuse d’architecture de sécurité et de confiance – l’usage de ce dernier mot synthétise la faute de perception. Emmanuel Macron, victime lors de la campagne présidentielle de 2017 des Macron Leaks, ce qu’il a rappelé à Poutine lorsqu’il l’a reçu à Versailles, a fait preuve jusqu’à récemment d’une tolérance incroyable envers les attaques de la Russie sur le territoire français, sans beaucoup d’attention à l’égard des personnes ciblées par les attaques russes. Comme s’il fallait à tout prix, selon un mot entendu à l’époque, ne pas « endommager la relation franco-russe ». Nous payons ces fautes au prix fort et, aujourd’hui encore, nous ne sommes que moyennement sérieux.

Si Poutine avait été rationnel en valeur, il aurait poursuivi la politique de coopération avec l’Europe, les États-Unis et les institutions internationales

Les dirigeants occidentaux pensent que les régimes dictatoriaux réfléchissent comme nous selon leurs intérêts, avec une rationalité commune. Or, vous expliquez dans votre livre que c’est faux…

C’est un point important, qui suppose de revoir la distinction entre rationalité en valeur et rationalité instrumentale introduite par Max Weber. La rationalité instrumentale de Vladimir Poutine vise avant tout à atteindre ses objectifs. Il saisit avec beaucoup d’intelligence toutes les opportunités et sait profiter de nos faiblesses. Mais cette rationalité instrumentale est orientée vers un but qui n’est pas rationnel en soi. L’intérêt dont il se réclame est purement idéologique – car il y a bien une idéologie poutinienne même s’il n’existe pas de Manifeste du Parti communiste, de Petit Livre rouge ou de Mein Kampf qui l’explicite. Si Poutine avait été rationnel en valeur, il aurait poursuivi la politique de coopération avec l’Europe, les États-Unis et les institutions internationales. L’Otan comme l’UE avaient tendu la main : rappelons-nous l’Acte fondateur en 1997 entre l’Otan et Boris Eltsine, ou la « Russia First policy » de l’UE. Entre 2000 et 2014, on a privilégié la Russie par rapport aux autres pays en matière de coopération. Même l’agression militaire russe contre la Géorgie en 2008 n’a pas interrompu cette coopération. Moscou a pu bénéficier de prêts du FMI et de la Banque mondiale et d’aides de la Banque européenne de reconstruction et de développement (Berd). Si Poutine avait réellement voulu faire le bonheur de son peuple et développer son économie, il aurait saisi ces opportunités, d’autant qu’il bénéficiait à l’époque d’importants revenus dus au cours élevé des matières premières, notamment le pétrole et le gaz. Or, plutôt que d’investir dans l’éducation, la recherche, les infrastructures, la santé, etc., il a préféré consacrer plus de 7 % du PIB au secteur de la défense malgré une économie qui se situe au niveau de celle de l’Espagne. Il a également affecté plus de 3 milliards de dollars par an au développement d’un réseau de propagande pour diffuser sa vision idéologique et légitimer sa politique d’agression hors de Russie, y compris par des actions ciblées de corruption.

Le rôle joué par l’idéologie dans la politique de Poutine vous semble-t-il sous-estimé ?

Beaucoup d’analystes de politique étrangère n’y prêtent pas plus d’attention qu’aux crimes et aux violations du droit international. Pourtant, comme le remarquait Raymond Aron à propos de l’URSS, sans l’idéologie communiste, la politique russe aurait été complètement différente. Faute d’intelligence ou de lectures, ils n’ont pas voulu comprendre les racines idéologiques du poutinisme, mixture assez indigeste d’eurasianisme, de slavophilie, de nationalisme, d’antisémitisme, de paganisme et de culte de la mort. On raisonne encore comme si les intérêts de la Russie s’inscrivaient dans une continuité historique selon laquelle, si les tsars étaient restés à la tête du pays, ils auraient agi de la même manière. Il y a là la persistance d’une forme de romantisme un peu mièvre, comme une image chromo. Considérer ces mythologies d’une grande Russie, comme d’une Perse millénaire ou d’une Chine éternelle, est non seulement une façon d’essentialiser les pays et de fabriquer la légende d’une prétendue âme des peuples, mais revient aussi à dénier à chaque régime une spécificité. Surtout, cela sert les régimes dictatoriaux car cela noie leurs crimes sous un magma historique.

Cette idéologie russe bénéficie également du relais d’acteurs occidentaux influencés par le Kremlin ?

Concrètement, la corruption intellectuelle d’une grande partie des élites de la classe politique, sans parler des milieux entrepreneuriaux, et d’une partie des milieux universitaires a été massive dans de nombreux pays européens, notamment en France. Cette corruption intellectuelle s’accompagne bien sûr de cadeaux matériels, par exemple lorsque des hommes politiques sont rémunérés pour leurs activités de consultant ou de lobbying. Mener un travail de consultant pour la Russie, la Chine, la Turquie, l’Azerbaïdjan ou le Qatar n’est pas nécessairement illégal au regard du droit français. Certes, la rémunération ne viendra pas directement du Kremlin, mais par le biais d’une société russe – aucune grande entreprise n’est vraiment indépendante du pouvoir politique – ou, plus indirectement, par une entité d’un pays tiers par le détour d’une multitude d’intermédiaires. Or, si vous êtes un ancien ministre, un ancien président, un ancien parlementaire ou un ancien haut fonctionnaire civil ou militaire, cela me paraît poser un problème. Je plaide depuis longtemps pour que la loi l’interdise. Je l’avais préconisé lors de mon audition par la commission de l’Assemblée nationale sur les ingérences étrangères. On devrait au moins encadrer ces pratiques en exigeant une totale transparence, car des individus continuent aujourd’hui à diffuser ouvertement la propagande prorusse en France, profitant de l’absence d’un tel cadre juridique. Cette impunité est intolérable en temps de guerre.

Poutine se pose également en défenseur des valeurs conservatrices comme la famille, la patrie, etc., face à ce qu’il nomme la décadence de l’Occident. Cela peut-il trouver un écho auprès d’un public occidental en mal de repères, qui attendrait l’homme ou la femme providentiel qui réglera tous leurs problèmes ?

Des électeurs proches de l’extrême droite ou de la droite conservatrice peuvent être sensibles à un tel discours qui s’oppose à l’idéologie woke ou au mouvement LGBT. En réalité, ce courant s’inscrit dans l’héritage des traditionalistes français du XVIIIe ou du XIXe siècle, comme Joseph de Maistre ou Bonald, mais aussi dans le régime de Vichy. Or, en Russie, ce n’est qu’un discours. Poutine a été furieux lorsqu’ont éclaté le scandale des orgies sexuelles et l’étalement du luxe des élites au pouvoir qui en disaient long sur le comportement des oligarques et des mafieux entourant le président russe. Poutine lui-même n’est pas le parangon de la défense de la famille propre au conservatisme classique.

Aujourd’hui, la Syrie est devenue un narco-État

Dans votre livre, vous considérez que la guerre en Syrie, qui a fait 1 million de victimes, a été un « point de rupture » dans les relations internationales. Pourquoi?

D’abord parce que le refus d’intervenir du président Obama en 2013, après l’attaque chimique sur la Ghouta, a laissé les mains libres à Poutine. Il a vu que ses supposées lignes rouges étaient un tigre de papier. Même si nul ne peut en avoir la certitude absolue, je pense que, s’il n’y avait pas eu 2013, il n’y aurait pas eu 2014, autrement dit Poutine n’aurait pas osé attaquer l’Ukraine. La réaction des Occidentaux, notamment des Américains, mis à part François Hollande, devant ces crimes massifs a été l’indifférence. Leur poursuite en 2015 et 2016, avec la culmination dans l’horreur en direct qu’ont été le siège puis la prise d’Alep, a été permise par le refus de toute intervention alors même que des généraux, notamment américains, plaidaient en faveur d’une zone de non-survol. Nous avons laissé massacrer une population sous nos yeux, sans réagir. Je me souviens d’Emmanuel Macron disant qu’Assad était l’ennemi du peuple syrien, non celui de la France. Or, quand quelqu’un commet des crimes contre l’humanité, il devient l’ennemi de toutes les nations, en particulier de tous les États parties au statut de Rome de la Cour pénale internationale, même s’il n’y a pas eu pour l’instant d’inculpation du leader syrien pour des raisons juridiques. La propagande suggérait qu’il valait mieux avoir Assad que Daech.

C’est le mythe de la stabilité que vous critiquez dans votre ouvrage ?

C’était le dilemme dans lequel Assad voulait enfermer les Occidentaux, en posant qu’entre lui et Daech il n’y avait rien. Or, c’est lui qui a libéré les djihadistes ayant rejoint l’État islamique et qui a emprisonné et massacré tous ses opposants modérés qu’ils soient musulmans, chrétiens, communistes, athées… Aujourd’hui, la Syrie est devenue un narco-État, premier producteur du captagon, une drogue de synthèse qui représente une menace sécuritaire pour l’ensemble de la région.

Dans votre livre, vous introduisez la notion de mal pour juger les massacres commis par Poutine, passant de Raymond Aron à Hannah Arendt. Qu’entendez-vous par là, car elle n’est pas utilisée dans l’analyse des relations internationales ?

Il est vrai que le mal a, disons, mauvaise presse, parce que cette notion est employée à tort et à travers, notamment par les dirigeants américains, qui ont parlé d’ « empire du mal » et d’« axe du mal », désignant indistinctement des États sans nécessairement déterminer la raison profonde pour laquelle la notion était appliquée. D’une part, le mal est lié à la violation massive, continue et délibérée des règles de base du droit international et à la perpétuation systématique de crimes de masse. Certes, c’est une notion philosophique et morale, mais elle permet de distinguer concrètement le bien et le mal, au regard du droit international et surtout de comprendre les intentions de ces régimes caractérisés par le mal absolu. Ils visent à détruire l’être humain en tant que telle, dans ce qu’il a d’unique. Il y a un moment où on ne peut plus relativiser. Toute guerre est certes horrible, mais certaines le sont plus que d’autres en raison de la destruction absolue qui en est le cœur et le principe. Celle menée par Hitler avait mis en son centre la Shoah. Poutine a martelé sa volonté de détruire complètement la nation ukrainienne. Assad, aidé par Poutine et l’Iran, a voulu détruire le peuple syrien avec sa politique de torture massive et d’extermination radicale de ses opposants. Or, nos politiques et stratèges éprouvent des difficultés à comprendre ce qui est radical et finalement nihiliste. Ils préfèrent enfermer le mal absolu dans le relatif – d’où la tentation de faire de la guerre russe contre l’Ukraine une guerre comme une autre, comme si elle était d’abord classique et territoriale.

D’où votre justification de refuser toute négociation avec Moscou. La Russie doit perdre cette guerre ?

Oui, sinon elle continuera à exercer son emprise, non seulement sur l’Ukraine, mais aussi sur la Géorgie, la Biélorussie, la Syrie, certains États d’Afrique, etc. Que signifierait l’ouverture de négociations ? D’abord une trahison de la parole des dirigeants occidentaux, Macron compris, qui ont assuré que l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Ukraine n’étaient pas négociables. Négocier signifierait, in fine, admettre la remise en question des frontières par la force. Ce serait un précédent qui encouragerait la Chine à envahir Taïwan. Comment alors obtenir que les criminels de guerre soient jugés et les dommages de guerre payés, comme l’ont exigé nos dirigeants ? En revanche, avec une capitulation, les Occidentaux seront en position de force pour imposer les termes et le contenu d’un accord, comme ce fut le cas avec l’Allemagne et le Japon après la fin de la Seconde Guerre mondiale.

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Nicolas Tenzer « Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée
stratégique », éd. L’Observatoire, 602 pages, 28 euros.

Poutine : « un salopard cinglé » pour Biden

Poutine:  «Salopard cinglé» pour  Joe Biden, Poutine s’offusque !

 

Poutine qui s’offusque pour avoir été traité de salopard cinglés par Biden. Une grossièreté sans doute mais pas une vulgarité criminelle comme celle que Poutine pratique tous les jours. L’escroc assassin Poutine a des pudeurs de jeune fille quand cela ne concerne par contre il n’hésite pas à tuer le moindre opposant.

C’est «grossier oui», a dit Vladimir Poutine à un journaliste de la télévision russe, avant d’ajouter que Joe Biden n’allait «pas me dire, “Volodia (diminutif en russe de Vladimir, NDLR), bravo, merci, tu m’as beaucoup aidé”».

Il n’y a sans doute pas de qualificatifs assez durs pour définir le dictateur fou, criminel et mafieux qu’est Poutine . Joe Biden a peut-être trouvé le mot juste : Poutine est un « salopard  cinglé. »

 «Il y a bien ce salopard cinglé qu’est Poutine, mais la menace existentielle pour l’humanité c’est le changement climatique», a lancé le président démocrate de 81 ans, candidat à un second mandat, lors d’un bref discours auquel assistait un petit groupe de journalistes.

En anglais, Joe Biden a utilisé les trois lettres «SOB», un raccourci pour «son of a bitch», insulte traduisible en français par «salopard», «connard», voire «fils de pute». Le président américain avait déjà, dans le passé, traité son homologue russe de «boucher» et de «criminel de guerre».

Il a promis d’annoncer vendredi des sanctions «majeures» contre la Russie en réponse à la mort en prison de l’opposant Alexeï Navalny.

Russie: Eliminer Poutine

Russie: Eliminer Poutine

 

Conversation avec Sergei Guriev : « Le seul scénario optimiste est le départ de Poutine, quelle qu’en soit la forme »

Lorsque The Conversation réalise cet entretien avec l’économiste russe Sergei Guriev au matin du 16 février, la mort du leader de l’opposition Alexeï Navalny n’a pas encore été annoncée. De fait, nous demandons notamment à M. Guriev dans quelle mesure la communauté internationale pourrait protéger son ami, qui purge une peine de dix-neuf ans de prison dans une colonie pénitentiaire située au-delà du cercle polaire arctique.

Quelques heures plus tard, la nouvelle tombe. De très nombreuses voix, y compris au plus haut niveau politique dans les pays occidentaux, et aussi au sein de l’opposition réelle russe, qualifieront cette mort d’assassinat politique. M. Guriev, qui a travaillé avec Navalny et a notamment permis au grand public occidental de mieux comprendre le projet politique de ce dernier, estime que « Poutine doit convaincre les Russes opposés à la guerre qu’ils constituent une petite minorité insignifiante. C’est pourquoi il était si important pour le Kremlin de faire taire Navalny. » Il apporte son soutien à la veuve de l’opposant, Ioulia Navalnaïa, elle-même économiste de formation, quand celle-ci annonce qu’elle reprendra le flambeau de son mari.

Dans ce contexte, le présent entretien, qui porte sur l’état de l’économie russe deux ans après le début de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine, reste plus que jamais d’actualité, d’autant que l’Occident s’apprête à déclencher une nouvelle vague de sanctions en réponse à l’assassinat présumé de Navalny.

Sergei Guriev, l’un des économistes russes les plus éminents de sa génération, a été une voix écoutée par Dmitri Medvedev à l’époque où celui-ci était le président de la Fédération de Russie (2008-2012). Il a exercé les fonctions de recteur à la prestigieuse Nouvelle École d’Économie (Moscou), et siégé au conseil d’administration de nombreuses entreprises publiques. Mais il a fui la Russie en 2013, craignant pour sa liberté après avoir coécrit en 2011 un rapport critiquant le traitement réservé à Mikhaïl Khodorkovski, le magnat du pétrole emprisonné de 2003 à 2013. En émigration, il est devenu l’un des détracteurs les plus actifs du régime de Vladimir Poutine, dont il a dénoncé la corruption et les agissements en Ukraine à partir de 2014 et à plus forte raison à partir du 24 février 2024. Il joue d’ailleurs un rôle clé au sein de l’International Working Group on Russian Sanctions, qui aide les États occidentaux à définir avec précision les mesures à prendre à l’encontre de Moscou.

Il est aujourd’hui directeur de la formation et de la recherche de Sciences Po Paris, un poste qu’il quittera en septembre prochain pour rejoindre la London Business School, dont il deviendra le doyen. La nouvelle de cette nomination avait été saluée sur le compte d’Alexeï Navalny le 1er février dernier.


 

Au cours des deux dernières années, les pays occidentaux ont mis en œuvre de nombreuses sanctions contre la Russie. Pourtant, celle-ci semble y avoir mieux résisté qu’attendu, grâce à d’importantes dépenses publiques – ce que certains qualifient de « keynésianisme militaire ». Le FMI annonce une croissance de 2,6 % pour 2024. Qu’en est-il, de votre point de vue ? L’économie russe est-elle en baisse ou en hausse ?

C’est une question de définition. Si nous évaluons la croissance économique à l’aune de la croissance du PIB, il ne fait aucun doute que l’économie russe est en hausse. Toutefois, il serait erroné de mesurer la performance économique d’un pays de la même façon en temps de guerre et en temps de paix. Lorsque vous dépensez une part substantielle du PIB pour produire des chars et des obus d’artillerie et pour recruter des soldats qui iront se faire blesser ou tuer en Ukraine, cela revient, du point de vue du secteur civil, à imprimer de l’argent et à l’injecter dans l’économie.

Nous incluons ces dépenses dans le calcul du PIB parce que des biens sont produits et des personnes sont employées en tant que soldats, mais cela n’a rien à voir avec les performances économiques réelles de la Russie. N’oubliez pas que les dépenses militaires représentaient 3 % du PIB avant la guerre ; or en 2024, elles s’élèveront à 6 % du PIB. Cet écart suffit à expliquer la croissance de l’économie russe, quelle qu’elle soit. Et, bien sûr, il y a un ensemble supplémentaire de secteurs qui ne sont pas directement inclus dans les dépenses militaires, mais qui sont également impliqués dans la production de services et de biens militaires. Je pense donc que la vision d’une économie russe qui serait en développement, vision fondée uniquement sur la hausse de son PIB, est assez trompeuse.

Selon moi, le chiffre d’affaires du commerce de détail est un indicateur plus instructif. Entre 2021 et 2022, ce chiffre a baissé d’environ 6,5 %. Si l’on compare le mois de décembre 2022 au mois de décembre 2021, on constate une baisse de 10,5 %. Les données pour 2023 seront bientôt publiées. Il n’y aura pas de baisse, et même une certaine croissance. Il n’empêche que, globalement, la consommation russe ne se porte pas bien.

Vous avez parlé de « keynésianisme militaire ». Je pense que cette expression est, elle aussi, quelque peu trompeuse. Le keynésianisme est une politique que l’on utilise lorsque l’économie est en perte de vitesse et que le taux de chômage est élevé, afin d’essayer d’offrir des emplois aux gens par le biais des dépenses publiques.

 

Le risque propre au keynésianisme est la surchauffe de l’économie. Et n’oublions pas que Keynes a développé ses théories dans les années 1930, au cours de la Grande Dépression, lorsque le taux de chômage aux États-Unis atteignait 25 %. Aujourd’hui, le chômage en Russie est très faible, parce que de nombreuses personnes ont quitté le pays, libérant donc des postes de travail, ou ont été recrutées pour aller combattre en Ukraine.

De fait, l’économie est plutôt en surchauffe. L’inflation est supérieure à l’objectif de 7 % qui avait été fixé par les autorités, ce qui inquiète fortement la Banque centrale. Ce n’est donc pas le moment de faire du keynésianisme.

Vous faites partie du Groupe de travail international de Stanford sur les sanctions contre la Russie. Qu’est-ce que ce groupe et comment a-t-il jusqu’ici façonné les sanctions ?

Le groupe est composé d’économistes, de politistes et d’anciens fonctionnaires des États-Unis, d’Europe et d’autres pays. Sa raison d’être est de publier des rapports détaillés sur la meilleure façon de sanctionner le régime russe. À ce jour, 18 rapports ont été publiés. J’ai contribué à cinq d’entre eux : les quatre premiers, et celui sur les sanctions dans le domaine énergétique, paru en septembre.

L’idée est d’informer les décideurs politiques sur les coûts des mesures concrètes qui peuvent être appliquées, et sur leur impact potentiel. Nous voulons nous assurer que cette guerre coûte plus cher à la Russie et que, par conséquent, Poutine dispose de moins de ressources pour tuer des Ukrainiens et détruire des villes ukrainiennes.

 

Pouvez-vous établir un lien direct entre les documents qui ont été publiés par le Groupe et certaines des sanctions qui ont été mises en œuvre ?

Nous avons plaidé depuis le début en faveur d’un embargo pétrolier, et celui-ci a fini par être décrété. Nous avons toujours dit qu’il était nécessaire de plafonner le prix du pétrole et de renforcer les sanctions technologiques et les sanctions financières, et tout cela s’est produit. Pour autant, je ne sais pas si nous avons joué un rôle déterminant en la matière.

À quel point ces sanctions sont-elles efficaces ? La Russie a trouvé d’autres débouchés pour ses produits énergétiques, et certains pays l’aident à contourner les sanctions appliquées par les Occidentaux. La semaine dernière encore, The Conversation a publié un article indiquant que les filiales des banques allemandes situées dans des zones figurant sur la liste noire du Groupe d’action financière étaient plus susceptibles de prêter de l’argent aux pays sanctionnés.

Je pense que la bonne façon de poser cette question est : « Qu’en serait-il si les sanctions n’avaient pas été adoptées ? » Lorsque nous posons la question « Les sanctions sont-elles efficaces ? », nous ne devrions pas comparer ce qui se passe actuellement avec ce que nous voudrions qu’il se passe. Nous devons comparer ce qui se passe actuellement avec ce qui se serait passé en l’absence de sanctions.

Imaginez que toutes les banques européennes – y compris les banques allemandes – situées en Europe auraient continué de financer le régime de Poutine : Poutine aurait un accès illimité à toutes les sources de financement. Il aurait un accès illimité aux réserves de sa banque centrale. Il aurait un accès illimité à la technologie française et allemande. Il pourrait également recruter des soldats dans le monde entier. Il continuerait de vendre du pétrole et du gaz à l’Europe au prix fort. Imaginez donc ce monde. L’armée ukrainienne aurait-elle plus de mal à défendre l’Ukraine ? La réponse est évidemment « oui ».

Aujourd’hui, Poutine a appris à contourner les sanctions. Mais l’Occident redouble d’efforts pour lutter contre ce phénomène. On constate que Poutine a de plus en plus de mal à passer par la Turquie, voire par la Chine. Les banques chinoises, turques et d’Asie centrale sont de plus en plus vigilantes en ce qui concerne les paiements à leurs homologues russes. Pour contourner les sanctions, Poutine est contraint de faire appel à des pays tiers qui lui facturent des frais d’intermédiation. Et plus on donne aux intermédiaires, moins on garde d’argent pour soi, et c’est une bonne chose. Il n’en reste pas moins qu’il faut investir davantage d’efforts dans le renforcement et l’application des sanctions.

Les sanctions ont porté atteinte à la capacité de la Russie à se moderniser, et notamment à la capacité du quatrième émetteur mondial de gaz à effet de serre à rendre son industrie plus respectueuse de l’environnement en cette période d’urgence climatique, que ce soit du fait des restrictions à l’importation de technologies, de l’effondrement des sources de capitaux étrangers ou du gel des programmes internationaux.

 

Est-il possible d’aider le pays à mener à bien sa transition énergétique tout en frappant le Kremlin là où ça fait mal ?

Je pense que vous l’avez bien formulé : l’accès de Poutine aux technologies est limité. Et bien que ce ne soit pas mon domaine d’expertise, s’il existe des technologies qui ne peuvent pas être utilisées pour la production militaire, mais qui ne peuvent être utilisées que pour la transition verte, alors les États-Unis devraient continuer à les exporter vers la Russie. Mais d’après ce que j’ai compris, il y en a très peu.

En 2022 et 2023, Poutine a importé de nombreuses technologies civiles, comme des lave-vaisselle ou des réfrigérateurs, dans le seul but d’avoir accès à des microprocesseurs afin de produire des missiles et, in fine, de tuer des Ukrainiens. La Russie souffre également du manque de puces pour ses cartes de crédit. Par conséquent, les banques se sont mises à les recycler.

Je ne suis donc pas sûr qu’il existe une technologie civile avancée destinée à aider à la décarbonation que Poutine ne puisse pas utiliser pour la production militaire. Mais, encore une fois, c’est une question dont je ne suis pas spécialiste. Je veux tout de même souligner que la meilleure façon de contribuer à une transition verte tout en limitant la capacité de Poutine à mener cette guerre est de poursuivre la décarbonation des économies occidentales. Si l’Occident décarbone plus rapidement et réduit sa demande en combustibles fossiles, cela réduira les prix du pétrole au niveau mondial et donc les revenus que Poutine peut utiliser pour tuer des Ukrainiens.

En 2018, Christine Lagarde, alors directrice du FMI, a salué l’action de l’actuelle directrice de la banque russe, Elvira Nabioullina. Cette dernière joue-t-elle depuis deux ans un rôle essentiel dans le fonctionnement de la machine de guerre de Poutine ? Et que pensez-vous des spéculations sur son état de santé ? Elle aurait été hospitalisée en janvier…

Je n’ai aucune idée de son état de santé. Ce qui est sûr, c’est qu’elle n’a pas manifesté son soutien à la guerre. Sauf erreur, elle ne s’est jamais exprimée publiquement, je pense, en faveur du meurtre d’Ukrainiens. Elle ne s’est jamais exprimée contre la guerre non plus, mais dès 2018, elle utilisait sa façon de s’habiller pour indiquer l’état d’esprit de la politique monétaire de la banque centrale. Ainsi, lors de ses conférences de presse, elle avait pour coutume d’arborer une broche avec une colombe pour signaler que la banque centrale était susceptible de baisser les taux d’intérêt et d’autres broches ou couleurs de sa robe pour signaler que la banque centrale était optimiste ou pessimiste quant à l’état de l’économie russe.

Après le début de la guerre, elle a commencé à s’habiller en noir. J’ai cru comprendre que cela avait changé récemment, mais en tout état de cause elle a cherché à faire savoir au monde qu’elle n’était pas ravie de la tournure des événements.

D’un autre côté, elle continue de travailler et, comme vous l’avez dit, elle est un rouage important dans le financement de la machine de guerre de Poutine. Et je pense que l’histoire la jugera négativement pour cela. Même si elle peut prétendre qu’elle lutte contre l’inflation pour protéger les catégories les plus vulnérables de la société russe, chaque milliard de dollars, chaque dizaine de milliards de dollars, chaque centaine de milliards de dollars économisés pour le budget de Poutine grâce au travail efficace du ministère des Finances ou de la banque centrale est un autre milliard, une autre dizaine de milliards, une autre centaine de milliards que Poutine peut utiliser pour acheter des drones iraniens, des obus d’artillerie nord-coréens, recruter des soldats et tuer des Ukrainiens.Quel serait le meilleur scénario, parmi les options réalistes, que l’on puisse espérer pour la Russie à l’heure actuelle ?

Vladimir Poutine a montré qu’il n’avait aucun respect pour les droits humains et pour le droit international. Si Poutine reste au pouvoir, je peine à imaginer un scénario optimiste pour la Russie. Le seul scénario optimiste est son départ, quelle qu’en soit la forme, et une transition démocratique.

Peut-être pas immédiatement après son départ, mais quelques mois ou quelques années plus tard, il y aura une sorte de Perestroïka 2.0. Je ne vois pas comment la Russie pourrait devenir une Corée du Nord ou une Syrie. Certains essaieront de pousser le pays dans cette direction, mais je pense que la Russie est trop diverse, trop grande, trop éduquée et trop riche pour tolérer un régime stalinien.

Et je pense que les personnes qui succéderont à Poutine, même si elles sont issues de son entourage le plus proche, voudront mettre fin à cette guerre. Ces gens voudront renouer avec l’Occident. Ils essaieront de négocier, et cela conduira à une augmentation des libertés politiques et de l’ouverture en Russie, ce qui à son tour devrait aboutir à une amélioration immédiate et, espérons-le, à une amélioration substantielle des relations avec l’Ukraine et l’Europe au cours de la prochaine décennie.

De nombreux hommes d’affaires russes se sont installés à l’étranger depuis le début de la guerre, notamment à Dubaï. Une rébellion des élites contre Poutine est-elle une perspective crédible ?

Les élites économiques sont bien sûr mécontentes, mais elles savent aussi que se rebeller contre Vladimir Poutine est physiquement dangereux. Il y a eu de nombreux « suicides » ces dernières années. Les gens sont parfaitement conscients des risques qu’entraîne toute opposition à Vladimir Poutine. Très peu d’entre eux se sont ouvertement prononcés contre la guerre. On peut d’ailleurs les compter sur les doigts d’une main : je pense à Oleg Tinkov et Arkady Voloj, qui se sont ouvertement prononcés contre la guerre. évitent de s’exprimer en faveur de la guerre. Ils sont tous extrêmement mécontents. Les projets de toute une vie ont été détruits. En ce sens, nous n’assisterons peut-être pas à une rébellion semblable à celle de Prigojine, mais une fois que Vladimir Poutine aura disparu, le temps du changement viendra. Toutefois, qui sait ? Peut-être qu’un coup d’État se prépare en ce moment même. Les coups d’État qui réussissent ne sont jamais préparés au grand jour…

Politique: Risque de guerre avec la Russie

Politique: Risque de guerre avec  la Russie

 

Tant que le conflit ukrainien dure, la Russie ne peut pas se permettre un second front en Europe (moyens, effet de surprise, etc.). La guerre finie, le Kremlin, fort des leçons tirées du conflit ukrainien, travaillera à reconstituer ses stocks et ses équipements, de façon à préparer le prochain assaut sur les anciennes républiques soviétiques, probablement avec une attaque sur les pays baltes, membres de l’OTAN. On entrerait dans une nouvelle dimension. ( extrait du site « Slate »)

L’économie de l’OTAN est à peu près vingt fois plus importante que celle de la Russie, celle de l’Europe dix fois. Et pourtant, à titre de comparaison, la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne et l’Italie ne peuvent aligner qu’un maximum de 1.000 chars de combat, contre 6.000 à 7.000 chars russes. Depuis février 2022, l’armée russe aurait perdu plus de 2.600 tanks, donc 2,5 fois le total de l’arsenal équivalent des quatre plus grosses économies d’Europe!

Et les usines russes fonctionnent à pleine capacité: Russes produisent en ce moment soixante chars d’assaut par mois, ce qui signifie qu’ils sont capables de fabriquer en un trimestre la totalité des tanks français! Rarement dans l’histoire a-t-on vu un tel décalage entre la puissance économique et la production d’armement.

Et, après le choc de février 2022, au lieu de se résorber, ce décalage s’accentue… Ainsi, les rapports alarmistes se multiplient, d’abord aux États-Unis et au Royaume-Uni. Mais c’est la publication en novembre 2023 d’un rapport du Conseil allemand sur la politique étrangère (DGAP), un groupe de réflexion basé à Berlin, qui a fait couler beaucoup d’encre. L’institut berlinois imagine cinq scénarios de réponse de l’OTAN face au danger du réarmement russe, avec une menace maximale estimée entre cinq et dix ans.

Les analystes du DGAP préconisent une force de l’OTAN de 300.000 hommes à haut niveau de préparation (contre 10.000 soldats répartis dans huit groupements tactiques en Europe de l’Est). Or, ce chiffre avait déjà été annoncé par Jens Soltenberg, secrétaire général de l’OTAN, il y a plus d’un an en juin 2022, mais rien n’a avancé.

Pour Jacek Siewiera, chef du Bureau de sécurité nationale polonais, un délai de cinq à dix ans avant la prochaine attaque russe est trop «optimiste». Il estime le risque entre trois et cinq ans. Le réarmement russe est beaucoup trop rapide, la procrastination des pays d’Europe occidentale réelle et la position américaine trop imprévisible. Alors, que faire? Pour le moment, en Europe, seule la Pologne, l’Estonie et la Lituanie semblent prendre la mesure de la menace.

Avec un budget de 4% de son produit intérieur brut (PIB) qu’elle s’était engagée à dépenser en 2023 en matière de défense, la Pologne est le seul pays européen qui a clairement joint la parole à l’acte. Initié par le gouvernement ultra-conservateur et nationaliste de Mateusz Morawiecki, l’effort polonais de réarmement (armée passant de 115.000 à 300.000 hommes, achats de 96 hélicoptères Apache, 116 tanks Abrams, de lance-missiles Himars…) est poursuivi, voire même accéléré, par le nouveau gouvernement de centre-gauche de Donald Tusk.

Par contraste, l’Allemagne, qui parlait en février 2022 d’un investissement additionnel de 100 milliards d’euros, a en réalité investi 1,5 milliard pour le moment. Le Royaume-Uni a seulement augmenté son budget défense de 5 milliards de livres (environ 5,8 milliards d’euros) et continue à diminuer la taille des effectifs dans tous les corps de son armée.

Quant à la France, la nouvelle loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030 prévoit un budget de 413,3 milliards d’euros, soit 40% de plus que les 295 milliards d’euros de la précédente LPM –mais ces montants résisteront-ils aux coupes de Bercy? Tout se passe comme si la Pologne et les pays baltes vivaient dans un temps historique distinct de celui des pays d’Europe occidentale.

À une situation déjà complexe viennent s’ajouter d’autres variables. La première, c’est Taïwan. Dans son discours du Nouvel An, le président chinois Xi Jinping a renouvelé son vœu de réunification de l’île avec la Chine continentale. Selon les analystes américains, la Chine atteindra un degré de modernisation et de projection militaire «optimal» vers 2026-2028. Tandis que les États-Unis seraient prêts à une guerre aéronavale de grande ampleur dans le Pacifique à partir de 2028-2029 (programme Next Generation Air Dominance de développement d’un nouveau chasseur, nouveau bombardier stratégique B-21 Raider, etc.).

Ensuite, il y a la nouvelle dégradation des relations sur la péninsule coréenne, avec, en parallèle, l’aide de la Corée du Nord à la Russie. Et enfin, il y a l’énigme Donald Trump. On sait que l’ancien président des États-Unis, s’il est «réélu», accélérera encore davantage les dépenses militaires, tout en restant hostile à la guerre.

Au Proche-Orient, on connaît déjà sa politique: il offrira un soutien encore plus inconditionnel à Israël. En Asie, Donald Trump cherchera à contenir les ambitions de la Chine. Et il cessera l’aide à l’Ukraine, tout en cherchant une solution négociée à la guerre, offrant la voie libre à Vladimir Poutine pour relancer ses ambitions. Or, même si Donald Trump n’est pas élu, les États-Unis ne pourront pas conduire trois guerres simultanément. Or, entre Israël, Taïwan et l’Ukraine, le choix des Républicains est déjà fait.

Ainsi, la Chine a tout intérêt à soutenir la Russie sur le théâtre européen, de façon à mobiliser les États-Unis sur plusieurs fronts. La Russie pourrait être tentée d’encourager l’ouverture d’un nouveau conflit sur la péninsule coréenne pour les mêmes raisons, ce qui n’arrangerait pas la Chine, peu amène à l’idée d’une guerre à sa frontière. Et si Vladimir Poutine et Benyamin Netanyahou, pour des raisons «opposées», souhaitent à tout prix la victoire de Donald Trump, ce n’est pas nécessairement l’avis de la Chine, soucieuse d’un possible désengagement sur le front européen qui n’arrangerait pas ses affaires.

Il y a trois décennies, la fin de la Guerre froide a correspondu en Europe à une explosion de l’endettement et des dépenses sociales, en grande partie liées au vieillissement des populations et à l’absence de croissance économique. Pour nombre de gouvernements de l’UE, les budgets de la défense sont devenus une variable comptable. Résultat: plus de trente ans de désarmement sans précédent dans l’histoire.

Si le choc de l’«opération militaire spéciale» de la Russie a suscité un légitime émoi et a permis l’envoi de dizaines de milliards de dollars/euros en aide financière et militaire à l’Ukraine, ceci s’est fait avant tout au détriment des stocks existants. On a donc beaucoup parlé et, à l’exception notable de la Pologne et de l’Estonie, les actes n’ont pas suivi les paroles. Les dirigeants européens n’ont pas encore compris la gravité de ce qui se passe en Russie: transformation du pays en économie de guerre, généralisation du discours ultranationaliste, endoctrinement à l’école, contrôle total des médias et de la société

Face au plus gros danger menaçant l’UE depuis la Seconde Guerre mondiale, la reconstruction de l’appareil militaire européen est la première priorité du continent. Comme le dit le rapport du DGAP, la course contre-la-montre a déjà commencé.

L’espionnage russe menace la France

L’espionnage russe menace la France

 

D’après les services de contre-espionnage français, la Russie développe actuellement une grande offensive d’infiltration et d’influence en France. Il s’agit de déstabiliser le pays et de diviser l’opinion d’autant plus que certains extrêmes peuvent être sensibles au discours russe. La stratégie d’influence passe notamment par la multiplication de médias numériques particulièrement mensongers. Bref , la même tactique d’intoxication comme celle pratiquée en Russie mais qui heureusement en France à moins de chance de peser dans notre pays démocratique.

 

L’objectif de ces actions d’ingérence est « d’amplifier les dissensions et fractures internes à la société française, tous sujets confondus (réforme des retraites, prise de position dans le conflit israélo-palestinien, dénigrement des JO 2024, etc.), voire à soutenir ouvertement les intérêts de la Russie en dénonçant la politique étrangère de la France, les Etats-Unis, ou l’Otan », selon le renseignement intérieur.
Ces activités se traduisent « par des actions subversives », qui « constituent généralement des délits de droit commun: dégradation de biens publics (graffitis, tags), placardages d’affiches, de stickers, distribution de flyers. »

« Il n’est pas exclu que d’autres actions de nature violente puissent être également commanditées (menaces ou agressions physiques, notamment à l’encontre de ressortissants ukrainiens ou de dissidents russes) », avertit la note.
La DGSI demande donc aux forces de l’ordre de faire remonter tout délit lorsque des « signaux faibles » sont constatés. Parmi ces « signaux », la DGSI cite l’implication de membres d’une communauté russophone (Biélorusses, Baltes, Moldaves, Bulgares…), et la diffusion sur les réseaux sociaux de leurs délits, généralement pour prouver l’exécution de la mission aux commanditaires, la rémunération de ces personnes par cryptomonnaie ou espèces, plus rarement par virement bancaire, et enfin le recours à des messageries chiffrées comme Telegram.

 

Tarif plancher dans l’agriculture : s’inspirer des transports

Tarif plancher dans l’agriculture : s’inspirer des transports

 

 

Pendant longtemps le secteur des transports routiers a été soumis à une réglementation imposant des tarifs obligatoires. L’objectif était comme de l’agriculture de rééquilibrer les rapports de force entre les clients (donneurs d’ordre) et un monde routier beaucoup plus éclaté. La suppression de la tarification obligatoire a fait l’objet de nombreuses protestations pendant assez longtemps et a même divisé les organisations professionnelles.

 

 

La solution trouvée pourrait largement inspirer le monde agricole. En définitive une institution  professionnelle  regroupant administration, routiers et clients au sein d’un organisme technique appelé le comité national routier a mis au point deux outils essentiel. D’abord un indicateur d’évolution des coûts. Ensuite, un tarif de référence qui s’appuie évidemment sur les coûts mais qui constitue un outil pédagogique pour permettre aux acteurs économiques, chargeurs et opérateurs routiers, de négocier avec pertinence les contrats de transports. La mise au point de contrats types à caractère supplétif a apporté aussi une contribution pour mieux structurer les contrats. Parallèlement, s’est engagé dans la profession un travail de structuration d’un secteur particulièrement éclaté avec des  plus petits souvent réduits à un rôle de tractionnaires mal rémunérés;  bref ,des sortes de salariés patrons comme aujourd’hui chez Uber. Compte tenu de la dépendance de ces artisans vis-à-vis de leurs clients, on a aussi requalifié les contrats. Ainsi progressivement le secteur s’est musclé économiquement et socialement. Beaucoup de tractionnaires supposés indépendants ont disparu. On a aussi assisté à de nombreux regroupements notamment de PME et de petites entreprises. Le transport a aussi est élargi sa palette d’activités pour se répandre dans des activités logistiques (stockage et gestion des stocks par exemple) beaucoup plus lucratives. Bien sûr tout n’est pas rose pour autant dans le secteur du transport routier de marchandises très fortement concurrencé  en international et même en trafic national par des pavillons étrangers souvent de complaisance. Globalement cependant le taux de rentabilité moyen à progresser dans le secteur. On a aussi été capable de rationaliser les relations entre clients et transporteurs notamment en recherchant en commun des gains de productivité à partager. Progressivement l’Europe a aussi intégré la régulation à la française Bien sûr la situation du transport n’est pas transposable totalement à l’agriculture mais chacun a su faire un effort d’analyse et de prospective quand l’agriculture en est encore au stade de la confusion totale entre indicateurs et tarification.

 

Gaston Bessay, Expert consultant international, ancien vice-président du Conseil national des transports

Avec la Suède dans l’OTAN, l »Europe prépare la guerre, pour l’éviter

Avec la Suède dans l’OTAN, l »Europe prépare la guerre, pour l’éviter

 

Dans le bilan guerrier de Poutine,  il y aura sans doute la conquête de quelques territoires à majorité russophone. Ceci étant,  il y aura aussi le considérable renforcement de l’OTAN avec aujourd’hui l’adhésion de la Suède un pays longtemps non-aligné. D’autres pays de l’Europe la rejoindront le temps le moment venu y compris l’Ukraine. En effet la folie de Poutine qui consiste à reconstituer le grand empire russe va se manifester sur d’autres territoires et menacer de très près toute l’Europe. Pour éviter la guerre quoi de mieux que de la préparer surtout vis-à-vis d’un fou sanguinaire qui ne comprend que le rapport de force. Non seulement le champ géographique de l’OTAN va s’étendre mais on leur commence à prendre conscience qu’il ne faut plus compter entièrement sur l’aide des États-Unis  en prise à des troubles démocratiques et politiques.

 

L’adhésion de la Suède à l’Otan met ainsi fin à 200 ans de non-alignement militaire pour le pays nordique. Une politique de neutralité qu’elle avait officiellement adopté après la fin des guerres napoléoniennes au XIXe siècle. Tout en restant à l’extérieur de l’Organisation, Stockholm s’était néanmoins rapproché de l’Alliance atlantique en rejoignant le Partenariat pour la paix en 1994 et le Conseil de partenariat euro-atlantique en 1997.

Linvasion de l’Ukraine par la Russie a marqué un tournant spectaculaire conduisant au vote du Parlement, en mai 2022, et à une nette majorité en faveur d’une demande d’adhésion à l’Otan.

Et le gouvernement du 32e membre assure qu’il répondra d’ores et déjà à l’objectif de l’Otan d’atteindre 2% de son Produit intérieur brut (PIB) pour son budget défense dès 2024. La Suède a, en effet, longtemps investi massivement dans sa défense pour assumer sa neutralité avant de réduire ses dépenses après la fin de la guerre froide. Son budget défense a recommencé à augmenter en 2014 après l’annexion de la Crimée par la Russie. En 1990, ce budget représentait 2,6% du PIB, avant de se réduire jusqu’à 1,2% en 2020.

Concrètement, en combinant ses différentes branches, l’armée suédoise peut aligner quelque 50.000 soldats, dont environ la moitié sont des réservistes.

Dans les airs, elle s’appuie sur plus de 90 avions de chasse JAS 39 Gripen, du fabricant suédois Saab, et elle dispose d’une flotte de guerre en mer Baltique qui comprend plusieurs corvettes et sous-marins.

 

Baisse des Prix: Les mensonges de la distribution

Baisse des Prix:  Les mensonges de la distribution

 

Dominique Schelcher, PDG de Système U tente de concurrencer Leclerc en matière de déclaration tapageuse mais illusoire: «Un quart des prix alimentaires va baisser en mars». Des annonces déjà entendues de la part du ministre de l’économie mais aussi des grands patrons de la distribution. Parallèlement le patron du groupe Intermarché essaye aussi de concurrencer la grande gueule du patron de Leclerc en critiquant le pouvoir. ( Voir autre article)

 

Évidemment le patron de système U renvoie la responsabilité des folles au aux industriels oubliant au passage que la grande distribution a profité du climat inflationniste pour ajouter des hausses injustifiées. En moyenne les prix avaient augmenté de 20 % au moins en 2 ans; certains produits ont même augmenté de 50 %.

 

Pointé du doigt par certains pour avoir rejoint des centrales d’achats aux Pays-Bas et en Suisse, Dominique Schelcher se défend. «Nous n’avons pas le choix dans ce contexte de mondialisation et face aux magasins de hard discounts qui ne jouent pas avec les mêmes règles, explique-t-il. Il était essentiel de s’allier avec d’autres coopératives européennes, des groupes familiaux comme Esselunga, pour négocier avec des multinationales qui font des arbitrages par pays.»

Tout est dit !

Russsie-Europe : comment éviter la guerre

Russsie-Europe : comment éviter la guerre 

 

« Les visées expansionnistes de Vladimir Poutine ne s’arrêteront pas à l’Ukraine. Aussi est-il temps que les pays européens prennent la mesure du danger et changent rapidement de stratégie », estime le diplomate ukrainien Valeriy Chaly, dans une tribune au « Monde ».

 

Dans l’histoire de l’humanité, la majeure partie des guerres ont eu lieu en Europe. Il semblait que le début du XXIe siècle serait une exception, et que les principaux événements géopolitiques et conflits armés se tiendraient ailleurs. Avant 2014, lorsque la Russie a attaqué l’Ukraine, commençant par l’annexion illégale de la Crimée, il y avait presque un consensus parmi les experts selon lequel les guerres modernes pourraient éclater soit dans la région Indo-Pacifique, soit au Moyen-Orient ravagé par les conflits, ou en Afrique, où les affrontements peuvent désormais être alimentés par le désir des grandes puissances d’exercer leur influence dans la course aux ressources naturelles rares.Mais les visions maladives de Poutine, son acharnement à faire reculer l’histoire et la réponse inadéquate du monde occidental à l’expansion russe ont conduit à une guerre à grande échelle au centre géographique de l’Europe – en Ukraine, qui défend non seulement son territoire, mais aussi le flanc est de l’OTAN et de l’UE.

Les efforts héroïques du peuple ukrainien depuis deux ans ont donné à ses partenaires le temps de se préparer. L’Ukraine, on l’aura compris, ne reculera pas. Mais cela ne garantit pas la paix dans d’autres parties de l’Europe.

Assez d’illusions ! Le dirigeant russe, qui considère l’Europe comme faible et qui a lancé un ultimatum aux pays de l’OTAN en décembre 2021, tentera d’attaquer ces pays pour accroître les enjeux et obtenir un partage des influences sur le continent européen. A l’occupation de certaines parties du territoire de la Géorgie, de la Moldavie et de l’Ukraine s’ajoutent désormais les revendications territoriales russes exprimées publiquement à l’égard des membres de l’UE et de l’OTAN. Ce n’est plus un secret que les plans opérationnels de l’état-major général russe, contenant une attaque terrestre à travers l’Estonie ou le contrôle du corridor de Suwalki entre la Pologne et la Lituanie en direction de l’enclave russe de Kaliningrad, pourraient connaître un nouvel élan.
Les menaces terroristes, de migration incontrôlée, de radicalisme ou même de changements climatiques sont perceptibles et semblent nécessiter une attention et une réaction prioritaires. Avant qu’un missile de plusieurs tonnes lancé à partir d’un bombardier stratégique russe ou un drone de frappe capable d’atteindre pratiquement n’importe quel point de l’Europe atterrisse dans votre cour. Comme en témoignent non seulement les Ukrainiens, mais aussi les citoyens des pays de l’OTAN, notamment la Pologne et la Roumanie.

 

Le patron d’Intermarché pas non plus haut niveau

Le patron d’Intermarché pas non plus haut niveau

Sans doute à juste titre le patron du groupe Intermarché, Thierry  Cotillard, a considéré que le ministre Marc Raynaud n’était pas au niveau après les critiques qu’il a prononcés contre la grande distribution. Il est sans doute vrai que le ministre actuel de l’agriculture ne se caractérise pas par une grande compétence et un grand charisme. Ceci étant,  le patron d’Intermarché comme d’autres responsables de la grande distribution sont aussi coupables d’avoir largement profité de l’inflation. Chaque consommateur a pu le constater quant à l’évolution des prix les distributeurs dont certains produits ont augmenté de 50 % avec une hausse moyenne de 20 % au moins sur deux ans. Particulièrement chez Intermarché.

Par contre le patron d’Intermarché a sans doute raison de s’interroger sur l’illusion de tarif plancher sorti soudainement du chapeau de Macron au salon de l’agriculture. D’abord effectivement, ce concept de tarif plancher est particulièrement flou avec la confusion entre indicateurs, tarifs de référence et tarifs obligatoires. Deuxièmement, ils ne peuvent avoir un intérêt qu’à l’échelle spatiale de l’Europe et ce n’est pas pour demain si cela voit le jour. Observons que le patron d’Intermarché est favorable à la loi Egalim et pour cause d’une part elle n’est pas contraignante d’autre part elle n’a pratiquement aucun effet. Les propositions d’Intermarché concernant la question des centrales européennes apparaissent par ailleurs particulièrement floues.

 

Thierry Cotillard a également épinglé les prix planchers proposé par Emmanuel Macron pour mieux rémunérer les agriculteurs français. Le patron d’Intermarché se dit «surpris» par cette annonce, les «prix planchers» étant «un frein dans la compétitivité européenne»«La notion de prix plancher n’avait pas été évoquée avec les autres ministres, ni Gabriel Attal, ni le ministre de l’Agriculture», a précisé Thierry Cotillard sur France Inter. «Je pense que cela va être un frein dans une compétitivité européenne où on est aussi très heureux d’exporter, mais je laisse les responsables agricoles s’exprimer sur le sujet», a ajouté le patron des Mousquetaires/Intermarché. «Avant de mettre d’accord l’ensemble des acteurs européens sur ce sujet-là il va se passer quelque temps, voire quelques années et (…) les agriculteurs ne peuvent plus attendre», selon Thierry Cotillard. «Il faut des décisions concrètes, immédiates», a-t-il ajouté se disant «favorable à une loi Egalim qui aille plus loin sur la directivité et la transparence».

 

Renforcer la présence économique en Afrique

Renforcer la présence économique en Afrique

«Nous devons renforcer notre présence économique en Afrique en adoptant une attitude d’égal à égal, sans arrogance, mais sans craindre de promouvoir nos valeurs et nos intérêts», défend le président du Cian, Etienne Giro. 

Depuis quelque temps, l’Afrique n’a pas bonne presse. Il faut dire que l’actualité de ces dernières semaines n’a pas été avare en mauvaises nouvelles pour la France. Fermeture du lycée français de Niamey après 60 ans d’activité, annonce de la réduction des bases militaires françaises, sortie de trois pays du Sahel de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), rencontre à Moscou des présidents Poutine et Déby — ce dernier qualifiant la Russie de pays frère —, sommet Italie-Afrique au cours duquel le gouvernement italien cherche à profiter des difficultés françaises sur le continent, défaut de paiement du Niger sur sa dette, et enfin report de l’élection présidentielle au Sénégal. Arrêtons là !

Alors que plane un sentiment anti-français, ou plutôt anti-politique française, cela fait beaucoup et il ne faut pas s’étonner qu’une certaine morosité, voire une frilosité, s’installe au sein des entreprises françaises vis-à-vis de l’Afrique. Tout cela est d’abord la manifestation d’une évolution profonde du continent depuis trente ans. Avec la fin de l’hégémonie occidentale, elle se traduit par l’émergence d’une nouvelle Afrique, mondialisée, digitalisée et souveraine, pilotée par de nouvelles générations d’Africains plus jeunes. Si l’on ajoute à ces transformations profondes les menaces terroristes, les manipulations sur les réseaux sociaux, certaines maladresses relationnelles franco-africaines, l’excès des normes et les risques réputationnels, il n’est pas surprenant que des entreprises s’interrogent sur leur futur développement sur le continent.

Et pourtant… la réalité est bien différente. Au-delà de ces signaux négatifs, si l’on veut bien regarder le long terme, il est clair que le potentiel de l’Afrique est toujours là. Ses fondamentaux et la réalité des faits font toujours de ce continent une future grande puissance économique, une région d’avenir et prometteuse.

Rentabilité. Il faut d’abord savoir qu’il existe des réponses techniques à tous les risques supposés ou réels qui inquiètent les entreprises, qu’il s’agisse des impayés, de la sécurité, de la santé ou même des désordres politiques. La présence économique française sur le continent est forte et répartie dans tous les pays : plus de 5 000 entreprises répertoriées, près de 100 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 500 000 emplois, le second stock d’investissement direct à l’étranger (IDE) et une bonne rentabilité. En outre le comportement de nos entreprises en Afrique est remarquable, elles ne craignent pas la comparaison avec leurs concurrentes : action sociale et RSE, attitude citoyenne, africanisation des cadres et des dirigeants, contenu local et partenariats. Elles se comportent bien.
 Et nous bénéficions de liens étroits et de relations profondes et anciennes avec l’Afrique : historiques, culturels, linguistiques, techniques (Ohada ou franc CFA), et enfin des institutions expérimentées et dynamiques au service des entreprises (Agence française de développement, Business France, Expertise France, BPI).
 Voilà pourquoi nous devons renforcer notre présence économique en Afrique en adoptant une attitude d’égal à égal, sans arrogance, mais sans craindre de promouvoir nos valeurs et nos intérêts. A l’instar de celles qui sont déjà installées, les entreprises françaises qui auront cette dynamique ne le regretteront pas. Le secteur privé français peut écrire une nouvelle page des relations entre la France et l’Afrique.

Etienne Giros est président du Conseil français des investisseurs en Afrique.

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